Suzanne de Dietrich

Suzanne de Dietrich
en 1937
Fonction
Présidente
Fédération française des éclaireuses
-
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 89 ans)
StrasbourgVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Suzanne Anne de DietrichVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonymes
Suzanne de Diétrich, SdDVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Famille
Œuvres principales
  • Le Dessein de Dieu (1945)
Plaque commémorative

Suzanne de Dietrich, née le à Niederbronn-les-Bains (Bas-Rhin) et morte le à Strasbourg, est une théologienne protestante d'origine alsacienne, engagée en faveur de l'œcuménisme. Elle a participé à la fondation en 1939 de La Cimade, Comité inter-mouvements auprès des évacués.

Jeunesse et formation[modifier | modifier le code]

Les origines alsaciennes[modifier | modifier le code]

Château familial de la famille de Dietrich.

Suzanne de Dietrich est la fille de Charles de Dietrich et d'Anne von Türcke, et la petite-fille d'Albert de Dietrich. La famille de Dietrich est une famille emblématique d'industriels alsaciens, dont plusieurs membres ont été ammestres ou maires de Strasbourg, notamment Philippe-Frédéric, commanditaire du Chant de guerre pour l’armée du Rhin, composé par Claude Rouget de Lisle, le , tandis que la famille maternelle de Suzanne appartient à la noblesse de Saxe-Meiningen.

La piété luthérienne[modifier | modifier le code]

Sa famille alsacienne est luthérienne, enracinée dans la tradition de foi du Ban de la Roche, marquée par les pasteurs Jean-Frédéric Oberlin et Tommy Fallot[1].

Études scientifiques et formation biblique à Lausanne[modifier | modifier le code]

Elle perd ses parents quand elle est jeune, et son oncle, Eugène de Dietrich, devient son tuteur. Suzanne est destinée par sa famille à devenir ingénieure, «pour prendre sa place dans l'entreprise familiale»[2] et, dans cette perspective, elle est envoyée à Lausanne, dans un univers francophone, où elle obtient un baccalauréat scientifique, en 1909, puis intègre l'école d'ingénieurs rattachée à l'université de Lausanne et obtient un diplôme d'ingénieure en électricité, en 1913. Durant son cycle d'études à Lausanne, elle participe activement aux programmes de l'Association chrétienne d'étudiants (ACE). En 1914, elle participe au congrès de la Fédération française des associations chrétiennes d'étudiants, la Fédé. Elle s'y implique notamment en développant les études bibliques en petits groupes[1].

La vie professionnelle[modifier | modifier le code]

À la tête de fédérations pour la jeunesse[modifier | modifier le code]

En 1929, elle est élue vice-présidente de la Fédération universelle des associations chrétiennes d'étudiants / World Student Christian Federation, chargée des questions œcuméniques et liturgiques. Elle est également présidente de la Fédération française des éclaireuses de 1929 à 1933, au titre de la section unioniste de ce mouvement.

Suzanne de Dietrich est secrétaire à la Fédération française des associations chrétiennes d'étudiants (FFACE) de 1914 à 1935, membre de la commission exécutive des UCJF de 1920 à 1936. À Genève, elle est secrétaire au comité de la Fédération universelle des associations chrétiennes d'étudiants (FUACE) depuis 1935 et jusqu’en 1939[3].

Dès les années 1939-1940, confrontée à la détresse des évacués alsaciens et lorrains, Suzanne de Dietrich s'engage auprès des populations déplacées dans le Sud-Ouest de la France. Elle adresse un rapport au Comité inter-mouvement (CIM), instance qui coordonne les organisations de jeunesse membres de la Fédération protestante de France, les UCJ (Unions chrétiennes de jeunes gens et jeunes filles, ou YMCA) et les scouts protestants (garçons au sein des Éclaireurs unionistes et filles au sein de la Fédération française des éclaireuses), et Fédération française des associations chrétiennes d'étudiants (la Fédé) .

Accueil des réfugiés et fondation de la Cimade[modifier | modifier le code]

En , lors d'une rencontre à Bièvres de dirigeants des mouvements de jeunesse, autour de la situation des Alsaciens et des Lorrains, la CIM décide d'une nouvelle orientation et décide d'agir « auprès des évacués », adoptant le sigle de Cimade, dans le double but de « témoigner de l’Évangile auprès de la jeunesse française éprouvée par la guerre », tel qu'il apparaît lors de la publication des objectifs de l’œuvre, dans le Journal officiel du .

