Otite

Otite
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Membrane tympanique lors d'une otite moyenne aiguë

Traitement
Médicament Cefdinir, ciprofloxacine, azithromycine, clarithromycine et lévofloxacine hémihydratée (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Classification et ressources externes
CIM-10 H65-H67
CIM-9 017.40, 055.2, 381.0, 381.1, 381.2, 381.3, 381.4, 382
DiseasesDB 29620 serous,
9406 suppurative
MedlinePlus 000638 acute, 007010with effusion, 000619chronic
eMedicine emerg/351 

ent/426complications, ent/209with effusion, ent/212medical treat., ent/211surgical treat. ped/1689
MeSH D010033

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Les otites sont des inflammations de peau ou de muqueuse de l'oreille. En fonction de la position et des caractéristiques de l'inflammation, l'otite porte un nom plus spécifique.

Otites externes[modifier | modifier le code]

Les otites externes sont des inflammations du conduit auditif externe, délimité par le tragus en dehors et le tympan en dedans. Elles se manifestent par un œdème de la peau du conduit, une vive douleur à la mobilisation du pavillon auriculaire et parfois un suintement : l'otorrhée.

Otite externe diffuse[modifier | modifier le code]

Fréquente et bénigne chez l'adulte, elle consiste en une inflammation diffuse, d'origine bactérienne ou mycosique, du derme et de l'hypoderme du méat acoustique externe. Elle se traite par des soins locaux (hygiène, antibiotiques en gouttes auriculaires).

Otite externe maligne ou nécrosante[modifier | modifier le code]

Bien plus grave, l'otite externe maligne survient essentiellement en cas de déficit immunitaire, principalement chez le diabétique mal équilibré, âgé, après une petite plaie du conduit auditif (nettoyage agressif des oreilles, ablation d'un bouchon de cérumen). Il se développe une infection à Pseudomonas aeruginosa (ou bacille pyocyanique), initialement limitée aux tissus sous-cutanés et s'étendant rapidement au cartilage, à l'os, puis aux méninges et au cerveau. Le pronostic est médiocre (la mortalité peut atteindre 20 % des cas), le traitement repose sur une triple antibiothérapie intraveineuse et sur la correction du déséquilibre glycémique.

Otites moyennes[modifier | modifier le code]

Les otites moyennes (otitis media) sont des inflammations de la muqueuse respiratoire qui tapisse la cavité tympanique. Elles sont subdivisées en trois catégories : les otites moyennes aiguës, les otites moyennes chroniques et les otites adhésives. On peut également préciser ces catégories, en ajoutant les otites chroniques suppurées et non suppurées.

Dans la plupart des cas, l'inflammation de la trompe d'Eustache constitue la première étape de l'otite moyenne.

Otite moyenne aiguë[modifier | modifier le code]

C'est une inflammation aiguë de la muqueuse de l'oreille moyenne, d'origine microbienne (bactérienne ou virale), fréquente chez les jeunes enfants. La guérison se fait de façon spontanée (85 % des cas), mais, parfois, un petit geste chirurgical, la paracentèse, ou l'utilisation d'antibiotiques peuvent être conseillés, la surinfection de ce type d'otite étant rapide.

Otite moyenne chronique et otite séreuse[modifier | modifier le code]

Il s'agit également d'une inflammation ou d'une infection de la muqueuse qui tapisse la cavité tympanique, mais elle est installée depuis plus de trois mois. Ce genre d'otite a tendance à se répéter régulièrement, donnant l'impression d'une continuité.

L'évolution de la pathologie vers une otite chronique passe nécessairement par une phase d'otite séro-muqueuse (OSM), aussi dite otite séreuse, qui correspond à une accumulation d'un liquide séro-muqueux dans la caisse du tympan en raison d'un défaut de ventilation des trompes d'Eustache. Elle se distingue de l'otite moyenne aiguë (dont elle peut être la conséquence) par la présence d'épanchements rétro-tympaniques de mucus (bien que ceux-ci puissent aussi être très discrets et passer inaperçus sans un examen au microscope) et par l'absence d'inflammation, d'otalgie et de signes généraux. L'otite séreuse s'accompagne souvent d'une importante perte d'audition, qui disparaît généralement à la rémission. Chez l'enfant, l'évolution naturelle de l'otite séreuse est le plus souvent favorable et la maladie guérit d'elle-même en quelques semaines ou mois, mais elle peut s'installer de façon chronique et dès lors nécessiter un traitement spécifique. Chez l'adulte, l'otite séro-muqueuse devient souvent chronique. L'ambroxol associé au glucocorticoïde semble un traitement prometteur[1].

