Roncevaux

Roncevaux
Noms officiels
(eu) Orreaga (depuis )
(es) Roncesvalles (depuis )Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom local
(eu) OrreagaVoir et modifier les données sur Wikidata
Géographie
Pays
Mérindades
Comarque
Pirinioak (d)
Communauté forale
Partie de
Intermunicipalité des résidus solides de Bidausi (d), Intermunicipalité des services sociaux d'Auñamendi (d), Intermunicipalité sportive de Roncevaux (d), zone bascophone de NavarreVoir et modifier les données sur Wikidata
Superficie
15,1 km2Voir et modifier les données sur Wikidata
Altitude
923 mVoir et modifier les données sur Wikidata
Coordonnées
Démographie
Population
19 hab. ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Densité
1,3 hab./km2 ()
Gentilé
OrreagatarVoir et modifier les données sur Wikidata
Fonctionnement
Statut
Chef de l'exécutif
Luis Echeverría Echávarren (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Identité
Langues officielles
Identifiants
Code postal
31650Voir et modifier les données sur Wikidata
INE
31211Voir et modifier les données sur Wikidata
Immatriculation
NAVoir et modifier les données sur Wikidata
Site web
Carte

Roncevaux (espagnol : Roncesvalles, basque : Orreaga)[1],[2], est une commune de la comarque d'Auñamendi, en Navarre, dans le nord de l'Espagne.

Roncevaux est aussi le nom du principal village de cette commune. Il compte quelques maisons groupées autour d'un monastère dont la fondation remonte au XIIe siècle. Ce monastère comprenait une hôtellerie pour les pèlerins se rendant à Saint-Jacques-de-Compostelle. Aujourd'hui, ce village des Pyrénées est aussi doté d'une église et d'un musée.

Roncevaux est connu dans l'histoire par la bataille de Roncevaux. C'est là que l'arrière-garde de l'armée de Charlemagne, au retour d'une expédition à Pampelune, fut détruite le par un guet-apens vascon au cours duquel plusieurs personnalités du royaume franc furent tuées, dont le comte Roland. L'histoire est relatée par le moine Eginhard dans la Vita Karoli Magni (chapitre IX[3]), mais a surtout été édulcorée dans la Chanson de Roland, une des plus célèbres chansons de geste, composée au XIe siècle, dont le personnage principal est le chevalier Roland, et qui fait notamment porter la responsabilité de l'attaque aux Sarrasins. Un mémorial célèbre aujourd'hui le fameux paladin dans la commune.

Localités limitrophes[modifier | modifier le code]

Géographie[modifier | modifier le code]

Le col de Roncevaux, situé à une cinquantaine de kilomètres au nord de Pampelune, correspond à l'ancien passage axial d'Ibañeta à 1 066 m d'altitude, voie de passage naturel utilisée depuis la préhistoire pour accéder à la péninsule Ibérique.

Le point culminant de cette commune est le mont Ortzanzurieta avec ses 1 567 m.

Cuisine de la posada de Roncevaux au milieu de XIXe siècle

La légendaire brèche de Roland se trouve beaucoup plus à l'est dans les Pyrénées centrales, au-dessus du cirque de Gavarnie, dans le département des Hautes-Pyrénées.

Le Pas de Roland se trouve beaucoup plus au nord, sur la commune d'Itxassou dans le département des Pyrénées-Atlantiques, le long de la Nive.

Les pèlerins de Saint-Jacques trouvaient des maisons et institutions religieuses à Roncevaux pour les accueillir, au pied d'Ibañeta, où se déroula vraisemblablement la très célèbre bataille contre les Carolingiens[4] ; l'arrière-garde de l'armée de Charlemagne y fut battue et mise en déroute par les Vascons.

Au fil du temps, le village continue d'être une étape fondamentale pour les pèlerins du chemin de Saint-Jacques. Le Camino navarro, prélude du Camino francés y passe, en venant d'Ibañeta. C'est le même chemin que parcourut Aimery Picaud au XIIe siècle, en direction d'Obanos, près de Puente la Reina (Navarre), où il est rejoint par un autre itinéraire venant du Somport via Huesca (Aragon), connu comme le Camino aragonés.

