Microbibliothèque

Boîte à livres / Bibliothèque de rue

4 rayons chargés de livres et protégés par des portes vitrées, sur une petite place pavée.
Une microbibliothèque à Bonn en Allemagne (2008).
Abri-livres surmonté d'une cigogne en bois à La Tronche en France (2019).

Une microbibliothèque (dénommée également, selon les lieux : abri-livres, boîte à livres, boîte à lire, croque-livres, bibliothèque participative ou bibliothèque de rue) est un élément de mobilier urbain offrant des livres, par exemple un meuble déposé au coin d'une rue ou une étagère dans la cour d'un particulier, quelquefois sur un stationnement de supermarché ou dans un jardin public.

Cet élément peut également être situé dans une structure publique (université, centre commercial, petits commerces, mairie). Les amateurs, quelques fois simples passants, sont invités à y prendre ou à y laisser des livres selon une démarche d'échange.

À la différence de la plupart des bibliothèques publiques traditionnelles, il n'y a aucuns frais d'abonnement et donc aucuns frais de retard, ni d'attente de retour des livres empruntés, l'accès étant généralement libre à toute personne adulte ou enfant.

Origine[modifier | modifier le code]

En étroite relation avec le concept de bookcrossing, les microbibliothèques ont d'abord été conçues comme des actes artistiques[1]. Des exemples sont les créations du duo d'artistes de performance Clegg & Guttmann en 1991. Ils créent à Graz en Autriche des « bibliothèques ouvertes » (allemand : die offene Bibliothek) dans le cadre d'un projet artistique visant à sortir l'art des musées[2]. Des collections de bibliothèques ont été conçues comme des « bibliothèques libres en plein air » à Darmstadt et à Hanovre à la fin des années 1990[3].

En 2002, la fondation communautaire de la ville de Bonn, en Allemagne, a financé un projet « Livres en plein air »[4] et, depuis cette époque, le concept a été largement répliqué[5]. Une bibliothèque publique ouverte en 2010 à Vienne, en Autriche[6].

À Bâle en Suisse où de nombreux cafés et autres sites accueillent des étagères ouvertes[7],[8],[9]

Les microbibliothèques sont financées par un large éventail d'organisations (particuliers, fondations, Lion's clubs, associations culturelles ou sociales, etc.)[10]. Dans ces bibliothèques, chaque personne décide quels livres déposer et emprunter, et de retourner ou d'échanger des livres empruntés par d'autres.

Utilisation et acceptation[modifier | modifier le code]

Si une microbibliothèque ou boîte à livres est localisée de façon accessible, tout en étant dotée d'un matériel suffisant, elle peut bénéficier d'une certaine notoriété. Certaines font l'objet de vandalisme. D'autres sont pillées à des fins marchandes par des revendeurs qui abusent du système, censé être participatif[11]. Ces mauvaises pratiques peuvent être contrées par des « sponsors de bibliothèque » ou des « parrains » (associations, comité d'habitants) qui consacrent leur temps et leur attention à prendre soin de la collection.

Les bibliothèques participatives se différencient des boîtes de rue par le fait qu'elles sont situées à l'intérieur de structures ouvertes au public et ces structures en sont généralement les gestionnaires[12].

L'acceptation, la motivation et le profil utilisateur des bibliothèques publiques ont été examinés en 2008 par une étude menée sous l'égide de l'université de Bonn[13],[14]. Le système a été développé comme une alternative notable aux librairies conventionnelles. On ne peut pas les voir comme lieux d'échanges classiques entre pairs, même si elles permettent le transfert volontaire de marchandises. Les utilisateurs étudiés ont indiqué qu'ils pensaient que l'utilisation régulière des bibliothèques publiques pourrait servir d'exemple pour des systèmes similaires pour d'autres biens[15]. Cette acceptation a conduit à une diffusion rapide des bibliothèques publiques dans toute l'Allemagne. La construction durable et la résistance aux tempêtes favorisent une utilisation durable[16].

Diversités du concept[modifier | modifier le code]

Panneau de l'opération « Gare aux livres » dans le hall de la gare de Grenoble en novembre 2019.

À Oerlinghausen en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Allemagne, une version modifiée de bibliothèque publique a été installée par des partisans de la bibliothèque publique. Des gens stockent la bibliothèque au nom d'un soi-disant « échange de livres », un événement public plus large. On peut également déposer des demandes de livres pour correspondre aux stocks des opérateurs de l'échange.

Le signet Salbke est une construction en plein air qui comprend un certain nombre de bibliothèques publiques. Fondée à l'origine sur le site d'une bibliothèque démolie dans un district dépeuplé de Magdebourg, l'association civique locale a transféré une grande partie du stock dans un magasin vacant situé à proximité, où plus de 10 000 dons sont bien hébergés.

Un café à Marbourg comprend une bibliothèque publique. La bibliothèque de la ville comprend maintenant un cabinet de livres qui peut être librement pris ou échangé par les clients plutôt que d'organiser des événements complexes d'élimination des livres. Le fonctionnement de cette variante combine les opérations quotidiennes de la bibliothèque avec le contrôle de la communauté. Comme la bibliothèque est située dans un espace protégé, elle ne nécessite pas de parrainage ou de protection contre les intempéries[réf. nécessaire].

