Saint-Gingolph

Saint-Gingolph
Vue aérienne de Saint-Gingolph.
Nom officiel
Morgelibre (-)Voir et modifier les données sur Wikidata
Géographie
Pays
Département français
Canton
Districts
Commune française
Commune
Altitude
389 mVoir et modifier les données sur Wikidata
Coordonnées
Fonctionnement
Statut
Histoire
Fondation
Identifiants
Site web
Carte

Saint-Gingolph (San Zhingueû ou Sent-Gingolf : Gingœlf en francoprovençal ou arpitan) est un village situé sur la frontière franco-suisse sur la rive sud du Léman, à l’embouchure de la Morge qui marque la limite entre les deux pays.

Administration[modifier | modifier le code]

La Morge entre Saint-Gingolph en Suisse (à gauche) et Saint-Gingolph en France (à droite).

Le village étant coupé par la frontière franco-suisse, il constitue deux communes distinctes :

Toponyme[modifier | modifier le code]

Le toponyme de la commune provient du saint Gangolf d'Avallon[1],[2],[3].

Le village est mentionné en 1153 avec Sancti Gengulfii, puis en 1204 villula Sancti Gingulphi, Sanctus Gingulfus vers 1230, en 1348 Apud Sanctum Gingurphum et Sanctus Gingulphus au milieu du XVe siècle[2],[4].

En francoprovençal ou arpitan savoyard, le nom de la commune s'écrit Sant-Gingœlf et se prononce « San Zhingueû » (retranscrit selon la graphie semi-phonétique de Conflans)[5].

Histoire[modifier | modifier le code]

Saint-Gingolph aurait été fondé en 755 par un officier de Pépin le Bref, saint Gangolf, connu pour être notamment le saint patron des maris trompés (mais également des gantiers, cordonniers, tanneurs, des chasseurs et veneurs). Selon la légende, il se retira à la même période pour vivre en ermite sur les rives du lac[6],[7],[8].

Il est à noter également l’existence dans les légendes locales d’un saint homonyme[Lequel ?], un soldat faisant partie des martyrs du massacre de la légion thébaine en 286 à Agaune, ville située en Valais, laquelle fut rebaptisée en l’honneur de saint Maurice, qui commandait cette légion.

En 515 : le premier village sur le territoire de Saint-Gingolph est Bresti ( Brêt aujourd'hui). Puis, en l'an 640, à la suite d'un éboulement gigantesque à la hauteur de Bret (actuellement côté français), Saint Romain[Lequel ?] fixe la construction d'une nouvelle église à l'emplacement du bâtiment actuel, et lui donne le nom d'Ecclésia Sant Gendoulfo. Cette appellation de Sant Gendoulfo sera par la suite étendue à l'ensemble du village, pour devenir au fil des siècles l'actuel nom que l'on connaît de nos jours, à savoir Saint-Gingolph.

Borne frontière entre la France et la Suisse incrustée dans un trottoir à Saint-Gingolph.

Selon les sources fiscales recueillies par l'abbé Alexis Chaperon, curé de Saint-Jean-d'Aulps, tout semble indiquer que le village se développa d'abord sur la rive occidentale de la Morge, autour de l'église[9]. La présence du pont sur le torrent aurait été la raison de la constitution de cette communauté villageoise[10].

La paroisse est attachée à l'évêché de Genève, depuis le XIIe siècle[9], puis à celui d'Annecy, qui lui succède[11]. La première mention de cette église, Sanctus Gengulfus, remonte à 1153 et est dédiée à saint Gangolf[9]. La nouvelle église de Saint-Gingolph se trouve en partie savoyarde ou « sur France » et reste attachée au diocèse savoyard[11].

En 1536, les Bernois et les Valaisans s'emparèrent du Chablais occidental, alors terre du Duché de Savoie[11]. Saint-Gingolph est alors occupé par les Valaisans et la seigneurie reconnut l'autorité des sept dizains. L'abbé d'Abondance y conserva cependant ses droits qu'il céda en 1563 aux Du Nant de Grilly .

