Nemesis (1839)

Nemesis
illustration de Nemesis (1839)
Une gravure du Nemesis datant de 1844.

Type Navire de guerre à vapeur[1]
Histoire
A servi dans Compagnie britannique des Indes orientales
Constructeur Birkenhead Iron Works
Lancement 1839
Commission Mars 1840[2]
Statut Vendu en 1852[1]
Caractéristiques techniques
Longueur 56 m
Maître-bau 8,8 m
Tirant d'eau 1,8 m
Tonnage 660 tonnes
Propulsion 2 x machines à vapeur 60 chevaux George Forrester & Co (en)[3]
Caractéristiques militaires
Armement 2 canons de 32 livres
4 canons de 6 livres
1 lanceur de fusées congreve
Carrière
Propriétaire Compagnie anglaise des Indes orientales

Le Nemesis est le premier navire de guerre océanique britannique à coque de fer. Il est le plus grand d'une classe de six navires similaires commandés par le « Comité secret » de la Compagnie britannique des Indes orientales. Lui et ses navires jumeaux Phlegethon, Pluto, Proserpine, Ariadne et Medusa, sont construits au chantier naval de John Laird à Birkenhead[4].

Lancé en 1839, le Nemesis est déployé en Chine, où il arrive fin 1839, et est utilisé lors de la première guerre de l'opium sous le commandement du capitaine William Hutcheon Hall (en) et plus tard en 1842 sous le capitaine Richard Collinson[5]. Il fit une telle impression à ses adversaires chinois que ceux-ci le surnommèrent le « navire du diable[1] ».

Construction[modifier | modifier le code]

Bien que commandé par le « Comité secret » de la Compagnie britannique des Indes orientales en 1839, le navire n'apparait pas sur la liste de la compagnie[6] amenant The Times à commenter : « ...ce navire est muni d'une lettre de licence ou d'une lettre de marque de l'Amirauté . Si tel est le cas, cela ne peut être que contre les Chinois, et à des fins de contrebande d'opium, il est admirablement adapté[7]. »

Le Nemesis est une canonnière construite par la société de construction navale britannique Birkenhead Iron Works de John Laird en trois mois[8]. Il a une longueur de 56 mètres, une largeur de 8,8 mètres, un tirant d'eau de 1,8 mètre lorsqu'il est plein de charbon et moins de 1,6 lorsqu'il est chargée avec moins, et une charge de 660 tonnes[2],[1]. Il est propulse par deux moteurs Forrester de 60 chevaux[9] et armé de deux canons de 32 livres montés sur pivot et de quatre canons de 6 livres. Le navire à vapeur et à voile est particulièrement efficace en Chine car son faible tirant d'eau de seulement 1,5 mètre lui permet de remonter les rivières pour poursuivre et engager d'autres navires cibles.

Il est le premier navire de guerre équipé de cloisons étanches, ce qui lui permet de survivre aux dommages à la coque qu'il subit lors d'essais en mer et en route vers la Chine en 1840[10][note 1]. Cette année-là, le Nemesis devient le premier navire de fer à passer le cap de Bonne-Espérance, aidé par les techniques développées l'année précédente par George Airy, l'Astronome royal, d'ajustement des boussoles à l'effet des coques en fer. Mais ces ajustements ne sont pas particulièrement efficaces, de sorte que la boussole du navire fonctionne mal tout au long de sa carrière[11].

Chine[modifier | modifier le code]

Dessin d'une action du Nemesis durant la première guerre de l'opium (The Illustrated London News').
Le Nemesis et d'autres navires britanniques engageant des jonques chinoises lors de la seconde bataille de Chuanbi le .