Les thèses de Pomeyrol[modifier | modifier le code]

En 1941, Suzanne de Dietrich participe à la rédaction des thèses de Pomeyrol[4], par des pasteurs, Willem Visser 't Hooft, Georges Casalis, Roland de Pury, Jean Cadier, Paul Conord et plusieurs autres, et des laïcs, Madeleine Barot notamment. Ces thèses, rédigées lors d'une rencontre à Pomeyrol, dans une maison située à Saint-Étienne-du-Grès[5], les 16 et , s'inscrivent dans l'inspiration de la Déclaration de Barmen, texte de l'église confessante allemande qui prônait une résistance théologique à l'égard de l'idéologie nazie[6].

Une laïque engagée[modifier | modifier le code]

Suzanne de Dietrich est connue pour son engagement œcuménique, pour le rapprochement des Églises chrétiennes, et pour son travail de bibliste. Elle a découvert l'œuvre du théologien réformé suisse, Karl Barth, diffusée en France à travers la revue Foi et Vie par le pasteur Pierre Maury (1890-1956)[7]. Par ailleurs, elle est également un membre très actif du mouvement des « Volontaires du Christ » créé et constitué en majeure partie par des étudiants en théologie[8].

L'engagement en faveur de l'Œcuménisme[modifier | modifier le code]

Elle participe aux débuts de l'Institut œcuménique de Bossey, fondé par Willem Visser 't Hooft, et appartient à la première équipe qui le dirige[9]. Elle assure la direction des études de 1946 à 1954, et s'occupe particulièrement des cours bibliques pour laïcs. En 1948, elle fait partie de l'équipe de préparation «Le dessein de Dieu et le témoignage de l’Église», pour la première assemblée plénière du Conseil œcuménique des Églises, à Amsterdam. Pendant l'Assemblée, elle est consultante du comité sur «l'importance des laïcs» dans l'Église[10].

L'animation biblique[modifier | modifier le code]

Son livre le plus connu est Le Dessein de Dieu, publié en 1948, qui constitue un itinéraire biblique.

Retour en Alsace[modifier | modifier le code]

Suzanne de Dietrich se retire en 1979 à la maison des Diaconesses de Strasbourg, où elle meurt deux ans plus tard. Elle est enterrée au cimetière de Windstein, près de Niederbronn (Bas-Rhin), où se trouvent aussi plusieurs tombes de la famille de Dietrich[11].

Hommages[modifier | modifier le code]

Suzanne de Diétrich (1891-1981) plaque commémorative Strasbourg, 1 rue du Pont-Saint-Martin.

Suzanne de Dietrich est docteure honoris causa de la faculté de théologie protestante de Montpellier (1950)[12] et de l'Université de Neuchâtel (1959).

Une plaque « Suzanne de Diétrich » offerte par la Ville de Strasbourg est apposée le , dans le cadre des célébrations des 80 ans de la Cimade, sur le bâtiment du 1, rue du Pont-Saint-Martin à Strasbourg, à l'emplacement de l'ancienne paroisse évangélique Saint-Martin que fréquentait Suzanne de Dietrich durant sa jeunesse[13].

Œuvre écrite[modifier | modifier le code]

  • C'était l'heure de l'offrande / Notes en marge de l'Évangile, Éditions du Semeur, 1935
  • Le Dessein de Dieu / Itinéraire biblique, Delachaux & Niestlé, Paris, 1945. Dernière réédition Cerf 1992
  • La Fédération universelle des associations chrétiennes d'étudiants (1895-1945), Paris, éditions du Semeur, 1948
  • Les Lettres johanniques, Labor et Fides, 1964
  • Le renouveau biblique, hier et aujourd'hui. Tome 1 : Qu'est-ce que la Bible ? ; Tome 2 : Comment lire la Bible ?, coll. « Foi vivante », Delachaux et Niestlé, 1969

