Renaud de Rochebrune

Renaud de Rochebrune
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Renaud Marie Bernard Thierry Roulhac De RochebruneVoir et modifier les données sur Wikidata
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Renaud Roulhac de Rochebrune, nom d’usage Renaud de Rochebrune, est un historien, éditeur et journaliste français né le à Aix-en-Provence et mort le à Villefranche-sur-Mer[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Renaud Roulhac de Rochebrune, nom d’usage Renaud de Rochebrune (1947-2022). Né le 22 mars 1947 à Aix-en-Provence. Décédé le 22 septembre 2022 à Villefranche-sur-Mer[2]. Fils de Jacques Roulhac de Rochebrune, militaire, et de Marguerite Roulhac de Rochebrune, née Obellianne, enseignante. Frère de Baudoin, Bérengère et Aude.

Vivant principalement à Paris, il était cependant resté attaché à la région de Nice où il avait passé son enfance et il possédait avec sa compagne, Françoise Petitot, une petite maison sur les hauteurs de Villefranche-sur-Mer. Il avait aussi des liens avec la Creuse où il avait acheté jeune une petite bergerie et où il avait des amis.

Il n’avait pas d’enfants mais était attaché à sa filleule, Joséphine Hazera..

Formation[modifier | modifier le code]

Après une classe préparatoire au lycée Massena de Nice, il a été reçu au concours d’entrée à HEC (École des Hautes études commerciales)[3]dont il a été diplômé en 1969.

Historien[modifier | modifier le code]

Sans être historien de formation Renaud de Rochebrune a été le co-auteur de deux livres d’histoire importants[4],[5], tenant dans les deux cas le rôle central dans le projet et dans sa genèse.

Les patrons sous l’Occupation[modifier | modifier le code]

Éditions Odile Jacob, 1995, 1997, 2013 (ISBN 978-2-7381-2938-3).

Réfléchissant à des sujets pour leur collection « Hommes, histoires, entreprises » chez Odile Jacob, Renaud de Rochebrune et Patrick Fridenson, se sont convaincus qu’il manquait un ouvrage d’ensemble sur le comportement des patrons d’entreprise en France sous l’Occupation. Ils ont sondé sans succès des historiens ayant travaillé sur certains secteurs. D’abord convaincu que la matière déjà existante permettait un travail de synthèse, Renaud de Rochebrune a demandé à Jean-Claude Hazera, un ami et ancien co-rédacteur en chef de Economia, journaliste économique, de se joindre à nouveau à lui pour ce travail qui devait être rapide. Il leur est vite apparu qu’ils n’arriveraient pas à ce qu’ils souhaitaient sans rencontrer certains des acteurs encore vivants à l’époque et sans se plonger eux-mêmes dans les archives. Salué à sa sortie par la presse comme un livre de référence[i], ce travail conduit sous la surveillance scientifique de Patrick Fridenson, s’est étendu sur de longues années. Parmi les chapitres plus spécialement travaillés par Renaud de Rochebrune ceux qui sont consacrés à « l’aryanisation économique » des entreprises réputées juives donnaient pour la première fois toute la mesure de cette entreprise d’extermination économique systématique par l’État français. Mais il avait également approfondi les mécanismes du marché noir à travers le personnage de Joseph Joanovici, le sort des camions Berliet, du pastis Ricard…

La guerre d’Algérie vue par les Algériens[modifier | modifier le code]

Éditions Denoël, deux tomes, 2011 et 2016 (ISBN 9782207253342 et 9782207111925).

Publiés en poche par Folio Histoire.

Renaud de Rochebrune avait souvent évoqué son envie de travailler sur cette période. Il avait notamment édité et établi le texte des Mémoires de Messali Hadj (Jean-Claude Lattès 1982), précurseur des revendications d’indépendance des Algériens pendant l’entre-deux-guerres. L’idée de l’aborder comme Les croisades vues par les Arabes et l’accord de Benjamin Stora pour lui apporter sa caution et son aide en ont fait un projet qui, comme Les patrons sous l’occupation a occupé l’auteur pendant de longues années. Lors d’une soirée d’hommage à Renaud de Rochebrune organisée le 9 novembre 2022 Olivier Rubinstein,  directeur général de Denoël entre 1998 et 2011, a évoqué les 21 ans entre la signature et la publication[i] des deux tomes comme un des contrats les plus longs de Denoël. Renaud de Rochebrune a lu et annoté 300 à 400 livres d’Algériens, a ajouté Benjamin Stora, pratiquement tout ce qui a été écrit sur ce conflit. Il a pu rencontrer quelques-uns des protagonistes importants, notamment Ahmed Ben Bella un des chefs historiques de l’insurrection et premier président de la République algérienne indépendante, et Mohamed Harbi, ancien responsable du FLN, devenu historien de l’Algérie, préfacier de l’ouvrage, à qui le liait une grande estime réciproque.

