Principauté de Tarente

Blason de la maison de Hauteville.
Blason de Philippe Ier de Tarente.

La principauté de Tarente était un fief dépendant du royaume de Sicile, puis du royaume de Naples. Il a souvent été attribué à des membres de la famille royale.

La principauté a été créée à la mort de Robert Guiscard de Hauteville, duc de Pouilles, en 1085[1]. Ce dernier avait d'un premier mariage avec une Normande, un fils, Bohémond, et d'un second mariage avec une princesse lombarde un autre fils, Roger Borsa. C'est ce dernier qu'il avait choisi pour lui succéder dans le duché de Pouilles. En compensation, Bohémond reçut de nombreuses terres dans la Capitanate, autour de Tarente, terres qui formèrent la principauté de Tarente, ou Terre de Tarente. Bohémond partit pour la première croisade en 1096 et conquit la principauté d'Antioche. Il ne revint plus en Italie jusqu’à sa mort en 1111. Son fils Bohémond II lui succéda, mais mourut en Terre Sainte en 1131 en ne laissant qu'une fille, Constance, princesse d'Antioche.

À cette date la principauté de Tarente passa au cousin de Bohémond, le roi Roger II de Sicile. Il la confia successivement à ses fils Tancrède (en 1132), Guillaume (1138) et Simon (1144), puis à son petit-fils Guillaume II. À la mort de ce dernier en 1189, la couronne de Sicile, et la principauté, passèrent à son oncle bâtard Tancrède de Lecce. Lorsque ce dernier fut vaincu par l'empereur Henri VI en 1194, la principauté passa à ce dernier. Toutefois en 1200 la principauté de Tarente fut remise à Marie de Hauteville, la fille de Tancrède de Lecce, et à son époux Gautier III de Brienne.

En 1205 la principauté fut confisquée par l’empereur Frédéric II de Hohenstaufen, fils de Constance de Hauteville (la fille de Roger II), et resta unie au trône de Sicile (trône de Naples à partir des Vêpres siciliennes de 1282) jusqu’en 1294. Manfred, fils de Frédéric II et dernier des Hohenstaufen-Hauteville, est vaincu et tué à la bataille de Bénévent en février 1266 : son heureux compétiteur, Charles Ier d'Anjou († 1285), puis son fils Charles II († 1309), assument alors la Terre de Tarente. En 1294, le roi Charles II de Naples confia la principauté de Tarente à son fils Philippe Ier, qui la transmit à ses descendants, la branche de Tarente de la Maison d'Anjou-Sicile. En 1373 cette branche s'éteignit à la mort de Philippe II, et la principauté fut disputée entre Jacques des Baux († 1383), un neveu du dernier prince Anjou, et la reine Jeanne Ire de Naples († 1382 ; une arrière-petite-fille de Charles II), qui la confisqua.

En 1376, cette dernière l'attribua à son quatrième mari, Othon IV de Brunswick-Grubenhagen († 1399)[2]. Mais Tarente fut reprise par Jacques des Baux en septembre 1381[3], qui la légua par testament à Louis Ier d'Anjou († 1384 ; un descendant de Charles II de Naples)[4]. Le destin de Tarente devint alors chaotique, en lien avec les guerres de succession au trône de Naples, disputé par les Anjou-Naples-Durazzo/Duras : Charles III († 1386 ; un autre descendant de Charles II) puis son fils Ladislas († 1414) ; les Anjou-Valois : Louis II d'Anjou († 1417) puis ses fils Louis III († 1434) et René († 1480 ; père de Jean de Calabre, † 1470) ; et les Aragon-Sicile : Alphonse († 1458) — il descendait à la fois de Charles II de Naples et de Manfred de Sicile (Hohenstaufen-Hauteville) — père de Ferdinand de Naples († 1494 ; mari d'Isabelle de Clermont (de Tarente) ci-dessous, et père d'Alphonse II et Frédéric).

Vers 1393 elle fut confiée à Marie d'Enghien († 1446) et à son mari Raimondo/Raimondello Orsini del Balzo (Raimond des Ursins des Baux di Soleto ; † 1406) : Marie était par sa grand-mère Isabelle l'héritière des Brienne de Lecce et donc une lointaine descendante de Tancrède de Lecce ; et son époux Raimondo/Raimondello Orsini del Balzo, un très grand seigneur du royaume de Naples. Le roi Ladislas Ier, inquiet de la quasi-indépendance de la principauté de Tarente, épousa Marie d'Enghien à la mort de Raimond pour récupérer Tarente. À la mort de Ladislas, la principauté fut conservée par sa sœur et héritière, la reine Jeanne II, qui la confia en 1415 à son mari Jacques II de Bourbon.

En 1420 la principauté fut restituée au fils de Marie d'Enghien et de Raimond del Balzo-Orsini, Jean Antoine (Giovanni Antonio) († 1463), et passa à sa mort en 1463 à sa nièce Isabelle de Chiaramonte/de Clermont-Lodève (de Tarente). Cette dernière avait en 1444 épousé le roi Ferdinand Ier de Naples et fut notamment la mère d'Alphonse II et de Frédéric). À sa mort en 1465 la principauté fut réunie au domaine royal.

Le titre de prince ou de princesse de Tarente fut par la suite attribué à plusieurs membres de la famille royale, notamment à Charlotte de Naples, petite-fille de Ferdinand Ier et d’Isabelle de Chiaramonte. Le titre fut repris par la famille de La Trémoïlle, descendante de la fille de Charlotte, Anne de Laval ; ainsi, le fils aîné des ducs de Thouars et de La Trémoïlle porta le titre de prince de Tarente jusque dans les années 1930.

Liste des princes de Tarente[modifier | modifier le code]

Dynastie de Hauteville[modifier | modifier le code]

Dynastie d'Hohenstaufen (Svevia)[modifier | modifier le code]

Dynastie d'Anjou (Angiò)[modifier | modifier le code]

Dynastie de Brunswick-Grubenhagen (Este Del Guelfo)[modifier | modifier le code]

Dynastie del Balzo[modifier | modifier le code]

Dynastie Orsini-del Balzo[modifier | modifier le code]

Annexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Tarente, chapitre Ier : p. 1-114, notamment p. 76-83 », sur La Grande-Grèce, t. Ier, par François Lenormant, chez A. Lévy, à Paris, 1881
  2. R-J Loenertz, Hospitaliers et Navarrais en Grèce 1376-1383 in Byzantina et Franco-Græca, Rome, 1970, p.339
  3. R-J Loenertz, Hospitaliers et Navarrais en Grèce 1376-1383 in Byzantina et Franco-Græca, Rome, 1970, p.349
  4. R-J Loenertz, Hospitaliers et Navarrais en Grèce 1376-1383 in Byzantina et Franco-Græca, Rome, 1970, p.358

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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