Les personnes souffrant régulièrement d'otites séro-muqueuses peuvent les prévenir par une bonne hygiène (pas de reniflement et un mouchage efficace) et une rééducation tubaire.

L'otite chronique peut engendrer une surdité et un écoulement chronique de l'oreille.

Manifestations[modifier | modifier le code]

Il existe différentes manifestations de l'otite moyenne chronique :

Otite muqueuse humide avec perforation tympanique[modifier | modifier le code]

Cette otite fait état d'une otorrhée passant à travers une perforation de la membrane du tympan, en plus des signes de l'inflammation de la muqueuse de l'oreille moyenne.

Otite sèche séquellaire[modifier | modifier le code]

L'otite sèche séquellaire est le stade le plus favorable parmi les otites chroniques non cholestéatomateuses. La surdité est légère, sans otorrhée ni otalgie. Le tympan apparaît fragile, désépaissi, souvent perforé. Le traitement chirurgical de cette otite est la myringoplastie qui consiste en une greffe de tympan.

Tympanosclérose[modifier | modifier le code]

La tympanosclérose est une calcification de la membrane du tympan ou des osselets.

Otite atélectasique[modifier | modifier le code]

Le tympan subit une rétractation dans la cavité de l'oreille moyenne, moulant les osselets.

Cholestéatome[modifier | modifier le code]

Le cholestéatome est la présence d'épithélium pavimenteux stratifié dans l'oreille moyenne. Cet épithélium desquame et se kératinise (structure histologique de la peau), et peut provoquer l'érosion voire la destruction des structures contenues dans et autour de l'oreille moyenne.

La forme la plus fréquente est le cholestéatome acquis par évolution terminale d'une otite chronique (poches de rétractions essentiellement). Une perforation tympanique acquise post-traumatique ou post-otitique peut également entraîner un cholestéatome par migration de l'épiderme du conduit par la perforation surtout si elle est au contact du sulcus (perforation dite « marginale »).

Traitement[modifier | modifier le code]

Le traitement d'une otite moyenne chronique est chirurgical. L'opération est précédée d'un examen radiologique par scanner médical. Elle a pour but de nettoyer les lésions de l'oreille moyenne (inflammation, infection, cholestéatome…), et éventuellement de restaurer le tympan ou de remplacer les osselets. L'intervention est effectuée sous anesthésie générale et laisse une cicatrice devant ou derrière l'oreille.

Le tympan est refermé par l'aponévrose du muscle temporal, un greffon veineux ou du cartilage du pavillon auriculaire. Le remplacement des osselets se fait par des prothèses en téflon ou en céramique, ou des fragments de cartilage prélevés sur le pavillon auriculaire.

Selon une méta-analyse publié en 2021, l'azithromycine est aussi efficace que l'amoxicilline en association de l'acide clavulanique[2].

Otite interne[modifier | modifier le code]

Complication exceptionnelle des otites moyennes, l'otite interne se caractérise par l'apparition chez un malade souffrant d'otite moyenne de vertiges, acouphènes, surdité... par extension de l'infection vers le labyrinthe.

Prévention[modifier | modifier le code]

Il existe plusieurs moyens de diminuer les risques d'otites[3] :

  • respecter les mesures d'hygiène et notamment celle des mains[4] ;
  • allaiter les enfants au sein[5] ;
  • éviter d'utiliser la sucette (suce) trop souvent[6] ;
  • éviter l'exposition à la fumée de cigarette[7] ;
  • éviter les pesticides durant la grossesse [8];
  • échinacée pourpre[8];
  • administrer aux enfants le vaccin contre l'influenza[9] et le vaccin conjugué contre le pneumocoque aux âges recommandés[10],[11].

Autres[modifier | modifier le code]

Avoir eu des otites enfants est corrélé au développement d'une inflammation chronique de l'intestin[12].

