Pont Albert-Louppe

Pont Albert-Louppe
Image illustrative de l’article Pont Albert-Louppe
Géographie
Pays France
Région Bretagne
Département Finistère
Commune Plougastel-Daoulas et Le Relecq-Kerhuon
Coordonnées géographiques 48° 23′ 16″ N, 4° 24′ 00″ O
Fonction
Franchit L'Élorn
Fonction Pont routier
Caractéristiques techniques
Type Pont en arc encastré à deux niveaux
Longueur 888,15[1] m
Largeur m
Hauteur 42,5[1] m
Matériau(x) Béton armé
Construction
Construction 1926-1930
Inauguration 1930
Architecte(s) Eugène Freyssinet
Maître(s) d'œuvre Direction départementale de l'Équipement du Finistère
Entreprise(s) Entreprises Limousin
Historique
Protection Logo monument historique Patrimoine XXe siècle (2000)[2]
Géolocalisation sur la carte : Finistère
(Voir situation sur carte : Finistère)
Pont Albert-Louppe
Géolocalisation sur la carte : Bretagne
(Voir situation sur carte : Bretagne)
Pont Albert-Louppe
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(Voir situation sur carte : France)
Pont Albert-Louppe

Le pont Albert-Louppe, d'abord appelé pont de Plougastel et encore appelé premier pont de Plougastel, est un pont franchissant l'embouchure de l'Élorn dans la rade de Brest pour relier les communes de Plougastel-Daoulas au Relecq-Kerhuon.

Sa construction, décidée le et autorisée par une loi du , eut lieu entre 1926 et 1930. Le contrat signé entre le Conseil Général et l'entreprise Limousin prévoyait que celle-ci ne serait payée que si le coffrage des 3 travées étaient réalisées. L'entrepreneur et Eugène Freyssinet, confiants dans leur méthodes innovantes, ont donc préfinancé la construction de l'ouvrage à leurs risques et périls, ce qui peut être vu comme une préfiguration des contrats PPP et des contrats Conception-Construction. Eugène Freyssinet, par cette réalisation et bien d'autres (hangars aéronautiques au Bourget par exemple) a été le précurseur de la précontrainte et des ouvrages en béton armé et précontraints.

En 1994, il est doublé, pour fluidifier la circulation, par le pont de l'Iroise qui lui est quasi parallèle.

Origine du nom[modifier | modifier le code]

Le pont tient son nom de l'ancien sénateur du Finistère et ingénieur Albert Louppe, né en 1856 et mort en 1927 alors qu'il était encore en mandat au Sénat[3]. C'est Albert Louppe, en tant que président du conseil général du Finistère, qui a obtenu la construction de ce pont quelques années plus tôt[4].

Histoire[modifier | modifier le code]

Le pont de Plougastel (futur pont Albert-Louppe) en construction (1928)

Fleuron de la technologie française, le pont est inauguré le par le président de la République française, Gaston Doumergue, en personne, et par le maire de Plougastel, Mathurin Thomas[5] ; trois jours plus tard, le 12, le pont est béni par l’évêque de Quimper, Adolphe Duparc, accompagné de cinquante mille personnes. Sa construction a été périlleuse, car il était impossible de construire un échafaudage sur ce site, soumis à des vents violents et de fortes marées. Ainsi, lorsque les fondations et l'amorce des piles ont été construites, un cintre en bois cloué de 300 tonnes réalisé sur la rive, supporté par des poutres légères et haubané par des câbles, servit temporairement de support au bétonnage des trois arches. Les arches ont été progressivement coulées, chacune d'entre-elles a été réalisée par sections successives[6].

En 1944, pendant la Seconde Guerre mondiale, l'armée allemande détruit la première arche du pont (côté Brest) pour le rendre inutilisable par les Alliés.

En 1949, l'ouvrage est ré-inauguré après élargissement et reconstruction. Il est de nouveau élargi dans les années 1960.