Toponymie[modifier | modifier le code]

Le toponyme Roncesvalles[modifier | modifier le code]

Roncevaux, mémorial de Roland.

Traditionnellement le toponyme Roncesvalles était traduit par « vallée d'aubépines », et le nom en basque se base sur cette interprétation : Orreaga « lieu de genévriers », c’est probablement la corruption de l'ancien toponyme « Orierriaga ». D'autres théories donnent comme origine le toponyme « Erro-zabal », la « plaine d'Erro », la vallée à laquelle Roncesvalles fut associée pendant plusieurs siècles.

Les successifs mouvements de pèlerins ont fini par franciser le nom : Rozabal, Ronzaval, Roncesvals, et enfin Roncevaux. Sans doute, l'influence française est aussi la conséquence du tragique souvenir de l'échec de l'armée de Charlemagne en 778.

Néanmoins, le nom de Roncevaux faisait originairement référence à la petite plaine ; puis, depuis le XIIe siècle, à la commune d'origine de l'actuelle Auritz-Burguete.

Quelques décennies plus tard, après la fondation de l'Église Collégiale, on a dû différencier la commune et l'hôpital. La première, connue comme « Bourg de Roncevaux » ou même « Roncevaux » pendant le Moyen Âge, et a finalement dû être connue par le toponyme « Burguete » (le « petit bourg »), à cause de sa taille. Bien qu'il ait été fondé plus tard, l'hôpital s'est approprié le vieux toponyme.

Notes au sujet de la toponymie[modifier | modifier le code]

Les toponymes latins et romains, employés depuis le Moyen Âge pour se référer à l'enclave pyrénéenne, sont nombreux et variés. Si bien que quelques-uns sont à considérer comme erronés à cause de mauvaises interprétations de copistes et de personnages éloignés de Navarre, aux orthographes dérivées et d'autres erronées ou supposées qu'ils étaient mal écrits. En voici quelques-unes : Errozabal, Roncidevallibus, Roncisdevalles, Roncisdevallis, Roncisvalle, Roncisvallis, Roncisvals, Ronsasvals, Ronzalsvals, Roscidavallis, Rozavalles, Runcevallis, Runciavallis, Runciavalle, Runzasvals, Rainchevaux, Rencelvals, Rencesvals, Renceval, Renchevax, Rescesval, Roncallis, Ronças, Ronçasvals, Roncavallis, Roncavalls, Roncavallus, Roncesvalls, Roncevall, Roncevallis, Roncesvalhes, Roncevax, Roncevaux.

Ibaéneta aussi a eu les mêmes interprétations imprécises dues à des réminiscences légendaires si spéciales de cette région : « Pyrenei jugo », « Pyrenei saltus summitate », « Summi Portus », « Vertex Pyrenei Wasconum », « Vertice montis qui dicitur Ronsasvals », « Summi montis verticae », « Mons qui dicitur Ronsasvals », « Montis qui dicitur Runciavallis », « Capella Caroli », « Capella Rotolandi », « Hospital Rollandi », « Hospitale Rotolandi », « Hospital de Summo Portu », « Hospital Sant Salvador de Summi Port », « Monasterium Sant Salvador de Ybenieta », « Monasterium Sanctus Salvator », « Hospitale de Sancti Salvatoris », « San Salvador de Ibañeta », « Ecclesia Sancti Salvatoris »…

Le haut de Valcarlos a été connu comme : « Portus Cisere », « Puerto de Císera », « Portus Ciséreos » et « Porz de Sizer », à ne pas confondre avec « Port de Cize » proposé par Picaud, en relation avec la traversée romaine des crêtes. Le Valcarlos proprement dit dérive de « Vallis Caroli » et « Karlestal », espace qui occupe la frontière internationale d'Arneguy et le col de Moccosalia, où la tradition suppose que Charlemagne a campé au milieu des vascons qui étaient en train d'anéantir l'arrière garde.

