Protestantisme à Vesoul

Le Temple protestant de Vesoul

L'introduction du Protestantisme à Vesoul date du milieu du XVIe siècle. Toutefois, à l'instigation du Parlement de Dole, tous les protestants furent chassés de la ville avant la fin du même siècle. Le protestantisme fut réintroduit à Vesoul à partir de 1841 grâce à la demande trois Vésuliens d'origine suisse. La communauté protestante de Vesoul s'accroît ensuite considérablement et des souscriptions sont lancées entre 1863 et 1866, pour financer l'édification d'un temple protestant à Vesoul, qui est finalement inauguré le [1]. La ville de Vesoul a accueilli près d'une vingtaine de pasteurs depuis la création de la communauté protestante de Vesoul.

Vesoul au temps de la Réforme[modifier | modifier le code]

La Révolte des paysans[modifier | modifier le code]

Guillaume Farel, principal diffuseur du protestantisme dans la région de Vesoul jusqu'au Pays de Montbéliard

Lors de la réforme protestante, les idées nouvelles se répandent dans la région de Vesoul depuis le Pays de Montbéliard où prêche Guillaume Farel. En mars 1525, Ulrich VI de Wurtemberg chasse Guillaume Farel de Montbéliard. Cela catalyse le mécontentement des paysans de la région de Montbéliard, favorables à la Réforme également dénommés "mutins" ou "bonshommes", qui se révoltent, prenant pour signe de ralliement une vieille chaussure au bout d'une perche, comme les paysans révoltés d'Allemagne. Forçant l'entrée de villes et de villages, ils s'en prennent aux édifices religieux. En , la ville de Vesoul fut à son tour menacée. Le , le procureur de l'archiduchesse des Pays-Bas Thiébaud Ponsot engagea des groupes d'infanterie (221 Vésuliens) pour protéger la ville. Finalement, grâce à ses troupes, Vesoul repoussa les révoltés de Montbéliard, qui s'étaient tout de même établis jusqu'aux portes de Vesoul, dans le village de Colombier. La révolte fut finalement noyée dans le sang lors d'un bataille livrée devant Villersexel en [2].

L'expulsion des prédicateurs protestants[modifier | modifier le code]

La maison Bucheron, propriété de Nicolas Bucheron, investigateur secret du protestantisme à Vesoul

Cette défaite militaire, si elle met fin à une jacquerie, n'empêche pas les prédicateurs protestants d'entrer à Vesoul pour y donner des "lectures publiques" et y colporter des livres protestants, appelant leur auditoire à changer de religion - ou à changer la religion. Le Parlement de Dole réagit avec la plus grande fermeté et veut ériger la Franche-Comté en rempart du catholicisme au moment où la Réforme rencontre de grands succès tant en Alsace qu'en Suisse ou à Montbéliard. À la fin de l'année 1525, un luthérien du nom de Nicolas Selvit, qui réalisait des lectures publiques fut chassé de la ville de Vesoul. Quelque temps plus tard, c'est au tour de Nicolas Bucheron, un autre prédicateur "luthérien" de se faire expulser de Vesoul. Ce dernier a ouvert dans la ville une école. Il enseignait des cours qui était suspectés d'être hérétiques. Nicolas Bucheron refusait de révéler le véritable contenu de ses enseignements, qui à l'époque étaient soumis à l'autorisation du Prieuré du Marteroy. Pierre d'Andelot[Qui ?], frère de Jean d'Andelot, condamnait l'attitude de Nicolas Bucheron, estimant que contrôler l'éducation était un droit important détenu par le prieuré et l'inspection. Nicolas Bucheron et Nicolas Selvit venaient tous les deux du village d'Amance. Ces deux hommes sont désignés comme des personnes de "belles manières et beau langage"[2],[3].

D'autres remous tant politiques et religieux que militaires ont encore lieu dans la région avant la fin du XVIe siècle, mais ne touchent pas Vesoul, où la situation reste donc inchangée[2].

