Sherwood Anderson

Sherwood Anderson
Description de cette image, également commentée ci-après
Portrait de Sherwood Anderson par Carl van Vechten (1933)
Naissance
Camden, Ohio
Drapeau des États-Unis États-Unis
Décès (à 64 ans)
Colón
Drapeau du Panama Panama
Activité principale
Auteur
Langue d’écriture Anglais américain
Mouvement Génération perdue
Genres

Œuvres principales

Signature de Sherwood Anderson

Sherwood Anderson, né le à Camden (Ohio) et décédé le à Panama, est un romancier américain surtout connu pour ses nouvelles, notamment le recueil Winesburg-en-Ohio, qui met en scène de petites gens, des personnages parfois frustrés de leur vie et dont l'action se situe dans l'Ohio.

Il a influencé quelques grandes figures de la fiction américaine, notamment Ernest Hemingway, William Faulkner, Thomas Wolfe, John Steinbeck ou Erskine Caldwell[1],[2].

Biographie[modifier | modifier le code]

Sherwood Anderson emmagasine une riche expérience sociale avant de devenir écrivain. Il est né dans une famille rurale pauvre, déménageant fréquemment. Sa mère est d'origine italienne et son père est un conteur impénitent d'histoires imaginaires sur sa propre vie. Le jeune Sherwood interrompt ses études peu après sa quatorzième année. Il combat à Cuba durant la guerre hispano-américaine. Après sa démobilisation, il est administrateur d'une usine de vernis dans une petite ville de l'Ohio. Il abandonne cette situation sans préavis pour aller travailler dans une agence de publicité. Sa vocation littéraire est la plus forte. Il quitte tout, femme, enfants et situation bien rémunérée, pour rejoindre à Chicago un groupe de journalistes et d'écrivains radicaux dont Theodore Dreiser. Le succès vient en 1919 grâce à ses nouvelles, même si plus tard sa carrière connaît des hauts et des bas.

Sherwood Anderson a une influence décisive sur la jeune génération des Faulkner et des Hemingway. Son art de nouvelliste chaleureux, amusé et incisif fait merveille dans les recueils Winesburg-en-Ohio et Le Triomphe de l'œuf.

Cependant, il est aujourd'hui un auteur largement méconnu, peu réédité et sous-estimé, notamment en France (comme Theodore Dreiser).

Pauvre Blanc est son roman le plus réputé.

Le « pauvre blanc » de cette histoire est Hugh Mc Vey, « né dans un trou perdu, une petite ville accrochée tant bien que mal sur une zone marécageuse de la rive droite du Mississippi, dans l'État du Missouri. C'était, pour venir au monde, un endroit lamentable ». Son père d'origine sudiste est valet de ferme puis ouvrier dans une tannerie. Après son licenciement, il sombre dans l'alcoolisme. Le jeune Hugh ne sort de son hébétude que grâce à la femme d'un cheminot, Sarah Shepard. Originaire de Nouvelle-Angleterre, elle se sent « invaincue et invincible », « au sein de la communauté des sans-espoir » dont est issue le jeune Hugh. Elle prend donc en mains son éducation d'une poigne énergique et généreuse. La transformation du jeune campagnard en inventeur de machines s'opère dans les années 1890 où les petites villes de la région du Midwest deviennent des mégapoles.

L'intrusion du capitalisme industriel donne la fièvre à tout le monde dans la petite ville de Bidwell (Ohio). « Le cri de guerre : réussir dans la vie ». Les gens de toutes les conditions sociales sont bousculés, brisés ou entraînés dans le mouvement. Partout dans le pays, les magnats tels que les Morgan, les Gould, les Carnegie et les Vanderbilt, « serviteurs du nouveau roi » se donnent « des airs de créateurs » note ironiquement le romancier ; alors qu'ils ne font que profiter des inventions et du travail des autres, « La pensée et la poésie moururent ou passèrent pour archaïques aux yeux d'hommes serviles et faibles qui embrassaient la nouvelle religion »[3]. Des jeunes gens sans talent sont payés pour porter aux nues les mérites des nouveaux milliardaires « comme des marques de biscottes ou d'aliments pour le petit déjeuner que l'on veut promouvoir »[4]. Une propagande, qui continue à sévir aux États-Unis, est lancée et martelée « dans le dessein de créer l'illusion qui veut que grandeur d'âme soit synonyme de richesse ».

Hugh est à la fois un acteur et un instrument de l'industrialisation, « pratiquement tout brevet devenait un point aimanté autour duquel se formait une société industrielle ». Comme beaucoup d'hommes et de femmes de sa génération qui n'ont pas basculé dans le cynisme recuit des hommes d'affaires, la sensibilité d'Hugh Mc Vey est déchirée. Elle ne parvient pas à s'adapter à ce mouvement économique brutal et trépidant.

Sherwood Anderson exprime avec délicatesse les mouvements psychologiques complexes de ses nombreux personnages. Avec une belle audace tranquille pour son époque, il met à mal le puritanisme en traduisant avec tact les émois sexuels des jeunes hommes et des jeunes femmes dans ce contexte tumultueux.

