Robert Stéphane Tchitchéllé

Robert Stéphane Tchitchelle
Illustration.
Fonctions
Ministre de l'intérieur et ministre des affaires étrangères de la République du Congo

(1 an, 8 mois et 10 jours)
Prédécesseur Poste créé
Ministre du Travail, de la santé et des affaires sociales

(1 an, 9 mois et 30 jours)
Prédécesseur Poste créé
Maire de Pointe-Noire

(6 ans, 8 mois et 28 jours)
Prédécesseur (en tant qu'administrateur-maire de Pointe-Noire)
Biographie
Nom de naissance Tchitchelle
Date de naissance
Lieu de naissance Yaya (Moyen-Congo)
Date de décès (à 70 ans)
Lieu de décès Pointe-Noire (Congo)
Nationalité française
congolaise
Profession chef de la gare centrale de Pointe-Noire

Robert Stéphane Tchitchéllé est un homme politique et syndicaliste congolais né le dans le district de Yaya et mort le à Pointe-Noire.

Connu en premier lieu pour son travail de syndicaliste pour le Chemin de fer Congo-Océan (CFCO), il est le premier secrétaire du syndicat des cheminots du Congo[1]. Il participe en 1946 à la création du Parti progressiste congolais (PPC), parti fondé par Jean-Félix Tchicaya, le premier député du Moyen-Congo à l’Assemblée nationale française.

Stéphane Tchitchéllé est considéré comme l'un des pères fondateurs de la République du Congo, aux côtés de Fulbert Youlou, Jean Félix-Tchicaya et Jacques Opangault[2].

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et éducation[modifier | modifier le code]

Robert Stéphane Tchitchéllé naît dans le district de Yaya, aux alentours de Hinda. Il effectue ses études primaires jusqu'en classe de première supérieure à la mission catholique de Loango.

Recruté au CFCO (Chemin de fer Congo-Océan) le , il gravit rapidement les échelons de l'organisation, occupant entre autres les fonctions de chef de halte auxiliaire jusqu'au et de chef de gare grande vitesse en 1955.

Robert Tchitchéllé a pris une part active dans la construction du Chemin de fer Congo-Océan, et notamment la pose du premier tronçon de voie ferrée reliant Pointe-Noire au poste kilométrique 191[3], d'où le deuxième tronçon préexistant relie à la gare de Favre de Brazzaville[4],[5].

A la suite de la réorganisation de l'Agence transéquatoriale du Congo (ATEC) en Agence transcongolaise des communications (ATC), il est nommé directeur du CFCO et des voies terrestres le .

En 1973, à la veille de son départ à la retraite survenu en , il est nommé directeur honoraire du CFCO.

Activités syndicales[modifier | modifier le code]

Militant au sein de la Confédération générale du travail (CGT), il devient le premier Secrétaire Général du syndicat des cheminots du Congo.

En 1942, en pleine Guerre mondiale, un arrêt de travail est décidé afin de protester contre les conditions inhumaines et insuportables des travailleurs noirs du CFCO, et les mauvais traitements subis par eux de la part des chefs blancs de cette même compagnie. Cette interruption de la circulation ferroviaire porte un grave préjudice au transport, vers le port de Pointe-Noire, puis vers la France, des matières premières servant à la fabrication des armes nécessaires aux troupes françaises engagées sur plusieurs fronts. La réaction des cols blancs du CFCO ne se fait pas attendre. Ils lancent sur les cheminots rassemblés devant les ateliers du kilomètre 4 un bataillon de travailleurs noirs armés de fusils à baïonnettes, qui distribuent sans états d'âmes des coups de crosse et tuent deux grévistes qui sont inhumés peu après au kilomètre 1, proche de l'actuel centre de repos.

Le meneur des grévistes, Stéphane Tchichellé, est quant à lui rétrogradé du poste de sous-chef de gare de première classe au grade de facteur de deuxième classe, affecté aux expéditions de la gare petite vitesse, en attendant d'être traduit devant le Conseil de guerre de Dakar.

Cependant, la capitale sénégalaise est sous la juridiction du régime de Vichy alors que Brazzaville sous la houlette du gouverneur général Félix Eboué, s'étant rangé sous la bannière du général De Gaulle, il ne peut être question de transférer un sujet gaulliste devant un Conseil de guerre relevant d'une juridiction étrangère. C'est ainsi que Stéphane Tchichellé n'ira pas terminer ses jours au bagne de Vichy, en France ou ailleurs, comme on avait coutume d'y envoyer les meneurs de grève.

