Roland Lescure

Roland Lescure
Illustration.
Roland Lescure en 2022.
Fonctions
Ministre délégué chargé de l'Industrie et de l'Énergie [N 1]
En fonction depuis le
(1 an, 9 mois et 9 jours)
Président Emmanuel Macron
Premier ministre Élisabeth Borne
Gabriel Attal
Ministre Bruno Le Maire
Gouvernement Borne
Attal
Prédécesseur Agnès Pannier-Runacher (Industrie, 2022)
Agnès Pannier-Runacher (Énergie, 2024)
Président de la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale

(4 ans, 11 mois et 23 jours)
Législature XVe (Cinquième République)
Prédécesseur Frédérique Massat
Successeur Guillaume Kasbarian
Député français

(5 ans, 1 mois et 14 jours)
Élection 17 juin 2017
Réélection 19 juin 2022
Circonscription 1re des Français établis hors de France
Législature XVe et XVIe (Cinquième République)
Groupe politique LREM (2017-2022)
RE (depuis 2022)
Prédécesseur Frédéric Lefebvre
Successeur Christopher Weissberg
Biographie
Date de naissance (57 ans)
Lieu de naissance Paris 11e (France)
Nationalité Française

Canadienne

Parti politique Parti socialiste (2006)
LREM
RE (depuis 2022)
Père François Lescure
Grand-père paternel Pierre de Lescure
Fratrie Pierre Lescure (demi-frère)
Diplômé de École polytechnique
ENSAE
London School of Economics
Profession Économiste

Roland Lescure, né le dans le 11e arrondissement de Paris, est un économiste, homme d'affaires et homme politique français et canadien.

De 2009 à 2017, il est le premier vice-président de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Après avoir été brièvement adhérent du Parti socialiste pour soutenir Dominique Strauss-Kahn, il rejoint La République en marche et est élu député dans la première circonscription des Français de l'étranger (Amérique du Nord) lors des élections législatives de 2017. À l'Assemblée nationale, il est président de la commission des Affaires économiques et rapporteur général du projet de loi relatif à la croissance et la transformation des entreprises (Pacte), promulgué en .

Le 4 juillet 2022, il est nommé ministre délégué chargé de l'Industrie dans le gouvernement Élisabeth Borne et en février 2024 il voit son portefeuille s'élargir à l'énergie au sein du gouvernement Gabriel Attal

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et études[modifier | modifier le code]

Petit-fils du résistant Pierre de Lescure, fils de François Lescure, journaliste à L'Humanité, et d'une mère dirigeante syndicale à la Régie autonome des transports parisiens (RATP)[1], il est le demi-frère du journaliste Pierre Lescure[1]. Il grandit à Montreuil[1].

Diplômé de l'École polytechnique en 1990 (promotion X1987)[2], il est ensuite étudiant de l'École nationale de la statistique et de l'administration économique (ENSAE, administrateur 1992[3]) et de la London School of Economics dont il est diplômé d'une maîtrise en économie en 1992[1].

Parcours professionnel[modifier | modifier le code]

Il travaille au ministère de l'Économie et des Finances, notamment au moment de la création de l'euro, puis à l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) et à la Caisse des dépôts et consignations[1].

En 2005, il est nommé directeur général délégué de Natixis Asset Management[4]. En 2006, il devient directeur général adjoint et directeur des gestions de Groupama AM[1],[4].

De 2009 jusqu'en , il est le premier vice-président de la Caisse de dépôt et placement du Québec[5] (CDPQ), l'un des plus importants fonds de pension d'Amérique du Nord dont il supervise 80 % de l'activité[1]. Son arrivée fait suite à une période d'agitation à la CDPQ, l'institution accusant des pertes de 40 milliards en 2008[6].

Selon Challenges, il est nommé à ce poste « pour sa réputation de gestionnaire prudent et d'investisseur de long terme »[1]. À ce poste, il préside à une forte internationalisation et diversification des placements[7]. Il double les investissements dans les paradis fiscaux[8],[9]. Durant les sept années complètes où il a été chef des placements, six se sont soldées par des rendements supérieurs aux indices de référence de la Caisse. Ces résultats sont notamment dus au portefeuille Action Qualité mondiale[7]. Il perçoit une rémunération annuelle d'environ un million d’euros[10].

Il est l'un des principaux acteurs[réf. nécessaire] du projet du Réseau électrique métropolitain[11].

