Philosophie de la révolution

Philosophie de la révolution (titre original en arabe : فلسفة الثورة - Falsafaẗ al-ṯawraẗ) est un essai écrit en arabe par Gamal Abdel Nasser, publié en Égypte au Caire pour la première fois en 1953 sous forme d'articles dans la presse, réunis dans un livre en 1954[1]. Cet essai pose les jalons de l’idéologie nassériste.

Analyse[modifier | modifier le code]

Nasser commence la rédaction de son livre en pendant la guerre israélo-arabe de 1948-1949, lors du siège de Faluja[2]. Il y évoque son passé révolutionnaire[3] et formule théoriquement les objectifs de la révolution égyptienne du , en mettant en avant le nationalisme égyptien et l'unité arabe[4].

Selon Nasser, la nation égyptienne possède trois cercles d’appartenance fondamentale : la nation arabe, l’Afrique et le monde musulman[5],[1]. L'Égypte est le centre du « cercle (dâ'ira) arabe », lui-même à l'intérieur des deux cercles africain et islamique ; elle partage avec le cercle africain la lutte pour l'indépendance et le progrès ; avec le cercle islamique, Nasser écrit que les Égyptiens « sont liés par des liens dus non seulement à la croyance religieuse (al-aqîda al-dîniyya) mais aussi aux réalités de l'histoire »[6],[7].

La lutte contre le colonialisme est présentée comme la fin de tous les maux subis par l’Égypte depuis dix siècles, et l’islam comme la fierté de l’Égypte, ce qui inscrit l'essai dans le courant politique national-musulman ; lors de la crise du canal de Suez, Guy Mollet, chef du gouvernement français, qualifie la Philosophie de la révolution de « Mein Kampf égyptien »[1],[8].

L'essai de Nasser a été publié en français, en 1961 au Caire[9] et à Paris en 1967 dans l'ouvrage L'Égypte révolutionnaire et socialiste avec des extraits de discours de Nasser, aux éditions Le Communiste[10].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Didier Inowlocki, « La Philosophie de la Révolution », dans Karine Bennafla (dir.), 1956. Regards croisés (exposition et livret), Cedej, 2016, p. 16.
  2. (en) Carol Brightman, Total Insecurity : The Myth Of American Omnipotence, Verso Books, 2004 (ISBN 1-84467-010-4), p. 233 En ligne.
  3. Jean Vigneau 1957, p. 450.
  4. Lisa Romeo, « Gamal Abdel Nasser », sur lesclesdumoyenorient.com, (consulté le ).
  5. Mylène Théliol, Saddam Hussein  : ascension et chute du dictateur irakien, Bruxelles, 50 Minutes, 2015, 80 p. (ISBN 978-28-0627-182-2).
  6. Philosophie de la révolution, Le Caire, Ministère de l'Information, 1954, p. 41 et 55.
  7. Marlène Abou-Chedid Nasr, « Analyse des champs sémantiques de la notion de umma arabiyya (nation arabe) dans le discours nassérien (1952-1970) », dans Mots, n° 2, mars 1981, p. 13-35 https://www.persee.fr/doc/mots_0243-6450_1981_num_2_1_1018 en ligne.
  8. « Le colonel Nasser comptait sur trois atouts : le pétrole arabe, l'Afrique noire, la solidarité musulmane », dans Le Monde, 1er août 1956 Lire en ligne.
  9. « Notice », sur Bibliothèque nationale de France (consulté le ).
  10. « Notice », sur SUDOC (consulté le ).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean Vigneau, « L'idéologie de la révolution égyptienne », Politique étrangère, no 4,‎ , p. 445-462 (lire en ligne, consulté le ).
  • Noha Khalaf, « Repenser le nassérisme (1952-1970). Autour d’Anouar Abdel-Malek (1924-2012) », Revue française d'histoire des idées politiques, no 2,‎ , p. 47-89.