Rite ambrosien

Le rite ambrosien est un rite de célébration de la messe catholique latine en vigueur dans le diocèse de Milan et dans trois vallées tessinoises, Leventina, Blenio et Riviera (51 paroisses de rite ambrosien).

Attribué à Ambroise de Milan, le rite ambrosien fut réformé après le concile Vatican II de la même manière que le rite romain.

Histoire[modifier | modifier le code]

Bien qu'il n'y ait aucune preuve que ce rite ait été fixé par Ambroise, évêque de Milan au IVe siècle[a], il est attesté dès le Ve siècle[1].

À l'époque carolingienne, Charlemagne, suivant les décisions de même nature prises par son père Pépin le Bref, associe l'unification politique à l'unification religieuse des territoires sous sa domination[2]. En conséquence, alors que l'Église de Rome ne le demande pas elle-même, Charlemagne impose de force le rite liturgique romain à l'ensemble de l'Eglise occidentale[3].

Malgré cette décision, et malgré une certaine romanisation qu'il subit[4], le rite ambrosien parvient à se maintenir dans l'Eglise de Milan et dans les régions qui lui sont apparentées grâce au soutien de la population locale[5]. Cependant, de nombreux livres de rite ambrosien sont détruits à cette époque, ce qui rend les sources liturgiques antérieures à l'époque de Charlemagne quasiment inexistantes[5].

Ultérieurement, les papes Nicolas II, Grégoire VII et Eugène IV tentent à leur tour d'abolir complètement le rite ambrosien, en vain[5],[6].

Le cardinal Montini, archevêque de Milan et futur pape Paul VI, célèbre une messe selon le rite ambrosien en 1962 devant les Pères du concile Vatican II[7].

Le rite est réformé après le concile de Vatican II selon les mêmes principes que le rite romain avec, en particulier, l'emploi du vernaculaire et une profonde réforme des rites d'ouverture et d'offertoire.

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

La liturgie ambrosienne est assez proche du rite romain, mais a un certain nombre de caractéristiques propres.

Déroulement des cérémonies[modifier | modifier le code]

Messe célébrée selon le rite ambrosien à Legnano.

La supplication Kyrie eleison, sans le Christe eleison, est reprise plusieurs fois au cours de la messe. Le Credo est placé après l'Offertoire. La majeure partie des lectures et prières sont propres au rite ambrosien.

Calendrier liturgique[modifier | modifier le code]

L'Avent ambrosien débute deux semaines avant l'Avent romain (pour un total de six semaines contre quatre).

Le Carnaval se poursuit au-delà du mardi gras jusqu'au samedi suivant, le sabato grasso (samedi gras). Pour cette raison, il n'y a pas de Mercredi des Cendres et le Carême ne commence qu'au lendemain du sabato grasso.

Jusqu'en 1576, le carnaval milanais durait jusqu'au dimanche suivant le Mercredi des Cendres. L'évêque de Milan, Charles Borromée, décide cette année-là de réduire le carnaval d'une journée et de fixer l'entrée en carême des Milanais au premier dimanche du temps quadragésimal[8].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Faute des documents définitifs, la création du rite par saint Ambroise reste encore hypothétique. Il est certain que le futur pape Célestin Ier († 432) s'aperçut que saint Ambroise faisait chanter son hymne Veni Redemptor gentium à ses fidèles, lors de son séjour à Milan. Au regard du propre de la messe, cela reste incertain. D'ailleurs, il est encore possible, car il serait le premier pape qui ait établi le rite romain, vraisemblablement inspiré par Ambroise. Encore faut-il retrouver des justificatifs dans les archives, pour tous les deux rites. (Dom Daniel Saulnier, Le chant grégorien, Abbaye Saint-Pierre de Solesmes, , p. 81 et 108)

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Carol Mary Richardson, Reclaiming Rome: Cardinals in the Fifteenth Century, Brill, , p. 217
  2. Cyrille Vogel, La Réforme liturgique sous Charlemagne, Schwann, , p. 217
  3. Cyrille Vogel, La Réforme liturgique sous Charlemagne, Schwann, , p. 218
  4. Pierre-Marie Gy, « La liturgie au Xe siècle en Occident », Cahiers du CRATHMA (Centre de recherche sur l’Antiquité tardive et le haut Moyen Âge),‎ , p. 47-48 (HAL hal-02911759, lire en ligne)
  5. a b et c Henry de Villier, « Une brève présentation des rits ambrosien et eusébien », sur Schola Sainte Cécile, (consulté le )
  6. Prosper Guéranger, Institutions Liturgiques, vol. I, Fleuriot, , p. 200
  7. « Présentation à Benoît XVI du nouveau Lectionnaire du rite ambrosien », Zenit,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. Marie Lezowski, « Liturgie et domination. L’abolition du dimanche de carnaval par Charles Borromée, archevêque de Milan (1576-1580) », Siècles,‎ , p. 35-36 (DOI 10.4000/siecles.1725, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes[modifier | modifier le code]