Ruth DeFries

Ruth DeFries
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Ruth S. DeFries, née le , est une écologue et géographe américaine spécialisée dans l'environnement. Elle utilise la télédétection pour étudier l'habitabilité de la Terre sous l'influence des activités humaines. Avec son équipe, elle met au point une nouvelle méthode de suivi de la déforestation qui fait aujourd'hui autorité. Ses travaux sont récompensés de nombreux prix, dont la bourse MacArthur 2007 et le prix Marsh de la British Ecological Society en 2021.

Biographie[modifier | modifier le code]

Ruth DeFries obtient son baccalauréat en sciences de la Terre en 1976 à l'université de Washington et son doctorat en 1980 au Département de géographie et d'ingénierie environnementale de l'université Johns-Hopkins. Elle enseigne un temps à l'Institut indien de technologie de Bombay, est professeure de développement durable à l'université du Maryland, puis au département d'écologie, d'évolution et de biologie environnementale de l'université de Columbia. En avril 2016, l'université de Columbia la nomme professeure d'université avec un laboratoire propre à son nom[1],[2],[3].

Travaux[modifier | modifier le code]

Les travaux de Ruth DeFries portent sur la transformation du paysage par l'humain ainsi que les conséquences sur le climat, le cycle biogéochimique, les processus biophysiques, la biodiversité et les services écosystémiques[4]. Elle étudie tout ce qui permet de rendre la planète habitable grâce à l'outil de télédétection[5].

Ruth DeFries s'est spécialisée dans la déforestation tropicale (Afrique centrale, Asie du Sud-Est et Amazonie brésilienne) et son impact sur les émissions de carbone dans l'atmosphère[2]. De manière classique, la déforestation est calculée grâce aux statistiques nationales sur le couvert forestier et avec des images satellites de faible résolution[6]. Ruth DeFries et son équipe propose la cartographie de la couverture terrestre à l'échelle du paysage[7]. Ce dernier est vu comme un continuum, plutôt que comme des catégories distinctes de forêts[8]. Cette méthode modifie profondément les recherches sur les écosystèmes et améliore les projections sur les futurs changements climatiques[9]. Elle permet de mieux comprendre l'impact des activités humaines sur l'habitat et la biodiversité[10]. Cette technique est utilisée dans la surveillance et la protection des ressources naturelles par les politiques publiques[11]. Ruth DeFries est récompensée en 2007 par le prix MacArthur pour ces travaux[6],[12].

Déforestation en Amazonie brésilienne en 2016
Déforestation en Amazonie brésilienne en 2016.

Afin de réduire la déforestation et les émissions de carbone, l'approche de l'économie des terres vise à intensifier et d'augmenter le rendement agricole[13]. Ruth DeFries étudie ses conséquences sur le terrain et montre que dans l’État du Mato Grosso au Brésil, grâce aux politiques et des crédits, la production agricole s'est faite sur des terres déjà défrichées. Au contraire, dans l'ouest de l'Amazonie péruvienne, les grandes plantations industrielles s'installent en défrichant des forêts anciennes plus simples à gérer en termes de droit foncier ; les petites plantations à plus faible rendement s'installant sur les terres déjà défrichées. Elle montre que la politique et la culture sont structurantes dans ce domaine[14],[15].

Son équipe trouve également que depuis le 21e siècle, la croissance urbaine est corrélée avec une hausse de la déforestation : en cause la hausse du niveau de vie ainsi que celle des exportations[16],[17].

Son travail de vulgarisation passe par la rédaction de plusieurs articles[18],[19],[20] et par des réponses aux sollicitations des médias[21]. Elle publie plusieurs livres de vulgarisation sur le développement durable qui lui valent la reconnaissance du WWF[22]. Elle y développe ses recherches sur la nature, notamment comment l'investissement dans la diversité, dans la redondance plutôt que dans l'efficacité, les retours auto-correctifs et les décisions qui s'appuient sur des connaissances ascendantes permettent d'être plus résilients dans les crises[23],[24],[25],[26].

Engagement[modifier | modifier le code]

Publication d'An Ecomodernist Manifesto[modifier | modifier le code]

En avril 2015, Ruth DeFries s'est jointe à un groupe d'universitaires pour publier An Ecomodernist Manifesto[27],[28]. Il est co-signé avec John Asafu-Adjaye, Linus Blomqvist, Stewart Brand, Barry Brook, Erle C. Ellis (en), Christopher Foreman, David Keith, Martin Lewis, Mark Lynas, Ted Nordhaus (en), Roger A. Pielke, Jr., Rachel Pritzker, Joyashree Roy, Mark Sagoff, Michael Shellenberger, Robert Stone et Peter Teague [29].

