Reine de Cornouaille

Reine de Cornouaille
Image associée à la récompense
Nolwenn Peuron, Reine de Cornouaille 2016

Prix remis Titre de Reine de Cornouaille
diadème, parure et broche
Description Concours culturel
Organisateur Festival de Cornouaille
Pays France
Date de création 1923
Dernier récipiendaire Anna Robert (2023)

La Reine de Cornouaille est une élection destinée à choisir une représentante du pays historique de Cornouaille, parmi les candidates élues dans les cercles celtiques. Ce concours ouvre droit, pour la gagnante, au titre annuel du même nom. Créé en 1923 par Louis Le Bourhis, il est à la base de l'actuel festival de Cornouaille.

Cadre de participation et d'élection[modifier | modifier le code]

Annonce des résultats et remise des prix en 2013

La Cornouaille est, schématiquement, le pays qui se trouve sous une ligne allant de Plougastel-Daoulas à Mûr-de-Bretagne, dans les Côtes d’Armor, et à droite d'une autre ligne de Mûr de Bretagne à Clohars-Carnoët, dans le Finistère, juste à la limite du pays vannetais. Elle comprend le Cap Sizun, la Bigoudénie, le pays Glazig, le pays de l'Aven, le Poher, le pays de Châteaulin.

La tradition a instauré des critères de participation : ne pas être mariée, appartenir à un cercle celtique de Cornouaille, au sein duquel elles ont déjà été élues Reines, être âgées de 18 ans au minimum dans l'année. Le critère de la langue n'est plus primordial : « il n'y a pas d'obligation de parler breton, c'est juste une recommandation », dit le président d'un cercle en 2003[1]. Si celle qui sera l’ambassadrice du pays de Cornouaille pendant un an doit bien porter le costume traditionnel, elle doit en plus être à l'aise en public, savoir danser et montrer qu’elle porte un intérêt à la culture bretonne[2]. Elle doit donc transmettre début juillet un dossier sur un thème libre mais culturel (le costume, sa commune, un personnage…)[3].

Le samedi, les prétendantes soutiennent tour à tour leur mémoire devant un jury, composé d'au moins cinq personnes. D'anciennes reines composent parfois ce jury (lors des premières fêtes, les différentes reines élisaient entre elles une reine des reines)[4]. Elles se présentent dans leur costume traditionnel (de mariée le plus souvent) à la mairie de Quimper, à la préfecture[5] et sont soumises à une épreuve de danse Glazik en couple[6]. Le lendemain matin, jour de clôture du festival, elles marchent auprès de la Reine de Cornouaille en titre et de ses demoiselles d'honneur au cours du Défilé des Guises. Après le défilé, elles se présentent devant le public sur scène et dansent avec leurs cavaliers[7]. Depuis 2017, un grand oral de soutenance des mémoires a lieu en public dans l'auditorium de la Tour d'Auvergne[8].

Les noms de la Reine et de ses demoiselles d’honneur restent secrets jusqu'à leur proclamation à la fin de la journée et leur apparition sur le bacon de l'ancien palais des évêques, actuel musée départemental breton. La Reine reçoit une broche en vermeil des mains de sa prédécesseure. Cette broche est un bijou signé Pierre Toulhoat, appelée « fleuron » à cause de son motif. Les demoiselles d'honneur reçoivent une réplique en argent. Deux autres cadeaux symbolisent la royauté de la reine : un diadème et une livrée, épinglée à la taille (un montage de cocarde, rubans, galons)[9]. Outre des cadeaux venant de différents organismes, tels que la faïencerie de Quimper HB-Henriot, la reine reçoit un voyages à l'étranger[10]. Elle participe ensuite aux nombreuses fêtes traditionnelles et culturelles.

Histoire[modifier | modifier le code]

La première élection le 30 septembre 1923.

Lors de la Première Guerre mondiale, beaucoup de Bretons sont partis au combat en costume traditionnel et sont revenus en civil. Pour les femmes restées au pays et les Cornouaillais, il ne fallait pas perdre la tradition[11]. Louis Le Bourhis, après avoir invité à l'inauguration de son cinéma l'Odet-Palace à Quimper quatre « Reines » des villes voisines en , décide de créer, avec l'appui des commerçants et de la mairie, une fête des Reines de Cornouaille, malgré l'opposition de l'église[12]. La première a lieu le sous le nom de « Fêtes Bretonnes de Bienfaisance ». Elle est en effet au profit des mutilés de guerre, car la Première Guerre mondiale est encore très présente dans les esprits[13]. Certaines grandes figures des fêtes de l'entre-deux-guerres apparaissent déjà dans le cortège qui démarre de l'arrivée des reines à la gare au cinéma, dont les « bardes bretons » Botrel, Gourvil et Jaffrennou[12].

