Polynôme de Conway (corps finis)

En mathématiques, le polynôme de Conway Cp,n sur le corps fini Fp,n est un polynôme irréductible particulier de degré n sur Fp qui peut être utilisé pour définir une représentation standard de Fp,n en tant que corps de décomposition de Cp,n. Les polynômes de Conway ont été baptisés d'après John Horton Conway par Richard A. Parker, qui a été le premier à les définir et à calculer des exemples. Les polynômes de Conway satisfont une certaine condition de compatibilité, proposée par Conway, entre la représentation d'un corps et celles de ses sous-corps. Ils sont utiles pour le calcul formel pour lequel ils fournissent une portabilité parmi différentes bases de données mathématiques et des systèmes de calcul formel. Étant donné le coût important du calcul des polynômes de Conway, ils doivent être enregistrés pour être utilisés en pratique. Des bases de données de polynômes de Conway sont disponibles dans les systèmes de calcul formel GAP[1], Macaulay2 (en)[2], Magma[3], SageMath, et le site internet de Frank Lübeck[4].

Contexte[modifier | modifier le code]

Les éléments de Fpn peuvent être représentés comme des sommes de la forme an−1βn−1 +⋅⋅⋅+ a1β + a0β est une racine d'un polynôme irréductible de degré n défini sur Fp et les aj sont des éléments de Fp. L'addition d'éléments du corps dans cette représentation est simplement une addition vectorielle. Bien qu'il n'y a qu'un corps fini unique d'ordre pn à isomorphisme près, la représentation des éléments du corps dépend du choix du polynôme irréductible. Le polynôme de Conway est une manière de standardiser ce choix.

Les éléments non nuls d'un corps fini forment un groupe cyclique par la multiplication. Un élément primitif, α, de Fpn est un élément qui engendre ce groupe. Représenter les éléments non nuls du corps comme des puissances de α permet à la multiplication au sein du corps d'être maniée efficacement. Le polynôme primitif de α est le polynôme unitaire de plus petit degré possible à coefficients dans Fp avec α pour racine dans Fpn - le polynôme minimal pour α. Il est nécessairement irréductible. Le polynôme de Conway est choisi primitif, ainsi, chacune de ses racines engendre le groupe multiplicatif du corps fini associé.

Les sous-corps de Fpn sont des corps de Fpm, avec m diviseur de n. Le groupe cyclique formé à partir des éléments non nuls de Fpm est un sous-groupe du groupe cyclique Fpn. Si α engendre ce dernier, alors la plus petite puissance de α qui engendre Fpm est αrr = (pn − 1)/(pm − 1). Si fn est un polynôme primitif de Fpn avec α pour racine, et si fm est un polynôme primitif de Fpm, alors, d'après la définition de Conway, fm et fn sont compatibles si αr est racine de fm. Cela nécessite que fn(x) divise fm(xr). Cette notion de compatibilité est nommée compatibilité en norme par certains auteurs. Le polynôme de Conway pour un corps fini est choisi afin d'être compatible avec les polynômes de Conway de chacun de ses sous-corps. La possibilité d'un tel choix a été prouvée par Werner Nickel[5].

Définition[modifier | modifier le code]

Le polynôme de Conway Cp,n est défini comme le polynôme primitif, unitaire et lexicographiquement minimal de degré n défini sur l'espace Fp qui est compatible avec Cp,m pour tout m diviseur de n. Ceci est une définition inductive sur n : le cas basique est Cp,1(x) = xαα est l'élément primitif et minimal pour l'ordre lexicographique de Fp. La notion d'ordre lexicographique utilisé est le suivant :

  • les éléments de Fp sont ordonnés selon 0 < 1 < 2 < ⋅⋅⋅ < p − 1 ;
  • un polynôme de degré d dans Fp[x] s'écrit adxdad−1xd−1 +⋅⋅⋅+ (−1)da0 et est ensuite formulé simplement adad−1⋅⋅⋅a0.

Puisqu'il ne semble pas y avoir de critère mathématique naturel qui permettrait de deviner un polynôme primitif unitaire satisfaisant aux conditions de compatibilité, imposer l'ordre lexicographique dans la définition du polynôme de Conway devrait être considéré comme une convention.

Calcul[modifier | modifier le code]

Des algorithmes pour calculer des polynômes de Conway plus efficaces qu'une recherche naïve ont été développés par Heath et Loehr[6]. Lübeck note[4] que leur algorithme est une redécouverte de la méthode de Parker.

Source[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « 59.5 Conway Polynomials » (consulté le )
  2. (en) « ConwayPolynomials -- database of Conway polynomials for use with GF », sur web.archive.org, (consulté le )
  3. (en) « Advanced Factorization Techniques: The Number Field Sieve » (consulté le )
  4. a et b (en) Frank Lübeck, « Conway polynomials for finite fields », sur www.math.rwth-aachen.de (consulté le )
  5. (en) Werner Nickel, « Werner Nickel » (consulté le )
  6. (en) Lenwood S. Heath et Nicholas A. Loehr, « New algorithms for generating Conway polynomials over finite fields », sur Journal of Symbolic Computation, (ISSN 0747-7171, DOI 10.1016/j.jsc.2004.03.002, consulté le ), p. 1003–1024