Mitra (mythologie)

Mitra et accessoires du culte

Mitra (मित्र) est originellement l'un des dieux souverains des Indo-Iraniens au côté de Varuna. Il est un des Adityas c'est-à-dire un gardien de l'ordre divin dans la littérature védique avec Varuna, Indra et les Nasatya ou Ashvins[1]. Il a progressivement disparu avec l'hindouisme au profit de la Trimurti (Brahma, Shiva et Vishnou), qui héritera de plusieurs de ses caractéristiques.

Origine[modifier | modifier le code]

Mitra est une divinité indo-iranienne.

Selon les travaux de Georges Dumézil, les dieux Mitra et Varuna (Contrat et Serment) forment un couple dans le panthéon indo-iranien. Ils sont les représentants de la fonction souveraine et à Mitra-Contrat revient la souveraineté juridique, Varuna disposant de la souveraineté magique. Tous deux ont pour fonction de veiller sur la vérité et sur le cours du monde[2]. L’interprétation de Dumézil a été acceptée par plusieurs spécialistes du domaine iranien, notamment Jacques Duchesne-Guillemin et Geo Widengren, mais rejetée ou ignorée par d’autres[3] et pour la plupart les Iranistes se sont détournés de ses théories depuis sa mort[4].

Dans le Veda[modifier | modifier le code]

Mitra est l'objet d'un seul hymne du Rig Veda (3.59) :

On l’appelle Mitra car il fait s'arroyer les gens,

lui qui supporte le Ciel et la Terre !

Il scrute sans cligner nos établissements :

à Mitra, versez l'oblation de beurre !


Qu'il soit le premier, et pourvu de biens, le mortel

qui œuvre pour toi, Mitra Āditya, selon son vœu !

On ne le tue, ni ne le moleste, celui que tu assistes :

le malheur ne l'atteint, ni de près, ni de loin !


Sains, et nous enivrant de l'offrande,

fermement installés sur la Terre,

habitant le vœu de Mitra Āditya,

puissions-nous demeurer en sa Bonne Faveur !


Le voici l'Adorable, le Bienveillant,

le Souverain ! Il est né le Seigneur ! Puissions-nous demeurer en la Bonne Faveur,

en la Sainte Bienveillance du Dieu que l'on célèbre !


Le Grand Āditya que l'on honore avec respect,

il fait s'arroyer nos gens, lui qui veille sur son Chantre !

À Mitra, le plus digne d'honneur,

versez au feu l'offrande que voici !


Du Dieu Mitra qui prend soin de ses peuples,

la grâce assure, en don céleste,

le plus brillant des renoms !


De sa majesté Mitra

a dépassé le Ciel ; immense

il a dépassé la Terre, de par son renom ;


c'est vers Mitra que les cinq races gouvernent,

vers le Dieu dont l'appui est si fort !

Il a la charge de tous les Dieux.


Mitra, chez les Dieux, chez les humains,

a créé pour cet homme qui étend la jonchée

des jouissances répondant à ses vœux.

— Hymne à Mitra, Rig Veda 3.59[5].

Liens avec Mithra[modifier | modifier le code]

Un Mithra est également connu en Iran, où il est devenu une divinité du panthéon mazdéen.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Hanns-Peter Schmidt, « Mithra i. Mitra in Old Indian and Mithra in Old Iranian », sur Encyclopædia Iranica Online (accessible http://www.iranicaonline.org/), (consulté le )
  • Georges Dumézil, Mitra-Varuna - Essai sur deux représentations indo-européennes de la Souveraineté, Paris, 1940
  • Georges Dumézil, Les dieux souverains des Indo-Européens, Paris, 1977
  • (en) Joel Peter Brereton, The Rgvedic Ädityas, New Haven, Connecticut, 1981
  • (en) Jan Gonda, The dual deities in the religion of the Veda, Amsterdam, 1974, (le couple Mitra-Varuna pp. 145-208 ; le couple Indra-Varuna pp. 229-270)
  • (de) Jan Gonda, (2e éd.) Die Religionen Indiens, 1er tome, pp. 73-84, Stuttgart, 1978
  • (en) A. A. Macdonell, 1897, The Vedic Mythology, pp. 22-29, Strassbourg

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. B.M. Sullivan, The A to Z of Hinduism, Vision Books, page 136, (ISBN 8170945216)
  2. Jean Haudry, Les Indo-Européens, Paris, PUF, « Que sais-je ? », 1981 ; rééd. 1985, p.81 et suiv.
  3. Schmidt 2006.
  4. (en) Bruce Lincoln, « DUMÉZIL, Georges », sur Encyclopædia Iranica Online (accessible http://www.iranicaonline.org/), (consulté le )
  5. Le Veda : textes réunis et présentés par Jean Varenne, Paris, Les Deux Océans, (1re éd. 1967), p. 85.

Articles connexes[modifier | modifier le code]