La manifestation n’a pas eu lieu de 1931 à 1933 puis en 1935 et 1936 puis l'élection est interrompue de 1939 à 1946, période marquée par la Seconde Guerre mondiale. En 1947, il n’y a pas eu d’élection de reine[14].

Lauréates[modifier | modifier le code]

À partir de 1994, les candidates doivent désormais présenter un dossier traitant d'un aspect de la culture bretonne, relatif à leur terroir. En 2015, cela représente exactement 350 dossiers dans les archives du festival. Jusqu'en 2014, Quimperoises et Bigoudènes se trouvent à égalité en nombre de succès, avec dix Bigoudènes (dont sept Pont-l'Abbistes) face à dix "Glaziks" (dont deux Arméloises). Certains cercles comptabilisent quatre reines, comme Elliant, voire cinq élues pour Plougastel, Spézet et Beuzec-Cap-Sizun[15].

Reines de Cornouaille depuis 1923
Année Nom Ville représentée
1923 Marie GUIRRIEC Quimper
1924 Pauline THYMEUR Ile de Sein
1925 Hélène JOLIVET Douarnenez
1926 Marie LE BARS Scaër
1927 Rose HURIEC Huelgoat
1928 Anaïs PLOUHINEC Audierne
1929 Simone MARECHAL Penmarc'h
1930 Annick LEBRETON Pont-Aven
1934 Jeanne VOLANT Pont-l'Abbé
1937 Odette COSSEC Treffiagat
1946 Germaine TRAONVOEZ Plougastel daoulas
1948 Monique JACQ Plougastel-Daoulas
1949 Marinette VIENOT Chateaulin
1950 Yvonne LE MEUR Pont-l'Abbé
1951 Jeannine LE LOUEDEC Bénodet
1952 Michelle LE CLEC'H Le Guilvinec
1953 Christiane NAOUR Rosporden
1954 Irma LANDREIN Quimperlé
1955 Annick QUEMENER Poullaouen
1956 Annie MARECHAL Penmarc'h
1957 Michelle CORNIC Quimper
1958 Catherine ETES Châteauneuf du Faou
1959 Jacqueline LE JARS Carhaix
1960 Marie-H. LE BOURHIS Elliant
1961 Marie-Th. GUICHAOUA Penmarc'h
1962 Annie LE BOT Plougastel-Daoulas
1963 Anne-Marie GOURLAY Elliant
1964 Paule CRUELDO Châteaulin
1965 Andrée BERNARD Quimper
1966 Nicole MONTFORT Gourin
1967 Patricia SCUILLER Pont-l'Abbé
1968 Éliane PARIS Spézet
1969 Alexine SEHEDIC La Forêt-Fouesnant
1970 Éliane QUERE[16] Quimper
1971 Maryvonne COME Bannalec
1972 Anne-Marie EVENAT Ergué-Armel - Quimper
1973 Marie-Christine LE GAC Pont-Aven
1974 Marie-Louise POUPON Landrévarzec
1975 Maryse MORLEC Quimperlé
1976 Françoise MONTFORT Clohars-Carnoët
1977 Claudie RENEZ Landrévarzec
1978 Danièle MICHEL Plougastel-Daoulas
1979 Colette LE GOFF Gouesnac'h
1980 Muriel LE DREZEN Pont-l'Abbé
1981 Véronique LE BIHAN Beuzec-Cap Sizun
1982 Pascaline CARMES Spézet
1983 Marie-Noëlle MORVAN Ergué-Armel - Quimper
1984 Marie-Françoise BLEUZEN Elliant
1985 Myriam ABALAIN Pont-l'Abbé
1986 Angélique LE MAOUT Clohars-Carnoët
1987 Christine LE GALL Kerfeunteun - Quimper
1988 Hélène NIGER Pont-Aven
1989 Odile LE GOFF Carhaix
1990 Virginie LE GRAND Rostrenen
1991 Sophie CLOAREC Concarneau
1992 Corinne GONIDEC Penhars - Quimper