La constitution de l'Église protestante de Vesoul[modifier | modifier le code]

Les fondateurs de la communauté protestante[modifier | modifier le code]

Le , l'institution protestante de Vesoul est fondée par trois hommes de nationalité suisse qui sont Louis Tournier, Henri Ducommun et Adam Perle. Le principal initiateur de la fondation de l'institution protestante de Vesoul est Louis Tournier. Il est né en 1788 au Locle, dans le Canton de Neuchâtel en Suisse. Louis Tournier exerce le métier de teinturier et est de confession protestante. En 1841, lors de la fondation de l'organisation protestante de Vesoul, il est âgé de 53 ans. Louis Tournier est marié avec Catherine Lods de Clairegoutte, commune située au nord-ouest de Vesoul. Le second fondateur est Henri Ducommun et Adam Perle. Né en 1780 à La Chaux-de-Fonds (Canton de Neuchâtel), il est de profession horloger et est marié à Justine Calame. En 1841, il est âgé de 61 ans. Le troisième père fondateur est Adam Perle, né en 1793 au Canton des Grisons (Suisse). Il devient pâtissier et épousa Anna Aichta. Lors de la création de l'institution protestante de Vesoul, Adam Perle a quarante-huit ans.

Les édifices de pratique du culte[modifier | modifier le code]

Les premiers lieux de culte[modifier | modifier le code]

Avant l'édification du Temple protestant de Vesoul, le culte protestant était célébré pour les nombreux pratiquants du protestantisme. La fréquence de célébration était une fois par mois (le premier dimanche de chaque mois). En 1842, l'Oratoire Protestant de Vesoul est créé. Il s'agit d'une succursale du Consistoire de Héricourt. Cela donne lieu au commencement de la pratique du protestantisme. L'un des premiers lieux de culte fut la salle de la justice de paix dans le bâtiment de la mairie. Il s'agit d'une pièce disposant d'un espace suffisant pour étudier le culte en toute aisance. La salle de la justice de paix fut prêtée grâce à Nicolas Baulmont, maire de Vesoul de 1837 à 1848 et de M. Mazères, préfet de la Haute-Saône. Une petite chaire portative fut acquise et positionnée sur l'estrade de la salle pour faire ressembler la pièce en un véritable lieu de culte[4].

La salle de la justice de paix contenait soixante-dix chaises. Elles appartenaient aux membres de la communauté protestante de Vesoul. Plusieurs objets de culte chrétiens ont été installés dans cette salle. Des vases sacrés tels que des calices et des ciboires ont été généreusement donnés par Son Altesse Royale madame la duchesse d'Orléans. En général, près de quatre-vingts personnes assistent à la séance, dont entre vingt et trente catholiques. Quand c'est au tour des communiants, il y en a entre quarante et soixante. Dans la salle de la justice de paix, lors des communions, une table couverte d'une nappe est placée à côté de la chaire. Les communions ont lieu deux dimanches par an (une au printemps et une en automne). Avant le dernier chant de chaque service mensuel, une quête est réalisée par une dame, pour les pauvres.

L'élévation du temple protestant[modifier | modifier le code]

À Vesoul, la construction d'une temple devient alors l'une des principales priorités pour accroître la communauté protestante de Vesoul, qui était à l'époque antérieure maigre. Étant donné que l'institution protestante de Vesoul et l'oratoire ont été fondés, l'édification d'un lieu de culte protestant majeur et la dernière pièce du puzzle qui manque pour pouvoir compléter les éléments pour la pratique du protestantisme.

En 1860, le pasteur Racine arrive à Vesoul. Ce dernier mit toute sa volonté et sa détermination pour qu'un temple fut édifié à Vesoul. De 1863 à 1866, Racine entreprit beaucoup de formalités. Le , principalement grâce au Pasteur Racine, le Temple protestant de Vesoul est inauguré. Il est situé 17 rue Saint-Georges, à proximité de l'Institut Saint-Maur, dans le centre historique. Des bancs neufs, pour l'intérieur du temple, sont acquis en 1962. En 1965, un clocher est édifié pour détenir les "cloches de paix". Ce sont des cloches qui ont aimablement été offertes par la paroisse de Gerlingen, ville jumelée à Vesoul se trouvant dans le District de Stuttgart, au Bade-Wurtemberg, en Allemagne. Le jumelage entre les deux villes a été signé en 1964, soit un an avant que la paroisse de Gerlingen offre les cloches. En 1965, la salle paroissiale est construite sur une zone proche du temple. Elle fut inaugurée en 1966. En 1974, un orgue de la paroisse de Gerlingen, qui a été offert, est inauguré. Dix ans plus tard (en 1984), cet orgue fut remplacé par un nouveau. Le facteur d'orgue Bois se chargea de l'installer[5].