Éditeur[modifier | modifier le code]

Renaud de Rochebrune accordait plus d’importance à son métier d’éditeur qu’à celui de journaliste. En plus de tous ceux qu’il a contribué à publier chez de multiples éditeurs il a lu quantité de manuscrits à la demande d’auteurs en quête de conseils ou d’une relecture attentive. Son avis était très recherché comme en ont témoigné plusieurs personnes à la soirée d’hommage du 9 novembre 2022. La liste ci-dessous des éditeurs avec lesquels il a collaboré n’est pas exhaustive.

Les éditions Rochevignes


(code (ISBN 978-2-86737[à vérifier : ISBN invalide]))[6]

Il s’est lancé dans la création de sa propre maison d’édition, les éditions Rochevignes, en 1983 assisté de Judith Burko, fille de Jacques Burko, ingénieur qui écrivait une rubrique de vulgarisation scientifique dans Economia.

Le nom Rochevignes résulte de l’association entre Rochebrune et Vignes. Jacques Vignes[i], avait collaboré au magazine Economia, co-dirigé par Renaud de Rochebrune, et disposant d’un peu de fortune personnelle avait aidé Renaud de Rochebrune à financer son entreprise. Celle-ci fut accueillie dans les locaux professionnels d’un autre ami, Christian Gade, 21 rue Royale.

Avant de s’arrêter en 1986 sans avoir trouvé son équilibre économique, Rochevignes publia une vingtaine de livres, dans des domaines divers : des guides touristique mettant en valeur les communautés immigrées en France (l’Asie à Paris, l’Afrique à Paris etc.), des livres sur des villes (Moscou, San Francisco), le sport (une biographie de Suzanne Lenglen, la « diva du tennis », l’amorce d’une collection « profession champion »), un livre d’histoire sur les Amazones, un livre sur le jazz, un livre de psychanalyse, un roman policier…D’autres collections étaient en projet.

Les éditions JC Lattés[modifier | modifier le code]

La collaboration de Renaud de Rochebrune avec les éditions Jean-Claude Lattés a été marquée par ce qui a sans doute été son plus grand succès, le lancement de la carrière littéraire de Amin Maalouf, qui avait été journaliste à Economia, puis à Jeune-Afrique, à son arrivée en France. Présent à la soirée hommage du 9 novembre 2022, Amin Maalouf a évoqué ces débuts « fin 1980 ou début 1981 » et le « rôle déterminant » de ce premier éditeur déjà mentionné par Jean-Christophe Rufin dans la réponse au discours de réception de Amin Maalouf à l’Académie Française. Renaud de Rochebrune lui a conseillé, raconte Amin Maalouf, de ne pas commencer par une œuvre de fiction et il lui a proposé un sujet : Les croisades vues par les arabes. Ce sujet, raconte Amin Maalouf, était notamment venu à l’esprit de Renaud de Rochebrune parce qu’il avait découvert que son prénom résultait de la fascination de sa mère pour le croisé Renaud de Chatillon qui était en fait un pillard. Renaud de Rochebrune fut aussi l’éditeur de Léon l’Africain, du même auteur, et d’autres ouvrages pour les éditions Lattés.

Les éditions Odile Jacob[modifier | modifier le code]

Avec Patrick Fridenson, professeur d’histoire des entreprises à l’IHESS et rédacteur en chef de la Revue d’histoire des entreprises, il avait imaginé une collection intitulée « Hommes, histoires, entreprises ». D’abord conçue pour InterEditions, elle avait migré chez Odile Jacob après le rachat de InterEditions par Jean-Louis Servan-Schreiber (témoignage de Patrick Fridenson). Quatre livres, dont une traduction, ont été publiés[7].

L’un d’entre eux est le premier projet personnel publié de Renaud de Rochebrune comme auteur : Les patrons sous l’Occupation.

