Scottsboro Boys

Les Scottsboro Boys.

L'expression « Scottsboro Boys » désigne neuf garçons afro-américains, âgés de 12 à 20 ans, accusés en 1931 d’avoir violé deux femmes blanches dans un train de marchandises traversant l’État de l’Alabama. Huit des neuf accusés furent condamnés à mort par le tribunal de Scottsboro quinze jours après les faits, à l’issue de plusieurs procès n’excédant pas une journée[1]. L'affaire des Scottsboro Boys est considérée comme une étape importante dans le cadre de la lutte contre les discriminations et pour le droit à un procès équitable aux États-Unis. L'affaire cumule une tentative de lynchage avant l'inculpation des suspects, une mise en scène, des jurés intégralement blancs, une justice expéditive et des troubles à l'ordre public pendant les procès.

Déroulement des faits[modifier | modifier le code]

Le , plusieurs passagers clandestins voyageaient à bord d'un train entre Chattanooga et Memphis (dans le Tennessee). Parmi eux, des passagers blancs quittèrent le train en marche et indiquèrent au shérif qu'ils avaient été agressés par un groupe de jeunes Noirs américains. Celui-ci envoya un groupe de miliciens qui inspecta le train vers Paint Rock (Alabama) et arrêta les adolescents noirs. Deux jeunes femmes blanches, Ruby Bates et Victoria Price, descendirent du train et déclarèrent avoir été violées par le groupe de jeunes Noirs[2],[3].

Premiers jugements[modifier | modifier le code]

L'affaire fut jugée à Scottsboro, en Alabama, au cours de trois procès expéditifs, durant lesquels les accusés disposèrent d'une faible assistance juridique, notamment par un avocat alcoolique, saoul pendant les séances du procès[4]. Alors que des preuves médicales semblaient indiquer qu'ils n'avaient pas commis le crime[5],[6], ils furent tous reconnus coupables de viol et condamnés à mort, à l’exception de Roy Wright, alors âgé de douze ans[7]. La peine de mort était alors la sentence la plus utilisée en cas de viol par un homme noir d'une femme blanche.

Appels et arrêts de la Cour suprême[modifier | modifier le code]

L’âge des condamnés, la gravité des peines prononcées et les circonstances des procès qui semblaient avoir violé quelques-unes des règles fondamentales de la défense déclenchèrent une campagne de soutien menée par le Parti communiste américain à travers la League of Struggle for Negro Rights et la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP) qui dénonçaient le caractère raciste de l'affaire. L’International Labor Defense (ILD)[8], organisation émanant du Parti communiste, prit en charge la défense des condamnés[1]. Les procédures d’appel menèrent jusqu’à la Cour suprême qui cassa une première fois en 1932 les jugements prononcés en première instance, estimant que les condamnés n’avaient pas bénéficié d’un procès équitable (Powell v. Alabama 287 U.S. 45)[9],[10].

Seconde série de procès[modifier | modifier le code]

Une seconde série de procès eut lieu dans la ville de Decatur (Alabama) en 1933. Les jugements furent à nouveau cassés par la Cour suprême en 1935 (Norris v. Alabama 294 U.S. 587). Lors de la troisième vague de procès, Clarence Norris fut à nouveau condamné à mort ; trois des neuf autres accusés reçurent des peines s’échelonnant de 75 à 99 ans de prison. La peine de Norris fut finalement commuée en peine de prison à vie par le gouverneur de l’Alabama David Bibb Graves en 1938.

Suites des procès[modifier | modifier le code]

Une partie des détenus fut progressivement libérée sur parole dans les années 1940 et au début des années 1950[11]. Le dernier détenu, Clarence Norris, fut finalement gracié par le gouverneur de l’Alabama George Wallace, pourtant favorable à la ségrégation raciale, en 1976[12].

En , Haywood Patterson, Charlie Weems et Andy Wright[12], les trois membres du groupe dont les condamnations n'avaient pas été annulées sont graciés de façon posthume par la commission des libérations conditionnelles de l'Alabama (Alabama's parole board). La grâce intervient 82 ans après leur condamnation et 24 ans après la mort du dernier accusé, Clarence Norris le [13],[14],[15].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (fr) Nicole Bacharan, Histoire des Noirs américains au XXe siècle, Éditions Complexe, 1994, rééd. 11 mars 1998, 336 p. (ISBN 978-2870275245)
  2. (en-US) « Scottsboro Trials », sur Encyclopedia of Alabama (consulté le )
  3. (en-US) « Scottsboro Boys | Encyclopedia.com », sur www.encyclopedia.com (consulté le )
  4. (en-US) « Scottsboro Boys Trial », sur Spartacus Educational (consulté le )
  5. (en) To Kill A Mockingbird, The Text Guide, Coordination Group Publications Ltd (ISBN 978-1-84762-023-1)

    « "Even though there was medical evidence that proved the women hadn't been raped, the all-white jury sentenced all the men except the youngest to death." »

  6. (en) « Scottsboro case | law case », sur Encyclopedia Britannica (consulté le )
  7. (en-US) « The Scottsboro Boys », sur National Museum of African American History and Culture, (consulté le )
  8. (en-US) Daren Salter, « Scottsboro Case (1931-1950) • BlackPast », sur BlackPast, (consulté le )
  9. (en-US) History com Editors, « Scottsboro Boys », sur HISTORY (consulté le )
  10. (en-US) « Powell v. Alabama, 287 U.S. 45 (1932) », sur Justia Law (consulté le )
  11. (en-US) « Scottsboro Case | Encyclopedia.com », sur www.encyclopedia.com (consulté le )
  12. a et b (en-US) « Who Were the Scottsboro Boys? | American Experience | PBS », sur www.pbs.org (consulté le )
  13. (en) Ed Pilkington, « Last three of Scottsboro Nine receive posthumous pardons for 1931 'crime' », The Guardian,
  14. (en-US) Alan Blinder, « Alabama Pardons 3 ‘Scottsboro Boys’ After 80 Years », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  15. (en-US) « Clarence Norris: The Last Voice of the Scottsboro Boys – StMU History Media » (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]