Administration[modifier | modifier le code]

Liste des maires
Mandat Nom du maire Parti politique
2003-2007 Luis Echeverría Echávarren
2007-2011 Luis Echeverría Echávarren

Le secrétaire de mairie est aussi celui d'Auritz et Erro[réf. nécessaire].

Démographie[modifier | modifier le code]

Évolution démographique
1996 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
32 31 31 31 29 27 23 26 24 25 24
Sources : Orreaga/Roncesvalles et instituto de estadística de navarra

Division linguistique[modifier | modifier le code]

En accord avec la Loi forale 18/1986 du sur le basque[5], la Navarre est linguistiquement divisée en trois zones. Cette municipalité fait partie de la zone bascophone où l'utilisation du basque est majoritaire. Le basque et le castillan sont utilisés dans l'administration publique, les médias, les manifestations culturelles et l'éducation ; cependant l'usage du basque y est courant et encouragé le plus souvent.

Histoire[modifier | modifier le code]

Roncevaux a toujours été un passage pour accéder à la péninsule ibérique. De Roncevaux ont pénétré les Celtes, les Vandales (409), les Wisigoths qui s'établirent le long de la Ribera del Duero et, naturellement, Charlemagne avec la plus puissante armée du VIIIe siècle, en route vers Saragosse.

Charlemagne, après l'échec de son expédition à Saragosse, décida de réduire en cendres Pampelune, la capitale du royaume de Navarre. Il rentrait en France, via les Pyrénées et, entre le col d'Ibañeta et le ravin de Valcarlos, il dut subir une embuscade des natifs basques de cette région. Ce fut la bataille de Roncevaux. La Chanson de Roland, écrite quelque part en France à la fin du XIe siècle, attribue le désastre, localisé entre Roncevaux et Burguete, aux Sarrasins, tandis que les historiens s'accordent aujourd'hui à dire que les attaquants étaient Vascons.

L’ancienne chapelle et l'hôpital des pèlerins d'Ibañeta y furent transférés en 1132 sur ordre de l'évêque de Pampelune, Sanche Larrosa.

Cachet de passage à Roncevaux délivré par les hospitaliers pour les pèlerins de Compostelle

En quelques années, la grande charité des chanoines de Saint-Augustin chargés de l'accueil leur valut de nombreux dons venus des quatre coins de Navarre, d'Espagne et de plusieurs pays d'Europe. Les pèlerins, dont le flot pouvait osciller entre 30 000 et 50 000 à l'heure des jubilés, y étaient jusqu'au XVIIe siècle reçus, entretenus et nourris trois jours durant.

Sinistré par une avalanche au XVIe siècle, le monastère eut également à souffrir de l'armée impériale française lors de son reflux d'Espagne.

Quoi qu'il en soit, ce monument, point de départ du Camino francés, est l'un des hauts lieux du chemin européen de Saint-Jacques. Depuis une vingtaine d'années, la tradition hospitalière y a été restaurée par la petite communauté canoniale (désormais sécularisée) qui doit faire face à un afflux croissant de pèlerins.

C'est en 1982 que le monastère a été rouvert pour l'accueil des pèlerins.

Culture et patrimoine[modifier | modifier le code]

Pèlerinage de Compostelle[modifier | modifier le code]

Sur le Camino navarro du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, on vient de Luzaide-Valcarlos ou de Honto, les haltes suivantes sont Auritz-Burguete puis Aurizberri-Espinal.

Patrimoine religieux[modifier | modifier le code]

La Real colegiata de Santa Maria[modifier | modifier le code]

Intérieur de l'église de Santa María la Real

La Cruz de los Peregrinos[modifier | modifier le code]

Croix des pèlerins de Compostelle.

Cette « croix des Pèlerins » se trouve à environ 300 mètres au sud de Roncevaux, sur le côté gauche de la route de Burguete.

Il s'agit d'un calvaire gothique en pierre du XIVe siècle, orné de l'image de la Vierge et des effigies du roi Sanche VII le Fort et de son épouse Clémence.

