Noblesse malgache

Andriana
Histoire
Fondation
Cadre
Type
Radama 1er.
L'ancien palais Ratsimamanga à Antananarivo appartenait autrefois à une grande famille d'Andriana.
Ancien tombeau d'andriana à Ambatomena, Madagascar.

En malgache, la noblesse malgache est désignée par le terme générique Andriana. Ce terme désigne toutes les familles nobles de l'ensemble des premiers royaumes de l'île de Madagascar et particulièrement l'Imerina qui deviendra le royaume de Madagascar.

Andriana veut d'abord dire “seigneur” puis « noble » ou même « prince ». Plus spécifiquement, il désigne aussi le souverain appelé Andriana ou encore Andriamanjaka.

Caractéristiques et identification des nobles[modifier | modifier le code]

Les noms nobles à Madagascar, contrairement à ceux de la France et de nombreux pays européens, ne sont pas précédés d’une particule nobiliaire (même si, par exemple, en France, la particule n'est pas toujours synonyme d'appartenance à une famille noble) pour signaler l’appartenance à la noblesse. Néanmoins, des signes distinctifs permettaient d’identifier les nobles. Des formules spécifiques de salutation ont existé par contre[1].

Souvent mais pas exclusivement, les noms nobles des hautes terres commencent par le préfixe Andria- ou Ra. Pourtant, le nom malgache étant propre à chaque individu, il est difficile d'affirmer qu'une personne portant ce préfixe est noble si l'on ne connaît pas sa parenté. Après la fin de la monarchie en Imerina, de nombreux parents ont choisi de donner à leurs enfants des noms incluant le préfixe Andriana, bien qu'ils n'aient aucun lien de parenté avec l'ancienne aristocratie. Aussi, très souvent chez les Malgaches, pour savoir si une personne (ou une famille) appartient à la noblesse ou non, ils demandent ou ils essaient de connaître la région (parfois très localisée comme une commune) d'origine de la personne ou de la famille. Autrement dit, il s'agit d'identifier le lieu où se trouvent les tombeaux des ancêtres de ladite personne ou de la famille concernée et/ou le lieu où ont vécu ces ancêtres. D'ailleurs, il n'est pas rare que des descendants de ces ancêtres vivent encore sur les terres de leurs ancêtres. Grâce à une tradition orale encore bien ancrée chez les Malgaches, même chez les jeunes, il est aisé de rencontrer une personne capable de dire que les familles originaires de tel endroit précis et descendant de tels ancêtres sont des nobles (Andriana). En somme, chez les Malgaches, ce sont «le lieu et les liens qui font le noble» mais pas le nom.

Historique[modifier | modifier le code]

La noblesse d’essence Andriana ayant abouti en 1817 au Royaume de Madagascar s’est mise en mouvement à Madagascar aux alentours du XIIe siècle correspondant à l'arrivée de nouveaux navigateurs austronésiens originaires de l'archipel indonésien. Ceux-ci avaient été précédés par une noblesse d’essence Vazimba, également en provenance de l’Asie du Sud Est, étant arrivée beaucoup plus tôt sur la Grande île puis vaincue,ou assimilée progressivement à la faveur de stratégies matrimoniales, par les Andriana. Les Andriana seraient essentiellement d'origine indo-malaisienne (du moins pour l'ethnie Merina). On pense que cette « noblesse » se composait de l’ensemble des familles des chefs de ces navigateurs. Chacune de ces familles bénéficiait de terres, de privilèges et de titres de noblesse en rétribution du soutien qu'elles donnaient au roi et selon leur degré de noblesse. Progressivement, ces familles prirent de l’importance et concentrèrent autour d’elles de nouvelles familles nobles moins importantes et les villages dirigés par une même famille finirent par former des sortes de fiefs.

Au départ, c'est le roi Ralambo (XVIe siècle) qui aurait institué la première division entre Andriana ,Hova ,Mainty et Andevo.Par la suite, le roi Andriamasinavalona (XVIIe siècle), la stratification sociale chez les Merina semble solidement établie : les nobles (andriana), les descendants des anciens rois Vazimba (hovabe/antehiroka), les roturiers libres (hova), les serfs royaux (mainty) et les esclaves (andevo), même si ce terme d'esclave est à prendre avec précaution et ne correspond pas tout a fait à la définition qu'on donne à ce terme dans d'autres contrées. Cette hiérarchisation comporte des catégories, voire des sous-catégories internes, avec des prérogatives et des interdits matrimoniaux. Sous des noms différents, cette hiérarchisation (quelquefois qualifiée de castes, mais sans qu'il y ait de véritable point commun avec le système des castes de l'Inde) se retrouve avec des variantes dans la plupart des autres ethnies malgaches. Cette hiérarchisation sociale n'entraînait pas nécessairement une différence très grande de condition matérielle. Par contre, l'exercice du pouvoir était, de par la coutume, l'apanage des nobles, andriana en Imerina[1],[2],[3]. Lorsque le roi Andrianampoinimerina (XVIIIe/XIXe siècle) s’emparera du pouvoir royal, l’ordre protocolaire de la société aristocratique de Madagascar connaîtra des évolutions majeures qui modifieront durablement les rapports de forces entre les groupes Andriana et les Hovabe connus pour être les descendants des premiers rois Vazimba et plus particulièrement d’Andriampirokana.