Du XVIe au XIXe siècle[modifier | modifier le code]

Le traité de Thonon du entre le duc Emmanuel-Philibert de Savoie, d’une part, et l’évêque de Sion et les Sept-Dizains (Valais), d’autre part, fixa la frontière entre la Savoie et le Valais selon le cours de la Morge de Saint-Gingolph, de sorte que le village se retrouva coupé par la frontière[11],[12].

La construction du château de Saint-Gingolph, commandée par les Du Nant de Grilly, s'achève en 1577.

Lors des débats sur l'avenir du duché de Savoie, en 1860, la population est sensible à l'idée d'une union de la partie nord du duché à la Suisse. Une pétition circule dans cette partie du pays (Chablais, Faucigny, Nord du Genevois) et réunit plus de 13 600 signatures, dont 167 pour la commune[13]. Le duché est réuni à la suite d'un plébiscite organisé les 22 et où 99,8 % des Savoyards répondent « oui » à la question « La Savoie veut-elle être réunie à la France ? »[14].

XXe siècle[modifier | modifier le code]

Les 22 et 23 juillet 1944 se déroule la tragédie de Saint-Gingolph, la partie française est incendiée par les occupants allemands à la suite d'une attaque des maquisards. La majorité de la population se réfugie côté suisse. Six otages sont également fusillés.

Réseaux routiers et transports[modifier | modifier le code]

Pont marquant la frontière entre la Suisse (à gauche) et la France (à droite).

Réseaux routiers et transports publics[modifier | modifier le code]

Réseau routier[modifier | modifier le code]

Transports publics[modifier | modifier le code]

La ligne ferroviaire SNCF Évian-les-Bains - Saint-Gingolph, dite Ligne du Tonkin, est fermée depuis 1998. Un projet de réouverture est en cours, prévoyant la poursuite des trains régionaux valaisans jusqu'à Évian-les-Bains, avec 15 allers-retours par jour.

Transport aérien[modifier | modifier le code]

L'aéroport international le plus proche est l'aéroport international de Genève, situé à 65 kilomètres. L'aérodrome d'Annemasse est situé à 55 kilomètres de Saint-Gingolph.

Tourisme[modifier | modifier le code]

Depuis 2017, Saint-Gingolph possède un office de tourisme et une entité de promotion franco-suisse, baptisé Saint-Gingolph Promotion Évènements. Le slogan de la destination est : « L'accord parfait ! ».

Le parc de loisirs Léman Forest, ses 9 parcours accrobranche et son laser-game extérieur, est un acteur important de la vie touristique du village. Il possède la particularité d'avoir des ateliers dans des arbres des deux côtés de la frontière.

Les 4 plages gratuites, dont une surveillée, et les courts de tennis constituent également des atouts pour le tourisme gingolais.

Tourisme d'itinérance[modifier | modifier le code]

La destination mise également beaucoup sur le tourisme d'itinérance et doux, et souhaite devenir une référence en la matière.

Saint-Gingolph est une étape de la Véloroute du Rhône (ViaRhôna en France) et du Sentier de grande randonnée 5, deux itinéraires majeurs, l'un cyclable, l'autre pédestre, qui permettent notamment de relier la mer Méditerranée. Le village est la 34e et dernière étape du Chemin des cols alpins (6) qui part de Coire dans les Grisons. S'ajoute à cela le départ d'une branche du sentier de Compostelle et celui du GRP Littoral du Léman mis en place au printemps 2020.

Patrimoine[modifier | modifier le code]

Musée des Traditions et des Barques du Léman[modifier | modifier le code]

Le musée des Traditions et des Barques du Léman est installé dans le château de Saint-Gingolph. Il retrace les grandes lignes de la vie villageoise, ainsi que 5 siècles de navigation marchande sur le Léman, par le biais de 33 maquettes de barques du Léman réalisées par les habitants eux-mêmes.

Le château est lui-même est classé biens culturels d'importance régionale.