Patrimoine civil[modifier | modifier le code]

Musée de la Collégiale[modifier | modifier le code]

Installé dans les anciennes écuries, il possède de très belles pièces (d'orfèvrerie ancienne : coffret mudéjar, évangéliaire roman, reliquaire émaillé du XIVe siècle, etc.).

Au rez-de-chaussée, la bibliothèque où sont exposées de remarquables pièces d'orfèvrerie, comme l'évangéliaire des rois de Navarre du XIIe siècle, ou un reliquaire enrichi d'argent, d'or et d'émail, dit échiquier de Charlemagne, sans doute à cause de sa disposition en petits compartiments géométriques du XIVe siècle.

On peut y voir une masse d’arme, dite de Roland, qui imite celles de l'époque de Sanche le Fort. On montre aussi les chaînes dont on raconte que le roi les rapporta de la Bataille de Las Navas de Tolosa, ce sont celles qui figurent sur le blason de la Navarre, ainsi qu’une émeraude qui aurait orné le turban du sultan Miramamolín le Vert.

Parmi les belles peintures sur bois, il faut citer la Sainte Famille de Luis de Morales du XVIIe siècle, et le triptyque de la Crucifixion, œuvre néerlandaise de l’atelier de Jérôme Bosch du XVIe siècle.

L'objet le plus important du musée de la Real colegiata est une statue de la Vierge de Roncevaux, en bois de cèdre, dorée et argentée, datant du XIIIe siècle. Selon la légende, elle aurait été révélée par un cerf, dans les montagnes voisines.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (es) « Données sur la municipalité de Roncevaux », sur navarra.es Site dépendant du gouvernement de Navarre, (consulté le ).
  2. Officiellement « Orreaga / Roncesvalles » Euskal Herriko leku 2012-07-25 (Site d'Euskaltzaindia ou Académie de la langue basque)
  3. Chapitre 9 dans la Vita Karoli Magni d'Eginhard
  4. La bataille de Roncevaux est une bataille de l'histoire de France qui a eu lieu le . Elle a été rendue célèbre par l'œuvre médiévale La Chanson de Roland. Charlemagne est en campagne contre les Sarrasins et il apprend que le chef saxon Widukind s'approche du Rhin. Après avoir fait raser les défenses de Pampelune, il s'engage sur le chemin du retour. Alors que son armée traverse en file indienne les cols des Pyrénées, des montagnards basques attaquent l'arrière garde au col de Roncevaux où se trouve notamment Roland, préfet de la marche de Bretagne. Cet incident est d'abord chroniqué dans les Annales regni Francorum, ainsi que dans la biographie de Charlemagne, la Vita Karoli Magni, rédigée par le moine Eginhard
  5. Ley Foral 18/86, de 15 de diciembre de 1986, del Vascuence. Régulation de son usage et de son officialisation. En français sur le site de L'aménagement linguistique dans le monde.

Source[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Abbé Victor Dubarat, La Commanderie et l'hôpital d'Ordiarp, dépendance du monastère de Roncevaux en Soule (Basses-Pyrénées) : étude historique sur les relations de l'abbaye espagnole avec les diocèses d'Oloron, de Bayonne et de Pampelune, les souverains de Navarre et les rois de France, depuis le XIIe siècle jusqu'au XIXe, Pau/Paris, Léon Ribaut/Alphonse Picard, (lire en ligne)
  • Grégoire, J.-Y. & Laborde-Balen, L. , « Le Chemin de Saint-Jacques en Espagne - De Saint-Jean-Pied-de-Port à Compostelle - Guide pratique du pèlerin », Rando Éditions, , (ISBN 2-84182-224-9)
  • « Camino de Santiago St-Jean-Pied-de-Port - Santiago de Compostela », Michelin et Cie, Manufacture Française des Pneumatiques Michelin, Paris, 2009, (ISBN 978-2-06-714805-5)
  • « Le Chemin de Saint-Jacques Carte Routière », Junta de Castilla y León, Editorial Everest
  • Jean-Marcel Paquette, La Chanson de Roland, Métamorphose du texte, Essai d’analyse différentielle des sept versions, 2014, Éditions Paradigme

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]