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Suzanne de Dietrich (1891-1981), Musée protestant, consulté en ligne le 5 mars 2015.
  2. Antoinette Spindler, "Suzanne de Dietrich (1891-1091)", p. 179-191, in Marc Spindler & Annie Lenoble-Bart (dir.), Spiritualités missionnaires, Paris, Khartala, 2007.
  3. André Encrevé, « Les protestants français au milieu du xxe siècle », dans Dzovinar Kévonian et al., La Cimade et l’accueil des réfugiés, Nanterre, Presses universitaires de Paris Nanterre, (ISBN 9782821851092, lire en ligne), p. 41-63.
  4. Thèses de Pomeyrol, en ligne
  5. Les thèses de Pomeyrol, Musée virtuel du protestantisme, consulté en ligne le 5 mars 2015.
  6. Christine Prieto, Les «thèses de Pomeyrol», une position protestante méconnue, Autres temps, 63, 1999, p. 99-113.
  7. Pierre Maury (1890-1956), Musée virtuel du protestantisme, consulté en ligne le 6 mars 2015.
  8. (Klauspeter Blaser, Nicolas Monnier, 1995, p. 96)
  9. Notice historique, Institut œcuménique de Bossey, consultée en ligne le 5.03.15
  10. Bulletin de la SHPF
  11. Bulletin de la Société de l'histoire du protestantisme français, tome 155, avril-mai-juin 2009, p. 515
  12. Henry Leenhardt, « La faculté de théologie de Montpellier pendant l’année 1949-1950 », Études théologiques et religieuses, no 4,‎ , p. 218 (lire en ligne)
  13. R.D., « Suzanne de Dietrich gravée dans le marbre », Dernières Nouvelles d'Alsace,‎ (lire en ligne)

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Christian Barbery, « Suzanne de Dietrich (1891-1981) : quelques repères biographiques », in Bulletin de la Société de l'histoire du protestantisme français, octobre-décembre 1991, vol. 137, p. 599-610 [lire en ligne]
  • Klauspeter Blaser et Nicolas Monnier, La théologie au XXe siècle : histoire, défis, enjeux, Paris, L'âge d'homme, , 514 p. (ISBN 978-2-8251-0670-9, lire en ligne)
  • Pierre Bolle, « Suzanne de Dietrich », dans André Encrevé (dir.), Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine. 5 Les Protestants, Paris, Beauchesne, (ISBN 2701012619), p. 174-175.
  • Hélène Georger-Vogt et Jean-Pierre Kintz, « Suzanne de Dietrich », in Nouveau Dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 8, p. 657
  • Marc Lienhard, « L'engagement œcuménique de Suzanne de Dietrich », in « Des femmes qui œuvrent sur le plan religieux, social, culturel voire politique », in Les Saisons d'Alsace, hors-série, hiver 2016-2017, p. 58
  • Marc Lienhard, « Dietrich, Suzanne Anne (de) », in Patrick Cabanel et André Encrevé (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, tome 2 : D-G, Les Éditions de Paris Max Chaleil, Paris, 2020, p. 198 (ISBN 978-2-84621-288-5)
  • Reconnaissance à Suzanne de Dietrich, Pairault, Lezay, 1971, 224 p. (numéro hors série des Cahiers bibliques, )
  • Suzanne de Dietrich : une théologienne alsacienne... une personnalité internationale..., 1891-1981, exposition réalisée à l'occasion du dépôt de ses manuscrits à la BNUS, BNU, Strasbourg, 1990, 5 p. (également publié dans L'Outre-forêt : revue d'histoire de l'Alsace du Nord, 1990, no 71, p. 28-34)
  • (en) Michael Kinnamon et Brian E. Cope, The ecumenical movement : an anthology of key texts and voices, Wm. B. Eerdmans Publishing, , 548 p. (ISBN 978-0-8028-4263-3)
  • Hans-Rudi Weber, Suzanne de Dietrich 1891-1981, la passion de vivre, Olivétan, , 288 p. (ISBN 978-2-85304-117-1, lire en ligne)
  • Emmanuelle Steffek, « Suzanne de Dietrich », dans Béatrice Didier, Antoinette Fouque, Mireille Calle-Gruber (éd.), Le Dictionnaire universel des créatrices, Paris, Éditions des femmes, (lire en ligne).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]