Investissement dans Science moms[modifier | modifier le code]

Ruth DeFries fait partie des Science moms (mamans scientifiques), un groupe de femmes scientifiques qui sont aussi mères de famille[30]. Impulsé par Katharine Hayhoe et Joellen Louise Russell (en) il vise à aider d'autres mères à répondre à leurs questionnements sur le changement climatique et à les former[31]. En permettant aux femmes d'avoir accès à l'information scientifique, Science moms vise au empowerment (encapacitation) et à faire peser les voix des mères dans les politiques environnementales[32].

Distinctions[modifier | modifier le code]

  • Membre de l'Académie américaine des sciences depuis 2006[2] ;
  • Prix « genius » de la bourse MacArthur en 2007[6] ;
  • Membre du Aldo Leopold Leadership Program[2] ;
  • Membre de la Société américaine d'écologie depuis 2012 ;
  • Prix Breakthrough Paradigm en 2015[33] ;
  • Docteur honoris causa de la Faculté des sciences de KU Leuven en 2017[3] ;
  • Prix Marsh (en) pour le recherche sur le changement climatique de la British Ecological Society en 2021[34],[35].

Publications[modifier | modifier le code]

Ruth DeFries est l'autrice ou co-autrice de plusieurs livres et de plus de 100 articles scientifiques[36].

Livres[modifier | modifier le code]

Articles[modifier | modifier le code]

  • (en) Jonathan A. Foley, Ruth DeFries, Gregory P. Asner et Carol Barford, « Global Consequences of Land Use », Science, vol. 309, no 5734,‎ , p. 570–574 (ISSN 0036-8075 et 1095-9203, DOI 10.1126/science.1111772, lire en ligne, consulté le )
  • (en) G. R. van der Werf, J. T. Randerson, L. Giglio et G. J. Collatz, « Global fire emissions and the contribution of deforestation, savanna, forest, agricultural, and peat fires (1997–2009) », Atmospheric Chemistry and Physics, vol. 10, no 23,‎ , p. 11707–11735 (ISSN 1680-7316, DOI 10.5194/acp-10-11707-2010, lire en ligne, consulté le )
  • (en) David M. J. S. Bowman, Jennifer K. Balch, Paulo Artaxo et William J. Bond, « Fire in the Earth System », Science, vol. 324, no 5926,‎ , p. 481–484 (ISSN 0036-8075 et 1095-9203, DOI 10.1126/science.1163886, lire en ligne, consulté le )
  • M. C. Hansen, R. S. Defries, J. R. G. Townshend et R. Sohlberg, « Global land cover classification at 1 km spatial resolution using a classification tree approach », International Journal of Remote Sensing, vol. 21, nos 6-7,‎ , p. 1331–1364 (ISSN 0143-1161, DOI 10.1080/014311600210209, lire en ligne, consulté le )
  • (en) Stephen R. Carpenter, Harold A. Mooney, John Agard et Doris Capistrano, « Science for managing ecosystem services: Beyond the Millennium Ecosystem Assessment », Proceedings of the National Academy of Sciences, vol. 106, no 5,‎ , p. 1305–1312 (ISSN 0027-8424 et 1091-6490, PMID 19179280, PMCID PMC2635788, DOI 10.1073/pnas.0808772106, lire en ligne, consulté le )
  • F Achard, R DeFries, H Eva et M Hansen, « Pan-tropical monitoring of deforestation », Environmental Research Letters, vol. 2, no 4,‎ , p. 045022 (ISSN 1748-9326, DOI 10.1088/1748-9326/2/4/045022, lire en ligne, consulté le )

