Nanshe

Nanshe
Mésopotamie
Déesse debout, probablement Nanshe[1]. Elle est accompagnée de deux oies et tient un vase dans la main. De l'eau et des poissons émergent du vase. Deux étoiles à six pointes et deux disques solaires se trouvent derrière la déesse. Plaque en terre cuite. Troisième dynastie d'Ur. Musée de l'Université de Pennsylvanie.
Déesse debout, probablement Nanshe[1]. Elle est accompagnée de deux oies et tient un vase dans la main. De l'eau et des poissons émergent du vase. Deux étoiles à six pointes et deux disques solaires se trouvent derrière la déesse. Plaque en terre cuite. Troisième dynastie d'Ur. Musée de l'Université de Pennsylvanie.
Caractéristiques
Fonction principale Divinité aquatique, Déesse de la Justice sociale, de la Prophétie, de la Fertilité, de la Pêche
Résidence Ningin, Lagash
Culte
Région de culte Basse Mésopotamie, Sumer
Temple(s) Ningin
Lieu principal de célébration Lagash, Ningin
Date de célébration IIIe millénaire av. J.-C.
Famille
Père Enki
Mère Ninhursag
Fratrie Ningirsu, Nisaba
Symboles
Animal Poisson, Oiseau

Nanshe est une divinité sumérienne de la mythologie mésopotamienne, fille du dieu Enki et de la déesse Ninhursag. En tant que sœur de Ningirsu, dieu-tutélaire de Lagash, elle était vénérée dans ce royaume en Basse Mésopotamie (au sud de l'actuel Irak) au IIIe millénaire av. J.-C. et IIe millénaire av. J.-C. Son temple principal se trouvait dans la ville de Ningin (alias Ninaki sur le site de Zurghul)[2]. Certaines prières à Nisaba nous apprennent qu'elle est également la sœur de cette déesse[3].

Attributions[modifier | modifier le code]

De nombreux hymnes écrits en son honneur à l'époque de Gudea (au XXIIe siècle av. J.-C.) la font apparaître comme une déesse majeure du panthéon de Lagash.

Mère de l'orphelin[modifier | modifier le code]

Elle est la déesse de la Justice sociale, protectrice des plus vulnérables, notamment des veuves et des orphelins[4].

Celle qui connait l'orphelin, celle qui connait la veuve,
celle qui connaît l'oppression de l'homme par l'homme,
celle qui attire le réfugié dans son giron.
Elle est la mère de l'orphelin.
Nanshe pend soin de la veuve,
fait rendre la justice aux plus pauvre,
Elle est la reine qui attire le réfugié dans son giron
et qui trouve un abri pour le faible.

— Extrait d'un poème sumérien : "Hymne à Nanshe"[5].

Pour consoler l'orphelin, faire qu'il n'y ait plus de veuve,
Pour préparer un lieu où seront détruits les puissants,
Pour livrer les puissants aux faibles,
[...]
Nanshe scrute le cœur des gens.

— Extrait d'un poème sumérien : "Hymne à Nanshe"[5]..

Mais Nanshe peut également apparaître avec un visage plus menaçant. Ainsi, aux côtés de Nisaba et de son époux (Haia), elle juge les humains. Elle semble les accuser de se montrer sans pitié et d'offenser la vérité et la justice[5].

Ceux qui, marchant dans le péché, outrepassent la main haute
[...]
Ceux qui transgressent les normes établies, qui violent les contrats
Ceux qui considèrent avec faveur les lieux de perdition
Ceux qui substituent un poids léger à un plus lourd
Ceux qui substituent une petite mesure à une plus grande[Note 1]
[...]
Ceux qui ayant mangé quelque chose qui ne leur appartient pas, ne disent pas "Je l'ai mangé"
Ceux qui l'ayant bu, ne disent pas "Je l'ai bu"
Ceux qui disent : "Je mangerai ce qui est défendu"
Qui disent : "Je boirai ce qui est défendu".

— Littérature sumériène de Lagash [5]

Interprète des rêves[modifier | modifier le code]

Déesse oraculaire, Nanshe est l'interprète des rêves (oniromancie). On vient notamment visiter son temple lors de la fête célébrée en son honneur le premier jour de la nouvelle année à Ningin[4].

Le texte des cylindres de Gudea raconte l'histoire du rêve de Gudea. Elle commence peu après la bénédiction de Lagash par les eaux du Tigre. Ningirsu apparaît à Gudea dans un rêve. Gudea ne comprenant pas le rêve qu'il a fait, décide de consulter la déesse Nanshe à Ningin. Celle-ci lui explique la signification du rêve de manière détaillée: elle conseille à Gudea de construire un nouveau char pour Ningirsu et de le présenter au dieu. Gudea s'exécute et, dans un second rêve, Ningirsu donne à Gudea des instructions détaillées pour la reconstruction de l'Eninnu (le temple du dieu) à Girsu[6],[7].

