Robert Lynen

Robert Lynen
Description de l'image Robert LYNEN.png.
Naissance
Nermier, Jura
Nationalité Française
Décès (à 23 ans)
Karlsruhe, Allemagne
Profession Acteur
Films notables Poil de Carotte

Robert Lynen, né le à Nermier (France) et mort fusillé le à Karlsruhe (Allemagne), est un acteur et résistant français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille[modifier | modifier le code]

Issu d'une famille d'artistes (son père, Robert, d'origine alsacienne, est alors peintre, sa mère, Mildred, chanteuse et pianiste), Robert Lynen passe les premières années de sa vie dans sa province natale, où ses parents élèvent des animaux. En 1923, la famille s'installe à Paris et son père revient à son activité de dessinateur industriel[1].

Son frère aîné Edgar meurt en 1925, d'une blessure mal soignée. Son père se suicide le 26 mai 1935[2].

Carrière d'acteur[modifier | modifier le code]

Il est repéré à 12 ans par Julien Duvivier alors qu'il est élève à l'École du spectacle. Après quelques essais, il est engagé pour le rôle principal de Poil de Carotte (1932) avec Harry Baur. À la suite du succès public du film, il devient l'enfant vedette du cinéma français. Il joue notamment le rôle de Rémi dans l'adaptation au cinéma de l'œuvre d'Hector Malot : Sans famille (1934). Il tourne également dans Mollenard sous la direction de Robert Siodmak en 1937, puis dans Le Fraudeur de Léopold Simons.

En 1938, il rencontre Louis Jouvet dans Éducation de prince, rencontre qui le marque : « Il est comme un grand frère qui me mène au but ». À 18 ans, il incarne le premier rôle dans Le Petit Chose d'Alphonse Daudet, filmé par Maurice Cloche, puis joue dans La vie est magnifique avec ce même réalisateur.

Il multiplie les succès féminins éphémères, ainsi qu'il le raconte en 1940 au scénariste Carlo Rim :

« J'en ai pourtant baisé des filles et beaucoup je te jure […] presque toutes des figurantes que je baisais debout dans les loges, ou des petites vendeuses des Champ's qui voulaient un autographe. J'ai même eu une vieille de la Comédie-Française, d'au moins trente-cinq ans […][3] »

Il est inspiré par les valeurs du résistant Pierre Henneguier, mari de sa sœur ainée, May.

Engagement dans la Résistance et exécution[modifier | modifier le code]

En 1940, à 20 ans, il figure parmi la distribution dans Espoirs de Willy Rozier. L'année suivante, il part en tournée théâtrale et tourne son dernier film Cap au large de Jean-Paul Paulin. Parallèlement, il part pour un chantier de jeunesse[réf. nécessaire] tout en intègrant un réseau de Résistance. Il est ainsi recruté pour le réseau de renseignement Alliance par le responsable du renseignement à Toulon, Jean-Louis Crémieux [4],[5], sous la responsabilité de Marie-Madeleine Fourcade (Méric)[6]  ; il prend le pseudonyme de « L'Aiglon » (allusion à la pièce de théâtre, dans un réseau dont les membres adoptent des noms d'animaux). Agent de liaison et de renseignements entre le PC du réseau et Marseille[7], il est ensuite chargé du renseignement concernant les états-majors allemands jusqu'à Bruxelles[8].

Nommé sous-lieutenant[9] il est arrêté par la Gestapo à Cassis au château de Fontcreuse à la suite d'une dénonciation par un officier français vendu aux nazis, le 7 ou le [7],[10], il est emmené à la prison de la rue Saint-Pierre à Marseille où il est interrogé et torturé. Il est transféré à Fribourg en Allemagne, en . Après plusieurs mois de détention et deux tentatives d'évasion, il est jugé les 15 et avec dix autres compagnons et condamné à mort avec eux pour « espionnage au profit d'une puissance ennemie » par la cour martiale du Reich[11],[10]. Privé de nourriture, il croupit à la forteresse de Bruchsal près de Karlsruhe.

Sépulture de Robert Lynen au cimetière de Gentilly.

Robert Lynen est fusillé le en même temps que treize autres membres de son réseau de Résistance[12],[13] sur un champ de tir de la Wehrmacht dans la forêt du Hardtwald à Karlsruhe. Il meurt en chantant La Marseillaise. Enterré dans une fosse commune, son corps et celui de ses camarades sont rapatriés en France en 1947. Le , une cérémonie aux Invalides leur rend hommage et la croix de guerre leur est remise à titre posthume. Robert Lynen repose dans le carré militaire du cimetière de Gentilly.

Filmographie[modifier | modifier le code]

Théâtre[modifier | modifier le code]

Postérité[modifier | modifier le code]

  • Le livre Juste le temps de vivre de Yann Liotard (éditions Arlea, 2024) retrace sa vie.
  • Le , est organisé[Quoi ?] au théâtre de l'étoile pour lui rendre hommage et récolter des fonds au profit de sa veuve[14].
  • Le , la cinémathèque de la ville de Paris devient la cinémathèque Robert-Lynen en son honneur.
  • La vie de Robert Lynen est évoquée dans le 250e des 480 souvenirs cités par Georges Perec dans Je me souviens. Arrêté en 1943, fusillé en 1944, « il n'est donc pas mort au début de la guerre » écrit Perec.
  • Le roman Faux Jour d'Henri Troyat est inspiré de la vie de Robert Lynen, en particulier le suicide de son père. Le jeune homme s'est insurgé contre cette œuvre[15].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Vie et mort de Poil de Carotte. Robert Lynen, acteur et résistant. 1920-1944 », sur fondationresistance.org (consulté le ).
  2. « Robert Lynen, l'enfance brisée », sur cnc.fr (consulté le ).
  3. Journal de Carlo Rim : Le Grenier d'Arlequin, journal 1916-1940, éditions Denoël, 1981, à la date du 13 août 1940, p. 321.
  4. Fourcade, tome 2, p. 433.
  5. https://maitron.fr/spip.php?article169971
  6. David Coquille, « Le jour où les nazis ont fusillé « Poil de Carotte » », sur lamarseillaise.fr, Journal La Marseillaise, (consulté le ).
  7. a et b Antoine Olivesi, « Table ronde et témoignages : Le débarquement du 15 août 1944 et la Libération de la Provence : discussion avec Raymond Aubrac, Fernand Barrat, Commandant Claude, René Hostache, Max Juvenal, Général Lecuyer », Revue Provence historique, vol. 36, no 144,‎ , p. 256-258 (ISSN 2557-2105, lire en ligne)
  8. Fourcade, tome 1, p. 276.
  9. https://cinemathequerobertlynen.paris.fr/la-cinematheque/robert-lynen
  10. a et b David Coquille, « Le jour où les nazis ont fusillé « Poil de Carotte » », La Marseillaise,‎ (lire en ligne)
  11. Mémorial de l'Alliance, p. 25.
  12. Lefebvre-Filleau et de Vasselot 2020, ch. « Marie-Madeleine Bridou ».
  13. Fourcade, tome 2, p. 427.
  14. France-Soir, 6 janvier 1948, p.2
  15. François Charles, Vie et mort de Poil de Carotte, éd. La Nuée bleue, p. 94.
  16. « - Mémoire des hommes », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]