Galerie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Xufeng Zhou, Xiulin Jin, Linhong Yang et Xiaoli Wei, « Efficacy and safety of ambroxol hydrochloride in the treatment of secretory otitis media: a systematic review and meta-analysis », Annals of Translational Medicine, vol. 10, no 3,‎ , p. 142 (ISSN 2305-5839, PMID 35284532, PMCID 8904990, DOI 10.21037/atm-22-237, lire en ligne, consulté le )
  2. Gabriel Dawit, Solomon Mequanent et Eyasu Makonnen, « Efficacy and safety of azithromycin and amoxicillin/clavulanate for otitis media in children: a systematic review and meta-analysis of randomized controlled trials », Annals of Clinical Microbiology and Antimicrobials, vol. 20, no 1,‎ , p. 28 (ISSN 1476-0711, PMID 33894769, PMCID 8070272, DOI 10.1186/s12941-021-00434-x, lire en ligne, consulté le )
  3. Forgie S, Zhanel G, Robinson J, « La prise en charge de l’otite moyenne aiguë [Management of acute otitis media] », Paediatr Child Health, vol. 14, no 7,‎ , p. 457-64. (PMID 20808476, PMCID PMC2786954, lire en ligne [html]) modifier
  4. Elaine L. Larson, Susan X. Lin, Cabilia Gomez-Pichardo et Phyllis Della-Latta, « Effect of antibacterial home cleaning and handwashing products on infectious disease symptoms: a randomized, double-blind trial », Annals of Internal Medicine, vol. 140, no 5,‎ , p. 321–329 (ISSN 1539-3704, PMID 14996673, PMCID 2082058, DOI 10.7326/0003-4819-140-5-200403020-00007, lire en ligne, consulté le )
  5. G. Aniansson, B. Alm, B. Andersson et A. Håkansson, « A prospective cohort study on breast-feeding and otitis media in Swedish infants », The Pediatric Infectious Disease Journal, vol. 13, no 3,‎ , p. 183–188 (ISSN 0891-3668, PMID 8177624, DOI 10.1097/00006454-199403000-00003, lire en ligne, consulté le )
  6. Sinéad Hanafin et Peter Griffiths, « Does pacifier use cause ear infections in young children? », British Journal of Community Nursing, vol. 7, no 4,‎ , p. 206, 208–211 (ISSN 1462-4753, PMID 11979200, DOI 10.12968/bjcn.2002.7.4.10227, lire en ligne, consulté le )
  7. J. L. Ey, C. J. Holberg, M. B. Aldous et A. L. Wright, « Passive smoke exposure and otitis media in the first year of life. Group Health Medical Associates », Pediatrics, vol. 95, no 5,‎ , p. 670–677 (ISSN 0031-4005, PMID 7724301, lire en ligne, consulté le )
  8. a et b Camille Buscail, Cécile Chevrier, Tania Serrano et Fabienne Pelé, « Prenatal pesticide exposure and otitis media during early childhood in the PELAGIE mother-child cohort », Occupational and Environmental Medicine, vol. 72, no 12,‎ , p. 837–844 (ISSN 1470-7926, PMID 26347056, DOI 10.1136/oemed-2015-103039, lire en ligne, consulté le )
  9. T. Heikkinen, O. Ruuskanen, M. Waris et T. Ziegler, « Influenza vaccination in the prevention of acute otitis media in children », American Journal of Diseases of Children (1960), vol. 145, no 4,‎ , p. 445–448 (ISSN 0002-922X, PMID 1849344, DOI 10.1001/archpedi.1991.02160040103017, lire en ligne, consulté le )
  10. Patricia Izurieta, Michael Scherbakov, Javier Nieto Guevara et Volker Vetter, « Systematic review of the efficacy, effectiveness and impact of high-valency pneumococcal conjugate vaccines on otitis media », Human Vaccines & Immunotherapeutics, vol. 18, no 1,‎ , p. 2013693 (ISSN 2164-554X, PMID 35020530, PMCID 8973322, DOI 10.1080/21645515.2021.2013693, lire en ligne, consulté le )
  11. Joline Lh de Sévaux, Roderick P. Venekamp, Vittoria Lutje et Eelko Hak, « Pneumococcal conjugate vaccines for preventing acute otitis media in children », The Cochrane Database of Systematic Reviews, vol. 11, no 11,‎ , p. CD001480 (ISSN 1469-493X, PMID 33231293, PMCID 8096893, DOI 10.1002/14651858.CD001480.pub6, lire en ligne, consulté le )
  12. Manasi Agrawal, João Sabino, Catarina Frias-Gomes et Christen M. Hillenbrand, « Early life exposures and the risk of inflammatory bowel disease: Systematic review and meta-analyses », EClinicalMedicine, vol. 36,‎ , p. 100884 (ISSN 2589-5370, PMID 34308303, PMCID 8257976, DOI 10.1016/j.eclinm.2021.100884, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]