1993 Gaëlle HEMERY Spezet
1994 Nathalie HASCOET Douarnenez
Reines de Cornouaille depuis 1995
Année Nom Ville représentée Dossier réalisé et présenté
1995 Gwénaëlle QUEMERE Rosporden Les Cornouailles 1953, souvenirs
1996 Cécile LAVANANT Clohars-Carnoët La singulière évolution du costume traditionnel féminin à Clohars-Carnoët ou l'affirmation progressive de l'appartenance cornouaillaise d'un costume Lorientais
1997 Angélique HAROS Pont-l'Abbé 150 ans de tourisme en Bretagne
1998 Karine THOMAS Le Faou Le port du Faou, Histoire maritime
1999 Delphine PERRON Plomelin Une tradition musicale populaire : l'Accordéon
2000 Hélène KERLOC'H Beuzec-Cap Sizun De la "Foar ar Pont" à la "foire à l'ancienne"[17]
2001 Sandrine LE DREAU Penhars - Quimper Nominoë et le peuple breton[18]
2002 Mari-Anna SOHIER Spezet Paul Sérusier : Histoire d'un peintre en Centre Bretagne[19]
2003 Marion DERVOUT Riec-sur-Belon Narcisse de Glénan[20]
2004 Katell LE DRÉZEN Saint-Evarzec Quand les costumes bretons s'affichaient…[21]
2005 Anne-Cécile JEZEQUEL Plougastel-Daoulas L'histoire de la fraise à Plougastel[22]
2006 Marie POULHAZAN Beuzec-Cap-Sizun L'île de Sein, une population au fil de l'eau[23]
2007 Nolwenn VIGOUROUX Kerfeunteun - Quimper La langue bretonne dans notre société - Brezhonek er gevredigezh
2008 Émilie KERLEN Pont-L'Abbé Les chemins du halage de Pont-l’Abbé au fil de l’eau, au fil du temps
2009 Muriel KERGOURLAY Elliant Signes de qualité et produits régionaux
2010 Solène NEDELEC Mûr de Bretagne Mûr de Cornouaille
2011 Émeline LE DU Concarneau Concarneau, précurseur dans l'élevage des huîtres
2012 Diane SOUBIGOU Plougastel La broderie en Pays Plougastel
2013 Marion LE BIHAN Rostrenen L'évolution de l'accordéon dans le Centre-Bretagne
2014 Solenn ALAIN Beuzec-Cap-Sizun Les moulins du Cap Sizun[24]
2015 Camille GUYOT Kerfeunteun - Quimper Les chantiers de Kemper-Corentin au XVe siècle[25]
2016 Nolwenn PEURON Spézet Les Sœurs Goadec : « il faudra leur dire »[26]
2017 Marion BURLOT Saint-Nicolas-du-Pélem Musée de Bothoa, de l’école au musée, un siècle de transformation[27]
2018 Sarah BONIS Beuzec-Cap-Sizun Sur les pas de Marie, bretonne en Aquitaine[28]
2019 Aël-Anna MAZÉ Penhars - Quimper La Cité des Castors à la Terre-Noire, une histoire solidaire de mon quartier[29]
2020 Pas d'élection
2021 Joséphine PENNARUN Combrit De Sainte-Marine à Quimper : l’Odet, une route commerciale
2022 Elisa DOUILLARD Plougastel-Daoulas Les mystères de la coiffe de Plougastel
2023 Anna ROBERT Châteaulin Francois Joncour : figure emblématique de Braspart.

Pour ce 100e anniversaire, Pauline Hémon (St-Evarzec) et Pauline Biard (Kerfeunteun Quimper) sont élues demoiselles d’honneur.

