Simon-Antoine Pacoret de Saint-Bon

Simon-Antoine Pacoret de Saint-Bon
Fonctions
Ministre de la Marine du royaume d'Italie
-
Député
XVe législature du royaume d'Italie
-
Député
XIIIe législature du royaume d'Italie
-
Député
XIIe législature du royaume d'Italie
-
Ministre de la Marine du royaume d'Italie
-
Député
XIe législature du royaume d'Italie
-
Sénateur du royaume d'Italie
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 64 ans)
RomeVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nom dans la langue maternelle
Simone Antonio Pacoret de Saint-BonVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Simone Antonio PacoretVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
italienne ( - )Voir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Autres informations
Arme
Grade militaire
Conflit
Distinction

Simon-Antoine Pacoret de Saint-Bon (en italien Simone Pacoret de Saint-Bon), né le à Chambéry et mort le à Rome, est un amiral et homme politique italien d'origine savoyarde, qui fut ministre de la marine italienne.

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille[modifier | modifier le code]

Simon-Antoine François Marie Benoît Pacoret de Saint-Bon naît le dans la ville de Chambéry[1],[2],[3],[4] (duché de Savoie), qui fait partie du royaume de Sardaigne. Il est le fils du chevalier Charles-François Pacoret de Saint-Bon (1759-1841), coseigneur de Veigy, et de demoiselle Louise-Françoise de Grailly, de Veigy[1],[2]. Son père, magistrat, substitut de l'avocat fiscal à Chambéry, mis en prison en 1793 par les révolutionnaires français, qui deviendra sénateur, puis président du Sénat de Savoie[1], en 1828, et chevalier de l'ordre de Saints-Maurice-et-Lazare. Son oncle, Charles-François Pacoret, sera anobli par le roi de Sardaigne en 1781.

La famille Pacoret de Saint-Bon est originaire de la ville de Chambéry à qui elle a fourni plusieurs syndics. Elle avait des possessions depuis le XVe siècle à La Motte-Servolex[5]. Elle est anoblie par Lettres patentes du , données par Victor-Amédée III de Sardaigne à Jean-François Pacoret (1752-...), fait comte de Saint-Bon[6], oncle de l'amiral, ancêtre de tous les descendants actuels de cette famille savoyarde, devenue française en 1860[Note 1]. Il était capitaine au régiment de dragons de Maurienne en 1791 et fut nommé major le "per lo zelo con cui si fece distinguere a fronte del enemico" (Arch. Familiales). Il épouse en 1791 Madeleine de La Fléchère, qui sera mise en prison par les révolutionnaires français en 1793. Elle lui donne six enfants.

Il épouse, en premières noces, Zobéide-Victoire-Caroline Gianelli, dont il aura un fils mort jeune du Choléra en même temps que sa mère, et en secondes noces, Philippine-Marie-Claire-Bonne de Savardin (sans postérité).

Carrière militaire[modifier | modifier le code]

Simon-Antoine Pacoret de Saint-Bon entre à l'âge de 14 ans à l'École de marine de Gênes, en [1].

Issu du Risorgimento, il s'est illustré en Italie en tant que ministre de la Marine et comme fondateur de la flotte moderne de la Marine italienne. Il fait partie de la branche cadette de la famille Pacoret de Saint-Bon devenue italienne, alors que la branche aînée avait opté en 1860 pour la nationalité française.

En 1848, Simon-Antoine Pacoret de Saint-Bon est officier de marine dans l'armée du roi Charles-Albert de Savoie, roi de Sardaigne et de son fils, Victor-Emmanuel II de Savoie, roi de Sardaigne, puis roi d'Italie. À la fondation du royaume d'Italie en 1861, il opte pour son rattachement à l'armée italienne[Note 2].

De très bonne heure[8], le jeune Simon témoigne d'un goût particulier pour la Marine : il entre à l'école navale de Gênes le , à l'âge de n et en sortira 5 ans plus tard avec le grade de garde-marine de 1re classe. À l'École royale de Marine, il a comme camarade de promotion un jeune chambérien issu de la noblesse savoisienne, Victor Arminjon (1830-1897), qui est s'est engagé encore plus jeune, à l'âge de 12 ans, ainsi que le futur vice-amiral Ernest Martin-Franklin[9]

Simon Pacoret de Saint-Bon finira sa carrière en Italie avec le grade de contre-amiral.

