Sacro-iliite

La sacro-iliite est une inflammation de l'articulation sacro-iliaque qui se situe entre le sacrum et les os iliaques qui ensemble forment le bassin. C'est une des maladies rhumatismales chroniques les plus fréquentes. On la détecte par la biologie puisque c'est inflammatoire mais également par examen radiographique de l'articulation sacro-iliaque.

La sacro-iliite se manifeste généralement par des douleurs lombaires ou fessières irradiant à l'arrière de la cuisse ainsi que par des sensations d'engourdissement, de faiblesse ou de picotements dans le bas du dos, les fesses ou les jambes. Les symptômes sont souvent similaires à ceux d'autres affections de la colonne vertébrale, comme une hernie discale, un nerf comprimé ou une sciatique, ce qui la rend difficile à diagnostiquer. Les douleurs les plus fortes se manifestent après quelques heures de sommeil, ce qui provoque souvent le réveil et un « dérouillage matinal ».

Chez 15 à 30% des patients souffrant d'un mal de dos chronique, la douleur proviendrait de l'articulation sacro-iliaque[1].

Étiologie[modifier | modifier le code]

Les principales causes de la sacro-iliite sont les suivantes :

  • Toute forme de spondylarthropathies, qui comprend la spondylarthrite ankylosante, l'arthrite psoriasique, l'arthrite réactive ou l'arthrite liée à des maladies inflammatoires de l'intestin, notamment la colite ulcéreuse ou la maladie de Crohn.
  • L'arthrose peut provoquer une dégénérescence des articulations sacro-iliaques et entraîner une inflammation et des douleurs articulaires.
  • Un traumatisme causé par un impact soudain, une chute, un accident peut endommager l'articulation sacro-iliaque.
  • La grossesse : les articulations sacro-iliaques doivent se relâcher et s'étirer pour permettre la naissance du bébé. La modification du poids et de la démarche peut engendrer un stress supplémentaire sur ces articulations et causer une usure anormale.
  • Infection : dans de rares cas, une infection peut provoquer une inflammation de l'articulation[2],[3].

Symptômes[modifier | modifier le code]

Même si les personnes souffrant de sacro-iliite présentent une variété de symptômes, le problème est communément relié à l'importance de la pression exercée sur l'articulation sacro-iliaque. Les symptômes consistent en une douleur prolongée, de type inflammatoire dans le bas du dos, les hanches ou les fesses. Dans les cas les plus graves, la douleur peut se manifester dans des régions éloignées de la source, comme les jambes et les pieds.

Les symptômes sont typiquement aggravés par les actions suivantes :

  • Passer de la station assise à la station debout
  • Rester debout de façon prolongée
  • Courir
  • Monter des escaliers
  • Marcher à grandes enjambées
  • Porter davantage de poids d'un côté[3].

Diagnostic[modifier | modifier le code]

La sacro-iliite se caractérise par une douleur prolongée de type inflammatoire dans la partie inférieure du dos, de la cuisse et de la zone postérieure du fessier. Ces symptômes font qu'elle est souvent confondue avec une affection du nerf sciatique ou une hernie discale.

Quand elle a comme facteur principal un rhumatisme chronique, la douleur survient habituellement en période de repos et durant la nuit, avec une tendance à irradier et entrainant de la rigidité matinale[4],[5].

Pour reproduire la douleur expérimentée par le patient et confirmer le diagnostic, le soignant effectue des tests de provocation de la douleur afin de déterminer avec certitude la présence d'une lésion ou d'une dysfonction du joint sacro-iliaque. Les tests les plus fiables[6] sont:

  • Test de pression fémorale: la douleur se reproduit après une flexion et une légère adduction de la hanche et l'application d'un mouvement de coaptation de l'articulation coxofémorale.
  • Test de compression sacro-iliaque : la douleur se reproduit à la suite d'une pression latérale sur les épines iliaques antéro-supérieures droite et gauche.
  • Test de distraction sacro-iliaque : la douleur est soulagée en appliquant une pression au milieu des épines iliaques antéro-supérieures
  • Test d'abduction de la hanche douloureuse contre la résistance du thérapeute.

Pour confirmer un diagnostic de processus inflammatoire, on a recours à des analyses de sang identifiant la valeur d'hématocrite, la vitesse de sédimentation (VSG), la quantité de protéine C réactive et les anticorps antinucléaires indiquant le facteur rhumatoïde[7].

En outre, il est fréquent de réaliser un test local de résonance magnétique nucléaire, une scintigraphie osseuse ou, en certaines occasions, une radiographie[8].

Même si la fréquence de cancer est peu élevée, il y aura lieu de recourir à d'autres tests si on soupçonne l'existence d'une tumeur maligne[7]

Traitement[modifier | modifier le code]

Le traitement dépend de la gravité de la maladie et de l'intensité de la douleur éprouvée par le patient. Deux orientations sont possibles.

