Soulèvement de Niš

Niš, où le soulèvement a éclaté.

Le soulèvement de Niš (en serbe : Нишка буна, en bulgare : Нишко въстание) de 1841 est une révolte anti-ottomane des chrétiens des environs de Niš.

Description[modifier | modifier le code]

En 1841, l'attention des grandes puissances sur la question d'Orient était déjà focalisée sur les Balkans dans le cadre de la rivalité anglo-russe autour de l'Empire ottoman déclinant[1]. Les gouvernements de Russie, de France, d'Autriche et du Royaume-Uni sont confrontés à l'indignation de leurs opinions face à l'ampleur des massacres commis par les autorités ottomanes pour réprimer les velléités d'autonomie de leurs populations chrétiennes[2], soutenues par l'appui russe[3].

Le soulèvement de Niš fut une insurrection chrétienne de courte durée (5-26 avril 1841) qui éclata dans les districts ottomans de Niš, Pirot, Vranje et Toplica dans la région aujourd'hui serbe de Pomoravlje. Il était dirigé par Miloje Jovanović et Nikoča Srndaković[4],[5]. Ce fut une rébellion soudaine, massive et puissante, relativement inattendue pour les Ottomans, qui eut de grands succès au combat[6].

Les insurgés reçurent le soutien de la principauté de Serbie, autonome depuis 1817[7], et des principautés danubiennes roumaines[8]. La plupart étaient locuteurs du dialecte sud-slave torlakien, transitionnel entre le serbe et le bulgare, et c'est pourquoi la rébellion fut décrite comme « révolte bulgare de Nich », bien que parmi les insurgés, il y eut aussi des Serbes et des Valaques. En effet à l'époque, bien que la Renaissance culturelle bulgare fut déjà commencée, les identités religieuses dominaient encore largement les consciences nationales[9].

Aujourd'hui, le soulèvement de Niš est revendiqué comme serbe par l'historiographie serbe[10] et comme bulgare par l'historiographie bulgare[11],[12]. En Bulgarie, le soulèvement de Niš est considéré comme une étape du renouveau national bulgare et du mouvement de libération nationale au XIXe siècle et comme une continuation directe de la précédente conspiration bulgare de 1835[13].

La répression ottomane fut féroce, 224 villages furent massacrés et brûlés, plus de dix milliers de personnes fuirent vers les trois principautés chrétiennes de Serbie, de Valachie et de Moldavie[14],[6],[15].

Le soulèvement a éclaté en raison de la non-mise en œuvre des réformes du Tanzimat mais échoua par manque d'armes et de munitions ; les insurgés réclamaient une autonomie territoriale comme celle obtenue par les Serbes en 1817. Ils ne l'obtinrent pas mais, vingt ans plus tard, la « Sublime Porte » institua le vilayet du Danube afin d'offrir aux Bulgares une province qui leur soit propre, mais celle-ci ne couvrait qu'un quart des territoires ottomans habités par des bulgarophones, les autres étant partagés entre les vilayets de Bitola, de Salonique, de Plovdiv et d'Odrin[16].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Adolphe Blanqui, Voyage en Bulgarie en 1841 (paru en 1843) : [6].
  • Bibliographie.

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Christophe de Bellaigue, (en) « The Sick Man of Europe », New York Review of Books, [1].
  2. Jean-Noël Jeanneney, « Massacres et ingérence : les horreurs bulgares » dans le mensuel L'Histoire n° 235, septembre 1999 - [2].
  3. « Le soulèvement de Niš en 1841 et la diplomatie européenne », (bg) [3].
  4. (sr) Encyclopédie de Niš, éd. Gradina, Niš 1995
  5. Vladimir Stojančević, (sr) La révolte de 1841, éd. du Musée national de Leskovac, 1971.
  6. a et b Ekmečić 1989, p. 327.
  7. Vladimir Stojančević, (sr) « Sources sur le révolte de Niš et Leskovač en 1841 », Leskovački zbornik vol. XI, éd. du Musée national de Leskovac 1971.
  8. Robert Justin Goldstein, (en) Political Repression in 19th Century Europe, Routledge, 2013, (ISBN 113502670X), p. 173.
  9. Sandra Halperin, (en) War and Social Change in Modern Europe: The Great Transformation Revisited, Cambridge University Press 2004, (ISBN 9780521540155), p. 345.
  10. Dušan T. Bataković, (en) « The Foreign Policy of Serbia (1844-1867) », Ilija Garašanin's Načertanije, Institut d'études balkaniques 2014, (ISBN 9788671790895), p. 111.
  11. Vladimir Stojančević , (sr) « La Serbie et les Bulgares 1804-1878 », Prosveta n° 126, 1988
  12. Ottoman Bulgaria in the First Tanzimat Period — The Revolts in Nish (1841) and Vidin (1850) Mark Pinson, Middle Eastern Studies, Vol. 11, No 2 (May, 1975), pp. 103-146.
  13. Le soulèvement de Niš - un épisode héroïque de la lutte des Bulgares pour la liberté, en bulgare.
  14. Bojana Milković-Katić, (sr) « Agriculture of the Principality of Serbia (1834-1867) », Istorijski institut 2014, (ISBN 978-86-7743-106-8) : [4].
  15. Jeffrey S. Dixon, Meredith Reid Sarkees, (en) A Guide to Intra-state Wars: An Examination of Civil, Regional, and Intercommunal Wars, 1816-2014 CQ Press, 2015, (ISBN 1452234191), p. 257.
  16. (bg) « Le soulèvement oublié de Niš » : [5].

Liens externes[modifier | modifier le code]