Parcours politique[modifier | modifier le code]

Débuts[modifier | modifier le code]

Roland Lescure se dit tenant d'un centre gauche « pragmatique »[12]. Il indique avoir « pris [sa] carte au PS au moment de la candidature de Dominique Strauss-Kahn » lors de la primaire socialiste de 2006, mais l'avoir « rapidement rendue » pour avoir « découvert un monde ritualisé et hiérarchique dans lequel le militant de base n’avait pas beaucoup d’importance »[13],[12].

En 2012, il rencontre Emmanuel Macron dans le cadre d'une réunion avec des investisseurs, ce dernier étant alors secrétaire général adjoint de l'Élysée[8]. Il est l’un des premiers contributeurs financiers de sa campagne présidentielle[9]. En 2017, il indique que son nouvel engagement a été influencé par le Brexit[1].

Député[modifier | modifier le code]

Élection[modifier | modifier le code]

Candidat de La République en marche dans la 1re circonscription des Français de l'étranger (Canada et États-Unis) lors des élections législatives de 2017, il arrive très largement en tête au 1er tour avec 57,53 % des suffrages ; l'abstention étant trop élevée (81,36 %), un second tour est nécessaire. Il est élu député avec 79,25 % des voix contre 20,75 % pour Frédéric Lefebvre, député sortant LR[14].

Fonctions à l'Assemblée nationale[modifier | modifier le code]

En , il prend la présidence de la commission des Affaires économiques à l'Assemblée nationale[15].

En , après la nomination de François de Rugy au gouvernement, il soutient la candidature de Richard Ferrand à la présidence de l'Assemblée nationale[16]. Une fois celui-ci élu, il se porte candidat à sa succession à la présidence du groupe LREM[17]. Arrivé en tête au premier tour, il échoue au second tour face à Gilles Le Gendre (157 voix contre 106)[18],[19].

A l'occasion du renouvellement des postes au sein de la majorité, en , il est reconduit dès le premier tour de scrutin à la présidence de la commission des Affaires économiques[20].

Loi Pacte[modifier | modifier le code]

En 2018, il est nommé rapporteur général du projet de loi relatif à la croissance et la transformation des entreprises (Pacte) — loi promulguée en mai 2019 —, ce qui constitue pour lui une première fonction exposée dans l'hémicycle[21]. Il travaille notamment sur la préparation de la privatisation d'Aéroports de Paris (ADP)[22]. Parmi ses principales mesures, outre les privatisations d'ADP et de la Française des jeux qui cristallisent les critiques de l'opposition, la loi vise à étendre l’intéressement et la participation en supprimant le Forfait social pour les entreprises de moins de 250 salariés ; dégage les entreprises franchissant un certain seuil d'effectif des obligations sociales, fiscales et administratives qui en découlent pendant cinq années consécutives passées au-delà de ce seuil ; met en place des mesures de simplification administrative pour les créateurs d'entreprises ; modifie la définition de l'objet social de l'entreprise dans le Code civil en l'élargissant à son rôle social et environnemental ; simplifie l'offre existante et le fonctionnement de l'épargne retraite ; renforce la place des administrateurs salariés dans les conseils d'administration[23].

En tant que rapporteur général, il répond aux opposants à la privatisation d’ADP prévue par la loi, dans l’hémicycle et les médias[9]. Après l'adoption de la loi, que Challenges présente comme une « réforme fourre-tout (privatisations, seuils sociaux, intéressement) et très technique [qui] reste méconnue », il la présente aux chefs d’entreprises, qui sont censés en bénéficier[24]. Alors que la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), dont il était le numéro 2 avant d'être élu député, est « abondamment citée parmi les repreneurs potentiels d’ADP et d’Engie », dont la privatisation est également prévue par la loi Pacte, l’association Anticor évoque un conflit d'intérêts potentiel, même si la situation « n’emporte pas de qualification pénale et de sanction attachée »[9].

Autres activités parlementaires et prises de position[modifier | modifier le code]

A partir de , il est corapporteur d'une mission parlementaire mise en place sous son impulsion et visant à évaluer le coût des violences, des dégâts et des blocages engendrés par les samedis de manifestation du mouvement des Gilets jaunes[25].

Lors du débat sur l’immigration lancé fin 2019 par le gouvernement, il plaide pour une intégration économique plus forte des étrangers en France, présente la mise en place de quotas d'immigration, prévue par le gouvernement, comme « une fausse bonne idée », « dans une logique de long terme », et considère que la volonté du gouvernement de faire voter ces quotas par le Parlement chaque année serait « un dévoiement politique ». Dans Le Huffington Post, la journaliste Astrid de Villaines souligne qu'« il est rare, au sein de La République en Marche de voir des positions aussi tranchées, publiquement, en désaccord total avec le gouvernement »[26]. Il est plutôt libéral sur les questions de société, étant favorable à la légalisation du cannabis. Par ailleurs, il se positionne pour la mise en place de statistiques ethniques[10].

