Organicisme

L'organicisme est une orientation philosophique qui affirme que la réalité est mieux comprise comme un tout organique. Par définition, il est proche du holisme, et le terme d'organicisme est préféré en ce qui concerne la biologie. Platon, Thomas Hobbes ou Constantin Brunner sont des exemples de cette pensée philosophique.

L'organicisme est également une doctrine biologique qui met l'accent sur l'organisation, plutôt que sur la composition, des organismes. Le terme, qui a été repris par William Emerson Ritter en 1919, a été inventé par le médecin français Léon Rostan dans une publication parue en 1846, Exposition du principe de l'organicisme[1]. Il a été bien accepté au XXe siècle.

L'organicisme a également été utilisé pour caractériser les notions de sciences sociales assimilant la société humaine à un organisme, et les humains à ses cellules. Ce type d'organicisme a été théorisé par Alfred Espinas, Paul von Lilienfeld, Jacques Novicow, Albert Schäffle, Herbert Spencer, et René Worms, entre autres[2].

Exemple[modifier | modifier le code]

La société d'Ancien Régime en France peut être qualifiée d'organiciste. D'une part, elle se compose d'ordres, et d'autre part, les mentalités de l'époque sont imprégnées d'une certaine notion d'équilibre. Il est courant de penser que pour le bon fonctionnement d'un corps, au sens large, les parties qui le composent doivent être symbiotiques. De plus, cette conception se retrouve au cœur de la théorie des humeurs, laquelle a largement influencé la médecine européenne jusqu'à l'époque moderne et, par analogie, une partie considérable de la théorie politique.

Politique[modifier | modifier le code]

Dans Le Monde, les journalistes Ivanne Trippenbach et Franck Johannès expliquent que le programme de Marine Le Pen pour la présidentielle de 2022 a les traits de cette pensée. Ils indiquent : « son projet reste organiciste, une caractéristique de l'extrême droite, puisqu'il appréhende la société comme un être vivant menacé par des corps étrangers. Selon l'historien Nicolas Lebourg, Marine Le Pen veut « régénérer cette communauté unitaire, qu'elle repose sur l'ethnie, la nationalité ou la race ». »[3].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Exposition des principes de l'organicisme, précédée de Réflexions sur l'incrédulité en matière de médecine, par Léon Rostan,... : In-8°, XVI-271 p. Paris : Labé, 1846.
  2. (en) Barberis D.S., « Organicist Sociology and the Reality of Society in Fin-De-Siècle France », History of the Human Sciences, vol. 16, no 3,‎ , p. 51-72 (DOI 10.1177/09526951030163004)
  3. « Marine Le Pen : un programme fondamentalement d’extrême droite derrière une image adoucie », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Claude Blanckaert, La nature de la société : organicisme et sciences sociales au XIXe siècle, L'Harmattan, 2004, 158 p. (ISBN 2-7475-7691-4)
  • Ernst Mayr, Qu'est-ce que la biologie ?, Fayard, , 352 p. (ISBN 978-2213600840), Quel est le sens du mot « vie » ?
  • Sandrine Baume, Penser l'"état organique". Enjeux critiques d'une analogie, Revue européenne des sciences sociales, T. 40, No. 122, Sociologie et Sociologues Pour Quoi Faire? (2002), pp. 119-139.