Sans chirurgie[modifier | modifier le code]

Dans la plupart des cas, la sacro-iliite peut être traitée sans recours à la chirurgie, les patients trouvant un soulagement grâce à une combinaison de repos, application de chaleur ou de glace, physiothérapie et médicaments anti-inflammatoires, tel l'ibuprofène, qui réduisent l'inflammation dans les articulations affectées.

Pour des cas plus sérieux, on aura recours à des relaxants musculaires, telle la cyclobenzaprine, afin de réduire les spasmes souvent associés à cette maladie.

Injections et chirurgie[modifier | modifier le code]

Pour les formes plus graves, des injections pourraient être recommandées. Dans ce cas, le médecin injecte dans l'articulation un produit anesthésiant, généralement de la Lidocaïne ainsi qu'un stéroïde doté de puissantes propriétés anti-inflammatoires, en se servant de la fluoroscopie[9]. Ces injections de stéroïdes peuvent être effectuées trois ou quatre fois par an. Elles devraient être accompagnées de physiothérapie pour réhabiliter les articulations affectées.

La chirurgie est souvent la solution de dernier recours et n'est que rarement utilisée. Elle n'est une option que pour les patients qui souffrent d'une douleur intense qui s'est révélée réfractaire aux traitements cités précédemment et qui a un impact significatif sur leur qualité de vie. Dans ces cas, une opération de fusion de l'articulation sacro-iliaque peut avoir un effet stabilisateur et accroître la résistance au poids[10].

Une recherche récente montre que la stimulation électrique du nerf périphérique peut constituer une thérapie valide avec effets positifs à long terme chez des patients plus âgés[11].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Your pain may be from the sacro-iliac joint, Physician partners of America.
  2. (en) « Les autres causes de sacro-iliites que les spondylarthropathies », Revue du Rhumatisme, vol. 76, no 8,‎ , p. 761–766 (ISSN 1169-8330, DOI 10.1016/j.rhum.2009.05.002, lire en ligne, consulté le )
  3. a et b Mayo Clinic, Sacro-iliitis Symptons and causes
  4. (en) Gleb Slobodin, Doron Rimar, Nina Boulman, Lisa Kaly, Michael Rozenbaum, Itzhak Rosner et Majed Odeh, « Acute sacroiliitis », Clinical Rheumatology, vol. 35, no 4,‎ 4février 2016, p. 851–856 (ISSN 0770-3198, DOI 10.1007/s10067-016-3200-6, lire en ligne)
  5. (en) Carl P.C. Chen, Henry L. Lew, Wen-Chung Tsai, Yu-Ting Hung et Chih-Chin Hsu, « Ultrasound-Guided Injection Techniques for the Low Back and Hip Joint », American Journal of Physical Medicine & Rehabilitation, vol. 90, no 10,‎ , p. 860–867 (ISSN 0894-9115, DOI 10.1097/phm.0b013e318228c084, lire en ligne)
  6. (en) Kent Jason Stuber, « Specificity, sensitivity, and predictive values of clinical tests of the sacroiliac joint: a systematic review of the literature », The Journal of the Canadian Chiropractic Association, vol. 51, no 1,‎ , p. 30–41 (ISSN 0008-3194, PMID 17657289, lire en ligne)
  7. a et b Benjamin K. Buchanan, « Sacroiliitis », StatPearls Publishing,‎ 2021[updated 2021 aug 11] (PMID 28846269, lire en ligne)
  8. (en-US) Miriam A. Bredella, Lynne S. Steinbach, Stephanie Morgan, Michael Ward et John C. Davis, « MRI of the Sacroiliac Joints in Patients with Moderate to Severe Ankylosing Spondylitis », American Journal of Roentgenology, vol. 187, no 6,‎ , p. 1420–1426 (ISSN 0361-803X, DOI 10.2214/ajr.05.1423, lire en ligne)
  9. SpineUniverse, Joint Injection Information
  10. Vamsi Kancherla, Shane McGowan, Brittany Audley, Gbolabo O.Sokunbi et Steven T. Puccio, « Early Outcomes following Percutaneous Sacroiliac Joint Fusion », The Spine Journal, vol. 15, no 10,‎ , S255 (DOI 10.1016/j.spinee.2015.07.392)
  11. Marin Guentchev, Christian Preuss, Rainer Rink, Levente Peter, Martin H. M. Sailer et Jochen Tuettenberg, « Long-Term Reduction of Sacroiliac Joint Pain With Peripheral Nerve Stimulation », Operative Neurosurgery (Hagerstown, Md.), vol. 13, no 5,‎ , p. 634–639 (ISSN 2332-4260, PMID 28922873, DOI 10.1093/ons/opx017, lire en ligne)