Sonnet 4

Sonnet 4

Unthrifty loveliness, why dost thou spend
Upon thy self thy beauty's legacy?
Nature's bequest gives nothing, but doth lend,
And being frank she lends to those are free:
Then, beauteous niggard, why dost thou abuse
The bounteous largess given thee to give?
Profitless usurer, why dost thou use
So great a sum of sums, yet canst not live?
For having traffic with thy self alone,
Thou of thy self thy sweet self dost deceive:
Then how when nature calls thee to be gone,
What acceptable audit canst thou leave?
Thy unused beauty must be tombed with thee,
Which, used, lives th' executor to be

— William Shakespeare

Traduction de François-Victor Hugo

Le Sonnet 4 est l'un des 154 sonnets écrits par le dramaturge et poète William Shakespeare.

Texte original[modifier | modifier le code]

Texte et typographie originale :

VNthrifty louelineſſe why doſt thou ſpend,
Vpon thy ſelfe thy beauties legacy?
Natures bequeſt giues nothing but doth lend,
And being franck ſhe lends to thoſe are free:
Then beautious nigard why dooſt thou abuſe,
The bountious largeſſe giuen thee to giue?
Profitles vſerer why dooſt thou vſe
So great a ſumme of ſummes yet can'ſt not liue?
For hauing traffike with thy ſelfe alone,
Thou of thy ſelfe thy ſweet ſelfe doſt deceaue,
Then how when nature calls thee to be gone,
What acceptable Audit can'ſt thou leaue?
   Thy vnuſ'd beauty muſt be tomb'd with thee,
   Which vſed liues th'executor to be.

Traduction en prose[modifier | modifier le code]

Par François-Victor Hugo[1] :

Gaspilleur de grâce, pourquoi dépenses-tu en toi-même l’héritage de ta beauté ? La nature dans ses legs ne donne rien, elle prête, et, étant libérale, elle ne prête qu’aux généreux.

Alors, bel avare, pourquoi perds-tu les trésors féconds qui te sont donnés pour que tu les donnes ? Usurier sans profit, pourquoi gardes-tu une si grande somme de sommes, sans savoir en vivre ?

Car, n’ayant de trafic qu’avec toi seul, tu frustres de toi-même ton doux être. Aussi, quand la nature t’appellera pour le départ, quel bilan acceptable laisseras-tu ?

Il faudra que ta beauté, improductive, te suive dans la tombe, elle qui, productive, eût été ton exécutrice testamentaire.

Traduction en vers[modifier | modifier le code]

Par Fernand Henry[2] :

Pourquoi gérer si mal un si noble héritage
Et dépenser tout seul ton trésor de beauté ?
La nature prodigue, en sa large bonté,
Ses dons pour qu'on en fasse un généreux usage.

Pourquoi perds-tu les biens dont tu ne fus doté
Qu'à la condition d'en faire le partage ?
Tu te ruineras en un vain gaspillage,
Sot usurier, sans même en avoir profité !

Ne vois-tu pas qu'ainsi tu te frustres toi-même ?
Le jour où sonnera pour toi l'heure suprême,
Quel bilan, après eux, laisseront tes attraits ?

La fertile beauté dont tu ne sus que faire
Ira s'ensevelir à jamais dans la terre,
Tandis qu'elle aurait pu perpétuer tes traits.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. William Shakespeare (trad. François-Victor Hugo), Œuvres complètes de Shakespeare,
  2. William Shakespeare (trad. Fernand Henry), Les Sonnets de Shakspeare..., (lire en ligne)

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