Prébiotique

Exemple de prébiotique, un galactooligosaccharide.

Les prébiotiques sont des substances alimentaires composées généralement de glucides complexes connus sous le vocable d'oligosaccharides et de polysaccharides à courte chaîne, étant définis comme « un substrat qui est utilisé sélectivement par les microorganismes de l'hôte pour conférer des bénéfices sur la santé »[1]. On distingue les prébiotiques des probiotiques de par leur action sur les micro-organismes, tandis que les probiotiques sont eux-mêmes un ou plusieurs micro-organismes ayant des effets bénéfiques sur la santé. Les prébiotiques peuvent également être des polyphénols ou des acides gras polyinsaturés. Les prébiotiques sont généralement considérés comme non digestibles par l'humain et ne sont digérés que par les microorganismes de l'hôte, le plus souvent en acides gras à chaine courte.

Ces composés, constitués approximativement de deux à vingt unités de carbone, échappent à la digestion dans l’intestin grêle et sont des substrats potentiels pour l'hydrolyse et la fermentation par les bactéries intestinales. Les prébiotiques doivent agir comme substrat sélectif d’une ou d’un nombre restreint de souches bactériennes bénéfiques qui résident dans le côlon et en stimuler la croissance. Les bifidobactéries et les lactobacilles sont les micro-organismes du microbiote intestinal (flore intestinale) les plus fréquemment ciblés.

Tout comme pour le côlon, l'utilisation de prébiotiques permet de rééquilibrer la flore vaginale et de lutter contre les agressions. Ils peuvent ainsi être utilisés pour diminuer le risque d’infections vaginales, de mycoses vaginales, de vaginites ou de vaginoses (infections vaginales bactériennes).

Des recherches récentes analysent les effets possibles des post-biotiques, métabolites issus du microbiote digestif, ou des synbiotiques (association de pré-/probiotiques utilisés en compléments alimentaires) qui auraient un rôle analogue dans une alimentation équilibrée et favoriseraient une meilleure homéostasie intestinale. Cependant, les études actuelles sur l'utilisation de probiotiques ou de synbiotiques pour traiter certaines pathologies ne donnent pas de résultats concluants[2]. Pourtant émerge la notion de psychobiotiques (prébiotiques et probiotiques) qui amélioreraient la santé mentale en agissant sur le microbiote intestinal (action et rétroaction au niveau de l'axe intestin-cerveau)[3].

Sources de prébiotiques[modifier | modifier le code]

Les prébiotiques peuvent se retrouver naturellement dans les fruits, les légumes, le miel, et sont extractibles (par exemple inuline). D'autres sont produits industriellement par hydrolyse des polysaccharides (par exemple des fructo-oligosides ou oligofructoses) ou synthétisés en soumettant des disaccharides tels que le lactose à l'action d’enzymes comme les lactases avec des activités transférases pour produire des trans-galacto-oligosaccharides ou par une réaction chimique d'isomérisation qui donne le lactulose. Certains prébiotiques sont présents dans le lait maternel (oligosaccharides).

L'humain est également capable de produire ses propres oligosaccharides, on les retrouve en effet en grande quantité dans le lait maternel sous le nom d'oligosaccharides du lait humain ou (HMO human milk oligosaccharide)[4]. Les HMO sont d'une importance cruciale dans la vie du nouveau-né en favorisant le développement des bactéries lactiques commensale telles que Bifidobacterium sp.

Effets[modifier | modifier le code]

Les effets des prébiotiques seraient :

  • Augmentation de l’absorption de minéraux (en particulier du calcium et du magnésium) dans le côlon et diminution des pertes des tissus osseux[5]
  • Abaissement des taux de lipides sanguins (controversée)
  • Effet sur les fonctions immunitaires[6],[7]
  • Effet protecteur contre le cancer du côlon[8]
  • Diminution de la pression artérielle[9],[10]
  • Les prébiotiques peuvent être efficaces pour réduire le nombre d'épisodes infectieux nécessitant des antibiotiques et le nombre total d'infections chez les enfants âgés de 0 à 24 mois[7].

L’administration d’inuline, d’oligofructose et de trans-galactooligosaccharides conduirait à une augmentation sélective de la concentration fécale des populations de bifidobactéries. Les bifidobactéries possèdent des quantités relativement élevées de ß-fructosidase qui est spécifique pour hydrolyser les liens ß1–2 des fructanes ; les lactobacilles peuvent également fermenter les fructo-oligosaccharides (FOS). À la différence d'autres sucres non digestibles comme les oligosaccharides du soja qui sont hydrolysés par une grande variété de bactéries intestinales, les FOS à courte chaîne sont fermentés in vitro par une gamme limitée de micro-organismes qui incluent la plupart des espèces de Bifidobacterium.