« C'étaient d'importants hommes d'affaires, mentors des temps modernes, appartenant à cette race d'hommes qui, à l'avenir, en Amérique et peut-être dans le monde entier, allaient participer à la composition des gouvernements, former l'opinion publique, diriger la presse, éditer les livres, patronner les arts et qui parfois, dans leur grandeur d'âme, allaient subvenir aux besoins d'un poète à moitié mort de faim et insouciant de l'avenir, vivant dans un autre univers »[5]

— Sherwood Anderson, Pauvre Blanc [« Poor White »], 1920.

Alors qu'il se rendait en Amérique du Sud en bateau en compagnie de sa quatrième femme Eleanor, il contracte une péritonite, après voir avalé accidentellement un cure-dent en mangeant des olives quelques jours auparavant[6] et meurt le ,[7]. Sa dernière épouse Eleanor est décédée en 1985.

Œuvre[modifier | modifier le code]

Romans
Nouvelles
  • Winesburg, Ohio: A Group of Tales of Ohio Small-Town Life, (1919) - Winesburg-en-Ohio, traduit par Marguerite Gay, Paris, Gallimard, 1927.
  • Death in the woods, (1876-1941).
  • Triumph of the Egg, (1921) - Le Triomphe de l'œuf, traduites par Henry Muller, Paris, Robert Laffont, 2012.
  • Horses and Men, (1923).
  • Hello Towns, (1929).
  • Early Writings of Sherwood Anderson, (1989).
  • The Selected Short Stories of Sherwood Anderson, (1995).
  • Southern Odyssey: Selected Writings By Sherwood Anderson, (1998).
Théâtre
  • Winesburg and Others, (1937).
  • Ten Short Plays, (1972).
Essai
  • Death in the Woods, (1933).
  • Puzzled America, (1935).
  • Return to Winesburg, Ohio, (1967).
  • The Buck Fever Papers, (1971).
  • Sherwood Anderson and Gertrude Stein: Correspondence and Personal Essays, (1972).
Autres
  • Sherwood Anderson's Memoirs, (1924, mémoires) - Un conteur se raconte, traduit par Victor Llona, Paris, Simon Kra, 1928.
  • An Exhibition of Paintings by Alfred H. Maurer, (1924, récit).
  • Modern Writer, (1925, récit).
  • Sherwood Anderson's Notebook, (1926, mémoires).
  • Onto Being Published, (1930, non-fiction).
  • Dreiser: A Biography, (1936, récit).
  • San Francisco at Christmas, (1940, mémoires).
  • The Memoirs of Sherwood Anderson, (1968, mémoires).
  • The Writer at His Craft, (1978, récit).
  • Paul Rosenfeld: Voyager in the Arts, (1978, récit).
  • Selected Letters: 1916 – 1933, (1984, lettres).
  • Writer's Diary: 1936 - 1941, (1987, mémoires).
  • Love Letters to Eleanor Copenhaver Anderson, (1990, lettres).

Hommage[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « Sherwood Anderson, A Brief Biography », sur University of Richmond, (version du sur Internet Archive) (consulté le ).
  2. Mario Lucas, « Nouvelles : Sherwood Anderson, La morsure des mots simples » [PDF], sur Le Calepin rouge, (consulté le ).
  3. Sherwood Anderson, Pauvre Blanc [« Poor White »], 1920, p. 52.
  4. Sherwood Anderson, Pauvre Blanc [« Poor White »], 1920, p. 79.
  5. Sherwood Anderson, Pauvre Blanc [« Poor White »], 1920, p. 148.
  6. Walter B. Rideout, Sherwood Anderson : A Writer in America, p. 400 (lire en ligne). (consulté le ).
  7. (en-US) « Sherwood Anderson », sur Narrative Magazine (en), (consulté le ).
  8. (en) « Art Hendricks Started Career In 1942 With Site Bought At Sheriff's Sale », sur The Blade, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) John Earl Bassett, Sherwood Anderson : an American career, Susquehanna University Press, Selinsgrove, Pa., 2006, 146 p. (ISBN 1-575-91102-7).
  • (en) Robert Dunne, A new book of the grotesques : contemporary approaches to Sherwood Anderson's early fiction, Kent State University Press, Kent (Ohio) ; Londres, 2005, 134 p. (ISBN 0-87338-827-5).
  • (en-US) Walter B. Rideout (de) (préf. Charles E. Modlin), Sherwood Anderson : A Writer in America, vol. 2, Madison, The university of Wisconsin press, , 520 p., 24 cm (ISBN 0-299-22020-6 et 978-0-299-22020-4, OCLC 493535458, BNF 40927577, SUDOC 116289996, présentation en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • (en) Judy Jo Small, A Reader's guide to the short stories of Sherwood Anderson, G.K. Hall, Macmillan, New York, 1994, 446 p. (ISBN 0-8161-8968-4).
  • Claire Bruyère, Sherwood Anderson : l'impuissance créatrice, Klincksieck, Paris, 1985, 370 p. (ISBN 2-86563-117-6) (thèse remaniée).
  • Claire Bruyère, Sherwood Anderson : le grotesque tendre, Belin, Paris, 2001, 127 p. (ISBN 2-7011-2907-9).
  • Sylvie Laurent, Du pauvre blanc au « poor white trash » dans le roman américain et son arrière-plan depuis 1920, Université de Paris 4, 2007, 2 vol. 473 p. (thèse de Littérature américaine).

Article connexe[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Liens externes[modifier | modifier le code]