En 1943, l'autorité coloniale locale, ayant examiné les raisons profondes de la grève des cheminots donne raison à leur représentant syndicaliste Stéphane Tchichellé, et institue peu après le cadre local indigène du chemin de fer. Grâce à ce nouveau statut administratif des cheminots noirs, ceux ci enregistrent une amélioration relative mais concrète de leurs conditions de travail et d'existence. Les cadres, par exemple, virent leurs carrières reconstituées.

Mais cette victoire qui aurait pu lui coûter la vie, Stéphane Tchichellé ne profite nullement de ses efforts, puisqu'il est maintenu des mois et des mois encore dans sa situation d'agent rétrogradé.

Carrière politique[modifier | modifier le code]

Le gouvernement de Fulbert Youlou en 1960.

En 1946, en participant à la création du Parti progressiste congolais (PPC), le parti fondé par Jean Félix-Tchicaya, le député du Moyen-Congo à l’Assemblée nationale française, Robert Stéphane Tchitchéllé fait son entrée en politique. Il devient le bras droit de ce dernier, et organise à ce titre le PPC, tout en militant dans sa région natale du Kouilou. Il parvient à s'assurer du vote des cheminots pour le PPC, ce qui permet au parti de remporter toutes les élections jusqu'en 1956[6].

De 1947 à 1957, Robert Stéphane Tchitchéllé siège au Conseil de l’Afrique-Équatoriale française (AEF) et fut membre de l’Assemblée territoriale du Moyen-Congo.

En 1956, contre toute attente, Robert Stéphane Tchitchéllé se sépare en mauvais termes de Jean Félix-Tchicaya, et entre dans l’Union démocratique pour la défense des intérêts africains (UDDIA), le nouveau parti de l'abbé Fulbert Youlou. Robert Stéphane Tchitchéllé était pourtant considéré comme le potentiel successeur de Jean Félix-Tchicaya.

Cette défection marque la première défaite du PPC lors des élections municipales de 1956. Tête de liste de l’UDDIA à Pointe-Noire, Robert Stéphane Tchitchéllé est élu le à la mairie de Pointe-Noire. Il devient le premier maire autochtone de la ville[6].

La carrière politique de Robert Stéphane Tchitchéllé connaît un essor fulgurant de 1957 à 1963. Il occupe les fonctions de ministre du Travail, de la Santé et des Affaires sociales au Conseil du Gouvernement dirigé par Jacques Opangault. À partir de la proclamation de la République du Congo en , il est nommé successivement vice-président du Conseil des ministres, puis ministre de l’Intérieur et des Affaires étrangères.

Le , il fait partie de la délégation congolaise dirigée par l’abbé Fulbert Youlou qui signe les Accords de Matignon. Ces accords assuraient le transfert de compétences des autorités françaises aux autorités congolaises.

Vie privée[modifier | modifier le code]

Il est le père de l'homme politique et écrivain Tchichellé Tchivéla (né François-Auguste Tchitchellé en 1940).

Distinctions[modifier | modifier le code]

Congo[modifier | modifier le code]

Afrique équatoriale française (AEF)[modifier | modifier le code]

  • Médaille de la commémoration des fêtes de la Communauté à Paris
  • Officier de l'Ordre de l'Équateur
  • Chevalier de l'Ordre de l'Équateur

Afrique[modifier | modifier le code]

France[modifier | modifier le code]

Hommages[modifier | modifier le code]

Le , Jean-Clause Gakosso, le ministre de la Culture et des Arts de la république du Congo, a inauguré une stèle afin d'honorer la carrière politique de Robert Stéphane Tchitchéllé.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Bruno Okokana, « Qui fut Robert Stéphane Tchitchelle ? », DMCARC,‎ (lire en ligne, consulté le )
    Édition originale Les Dépêches de Brazzaville
  2. « Robert Stéphane Tchitchelle entre dans le Panthéon de l’histoire du Congo », Ici Brazza,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. Sennen Andriamirado, « Raphaël Antonetti, le chemin de fer et le travail obligatoire », DMCARC,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. Claire Meynial, « À bord du Congo-Océan #2. Le sang des "moteurs à bananes" », Le Point Afrique,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. Fabrice Moustic, « Moubotsi : la gare de Favre - Le blog de Fabrice au Congo », Le blog de Fabrice au Congo,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. a et b Bruno Okokana, « Portrait : qui est Robert Stéphane Tchitchelle ? | adiac-congo.com : toute l'actualité du Bassin du Congo », sur www.adiac-congo.com, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sources et bibliographie[modifier | modifier le code]

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Livres édités[modifier | modifier le code]