Dans les années 80, le pont en deux fois une voie connaissait un trafic moyen de vingt-huit mille véhicules par jour et il y avait de fréquents embouteillages qui gênaient les habitants de Plougastel et des alentours pour aller travailler à Brest. Le second pont de Plougastel, le pont de l'Iroise, a donc été construit.

À la mise en service du pont de l'Iroise, le pont Albert-Louppe est déclassé pour la circulation automobile ; il était réservé aux deux-roues, aux tracteurs et aux piétons. En 2019, devant la dégradation du pont Albert Louppe, les tracteurs, derniers véhicules motorisés autorisés, sont interdits et sont envoyés sur le pont de l'Iroise, tandis que les piétons n'ont plus le droit de passer par-dessous le pont, en dehors du GR-34 côté Le Relecq-Kerhuon[7].

Le Ministère de la Culture a labellisé le pont Albert-Louppe « Patrimoine du XXe siècle »[8].

En 2022, faute d'entretien, le pont est menacé de destruction en raison des fragments qui se détachent de ses trois arches[9].

Description[modifier | modifier le code]

Le pont Albert-Louppe est un pont en arc encastré avec tablier à deux niveaux. Le niveau supérieur est routier (maintenant réservé aux piétons, deux-roues et véhicules lents). Le niveau inférieur devait recevoir la ligne de chemin de fer Quimper-Brest mais n'a jamais été utilisé. Le paysage pittoresque du site ne devait pas être enlaidi par un ouvrage d'art construit en béton, matériau jugé laid à l'époque (employé car économique), aussi le dessin du pont devait être tout à la fois harmonieux et puissant, ce que réussit avec brio Freyssinet[6].

L'architecte du pont est Eugène Freyssinet, et Limousin l'entreprise de construction.

Les arches du pont constituaient à l'époque le record mondial de portée des ponts en arc de béton : 173 mètres[6]. Les arcs culminent à 27,5 mètres au-dessus de l'eau et plus de 42 mètres au-dessus du fond de la rivière. Le pont fait 888 mètres de long. La poutre du tablier fait 9 mètres de large.

À ses extrémités veillent quatre statues du sculpteur René Quillivic.

Galerie photos[modifier | modifier le code]

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Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b [ https://www.plougastel.com/pont-albert-louppe.php]
  2. « Pont Albert-Louppe », notice no EA29000006, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  3. Fiche Albert Louppe sur senat.fr en tant qu'ancien sénateur lors de la IIIe République
  4. cf. la plaque commémorative figurant dans la « galerie photos » ci-dessus.
  5. Le Gall, Erwan, « Gaston Doumergue, la Bretagne et L’Illustration », En Envor (consulté le 11 décembre 2013).
  6. a b et c Bertrand Lemoine, 100 monuments du XXe siècle, Paris, France Loisirs, , p. 68
  7. « Les tracteurs ne pourront plus emprunter le pont Albert-Louppe », sur Ouest-France,
  8. « Patrimoine XXe », sur culture.gouv.fr via Internet Archive (consulté le ).
  9. « Avenir du vieux pont de Plougastel : « Les deux ponts sont liés » », sur Le Telegramme, (consulté le )

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean-Paul Midant, Un classique du béton armé: le pont de Plougastel de l'ingénieur Freyssinet, p. 124-127, dans la revue Monuments historiques, avril-, no 150-151
  • André Coyne, Le pont en béton armé Albert Louppe sur l'Élorn entre Brest et Plougastel, et une note sur l'article d'Eugène Freyssinet, p. 317-334, dans la revue Le génie civil, no 2512, ( lire en ligne )
  • Jean-Charles Séailles, Le pont en béton armé de Plougastel, dans la revue La Nature,
  • Jean Badovici, Grandes constructions réalisées par E. Freyssinet, Éditions Albert Morancé, Paris, 1931
  • Bernard Marrey, Les ponts modernes 20e siècle, p. 60-64, Picard éditeur, Paris, 1995 (ISBN 2-7084-0484-9)

Liens externes[modifier | modifier le code]