Le roi Radama 1er (1810-1828) a décrété l'abolition de la traite d'esclave à Madagascar en 1817, même s'il y a eu ensuite des réautorisations temporaires[4]. La reine chrétienne Ranavalona II (1868-1883) a aboli l'esclavage des mozambicain (masombika) en 1877[5].

Le premier article de l'arrêté du 26 septembre 1896, marquant l'annexion de l'île par la France, ainsi que de celui du 28 février 1897 abolissant la royauté, aurait dû correspondre à une disparition des catégories hiérarchiques subdivisant la société de l'Imerina du XIXe siècle[1]. Mais les termes désignant les principales catégories hiérarchisant historiquement la société malgache sont toujours utilisés. On continue ainsi à appeler parfois andriana ceux qui sont considérés comme descendants d'anciens andriana[1].

La loi d'annexion de Madagascar fut abrogé le 14 octobre 1958.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d L. N. Razafindralambo, « Inégalité, exclusion, représentations sur les Hautes Terres centrales de Madagascar », Cahiers d’études africaines,‎ , p. 179-180 (DOI 10.4000/etudesafricaines.15038, lire en ligne)
  2. Jean-Pierre Domenichini, Les Dieux au service des rois. Histoire orale des sampin 'andriana ou palladiums royaux de Madagascar, Paris,, Éditions du CNRS, Centre de Documentation et de Recherche sur l'Asie du Sud-Est et le Monde insulindien, avec le concours du Fonds international pour la promotion de la culture-Unesco,
  3. Marie Pierre Ballarin, « Madagascar. Histoire. La conquête de Madagascar par la France », sur Encyclopedia Universalis
  4. Gilbert Ratsivalaka, Madagascar dans le sud-ouest de l'Océan Indien (circa 1500-1824) : pour une relecture de l'histoire de Madagascar, vol. 2, Université de Nice-Sophia Antipolis, (lire en ligne), p. 677
  5. (mg) Frédéric Randriamamonjy, Ny Tantaran’ i Madagasikara Isam-Paritra, Trano Printy Fiangonana Loterana Malagasy,

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (fr) Rabesahala-Randriamananoro, Charlotte Liliane, "Ambohimanga-Rova : approche anthropologique de la civilisation merina (Madagascar)", Paris, Le Publieur, 2006, 393 p. (ISBN 2-85194-307-3). Texte remanié d’une thèse soutenue à l’Université de La Réunion en 2002.
  • (fr) Rajaonarimanana, Narivelo (1990), "Savoirs arabico-malgaches : la tradition manuscrite des devins Antemoro Anakara (Madagascar)", Institut national des langues et civilisations orientales.
  • (fr) Ramamonjy, Georges (1952), "De quelques attitudes et coutumes merina", dans Mémoires de l'Institut scientifique de Madagascar (Tananarive), série C, Sciences humaines, 1 (2), 1952, p. 181-196.
  • (mg) Ramilison, Emmanuel (Pastor) (1951), Andriantomara-Andriamamilazabe. Loharanon' ny Andriana nanjaka eto Imerina, Imprimerie Ankehitriny.
  • (mg) Randriamamonjy, Frédéric (2001): "Ny Tantaran’ i Madagasikara Isam-Paritra" (History of Madagascar from Each Region), Antananarivo, Imprimerie TPFLM, 2001, 588 pp.
  • (en) Randrianja, Solofo, and Stephen, Ellis (2009), "Madagascar. A short history", London, Hurst & Company, 2009.
  • (fr) Raombana (l'historien) (1809-1855), "Histoires", Edition Ambozontany, Fianarantsoa, 3 Volumes.
  • (mg) Rasamimanana, Joseph (Dr.) (1909) et Louis de Gonzague Razafindrazaka (Governor), Ny Andriantompokoindrindra, Antananarivo, 50 pages.
  • (mg) Ravelojaona (Pastor) (1937-1970), Firaketana ny Fiteny sy ny Zavatra Malagasy, Encyclopedic Dictionary, Antananarivo, 5 Volumes.
  • (en) Razafindrazaka, Harilanto, et alii (2009) "A new deep branch of eurasian mtDNA macrohaplogroup M reveals additional complexity regarding the settlement of Madagascar", BMC Genomics.
  • (fr) Rombaka, Jacques Philippe (1963), Tantaran-drazana Antemoro-Anteony, Antananarivo, Imprimerie LMS, pp. 10-11.
  • (fr) Rombaka, Jacques Philippe (1970), Fomban-drazana Antemoro - usages et coutumes antemoro, Ambozontany, Fianarantsoa, 121 p.
  • (fr) Ratsivalaka, Ranaivo Gilbert (Gal) (1995): "Madagascar dans le Sud-Ouest de l’Océan Indien", Thèse de Doctorat d’Etat en Histoire-Paris, Antananarivo, 1995, 1083 p.
  • (fr) Grandidier, Alfred et Guillaume (1903-1958): "Histoire de Madagascar", 39 volumes, Paris, 1903-1958.
  • Louis Molet, La conception malgache du monde du surnaturel et de l'homme en Imerina, Éditions L'Harmattan, , 888 p. (ISBN 2-85802-090-6, lire en ligne), p. 138-140.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]