Ornamente

Ornamente
Sieben Studien über variable Metren
Genre Études
Musique Boris Blacher
Dates de composition 1950
Partition autographe Bote & Bock, Berlin
Drapeau de l'Allemagne Allemagne

Ornamente, op.37, est une suite de sept pièces pour piano, composée par Boris Blacher en 1950. Cette œuvre offre le premier exemple de la technique des « mètres variables », caractéristique des méthodes de composition de Boris Blacher.

Présentation[modifier | modifier le code]

  1. Vivace — dédié à Virgil Thomson[1]
  2. Andante — dédié à Rudolf Wagner-Régeny[1]
  3. Allegro — dédié à Karl Amadeus Hartmann[1]
  4. Allegretto — dédié à Priaulx Rainier[1]
  5. Allegro — dédié à Rolf Liebermann[1]
  6. Moderato — dédié à Nicolas Nabokov[1]
  7. Presto — dédié à Gottfried von Einem[1]

Analyse[modifier | modifier le code]

Préface[modifier | modifier le code]

Le sous-titre des Ornamente est « Sept études sur des mètres variables ». Dans la préface, le compositeur explique la technique employée en ces termes :

« J'ai fondé mon travail sur le fait que le changement de mesure intensifie souvent le déroulement formel, et cette constatation m'a donné l'idée de concevoir la structure métrique d'une composition de façon que chaque mesure corresponde à un modèle métrique différent. Et si l'on élabore les rapports métriques d'après une perspective mathématique — c'est-à-dire selon le principe des séries ou de la combinatoire — le déroulement métrique cesse d'être arbitraire ou le fruit du hasard. Il se produit alors de nouvelles symétries, d'un niveau supérieur, d'intéressants recoupements entre série métrique et phrase musicale, des reprises variées, bien d'autres phénomènes encore[2]. »

Les « mètres variables »[modifier | modifier le code]

Pour chaque pièce des Ornamente, l'unité fondamentale est la croche[3]. Ainsi, dans la présentation des mètres variables, 2 signifie
, 3 signifie
, etc.

I. Vivace et II. Andante

Ces deux premières pièces sont construites sur une progression arithmétique simple[2], reprise en palindrome[4] :

2 3 4 5 6 7 8 9 8 7 6 5 4 3 2

3 4 5 6 7 8 9 8 7 6 5 4 3

III. Allegro

Cette pièce est construite sur une série répondant au principe itératif suivant[2] :

2 3 4 — 3 4 5 — 4 5 6 — 5 6 7 — 6 7 8 — et inversement.

IV. Allegretto

Pour cette pièce, la métrique repose sur le principe d'une variation cyclique, sur une période fixe de quatorze croches[3] :

4 5 3 2 — 5 2 3 4 — 3 2 4 5 — etc.

4 5 3 2 — 2 4 5 3 — 3 2 4 5 — etc.

V. Allegro

Cette pièce est construite selon la somme des termes aboutissant à une mesure à treize temps[3] :

2 — 3 — 5 (2 + 3 = 5) — 8 (5 + 3 = 8) — 13 (8 + 5 = 13) — et inversement.

VI. Moderato

Cette pièce est construite selon une permutation circulaire de quatre mètres aboutissant à une période fixe de vingt-quatre croches[3] :

3 4 5 6 (3 + 4 + 5 + 6 = 24)

Blacher - Ornamente no 6, mes.1-8.


VII. Presto

Le principe de composition de cette pièce, le plus complexe des Ornamente, repose sur la progression suivante[3] :

8 7 — 8 7 6 — 8 7 6 5 — 8 7 6 5 4 — 8 7 6 5 4 3 — 8 7 6 5 4 3 2 — puis

6 5 — 6 5 4 — 6 5 4 3 — 6 5 4 3 2 — puis

4 3 — 4 3 2

Modèles : Schönberg, Stravinsky[modifier | modifier le code]

Postérité[modifier | modifier le code]

Accueil critique[modifier | modifier le code]

La technique déployée dans Ornamente a été diversement appréciée par les musicologues. Si Maurice Hinson et Wesley Roberts considèrent que les « mètres variables » contribuent à « un enrichissement du rythme et de la forme[5] », John Gillespie reste peu convaincu devant le résultat pianistique d'« une texture dénudée, l'action musicale étant sacrifiée presque entièrement à une manifestation de rythmes[6] ».

Continuité technique[modifier | modifier le code]

Boris Blacher a employé la technique des « mètres variables » dans la plupart des compositions qui ont suivi Ornamente, à commencer par sa 3e Sonate pour piano, que John Gillespie considère plus satisfaisante[6], et son 2d Concerto pour piano et orchestre « sur des mètres variables[7] » de 1951. La série employée pour la 5e pièce d'Ornamente est reprise à l'identique pour l'un des Vingt-Quatre Préludes pour piano, dernière œuvre achevée du compositeur en 1976[4].

Influence[modifier | modifier le code]

Selon Larry Sitsky, les « mètres variables » présentés par Boris Blacher ont motivé d'autres compositeurs, parmi ses compatriotes, à s'intéresser à des combinaisons de mesures selon un même postulat mathématique, dont Giselher Klebe, Heinz Friedrich Hartig, Rudolf Wagner-Régeny, Hans Werner Henze et Karl Amadeus Hartmann[8].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Ouvrages généraux[modifier | modifier le code]

Notes discographiques[modifier | modifier le code]

  • (en + de + fr) Horst Göbel (piano) (trad. Sophie Liwszyc), « À propos des compositions pour piano de Boris Blacher », p. 13-18, Berlin, Thorofon (CTH 2203), 1996.

Discographie[modifier | modifier le code]

  • Horst Göbel, Boris Blacher : Das Gesamtwerk für Klavier (L'œuvre complet pour piano seul), Thorofon, 1996 (CTH 2203)

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f et g Horst Göbel 1996, p. 2
  2. a b et c Horst Göbel 1996, p. 16
  3. a b c d et e Horst Göbel 1996, p. 17
  4. a et b Larry Sitsky 2002, p. 71
  5. Hinson & Roberts 2014, p. 152
  6. a et b John Gillespie 1965, p. 354
  7. Wallace Berry 1976, p. 383
  8. Larry Sitsky 2002, p. 72