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « National Science Foundation Should Create Next-Generation Earth Systems Science Initiative, New Report Says », sur www.nationalacademies.org (consulté le )
  2. a b c et d (en) « Ruth DeFries », sur Earth.columbia.edu
  3. a et b (en) « Honorary doctorate of Ruth DeFries on March 31st 2017 », sur wet.kuleuven.be (consulté le )
  4. (en) « Fears and wonders », sur ABC Radio National, (consulté le )
  5. « Ruth S. DeFries », sur www.nasonline.org (consulté le )
  6. a b et c (en) « Ruth DeFries », sur www.macfound.org (consulté le )
  7. « Maryland-Led Research Revises Estimates of Tropical Deforestation. », Ascribe Higher Education News Service,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. Véra Ehrenstein, « Géopolitique du carbone : L'action internationale pour le climat aux prises avec la déforestation tropicale », Thèse de doctorat, Ecole Nationale Supérieure des Mines de Paris,‎ , p. 254-256 (lire en ligne, consulté le )
  9. « An Improved Method For Monitoring National And Global Deforestation », ScienceDaily, (consulté le )
  10. « Growth In Amazon Cropland May Impact Climate And Deforestation Patterns », ScienceDaily, (consulté le )
  11. « Ruth DeFries », sur www.nasonline.org (consulté le )
  12. « 'Genius' rewarded: Hopkins physician, UM geographer are among 24 awarded $500,000 MacArthur grants for research. », Baltimore Sun,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. (en-US) « Brazil’s Amazon is now a carbon source, unprecedented study reveals », sur Mongabay Environmental News, (consulté le )
  14. (en) Nicholette Zeliadt, « QnAs with Ruth S. DeFries », Proceedings of the National Academy of Sciences, vol. 109, no 23,‎ , p. 8789–8789 (ISSN 0027-8424 et 1091-6490, PMID 22566633, PMCID PMC3384194, DOI 10.1073/pnas.1206100109, lire en ligne, consulté le )
  15. (en) Martin Delaroche, « Policy change or values change? The evolution of the environmental behavior of large-scale soybean producers in Mato Grasso, Brazil », Thèse de doctorat, Université Sorbonne Paris Cité ; Indiana university (Bloomington, Indiana),‎ , p. 12 (lire en ligne, consulté le )
  16. Grégoire Macqueron Futura, « La croissance urbaine et la mondialisation, moteurs de la déforestation », sur Futura (consulté le )
  17. (en) « India's commitments to increase tree and forest cover », sur Hindustan Times, (consulté le )
  18. (en-US) Ruth DeFries, « Nature’s Guide to Building Resilient Systems », Wall Street Journal,‎ (ISSN 0099-9660, lire en ligne, consulté le )
  19. (en-US) « Opinion | The Amazon is in flames. But Brazil’s past can show the path forward. », Washington Post,‎ (ISSN 0190-8286, lire en ligne, consulté le )
  20. (en) Miriam Marlier et Tianjia Liu, « We built an app to detect areas most vulnerable to life-threatening haze », sur The Conversation (consulté le )
  21. (en-US) « Especially at Thanksgiving, a sustainable meal is about more than carbon emissions », Washington Post,‎ (ISSN 0190-8286, lire en ligne, consulté le )
  22. (en) « Ruth DeFries | Leaders | WWF », sur World Wildlife Fund (consulté le )
  23. (en) « Webinar explores survival, adaptation and opportunity in crisis », sur Jordan Times, (consulté le )
  24. (en) « Corona, Climate, Chronic Emergency; What Would Nature Do? – review », sur the Guardian, (consulté le )
  25. (en) Meghan McDonough, « Nature Can Help Us Prepare for the Next Pandemic », sur Scientific American (consulté le )
  26. (en-US) John Hawks, « Book Review: 'The Big Ratchet' by Ruth DeFries », Wall Street Journal,‎ (ISSN 0099-9660, lire en ligne, consulté le )
  27. « An Ecomodernist Manifesto », ecomodernism.org (consulté le ) : « A good Anthropocene demands that humans use their growing social, economic, and technological powers to make life better for people, stabilize the climate, and protect the natural world. »
  28. Eduardo Porter, « A Call to Look Past Sustainable Development », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le ) :

    « On Tuesday, a group of scholars involved in the environmental debate, including Professor Roy and Professor Brook, Ruth DeFries of Columbia University, and Michael Shellenberger and Ted Nordhaus of the Breakthrough Institute in Oakland, Calif., issued what they are calling the "Eco-modernist Manifesto." »

  29. « Authors An Ecomodernist Manifesto », ecomodernism.org (consulté le ) : « As scholars, scientists, campaigners, and citizens, we write with the conviction that knowledge and technology, applied with wisdom, might allow for a good, or even great, Anthropocene. »
  30. (en-US) Laura Schulte, « UW-Madison professor Tracey Holloway wants to educate moms on climate change through work with Science Moms », sur Milwaukee Journal Sentinel (consulté le )
  31. (en-US) Steve Hanley, « Science Moms On Climate Change -- Now It's Personal! », sur CleanTechnica, (consulté le )
  32. (en) « Save the Planet, Raise a Kid. It’s a Job for Science Moms », sur Governing, (consulté le )
  33. "Ruth DeFries Announced as 2015 Paradigm Award Winner". The Breakthrough Institute. Retrieved August 14, 2015.
  34. (en) « British Ecological Society award winners 2021 announced », sur EurekAlert! (consulté le )
  35. (en-GB) « Winners of the Marsh Award for Ecology », sur British Ecological Society (consulté le )
  36. DeFries, « Publications », Columbia University

Liens externes[modifier | modifier le code]