Syndicat lycéen

Un syndicat lycéen est une association de lycéens (ou, plus largement, d'élèves de l'enseignement secondaire) se fixant pour objectif principal la défense des intérêts matériels et moraux de ces élèves et revendiquant son appartenance au mouvement syndical.

En France[modifier | modifier le code]

En France, les premières organisations lycéennes nationales, se revendiquant aujourd'hui syndicats, apparaissent après le mouvement contre le projet de loi Devaquet et à la fin des années 1990 notamment grâce à émergence d'un cadre institutionnel (CVL, CAVL, CNVL, présence d'élus lycéens au CSEN)[1].

Statut[modifier | modifier le code]

Simples associations ne disposant pas d'un cadre juridique spécifique[2], au contraire des syndicats de salariés mais à l'instar des syndicats étudiants, ces organisations lycéennes, apparues dans différents pays d'Europe au cours de la seconde moitié du XXe siècle, constituent une forme originale de syndicalisme, se réappropriant son répertoire d'actions (pétition, motion, grève, manifestation...) et ses modes d'organisation (élection de délégués, congrès, textes d'orientation...) dans un cadre non strictement professionnel. Aujourd'hui, la plupart en Europe se retrouvent au sein de l'Organising Bureau of European School Student Unions (OBESSU), qui fédère la majeure partie des organisations lycéennes (syndicales ou non) du continent.

Histoire[modifier | modifier le code]

Peu avant les évènements de mai 68, apparaissent les comités d'action lycéens. Ces groupes, considérés comme « pré-syndicaux »[3], sont précurseurs dans la prise d'autonomie des mouvements lycéens vis-à-vis des mouvements étudiants. Les comités d'action lycéens disparaitrons en moins d'un an (absorbés par l'UNCAL ou dissous)[4].

En 1979, la coordination permanente lycéenne émerge. Il s'agit d'une des premières tentatives de syndicat lycéen qui disparaitra quelques années plus tard[4],[5].

En 1986, le projet de loi Devaquet va entrainer un large mouvement de protestations lycéen et étudiant qui se soldera par un retrait du projet de loi et l'émergence d'un contexte nouveau qui permettra la création de la FIDL en 1987, plus ancien syndicat lycéen encore en activité[4]

À la suite des manifestations d'ampleur contre la tentative de révision par François Bayrou en 1993 de la loi Falloux, les trois élus lycéens au Conseil supérieur de l'éducation fondent l'UNL, qui se structura notamment lors du mouvement contre le CIP. La Voix lycéenne lui succède en 2021[6],[7]. Elle aura donné lieu à deux principales scissions : le SGL en 2009 (devenu en 2019 OIJ, renonçant aux qualificatifs de « syndicat » et « lycéen »[8]) et le MNL, syndicat de lutte crée en 2016[4].

Syndicats en activité[modifier | modifier le code]

Syndicats disparus[modifier | modifier le code]

  • Coordination permanente lycéenne (CPL) : Fondée en par le « congrès national lycéen », convoqué par la coordination lycéenne qui avait été mise en place à l'occasion des grèves de l'automne 1978 contre l'austérité[10].
  • CP-CET (coordination permanente des collèges d’enseignement technique), puis CP-LEP (après l'émergence des lycées d’enseignement professionnel), syndicat d'élèves de l'enseignement technique fondé en 1974 avec le soutien actif de la CGT[11]. En 1979, elle revendique avoir mobilisé 10 000 élèves[12].
  • Sud lycéen[13], puis quelquefois Solidaires lycéen·ne·s, syndicat de lutte reconnu par quelques fédérations locales sans n'avoir toutefois été affilié à l'Union syndicale solidaires[14]. Les premières fédérations Sud lycéen sont fondés à l'occasion du mouvement lycéen contre la loi Fillon en 2005 et disparaitront progressivement après le congrès de 2008. Fin des années 2010, réapparaissent sporadiquement[14] des sections Sud lycéen[15],[16], mais aussi des « Solidaires lycéen·ne·s »[17],.
  • Syndicat général des lycéens (SGL), issu en 2009 d'une scission de l'UNL. En 2013 devient la 3eme organisation lycéenne représentative, derrière l'UDEL et l'UNL lors des élections Conseil Supérieur de l'Éducation. Lors des élections CSE 2015 et 2017, le SGL devient la première force lycéenne devant l'UNL en remportant tous les sièges. Cependant lors des élections CSE de 2019 le SGL perdit tous ses sièges et l'organisation disparut [18].
  • Syndicat Lycéen - UNEF (SL-UNEF)[19], fondé à l’incitative de l'UNEF en 1994, le supplément à UNEF Inform d' le décrivait comme suit : « Associé à l'UNEF, il porte notre nom en développant de manière autonome son orientation et son activité pour donner force et cohérence aux revendications lycéennes. Cela favorise les convergences avec les luttes étudiantes et les rend plus fortes [...]. »[20]
  • Union nationale des comités d'action lycéens (UNCAL) : Fondée à l'occasion d'une scission lors du premier congrès des Comité d'action lycéen (CAL) les 19 et à la Sorbonne, lors du mouvement social de mai-juin 1968.