Au sein de LREM[modifier | modifier le code]

En vue des élections européennes de 2019, il fait partie des neuf « ambassadeurs » de LREM chargés de nouer des contacts, voire des liens, avec des partenaires potentiels pour LREM[27].

En 2021, en vue de préparer le futur programme du mouvement pour l'élection présidentielle de 2022, il est chargé de piloter le groupe de travail Économie avec Alexandre Holroyd[28]. Avec Anne de Bayser, il anime aussi le groupe des « relais de la société civile », dans le cadre de la pré-campagne d'Emmanuel Macron[29].

Ministre[modifier | modifier le code]

Le 4 juillet 2022, il est nommé ministre délégué chargé de l'Industrie, auprès de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances, et de la Souveraineté industrielle et numérique, dans le gouvernement Borne[30].

Il se voit confier, en novembre, la charge de piloter la décarbonation des cinquante sites industriels les plus émetteurs de France[31].

Soutien aux entreprises en difficulté[modifier | modifier le code]

Dans le contexte de la hausse des prix de l'énergie qui contraint plusieurs sites industriels d’envergure particulièrement énergivores à cesser, au moins temporairement, leurs activités, Roland Lescure entame une mission de soutien de l'État aux entreprises en difficulté[32]. Il se rend ainsi chez les verriers Arc et Duralex ou Aluminium Dunkerque, pour lequel il débloque par exemple un prêt exceptionnel de l'État de 15 millions d'euros[33].

Par la suite, il continue à intervenir dans des dossiers de sauvetage d'entreprises industrielles menacées de fermeture. Les cas les plus emblématiques concernent celui des 450 emplois de Carelide, une entreprise pharmaceutique à Mouvaux dans le Nord, reprise par la groupe Aguettant grâce à l'apport d'une aide d'État de 25 millions d'euros[34] ; ou celui de l'usine Buitoni de Caudry, également dans le Nord, dont Nestlé avait annoncé suspendre l'activité, avant de finalement s'engager à trouver un repreneur[35],[36].

Il estime que l'immigration est nécessaire pour remédier aux nécessités de la main-d'œuvre dans l'industrie française tout en se défendant d’ouvrir « grandes les vannes de l’immigration économique »[37].

Vie privée[modifier | modifier le code]

Roland Lescure est marié depuis les années 1990 avec une Irlandaise rencontrée lors d'un stage à la Commission européenne et est père de trois enfants. Sa famille habite au Canada[10]. Outre sa nationalité française, il a également la nationalité canadienne acquise[38] du temps où il vivait au Canada.

Publications[modifier | modifier le code]

  • Roland Lescure et Yannick L'Horty, « Le chômage d'inadéquation en France : une évaluation », Économie & Prévision, vol. 113, no 2,‎ , p. 139-154 (lire en ligne, consulté le )
  • Roland Lescure, Antoine Nogier et Laure Tourjansky-Cabart, « Une évaluation économique de la pollution atmosphérique », Économique et Statistique, vol. 307, no 1,‎ , p. 3-20 (lire en ligne, consulté le )

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Portefeuille de l'Énergie ajouté le .