Il prend part à la guerre de 1848 contre les Autrichiens, à bord du brigantin Daino dans la mer Adriatique, devant Venise dont les Autrichiens étaient les maîtres. Sous le feu des batteries ennemies, le jeune garde-marine récupère courageusement des équipements du brigantin détruit par l'ennemi.

Promu lieutenant de vaisseau (Tenente di vascello), il participe à la guerre de Crimée. Puis comme capitaine de corvette (capitano di corvetta), il fait la campagne d'Italie. Nommé capitaine de frégate (Capitano di fregata) le , il prend le commandement de la canonnière Confienza et se couvre de gloire au siège de Gaète en 1861. Par sa conduite, il mérite la croix d'officier de l'ordre militaire de Savoie qui lui est décernée le .

En 1862, il est mis à la tête de l'École royale de la Marine à Naples. Il la transférera ultérieurement à Livourne. Il réforme en profondeur les méthodes de formation des futurs officiers de la Marine italienne et développe la théorie de la transformation des vieilles unités par des cuirassés puissants et aptes au combat contre les forces navales ennemies. Il publie un ouvrage sous le titre Pensieri sulla Marina militare, où il confirme la préconisation de la construction de cuirassés modernes en lieu et place des antiques vaisseaux de ligne. Il indique ainsi la voie du progrès qui conditionne l'avenir de la Flotte Italienne.

Depuis 1865, le besoin de la nation nouvellement unifiée de disposer de nouvelles bases navales et d'arsenaux militaires a encouragé le sénateur Cataldo Nitti de Tarente à proposer Tarente comme site approprié à des fins défensives. La commission nationale spécifiquement formée donne son accord à la proposition, charge Pacoret de Saint-Bon d'établir un plan des travaux à réaliser: l'officier conçoit un imposant arsenal (Arsenal militaire maritime de Tarente ou en italien : Arsenale militare marittimo di Taranto) avec deux casernes, un hôpital, sept cales sèches et sept cales de halage, projet qui ne sera jamais réalisé en raison de son coût trop élevé.

En 1866, l'escadre italienne aux ordres de l'amiral Carlo Pellion di Persano prend pour objectif les batteries autrichiennes de l'île de Lissa. Le capitaine de frégate Pacoret de Saint-Bon, commandant le cuirassé "Formidabile", armé de 20 canons et comportant un équipage de 356 hommes, attaque Porto San Giorgio les 18 et . Il détruit avec audace les défenses autrichiennes, mais doit se replier sur Ancone après avoir essuyé de violents tirs d'artillerie qui détruisent partiellement son navire, hors de combat. Il ne participe donc pas à la désastreuse Bataille de Lissa (1866) qui a lieu le lendemain , . Pour son action d'éclat, il reçoit la médaille d'or de la Valeur Militaire par décret royal du [Note 3]. Sa conduite héroïque a fait écrire par les historiens que « ce capitaine de frégate a sauvé l'honneur de l'armée italienne par son intrépidité ».

Le , Simon Pacoret de Saint-Bon est nommé contre-amiral[Note 4]. Il devient ministre de la Marine le suivant. Il réussit à rénover la marine italienne en restaurant l'esprit militaire et en modernisant la flotte. À son initiative, les chantiers navals mettent au point des bateaux de guerre capables de rivaliser avec les meilleures marines, et notamment avec celle d'Angleterre. L'armée et la nation avaient une grande confiance en ses capacités et il était très apprécié pour ses qualités.

Carrière politique[modifier | modifier le code]

Devenu ministre de la marine italienne, il est considéré comme le rénovateur de la flotte.

En 1881, l'amiral Pacoret de Saint-Bon écrit un deuxième ouvrage à l'appui de la docrine de modernisation de la flotte italienne préconisée par l'ingénieur maritime Benedetto Brin (1833-1898) : La questionne delle navi, chez Loescher, Turin, 1881. Les deux premiers bâtiments de combat correspondants sont autorisés par la loi de Finances de 1883. Il s'agit de l'Umberto et du Sicilia qui seront suivis en 1885 par le Sardegna. Il est encouragé dans cette voie par Garibaldi lui-même.