Le Nemesis arrive au large des côtes de la Chine fin 1840[3], bien qu'au moment où il avait quitté le port de Liverpool, il fut publiquement laissé entendre qu'il était destiné à Odessa afin de garder le voyage secret[6]. Un officier britannique écrit que le déclenchement de la première guerre de l'opium est « considéré comme une opportunité extrêmement intéressante pour tester les avantages ou les défauts des navires à vapeur en fer[12] ». Il fait son baptême du feu lors de la seconde bataille de Chuanbi le contre la flotte chinoise et les forts du détroit de la Bouche du Tigre (en). Lors de la bataille de la Première barre (27 février), le Nemesis coule le Cambridge (en), un ancien indiaman acheté par les Chinois et réarmé. En raison de son faible tirant d'eau, il est capable de se déplacer dans les eaux peu profondes lors de l'expédition de la Broadway du 13 au 15 mars et participe à la capture de Canton le 18 mars. Basé à Chusan, il participe également aux combats de Taisam en février 1842, lors d'une escarmouche réussie associée à la répulsion d'une attaque chinoise beaucoup plus importante sur Ningpo[5].

Carrière ultérieure[modifier | modifier le code]

Après la première guerre de l'opium, le Nemesis est chargé de la répression de la piraterie près de l'Indonésie et des Philippines. Il opère depuis Bombay et Karachi[13].

En mai 1846, il attaque une flottille de proues de pirates Sooloo (en) sur le fleuve Brunei à Bornéo[14]. Vers la fin de 1846, à la suite d'émeutes populaires à Canton ayant débuté en juillet, il est affecté par John Davis (en) à la protection du comptoir (en) de la Compagnie britannique des Indes orientales[15]. Il se retire vers février 1847, malgré les protestations des marchands[16]. Début 1853, il aide le navire à vapeur Zenobia de la compagnie à expulser les troupes birmanes de la province de Bassein (en)[17]. Il part de Shanghai le à destination de Belfast[18].

Les frères Laird présenteront un modèle du Nemesis à l'Exposition universelle de 1893[19].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Lincoln P. Paine, Warships of the World to 1900, Houghton Mifflin Harcourt, 2000, p. 115. (ISBN 0-395-98414-9).
  2. a et b "Hong Kong Museum of Coastal Defence". Leisure and Cultural Services Department. Accessed 26 January 2010.
  3. a et b Marks, Robert B. (2007). The Origins of the Modern World: A Global and Ecological Narrative from the Fifteenth to the Twenty-first Century (2nd ed.). Rowman & Littlefield. p. 116. (ISBN 0-7425-5419-8).
  4. Adrian G. Marshall, Nemesis: The First Iron Warship and her World, The History Press, 2016, (ISBN 9780750967372)
  5. a et b (en) « Asiatic Inteligence: China », The Asiatic Journal and Monthly Register for British and Foreign India, China, and Australia, Parbury, Allen, and Company,‎ , p. 300 (lire en ligne)
  6. a et b Peter Ward Fay, The Opium War 1840–1842, Chapel Hill: University of North Carolina Press, , 260–263 p.
  7. The Times, 30  mars 1840
  8. William Hutcheon Hall, Bernard, William Dallas, Narrative of the Voyages and Services of the Nemesis from 1840 to 1843 (2e ed.), Henry Colburn, 1845, p. 3.
  9. Headrick, Daniel R. (1981). The Tools of Empire: Technology and European Imperialism in the Nineteenth Century. Oxford University Press, New York. p. 47. (ISBN 0-19-502832-5).
  10. Headrick 1981, pp. 48–49
  11. David K Brown, « Nemesis The First Iron Warship », Conway Maritime Press, vol. 2,‎ , p. 283–285
  12. Hall & Bernard 1845, p. 1
  13. British Library: Nemesis.
  14. « The Sooloo Pirates.- By the arrival at Singapore », The Times (London, England), no 19689,‎ , p. 5 (lire en ligne, consulté le )
  15. « China – Canton », The Times (London, England), no 19437,‎ , p. 5 (lire en ligne, consulté le )
  16. « China », The Times (London, England), no 19465,‎ , p. 6 (lire en ligne, consulté le )
  17. « India and China », The Times (London, England), no 21392,‎ , p. 5 (lire en ligne, consulté le )
  18. « Shipping Intelligence », The Times (London, England), no 21701,‎ , p. 10 (lire en ligne, consulté le )
  19. « 1893 Chicago Exhibition », sur Grace's Guide (consulté le )

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Elle « toucha » un rocher près de Lands End après avoir quitté Liverpool et fut amarrée à Portsmouth en mars 1840 pour vérifier les dommages.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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