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h et i Delphine Cuny, « Roland Lescure, ex-ponte d'un fonds de pension, candidat En Marche ! en Amérique du Nord », sur latribune.fr, (consulté le ).
  2. « Polytechnique.org :: Annuaire », sur www.polytechnique.org (consulté le ).
  3. « Roland LESCURE (Adm, 1992) », sur Association des anciens de l'ENSAE (consulté le ).
  4. a et b Sophie Rolland, « De la Caisse de dépôt du Québec à En marche », sur lesechos.fr, (consulté le ).
  5. « Qui est Roland Lescure ? | Hugo Fontaine | Services financiers », La Presse,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. La Presse canadienne, « Perte de 40 milliards à la Caisse de dépôt - L'opposition fait front commun pour réclamer une enquête », Le Devoir,‎ (ISSN 0319-0722, lire en ligne, consulté le ).
  7. a et b FRANCIS VAILLES, « Une perte pour la Caisse, un gain pour la France - La Presse+ », La Presse+,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. a et b Mathieu Magnaudeix, « Quand le député LREM Lescure ne disait pas non aux paradis fiscaux », sur Mediapart, (consulté le ).
  9. a b c et d Olivier Petitjean, « Privatisation d’Aéroports de Paris : les réseaux Macron en plein conflits d’intérêts ? », sur bastamag.com, (consulté le ).
  10. a b et c Alain Auffray, « Roland Lescure, l’international », sur Libération, .
  11. Michel Girard, « Une source de diversion pour la Caisse », sur Le Journal de Montréal (consulté le ).
  12. a et b Service politique du Monde, « Qui sont les huit nouveaux présidents des commissions permanentes de l’Assemblée ? », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  13. Justine Rastello, « L'ascension express de Roland Lescure, en tête dans la circo de l'Amérique du Nord », sur liberation.fr, (consulté le ).
  14. Le Parisien, « Législatives 2017 : Frédéric Lefebvre perd son siège en Amérique du Nord », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  15. L'Usine Nouvelle, « Les nouveaux visages (et les plus chevronnés) à la tête des commissions à l'Assemblée - Economie », usinenouvelle.com/,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. Julie Cloris, « Duel Ferrand-Pompili pour présider l’Assemblée : qui soutient qui ? », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  17. « Lescure candidat à la tête des députés LREM », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  18. Jannick Alimi, « Assemblée nationale : Gilles Le Gendre, nouveau président de LREM, dans les pas de Ferrand », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  19. Le Point.fr, « Gilles Le Gendre élu nouveau président des députés LREM », sur lepoint.fr, (consulté le ).
  20. Le Monde avec AFP, « Gilles Le Gendre reste président du groupe macroniste à l’Assemblée nationale », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  21. Caroline Vigoureux, « Avec la loi Pacte, le député LREM Roland Lescure sort de l’ombre », sur L'Opinion.fr, (consulté le ).
  22. Marc Endeweld, « Aéroports de Paris, petites concessions entre amis », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne).
  23. « Loi Pacte : les principales mesures et leur mise en œuvre », sur Les Echos, (consulté le ).
  24. Thierry Fabre, « Roland Lescure en mission VRP pour vendre la loi Pacte auprès des patrons », sur challenges.fr, (consulté le ).
  25. « Des députés en «mission» pour juger «l’impact» de la crise des gilets jaunes », sur Libération.fr, (consulté le ).
  26. Astrid de Villaines, « Les quotas d'immigration "fausse bonne idée" pour Lescure, député des Français du Canada », sur huffingtonpost.fr, (consulté le ).
  27. Manuel Jardinaud et Amélie Poinssot, « En Europe, LREM à la pêche aux alliances », sur Mediapart, (consulté le ).
  28. « Comment LREM prépare la présidentielle de 2022 », sur Challenges (consulté le ).
  29. Ellen Salvi, « Laïcité et « wokisme » : les métamorphoses d’Emmanuel Macron », sur mediapart.fr, (consulté le ).
  30. « Nouveau gouvernement dévoilé, Elisabeth Borne ne sollicitera pas la confiance des députés : revivez l’actualité politique du 4 juillet », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  31. Claire Gatinois, « Climat : Macron propose un pacte de décarbonation aux industriels les plus polluants », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  32. « Le ministre de l’Industrie en Charente : « le secteur ne sera pas la victime collatérale de la guerre en Ukraine » », Charente Libre,‎ (lire en ligne, consulté le )
  33. Yanis Darras, « Duralex : «L'État sera au rendez-vous avec un prêt de 15 millions d'euros», annonce Roland Lescure », Europe 1,‎ (lire en ligne, consulté le )
  34. Anne-Lyvia Tollinchi, « Carelide : Les ministres Gérald Darmanin et Roland Lescure en visite à Mouvaux », France Bleu,‎ (lire en ligne, consulté le )
  35. Yacha Hajzler, « Le ministre de l'Industrie attendu de pied ferme chez Tereos et Buitoni le 13 mars », France Info,‎ (lire en ligne, consulté le )
  36. Maxime Ponsot, « Bientôt un repreneur pour l’usine Buitoni de Caudry ? Le ministre de l’Industrie se dit « confiant » », Ouest-France,‎ (lire en ligne, consulté le )
  37. « Les réactions de LR et du RN à cette sortie de Roland Lescure illustrent leur alignement sur l’immigration », sur Le HuffPost, (consulté le )
  38. « Interview de Roland Lescure » Accès libre, sur www.radiofrance.fr/franceinter, France Inter,

Liens externes[modifier | modifier le code]