Reine aquatique des oiseaux et des poissons[modifier | modifier le code]

Plaque en terre cuiteorange sur laquelle on voit une déesse assise avec un oiseau à ses pieds.
Plaque en terre cuite représentant la déesse Nanshe assise avec des oies. Sud de l'Irak. - - Musée d'Irak (Bagdad)

Nanshe est une divinité aquatique associé aux activités maritimes, fluviales et lacustres telles que la pêche. Elle règne ainsi sur l'ensemble du Golfe Persique et ses animaux[4]. Elle est associée aux poissons et aux oiseaux (les pélicans??) par son activité aquatique [8].

Rituels et festivals[modifier | modifier le code]

La « fête de l'orge et du malt » et le « festival de Gugisu » sont deux fêtes connues des historiens.

Fête de l'Orge et du Malt[modifier | modifier le code]

Tablette de fondation. L'inscription fait référence à la reconstruction du temple de Nanshe à Ningin par Gudea. Ningin. 2150 av. J.-C. (British Museum)
Tablette de fondation. L'inscription fait référence à la reconstruction du temple de Nanshe à Ningin par Gudea. Ningin. (British Museum)

Durant la période archaïque se déroulent, durant le premier mois du calendrier, les « fêtes de consommation de l'orge et du malt » (ezem-še-gur) dédiées à Ningirsu (à Girsu) et à Nanshe (à Nigin). Celle dédiée à cette dernière, est dirigée par la reine (ou l'épouse du gouverneur). Elle est marquée par des rituels dans plusieurs temples des autres grandes villes du royaume suivis d'un pèlerinage vers Nigin pour de plus grandes célébrations[9].

Pendant ce festival, de nombreuses offrandes (blé, orge, bière, , huile, dattes, agneaux, poissons) sont faites à la déesse et à sa famille. Des objets précieux sont également offerts à la déesse : de la vaisselle en argent ou en pierre et des couronnes[9].

Festival de Gusisu[modifier | modifier le code]

Le nom de Nanshe apparaît également aux côtés d'Enkimdu dans un texte fort lacunaire[10] chanté lors du festival de Gusisu à Nippur. Ce festival semble célébrer le retour aux champs après la saison morte. Il se déroule tous les ans du vingtième au vingt-deuxième jour du deuxième mois durant le IIIe millénaire av. J.-C.. Dans ce texte Nanshe interprète un rêve d'Enkimdu et l'aide à sélectionner les meilleurs bœufs pour labourer la terre[11].

Notes[modifier | modifier le code]

  1. À la lumière de ce texte, elle semble également garante de l'exactitude des mesures et des poids[4].

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Maxwell-Hyslop, K. R., « The Goddess Nanshe an Attempt to Identify Her Representation. », Iraq, British Institute for the Study of Iraq, no 52,‎ , p. 79-82 (ISSN 0021-0889, JSTOR 4200355)
  2. Bertand Lafont, « Rois de Lagash », dans Francis Joannès (dir.), Dictionnaire de la civilisation Mésopotamienne, Paris, Robert Lafont, coll. « Bouquins », , 974 p. (ISBN 9782221092071), p. 454
  3. Bertille Lyonnet & Pierre Villard, « Nisaba », dans Francis Joannès (dir.), Dictionnaire de la civilisation Mésopotamienne, Paris, Robert Lafont, coll. « Bouquins », , 974 p. (ISBN 9782221092071), p. 582
  4. a b c et d (en) Jeremy Black et Anthony Green, « Nanshe », dans Jeremy Black & Anthony Green, Gods, Demons and Symbols of Ancient Mesopotamia, London, The British Museum Press, , 190 p. (ISBN 9780714117058), p. 135
  5. a b c et d Samuel Noah Kramer (trad. de l'anglais), L'histoire commence à Sumer, Paris, Flammarion, coll. « Champs Histoire », , 316 p. (ISBN 978-2-08-137651-9), p. 135-136
  6. (en) « Expedition Magazine », sur penn.museum (consulté le ).
  7. (en) Samuel Noah Kramer, The Sumerians : Their History, Culture, and Character, Chicago, University of Chicago Press, coll. « Phoenix Books », , 372 p. (ISBN 978-0-226-45238-8, lire en ligne), p. 138
  8. « Les dieux Mésopotamiens », Les Dossiers de l'Archéologie, no 191,‎ , p. 75.
  9. a et b (en) Mark E. Cohen, The Cultic Calendars of the Ancient Near East, Bethesda, CDL Press, , p. 37 à 77.
  10. (en) « The song of the ploughing oxen: translation », sur etcsl.orinst.ox.ac.uk (consulté le ).
  11. (en) Mark E. Cohen, The Cultic Calendars of the Ancient Near East, Bethesda, CDL Press, , p. 91 (Nippur)