À partir de 1884, entre deux phases de ministère, il est élu député de Pouzzoles, Venise, La Spezia et de Castelfranco Veneto. Puis, il est nommé aide de camp du roi Humbert Ier de Savoie. Il devient sénateur d'Italie et enfin président du Conseil Supérieur de la Marine. Il est grand-croix de l'ordre des Saints-Maurice-et-Lazare.

En , il reprend les rênes du ministère de la Marine où il est mort en fonction à l'âge de 64 ans. Certains commentateurs de son époque l'ont surnommé le Pietro Micca savoyard[réf. nécessaire] ou encore le Bayard de l'armée italienne[10].

Mort et hommages[modifier | modifier le code]

À la fin de sa vie, l'amiral Pacoret de Saint-Bon est décoré de la grand-croix de la Légion d'Honneur décernée par les Alliés français. Sa mort survenue le fut un deuil pour l'Italie entière.

L'amiral Pacoret de Saint-Bon eut des funérailles nationales à Rome. La Marine italienne a élevé en son honneur un mausolée de marbre au cimetière de Rome.

Le , M. Giovanni Giolitti, président du Conseil, déclare devant le Parlement: «  C'est une des grandes figures du Risorgimento qui descend dans la tombe. Il fut le premier auteur de la résurrection de la Marine Italienne et son nom sera certainement conservé dans la mémoire des Italiens aussi longtemps que durera dans leur cœur la reconnaissance envers ceux qui lui ont donné une patrie ».

Dans son discours funèbre, l'écrivain de la marine italienne et député Carlo Randaccio déclara : « Simon de Saint-Bon appartint par la naissance et le caractère à cette forte et très noble race savoyarde qui a largement versé son sang pour la cause de l'indépendance italienne et qui fut à l'armée piémontaise un constant exemple de vertus militaires ».

Armoiries[modifier | modifier le code]

La famille Pacoret de Saint-Bon porte : d'azur au lion d'argent au chef du second, chargé de trois étoiles de gueules en fasce.[11]

Distinctions honorifiques[modifier | modifier le code]

Château de Saint-Bon[modifier | modifier le code]