Son architecture est à la fois sobre et commune. Une voûte forme le fronton de la porte d'entrée. Sur cette voûte est gravée l'inscription : "aimez-vous les uns les autres". Cette voûte est constituée de plusieurs ornements et d'une Bible ouverte. Sur les pages de la Bible est gravé le verset suivant : "le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront point" (Mathieu XXIV, 35)[6]. Située à la pointe en haut du temple, une croix de Jésus surplombe l'édifice. À l'inauguration de l'édifice, le temple ne comportait pas de clocher. L'intérieur du temple est décrit comme un cadre très agréable. De longues boiseries se trouvent à l'intérieur de l'édifice[7].

La Paroisse de Vesoul[modifier | modifier le code]

Les institutions protestantes appartenant à l'Église réformée de France sont des paroisses. Le , la Paroisse de Vesoul est officiellement créée. Dès l'année 1871, à la suite de l'annexion de l'Alsace-Lorraine, la Paroisse grandit considérablement. De nombreux temples sont construits dans la Haute-Saône comme à Lure et à Luxeuil-les-Bains et également dans la région de Héricourt[8].

L'accroissement démographique de la communauté[modifier | modifier le code]

En 1847, après l'élévation du Temple protestant de Vesoul et de la fondation de la Paroisse, la communauté de Vesoul est alors la plus grande du département et l'une des plus importantes de la région. Cette communauté devient importante et se doit donc d'être recensée. Elle se constitue de multiples groupes de protestants répartis dans tout le département de la Haute-Saône et même dans les départements et régions contigus. La communauté protestante de Vesoul est composée de 300 personnes répartis dans les arrondissements de Vesoul, de Gray (Haute-Saône), sud-est de Vesoul, de Langres (Haute-Marne), ouest de Vesoul et de Mirecourt (Vosges), nord de Vesoul. Ils font tous partie de la communauté de Vesoul, mais ont toutefois des lieux de résidence éloignés de la ville.

En Haute-Saône, la communauté protestante de Vesoul est principalement réparties sur trois sites : Vesoul qui est le siège et qui compte soixante protestants, Gray qui en compte cinquante et Monthureux-sur-Saône, vingt. Quelques villes se trouvant dans des départements voisins mais proches de la Haute-Saône détiennent également des membres de la communauté de Vesoul. À Bourbonne-les-Bains sont recensés quarante protestants appartenant à la communauté vésulienne. Les cent trente protestants qui restent sont principalement répartis dans les villages et les petites cités. Les enfants protestants de la communauté de Vesoul, quant à eux, représentent une petite majorité. Dans la ville de Vesoul, on recense dix enfants de confession protestante (quatre garçons et six filles). Ces jeunes enfants apprennent la religion protestante via leurs parents. Parfois, c'est le pasteur de Vesoul qui s'occupe de l'éducation religieuse des enfants[9].

À cette époque du XIXe siècle, les protestants sont appréciés à Vesoul car ils sont ambitieux et ont des bonnes volontés. Leurs actes sont jugés remarquables et auront, par la suite, des conséquences positives sur les avis de certaines personnes concernant les protestants et le protestantisme. Peu après la moitié du XIXe siècle, la ville de Vesoul n'a encore pas de pasteur. Cependant un pasteur fut commis à Vesoul pour assurer les célébrations du culte. Il réalise également des célébrations protestantes à Bourbonne-les-Bains puisque quarante protestants appartenant à la communauté protestante de Vesoul habitent dans cette commune. À Gray, les cinquante protestants de cette ville faisant partie de la communauté de Vesoul, ont également des réunions de culte mais dirigées par le pasteur de Besançon en raison d'un moins grand trajet pour l'accession à cette ville. Il y a huit pasteurs de l'Église consistoriale de Héricourt qui font travailler pour le saint ministère à Vesoul et à Bourbonne-les-Bains. Le ministre des Cultes a permis aux pasteurs qui desservent des autres villes et régions, que leur ville de résidence, d'être remboursés d'une indemnité de 300 francs[10]. Le fait que plusieurs pasteurs desservent plusieurs temples de différentes villes et régions, dont Vesoul, aurait pu laisser croire qu'il s'agissait d'une très mauvaise organisation. Selon certains avis, il y aurait mieux fallut un pasteur pour une ville pour éviter toute confusion. La communauté protestante de Vesoul veut rapidement créer une cure protestante. L'autorité ecclésiastique de la confession d'Augsbourg était pour cette création. Mais une condition s'imposait : il fallait que les protestants de Vesoul acquièrent un vrai lieu de culte pour que le ministre des Cultes accorde la fondation. L'inspecteur Masson avoue que la présence d'un pasteur à Vesoul est une nécessité. Sachant que des lieux pour la pratique du culte sont pourvus à Vesoul, le comité devra donc offrir à l'inspecteur des services, pour la communauté. Un ministre devra s'occuper de cette cure protestante[10].