Denoël[modifier | modifier le code]

Renaud de Rochebrune a contribué à la publication de plus de 30 ouvrages chez Denoël, dont son deuxième ouvrage personnel en deux tomes : La guerre d’Algérie vue par les Algériens et plusieurs liés de près à son intérêt pour la psychanalyste et la philosophie dans la collection « L’espace analytique » ou dans la collection « médiations ».

Il était devenu ami de Olivier Rubinstein, Directeur général de Denoël.

Éditions Jeune Afrique[modifier | modifier le code]

(code (ISBN 978-2-85258[à vérifier : ISBN invalide])

Passionné par les livres et l’édition et proche de Béchir Ben Yahmed, fondateur du groupe Jeune-Afrique, Renaud de Rochebrune a souvent été consulté sur ou associé à des projets de livres dans ce cadre. Par exemple la co édition avec Fayard des mémoires et du journal de l’Élysée de Jacques Foccart qui, chargé de l’Afrique auprès de De Gaulle, homme pivot de la « Françafrique » et de la relation néocoloniale de la France avec ses anciennes colonies , était pourtant considéré comme « le diable » à Jeune Afrique.

Journaliste[modifier | modifier le code]

  • Il a débuté comme journaliste professionnel à Entreprise, le magazine bimensuel économique de référence à l’époque[8] où il a vite pris des responsabilités (1970-1972)
  • Journaliste pendant quelques mois (Décembre 1972-Juin 1973) au quotidien Le Monde, où il tenait la rubrique pétrole, énergies au moment où montaient les revendications des pays producteurs et s’annonçait le premier choc pétrolier[9]
  • Co-rédacteur en chef du mensuel économique international Economia (Groupe Jeune Afrique) (1974-1977)
  • Responsable de la Revue française de gestion (1985-2001).
  • Jeune Afrique. Après Economia Renaud de Rochebrune a toujours gardé un lien fort avec Béchir Ben Yahmed, fondateur et longtemps dirigeant du groupe Jeune Afrique, qui s’est traduit par des collaborations diverses jusqu’à son dernier jour comme en témoigne la nécrologie publiée sur le site du journal.

Economia[modifier | modifier le code]

Béchir Ben Yahmed, patron du groupe Jeune Afrique, était très admiratif de The Economist, hebdomadaire économique et politique de langue anglaise au lectorat international. Il avait remarqué dans Le Monde les articles de ce journaliste qui semblait penser que « après tout, l’augmentation des prix du pétrole par les pays producteurs était tout à fait légitime » (témoignage de Sophie Bessis, historienne tunisienne et ancienne journaliste à Jeune Afrique, sur une conversation avec Béchir Ben Yahmed, au cours de la réunion d’hommage à Renaud de Rochebrune du 9 novembre 2022). Il lui proposa donc de créer un titre économique international en français[i]. Renaud de Rochebrune demanda à partager la fonction de rédacteur en chef avec un ami, Jean-Claude Hazera, connu en classe préparatoire, puis à HEC, journaliste lui aussi, à l’AFP (Agence France Presse) où il suivait aussi, les chocs pétroliers et les revendications du Tiers monde.

Deux premiers numéros sont parus sous forme de suppléments mensuels dans Jeune Afrique. Dans le premier, supplément du no 686 de Jeune Afrique daté du 2 mars 1974, le thème du dossier principal est « Le pétrole des Africains ».

Un éditorial non signé intitulé « pourquoi Economia ? »  souligne l’importance des sujets économiques qui commencent à prendre de la place dans la presse.  « Est-il encore possible de méconnaître, à l’heure de la crise du pétrole ou de la ruée sur les matières premières, le rôle primordial joué par les évènements ou les décisions économiques dans la transformation du monde… Les pays du Tiers monde, et en particulier les États Africains sont bien placés pour le reconnaître ». Pour en parler Economia se veut clair et agréable à lire.

Dès le numéro 3, daté de juin 1974, Economia devient un mensuel à part entière, l’équipe commençant à se stabiliser à partir du no 4, animée par les deux co-rédacteurs en chef Renaud de Rochebrune et Jean-Claude Hazera.

Dans ses mémoires Béchir Ben Yahmed évoque tous les jeunes journalistes passés par Economia (comme collaborateurs permanents ou occasionnels) qui ont « fait une belle carrière par la suite » : Elias Awad, Jacques Barraux, Gilles Coville, Jean-Marie Doublet, José -Alain Fralon, Jean Pierre Icikowics, Bernard Kapp, Amin Maalouf, Pierre Péan, Jean-Pierre Séréni…

Le dernier numéro (no 38) est daté novembre 1977.