L'amiral Pacoret de Saint-Bon était propriétaire en Savoie d'une maison bourgeoise, construite vers 1880, située à Villard-Léger, connue sous le nom de château de Saint-Bon[12]. Très attaché à la Savoie, il venait chaque année y passer quelques vacances.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. La plupart des familles savoyardes ont opté pour la nationalité française. Les historiens sont très partagés sur le sort des familles savoyardes ayant opté pour la nationalité italienne, faute de documentation précise. Le diplomate Charles-Albert de Gerbaix de Sonnaz parle de 1 422 Savoyards et Niçois établis à Turin qui se sont partagés entre les deux pays. D'après l'historien Hubert Heyriès, sur 368 officiers savoyards, 267 suivirent Victor-Emmanuel II. En Italie, 22 atteindront le grade de général. Jusqu'en 1946, les généraux italiens qui possèdent des origines savoyardes sont au nombre de 55, dont 23 issus de l'aristocratie. Et dans la marine italienne, on comptait 11 amiraux d'origine savoyarde. Sans compter les diplomates et les ministres qui eurent beaucoup d'influence en Italie.
  2. Lors de l'Annexion de la Savoie et du comté de Nice à la France, inscrit dans le traité de Turin signé le , entre Victor-Emmanuel II et Napoléon III, et confirmé par un plébiscite, les Savoyards servant dans l'armée sarde doivent faire un choix. Soit opter pour la France et accomplir des formalités administratives pour démontrer leur origine savoyarde. Soit opter pour rester dans l'armée sarde, qui deviendra l'armée italienne au moment de la création du royaume d'Italie, fondé le 17 mars 1861 par la proclamation du Parlement de Turin. Beaucoup de familles de militaires savoyards qui servaient dans l'armée du Royaume de Piémont-Sardaigne seront ainsi divisées entre les deux pays[7]. À l'exception de l'amiral, resté sans postérité et devenu italien, la famille Pacoret de Saint-Bon a opté pour la France. Elle fait partie des Familles subsistantes de la noblesse française et elle est inscrite à l'Association d'entraide de la noblesse française (ANF), comme la majorité des familles nobles originaires de Savoie.
  3. Rétablie en 1833 par décret par le roi Charles-Albert, la médaille d'or a été rarement accordée jusqu'à la guerre 14-18.
    Nous relevons le nom de quatre savoyards : Le Major Adrien d'Onier originaire de Moûtiers (1793-), le général Jean-François Mollard (it) (1795-1864), originaire d'Albens (frère de Philibert Mollard), le général Maurice de Gerbaix de Sonnaz et Simon Pacoret de Saint-Bon.
  4. Parmi les Savoyards servant dans la marine royale italienne, on note également la promotion des amiraux Eugène et Albert de Viry, le chevalier Eugène Courtois d'Arcollières, Victor Arminjon, Ernest-Martin Franklin... En 1915, le contre-amiral savoyard Ernest Rullin de Cervens, commandant une division navale, est mort glorieusement à son poste, torpillé par les allemands en mer Adriatique le 27 septembre 1915.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d François Miquet, « Les Savoyards au XIXe siècle - Les premiers présidents et les procureurs généraux », Revue savoisienne,‎ , p. 216-218 (lire en ligne).
  2. a et b Général Paul-Émile Bordeaux, « L'Amiral Saint-Bon », Mémoires et documents, Volume 65, Société savoisienne d'histoire et d'archéologie, 1928, p. 263.
  3. Michel Germain, Personnages illustres des Savoie : "de viris illustribus", Lyon, Autre Vue, , 619 p. (ISBN 978-2-915688-15-3), p. 426.
  4. L'Encyclopedia Britannica de 1911 indique une naissance le .
  5. Gabriel Pérouse, Les environs de Chambéry : Guide historique et archéologique, La Fontaine de Siloé, coll. « Le Champ régional », , 389 p. (ISBN 978-2-908697-47-6, lire en ligne), p. 309.
  6. François Marius Hudry, Histoire des communes savoyardes : Albertville et son arrondissement (vol. 4), Roanne, Éditions Horvath, , 444 p. (ISBN 978-2-7171-0263-5), p. 261.
  7. Hubert Heyriès, Les militaires savoyards et niçois entre deux patries, 1848-1871 : Approche d'histoire militaire comparée : armée française, armée piémontaise, armée italienne, vol. 30, Montpellier, UMR 5609 du CNRS, Université Paul-Valéry-Montpellier III, coll. « Études militaires », , 575 p. (ISBN 978-2-84269-385-5).
  8. Général Paul-Émile Bordeaux, L'amiral Saint-Bon, Mémoire et documents de la Société savoisienne d'histoire et d'archéologie- Vol.65- Année 1928)
  9. M. le général Borson, « Séance du 11 mars 1897 - Notice nécrologique - Le contre-amiral Victor Arminjon (1830-1897) », Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie, t. 9,‎ , p. 171-198 (lire en ligne).
  10. Monique Dacquin, « Ces Chambériens qui ont opté pour le Piémont en 1860 », sur le site de la Société savoisienne d'histoire et d'archéologie - ssha.fr (consulté en ).
  11. Armorial de l'ANF, éditions du Gui, 2004, p. 2104, no 2105 - Acte recognitif enregistré à l'Assemblée Générale de l'ANF le 3 décembre 1993 : 10 juillet 1781. Lettres patentes de Victor Amédée, roi de Sardaigne, duc de Savoie, portant érection du comté de Saint-Bon, enregistré à Turin le 4 août 1781 (Archives d'État de Turin).
  12. Michèle Brocard, Maurice Messiez-Poche, Pierre Dompnier, Histoire des communes savoyardes : La Maurienne - Chamoux - La Rochette (vol. 3), Roanne, Éditions Horvath, , 558 p. (ISBN 978-2-7171-0289-5), p. 489. ([PDF] lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]