En Italie[modifier | modifier le code]

En Tchéquie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Robi Morder, « À la fois jeunes et scolarisés : le puzzle de la mémoire des mouvements lycéens », Gazette des archives, vol. 235, no 3,‎ , p. 89–97 (DOI 10.3406/gazar.2014.5146, lire en ligne, consulté le )
  2. « Dans un syndicat lycéen, étudiant ou professionnel | Associations.gouv.fr » [archive du ], sur associations.gouv.fr (consulté le ).
  3. Y. L., « Le mouvement de mai au Lycée Pasteur à Neuilly », L'Homme et la société, vol. 8, no 1,‎ , p. 123–132 (DOI 10.3406/homso.1968.3108, lire en ligne, consulté le )
  4. a b c d et e Robi Morder, « Cinq questions pour mieux comprendre l’affaire « Avenir lycéen » », The Conversation,‎ (lire en ligne)
  5. « Quand les lycéens prenaient la parole » germe-inform » (consulté le ).
  6. a et b Thibaut Cojean, « Un nouveau syndicat lycéen voit le jour », sur letudiant.fr, L'Étudiant, (consulté le ).
  7. a et b Annonce n° 1902 du Bodacc A n° 20210037 du 23 février 2021
  8. Annonce n°1019, JOAFE n°20190052 du 28 décembre 2019
  9. (en) « OBESSU | Union Nationale Lycéenne (UNL) », sur obessu.org (consulté le ).
  10. Robi Morder, « Les comités d'action lycéens », Cahiers du Germe, nos 22-23-24,‎ (lire en ligne)
  11. Robi Morder, « Le lycéen, nouvel acteur collectif de la fin du XXe siècle », dans Lycées, lycéens, lycéennes, deux siècles d'histoire, Paris, Institut national de recherche pédagogique, (ISBN 2-7342-1017-7, lire en ligne), p. 345-359
  12. Serge Bolloch, « III. - Pas de politique... », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. « SUD lycéen débarque dans le Rhône : ça décoiffe ! - SOLIDAIRES Rhône » [archive du ], sur solidairesrhone.org (consulté le ).
  14. a et b Union syndicale Solidaires, « Un syndicat lycéen à Solidaires, retour sur une expérience originale », Les utopiques, Syllepse, no 17,‎ (ISBN 978-2-84950-930-2, lire en ligne)
  15. L. S., « Des centaines d'élèves ont bloqué plusieurs lycées de la Côte d'Azur ce vendredi matin », Nice matin,‎ (lire en ligne)
  16. « Création du syndicat Sud Lycéens à Montpellier », Le Poing,‎ (lire en ligne)
  17. « Crise sanitaire : leur réponse est autoritaire, la notre sera solidaire », sur solidaires.org (consulté le ).
  18. P.SEJ, « Le syndicat général des lycéens entre en scène », Dernières Nouvelles d'Alsace,‎ (ISSN 1760-4931, lire en ligne)
  19. « Syndicats lycéens », sur educationnationale.com (consulté le ).
  20. Collectif national de l'UNEF, « 77ème Congrès de l'UNEF », UNEF Inform n°1142,‎

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Il existe une catégorie consacrée à ce sujet : Syndicat lycéen.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Robi Morder, « Cinq questions pour mieux comprendre l’affaire « Avenir lycéen » », The Conversation,‎ (lire en ligne)
  • Paul Ariès, « Requiem pour un syndicalisme lycéen : L'U.N.C.A.L. à Lyon entre 1973 et 1979 », Le Mouvement social, no 168, 1994/3, p. 107-136.
  • Alain Borredon, Une jeunesse dans la crise : Les nouveaux acteurs lycéens, L’Harmattan, 1995.
  • Didier Leschi et Robi Morder, Quand les lycéens prenaient la parole : les années 68, Paris, Syllepse, 2018.
  • Pierre Merle, L'élève humilié : L'école, un espace de non-droit ?, PUF, 2012, Deuxième partie, chap. 2 : « La grève et la manifestation : un droit absent et revendiqué », p. 105-113 ; chap. 4 : « Le droit des élèves défini par eux-mêmes : une perspective “syndicale” », p. 135-147.
  • Union nationale lycéenne, « Histoire de l'UNL et du mouvement lycéen », La Voix lycéenne (ISSN 1770-9016), hors série, , p. 4-29. [lire en ligne (page consultée le 29 août 2013)]