Parcours « À saute-frontière »[modifier | modifier le code]

Le parcours « À saute-frontière » est un parcours didactique qui est totalement opérationnel depuis le printemps 2018. Il suit un cheminement dans le village, et s'appuie sur le grand paysage comme support. 6 belvédères et 12 totems intermédiaires renseignent le visiteur sur une facette spécifique du village : les transports, le commerce, les événements de la Seconde Guerre mondiale. Parallèlement, une application mobile fournit des contenus multimédias supplémentaires.

Vie culturelle et associative[modifier | modifier le code]

Événements culturels et festivités[modifier | modifier le code]

Les principaux événements gingolais sont :

Vie associative[modifier | modifier le code]

Un grand nombre d'associations sont recensées à Saint-Gingolph, et elles ont presque toute la particularité d'être franco-suisses et de compter ainsi des adhérents de chaque côté de la frontière. La liste complète de ces associations ainsi que leur présentation est disponible sur le site de l'office de tourisme.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Adolphe Gros, Dictionnaire étymologique des noms de lieu de la Savoie, La Fontaine de Siloé, (réimpr. 2004, 2021) (1re éd. 1935), 519 p. (ISBN 978-2-84206-268-2, lire en ligne), p. 421.
  2. a et b Henry Suter, « Saint-Gingolph », sur le site d'Henry Suter, « Noms de lieux de Suisse romande, Savoie et environs » - henrysuter.ch, 2000-2009 (mis à jour le 18 décembre 2009) (consulté en ).
  3. Jean Prieur et Hyacinthe Vulliez, Saints et saintes de Savoie, La Fontaine de Siloé, , 191 p. (ISBN 978-2-84206-465-5, lire en ligne), p. 35.
  4. P.-H. Liard, H. Chevalley, A. Huber, B. Gross, Glossaire des Patois de la Suisse Romande, Librairie Droz, tome VIII, fascicule 116 (pages 1065-1120): frònyi-fuser, Genève, 2002, p. 325, article « Gingolphe, 2° Noms de lieux ».
  5. Lexique Français : Francoprovençal du nom des communes de Savoie : Lé Kmoune in Savoué, Bruxelles, Parlement européen, , 43 p. (ISBN 978-2-7466-3902-7, lire en ligne), p. 15
    Préface de Louis Terreaux, membre de l'Académie de Savoie, publié au Parlement européen à l'initiative de la députée Malika Benarab-Attou.
  6. Chanoine Adolphe Gros, Dictionnaire étymologique des noms de lieu de la Savoie, La Fontaine de Siloé, (réimpr. 2004, 2021) (1re éd. 1935), 519 p. (ISBN 978-2-84206-268-2, lire en ligne), p. 421.
  7. Henry Suter, « Saint-Gingolph », sur le site d'Henry Suter, « Noms de lieux de Suisse romande, Savoie et environs » - henrysuter.ch, 2000-2009 (mis à jour le 18 décembre 2009) (consulté en ).
  8. Jean Prieur et Hyacinthe Vulliez, Saints et saintes de Savoie, La Fontaine de Siloé, , 191 p. (ISBN 978-2-84206-465-5, lire en ligne), p. 35.
  9. a b et c « Saint-Gingolph » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
  10. « Le langage parlé à Saint-Gingolph (contribution à l'histoire de « français locaux ») » par Paul Zumthor - Professeur à la Faculté des Lettres de l'Université d'Amsterdam - p. 209.
  11. a b c et d Henri Baud, Jean-Yves Mariotte, Histoire des communes savoyardes : Le Chablais, Roanne, Éditions Horvath, , 422 p. (ISBN 978-2-7171-0099-0), p. 397-398.
  12. Micheline Tripet, « Thonon, traité de » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
  13. Manifestes et déclarations de la Savoie du Nord, Genève, Imprimerie-Lithographie Vaney, , 152 p. (lire en ligne), p. 47-49.
  14. Paul Guichonnet, Nouvelle encyclopédie de la Haute-Savoie : Hier et aujourd'hui, La Fontaine de Siloé, , 399 p. (lire en ligne), p. 18.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]