Renaud de Rochebrune, encore co-rédacteur en chef du numéro précédent, daté septembre 1977, a souhaité quitter le journal entre temps ce qui a vraisemblablement précipité la décision d’arrêter la publication.

Un texte signé B.B.Y. (Béchir Ben Yahmed) explique qu'Economia mensuel « n’a pas trouvé en trois ans assez de lecteurs ni, surtout, assez d’annonceurs pour atteindre son équilibre financier ». Intitulé « Economia c’est fini », un autre texte signé des « collaborateurs permanents de la rédaction » se réjouit qu’il y ait eu environ 30 000 acheteurs et 100 000 lecteurs par numéro. Il propose une explication de l’insuffisance de publicité : un lectorat diversifié géographiquement et socialement qui ne représentait pas une cible bien segmentée pour la publicité.

Jeune Afrique, La Revue[modifier | modifier le code]

Au fil des ans Renaud de Rochebrune a collaboré à la fois à l’hebdomadaire Jeune Afrique et au mensuel La Revue (2010-2021)[i] qu’avait créé Béchir Ben Yahmed quand il a transmis la direction du groupe et de l’hebdomadaire à ses fils.

Il faisait partie du comité de rédaction de la Revue et intervenait sur des sujets divers auxquels il avait eu l’occasion de s’intéresser au cours de sa carrière : le pétrole, la Chine, l’Algérie…

Critique de cinéma[modifier | modifier le code]

Il était devenu le critique cinéma des deux publications, Jeune Afrique et la Revue, ce qui avait progressivement pris une place importante dans sa vie professionnelle, ses passions, ses amitiés. Il assistait très régulièrement au Festival de Cannes mais aussi aux festivals africains, le FESPACO à Ouagadougou et le Festival international du film de Marrakech.

La psychanalyse[modifier | modifier le code]

Ayant vraisemblablement conduit une psychanalyse lui-même (il n’en parlait pas), avec deux analystes successifs d’après certains témoignages, il s’était passionné intellectuellement pour ce domaine et notamment pour l’œuvre de Jacques Lacan. Il avait obtenu en 1980 un DEA (Diplôme d’études approfondies) dans la spécialité « Le champ freudien » et avait inscrit un sujet de thèse de 3e cycle sous la direction de Jacques Lacan, projet qui ne semble pas avoir eu de suite. Il a édité de nombreux ouvrages touchant de près ou de loin à la psychanalyse.

Sport[modifier | modifier le code]

Le sport qu’il pratiquait comme un dépassement de soi a toujours tenu une place importante dans sa vie, le choix d’une discipline étant très souvent lié à une amitié : la pelote basque avec Jean-Claude Hazera, le tennis avec Raphael Mergui, la course à pied avec Marc Guillaume.

Le vélo mérite une mention particulière. Il s’y était remis assidument avec José-Alain Fralon et il était très fier d’avoir couru et d’avoir terminé en position honorable malgré son âge des courses mythiques d’amateurs : l’Ardéchoise (deux fois) et le Cape Town Cycle Tour, en Afrique du Sud.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. « Avis de décès ROULHAC DE ROCHEBRUNE », sur JeuneAfrique.com (consulté le )
  3. « Bienvenue à HEC Paris », sur HEC Paris, (consulté le )
  4. (en) Clement M. Henry, « La guerre d’Algérie vue par les Algériens: 1. Le temps des armes (des origines à la bataille d’Alger) / La guerre d’Algérie vue par les Algériens: 2. Le temps de la politique (de la bataille d’Alger à l'indépendance) », The Journal of North African Studies, vol. 22, no 5,‎ , p. 922–927 (ISSN 1362-9387 et 1743-9345, DOI 10.1080/13629387.2017.1358512, lire en ligne, consulté le )
  5. Dominique Barjot, « Rochebrune Renaud De, Hazéra Jean-Claude, Les patrons sous l'Occupation », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, vol. 51, no 1,‎ , p. 171–171 (lire en ligne, consulté le )
  6. « 75515 », sur AFNIL (consulté le )
  7. « BnF Catalogue général », sur catalogue.bnf.fr (consulté le )
  8. Didier-W. Rémon, Humbert Frerejean et Alfred Max, Entreprise : le bimensuel de l'homme d'action, Société du Nouvel économiste, (lire en ligne)
  9. « Le Monde.fr - Actualités et Infos en France et dans le monde », sur Le Monde.fr (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]