Personnalités protestantes liées à Vesoul[modifier | modifier le code]

  • Charles Frédéric Mathiot fut pasteur à Vesoul de 1913 à 1954, soit durant 41 années. Né à Hérimoncourt, le et décédé à Vesoul, le , Charles Mathiot est historien, théologien, luthérien et pasteur. Son père, à l'identité éponyme (même nom, même prénom), est directeur des écoles de Terre-Blanche. En 1901, il devient pour la première fois pasteur en Franche-Comté, en devenant le pasteur de Hérimoncourt. Cependant, son poste ne dure guère. Dès la fin de l'année 1901, il devient pasteur de Saint-Julien-lès-Montbéliard, jusqu'en 1913. À partir de 1913, il obtient la fonction de pasteur de Vesoul. Il y restera pendant 41 ans jusqu'à sa retraite en 1954. Cependant, il arrêta sa profession durant la période de la Première Guerre mondiale (1914-1918) pour être infirmier et aumônier. En 1936, il refusa la fonction d'inspecteur ecclésiastique pour pouvoir rester dans la Paroisse de Vesoul[11]. Son fils, Étienne Mathiot, lui aussi pasteur, grandit à Vesoul et fut scolarisé au lycée Gérôme.

Les pasteurs de Vesoul[modifier | modifier le code]

Environ une vingtaine de pasteurs se sont succédé depuis la création de l'organisation de la communauté religieuse de Vesoul[12].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Le Temple protestant de Vesoul devant la morale et le budget, Vagner,
  • Charles Mathiot, Le Centenaire de la paroisse de Vesoul: par le Pasteur Charles Mathiot, Société anonyme d'imprimerie montbéliardaise, , 7 p.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Histoire de la communauté protestante de Vesoul », sur eelf-vesoul.org (consulté le ).
  2. a b et c « Les invasions des protestants en Franche-Comté », sur wissensdrang.com (consulté le ).
  3. Chronique de l'église de Vesoul, page 81 Lire en ligne la page 81
  4. Le protestant de l'Est : recueil d'édification et de science chrétienne, de nouvelles relatives aux Églises et aux écoles protestantes, page 68 Lire en ligne la page 68
  5. « Historique et inauguration du clocher et de l'orgue du temple », sur eelf-vesoul.org (consulté le ).
  6. « Architecture du Temple protestant de Vesoul », sur fleury2.free.fr (consulté le ).
  7. « Clocher du Temple protestant de Vesoul », sur eelf-vesoul.org (consulté le ).
  8. « La Paroisse de Vesoul », sur eelf-vesoul.org (consulté le ).
  9. Le protestant de l'Est : recueil d'édification et de science chrétienne, de nouvelles relatives aux Églises et aux écoles protestantes, page 68 Lire en ligne la page 68
  10. a et b Le protestant de l'Est : recueil d'édification et de science chrétienne, de nouvelles relatives aux Églises et aux écoles protestantes, page 69 Lire en ligne la page 69
  11. « Biographie de Charles Frédéric Mathiot », sur books.google.fr (consulté le ).
  12. « Liste des pasteurs de Vesoul », sur fleury2.free.fr (consulté le ).
  13. « Gustave Parrot, pasteur de Vesoul de 1845 à 1856 », sur books.google.fr (consulté le ).
  14. « Louis Zwilling, pasteur de Vesoul de 1856 à », sur books.google.fr (consulté le ).
  15. « Charles Bartholomé, pasteur de Vesoul de 1876 à 1879 », sur books.google.fr (consulté le ).
  16. « Charles Frédéric Mathiot, pasteur de Vesoul de 1913 à 1954 », sur books.google.fr (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]