Une conséquence directe de l’effet prébiotique serait une amélioration des habitudes intestinales. Lorsque les prébiotiques deviennent disponibles dans le côlon, la masse bactérienne fécale augmente, ainsi que la teneur des selles en eau libre et/ou liée aux bactéries. Les prébiotiques améliorent la consistance des selles et augmentent la fréquence d’expulsion chez les sujets légèrement constipés.

L'Autorité européenne de sécurité des aliments estime que faute d'études spécifiques, les effets bénéfiques des prébiotiques de types trans-galactooligosaccharides et des fructanes de type inuline ajoutés aux aliments en tant qu'ingrédients, hormis l'amélioration du transit intestinal, ne sont pas prouvés[11].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Gregor Reid, Kristin Verbeke, Patrice D. Cani et Kelly S. Swanson, « Expert consensus document: The International Scientific Association for Probiotics and Prebiotics (ISAPP) consensus statement on the definition and scope of prebiotics », Nature Reviews Gastroenterology & Hepatology, vol. 14, no 8,‎ , p. 491–502 (ISSN 1759-5053, DOI 10.1038/nrgastro.2017.75, lire en ligne, consulté le )
  2. (en) K. Tsilingiri K, M. Rescigno, « Postbiotics: what else? », Benef Microbes, vol. 4, no 1,‎ , p. 101-107 (DOI 10.3920/BM2012.0046).
  3. (en) Linghong Zhou & Jane A Foster, « Psychobiotics and the gut–brain axis: in the pursuit of happiness », Neuropsychiatr Dis Treat., vol. 11,‎ , p. 715–723 (DOI 10.2147/NDT.S61997).
  4. (en) Buket Soyyılmaz, Marta Hanna Mikš, Christoph Hermann Röhrig et Martin Matwiejuk, « The Mean of Milk: A Review of Human Milk Oligosaccharide Concentrations throughout Lactation », Nutrients, vol. 13, no 8,‎ , p. 2737 (ISSN 2072-6643, PMID 34444897, PMCID PMC8398195, DOI 10.3390/nu13082737, lire en ligne, consulté le )
  5. Katharina E. Scholz-Ahrens et Jürgen Schrezenmeir, « Inulin and oligofructose and mineral metabolism: the evidence from animal trials », The Journal of Nutrition, vol. 137, no 11 Suppl,‎ , p. 2513S–2523S (ISSN 0022-3166, PMID 17951495, DOI 10.1093/jn/137.11.2513S, lire en ligne, consulté le )
  6. Amy R. Lomax et Philip C. Calder, « Prebiotics, immune function, infection and inflammation: a review of the evidence », The British Journal of Nutrition, vol. 101, no 5,‎ , p. 633–658 (ISSN 1475-2662, PMID 18814803, DOI 10.1017/S0007114508055608, lire en ligne, consulté le )
  7. a et b Szimonetta Lohner, Daniela Küllenberg, Gerd Antes et Tamás Decsi, « Prebiotics in healthy infants and children for prevention of acute infectious diseases: a systematic review and meta-analysis », Nutrition Reviews, vol. 72, no 8,‎ , p. 523–531 (ISSN 1753-4887, PMID 24903007, DOI 10.1111/nure.12117, lire en ligne, consulté le ).
  8. Mark S. Geier, Ross N. Butler et Gordon S. Howarth, « Probiotics, prebiotics and synbiotics: a role in chemoprevention for colorectal cancer? », Cancer Biology & Therapy, vol. 5, no 10,‎ , p. 1265–1269 (ISSN 1538-4047, PMID 16969130, DOI 10.4161/cbt.5.10.3296, lire en ligne, consulté le )
  9. Siok-Koon Yeo, Lay-Gaik Ooi, Ting-Jin Lim et Min-Tze Liong, « Antihypertensive properties of plant-based prebiotics », International Journal of Molecular Sciences, vol. 10, no 8,‎ , p. 3517–3530 (ISSN 1422-0067, PMID 20111692, PMCID 2812835, DOI 10.3390/ijms10083517, lire en ligne, consulté le )
  10. (en) Hamdi A. Jama, Dakota Rhys-Jones, Michael Nakai et Chu K. Yao, « Prebiotic intervention with HAMSAB in untreated essential hypertensive patients assessed in a phase II randomized trial », Nature Cardiovascular Research,‎ (ISSN 2731-0590, DOI 10.1038/s44161-022-00197-4, lire en ligne, consulté le )
  11. (en) Jan A Delcour, Per Aman, Christophe M Courtin et Bruce R Hamaker, « Prebiotics, Fermentable Dietary Fiber, and Health Claims », Advances in Nutrition, vol. 7, no 1,‎ , p. 1–4 (ISSN 2161-8313, DOI 10.3945/an.115.010546, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]