Galerie[modifier | modifier le code]

2011 : la Reine et ses demoiselles d'honneur[modifier | modifier le code]

2012 : la Reine et ses demoiselles d'honneur[modifier | modifier le code]

2013 : les candidates[modifier | modifier le code]

2014 : la Reine et ses demoiselles d'honneur[modifier | modifier le code]

2015 : les candidates[modifier | modifier le code]

2016 : les candidates[modifier | modifier le code]

2017 : la Reine et ses demoiselles d'honneur[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Election de la reine : 18 prétendantes sur la sellette, Le Télégramme, 27 juillet 2003
  2. « Voici la reine de Cornouaille », sur leparisien.fr, (consulté le )
  3. Marie-Thérèse Duflos-Priot, Un siècle de groupes folkloriques en France: l'identité par la beauté du geste, L'Harmattan, 1995, p. 219-220
  4. « Élection de la reine de Cornouaille 2018 : un jury entièrement féminin avec d'anciennes reines », Penhars Infos Quimper,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. Reine : les dessous de l'élection, Le Télégramme, 19 juillet 2003
  6. « Reine de Cornouaille (4/4) : le jury a deux jours pour faire son choix », Côté Quimper,‎ (lire en ligne)
  7. Photos - Gradlon Prétendantes, 28 juillet 2013, festival-cornouaille.com
  8. « Reine de Cornouaille. Les candidates ont défendu leur dossier », Le Télégramme,‎ (lire en ligne).
  9. « Reine de Cornouaille : il y a toujours trois diadèmes préparés », Penhars Infos Quimper,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. Gwenaelle Pelliet, Entretien avec Marion Le Bihan, Reine de Cornouaille 2013, Agence Bretagne Presse, 1er août 2013
  11. Nora Moreau, « Festival de Cornouaille : au son des binious », Le Parisien,‎ (lire en ligne).
  12. a et b Rivallain 2010, p. 29
  13. Gorgiard et Mauras 2010, p. 11
  14. Aurore Toulon et Christian Gouerou, « Festival de Cornouaille. (Re) découvrez le visage de près de 70 reines », Ouest-France,‎ (lire en ligne).
  15. Gorgiard et Mauras 2010, p. 81
  16. Reine de Cornouaille un jour, reine pour toujours, Ouest-France, 29 juillet 2013
  17. Réception en l'’honneur de la reine de Cornouaille, Le Télégramme, 10 août 2000
  18. Sandrine Le Dréau Reine de Cornouaille 2001, Le Télégramme, 23 juillet 2001
  19. Eliane Faucon-Dumont, Mari-Anna Sohier Reine de Cornouaille 2002, Le Télégramme, 22 juillet 2002
  20. Festival de Cornouaille. Chapeau bas, Le Télégramme, 28 juillet 2003
  21. Festival de Cornouaille. 15 candidates au titre de reine, Le Télégramme, 24 juillet 2004
  22. Et la Reine 2005 est..., Le Télégramme, 17 juillet 2005
  23. Les Reines passent leur oral..., festival-cornouaille.com, samedi 22 juillet 2006
  24. Reine de Cornouaille 2014. Solenn Alain élue !, Le Télégramme, 27 juillet 2014
  25. Cornouaille. Camille Guyot élue reine 2015, Le Télégramme, 26 juillet 2015
  26. « Quimper. Nolwenn Peuron élue reine de Cornouaille », Le Télégramme,‎ (lire en ligne).
  27. « Saint-Nicolas-du-Pélem. La Reine de Cornouaille est Pélémoise », Ouest-France,‎ (lire en ligne).
  28. « Festival de Cornouaille. Qui est Sarah Bonis, la nouvelle reine de Cornouaille ? », Ouest-France,‎ (lire en ligne).
  29. « Festival de Cornouaille. Bretonnante et engagée, la quimpéroise Aël-Anna Mazé est la reine 2019 », Ouest-France,‎ (lire en ligne).

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Marie-Thérèse Duflos-Priot, Un siècle de groupes folkloriques en France: l'identité par la beauté du geste, Éditions L'Harmattan, 1995, 350 p.
  • Alain Le Grand, Quimper : un siècle d'histoire, Calligrammes, 1985, 480 p.
  • Ronan Gorgiard et Jean-Philippe Mauras, Cornouaille : de Fêtes en Festival, Spézet, Coop Breizh, , 176 p. (ISBN 978-2-84346-427-0)
  • Yann Rivallain, « Le festival de Cornouaille », ArMen, no 177,‎
  • « Festival de Cornouaille. Des Reines de Cornouaille 1923 au festival 99 », Musique bretonne, no 157,‎ , p. 20-21 (lire en ligne)
  • Hoel Louarn, « Festival de Cornouaille », Musique bretonne, no 28,‎ , p. 10-14 (lire en ligne)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]