En France, certains villages font aussi office de pionniers en implantant des microbibliothèques visant à recréer du lien social[17]. La SNCF a mis en place, dans les salles d'attente de ses gares voyageurs, un système d'échange de livre baptisé Gare aux livres. Cette opération a été lancée en collaboration avec le secours populaire français[18]. En , un Arbre aux livres a été inauguré à Suresnes dans les Hauts-de-Seine (France). Son principe de fonctionnement se résume à : « Prenez, lisez, emportez, déposez des livres quand vous voulez, comme vous voulez ». L'implantation d'un Arbre aux livres vise également à favoriser les rencontres et les échanges entre les habitants du quartier autour d'une activité ludique qu'est la lecture, voire de la faire découvrir.

En France toujours, l'association Bibliothèques Sans Frontières et la Fondation d'entreprise Cultura ont créé en 2021 le programme "Microbibli" pour retisser du lien social grâce à l'installation de microbibliothèques dans les territoires éloignés de la lecture[19]. Depuis, trente nouvelles "microbiblis" - lauréates d'un appel à projets semestriel et portées par des citoyens - voient le jour chaque année.

Exemple de croque-livre situé à Montréal. Mars 2017.
Tampon "Ce livre circule librement. Issu de boite à livre. Ne peut être vendu"
Certains exemplaires circulant en boîte à livres sont explicitement marqués pour éviter qu'ils ne rejoignent le circuit commercial.

Au Québec, l’origine de l’implémentation des microbibliothèques date de septembre 2014[20]. Mené sous l’égide de la Fondation Lucie et André Chagnon, il s'agit de construire des distributeurs de livre, basés sur le principe prendre et donner un livre[20]. Il prend sa source dans les initiatives américaines et européennes. Intitulé « croque-livre », il vise les enfants afin de les inciter à la lecture[21]. Il n’y a aucune restriction dans les ouvrages qui peuvent être mis dans les croques-livres, ce qui fait qu’ils peuvent être appréciés aussi par les adultes[22]. Ce projet a également bénéficié du soutien de plusieurs figures publiques provenant des milieux artistiques et sportifs[20]. Le concept de présentation utilisé pour les microbibliothèques québécoises différencie un peu de ce que l’on observe dans les autres pays, puisque les boîtes contenant les ouvrages sont généralement construites de façon à représenter un petit monstre, avec plus ou moins de détails, dont les mâchoires (la porte) renferment des livres[23]. On peut géolocaliser chaque boîte à livre grâce à au site web croquelivres.ca[24]. Sinon, leur fonctionnement est pratiquement identique aux autres microbibliothèques.

Catalogues et cartographie[modifier | modifier le code]

Une bibliothèque participative dans le centre commercial Carrefour de Saint-Égrève (France).

Aux États-Unis, les petites bibliothèques, habituellement devant les résidences, sont devenues une vue commune dans de nombreuses villes. Certaines d'entre elles sont enregistrées auprès de l'organisme Little Free Library. En Europe, de nombreuses bibliothèques publiques sont enregistrées via le projet Open Book Case. Le projet open source OpenStreetMap possède une étiquette désignée pour enregistrer les types d'emplacements en plus des bibliothèques publiques[25].

L'application Delivrez.syrd.fr permet aux utilisateurs d'ajouter et de supprimer librement des projets écocitoyens comme les « Boîtes à livres » et aussi de les localiser partout dans le monde. La carte est maintenue à jour grâce à la contribution libre des utilisateurs.

En France et en Belgique, l'entreprise sociale et solidaire Recyclivre, issue d’initiatives locales, propose de fournir le fonds initial des boîtes qui se créent. Elle a lancé un annuaire collaboratif en 2016[26]. Depuis 2014, le Fonds Decitre installe des « Boîtes à lire » en France[27].

L'enseigne du groupe Casino Vival a organisé la mise en place de « mini-bibliothèques » en milieu rural pour donner et échanger ses livres dans sa chaîne de supérettes[28]. Carrefour a lancé dans différents centres commerciaux hébergeant leur enseigne, un service de « bibliothèque participative »[29].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. 1.html Book Crossing: Offene Bücherschränke in Bonn , reticon-Report von Martin Ragg, 2. Avril 2006
  2. Stéphanie Stoll, « Des livres dans des boîtes, les boîtes dans les rues », sur actualitte.com, .
  3. Die Geschichte der Offenen Bibliotheken auf hannover.de
  4. Bürgerstiftung Bonn a déclaré Bücherschrank auf, Presseerklärung der Bürgerstiftung Bonn, 15. novembre 2003
  5. Bücherwald-erstes öffentliches Bücherregal im Berliner Straßenraum, Presseerklärung Berliner Senatsverwaltung für Stadtentwicklung, 27. Juni 2008
  6. « offener Bücherschrank - Wien », (consulté le )
  7. [http: //www.öffentliche-bücherregale.ch/ Öffentliche Bücherregale]
  8. Medienmitteilung der Christoph Merian Stiftung vom 14. Juni 2011.
  9. 3land.info: dies & das & ein neuer Bücherschrank
  10. Das JüLichT: Jülich ganz "sozial" Beitrag 2. septembre 2010 )
  11. « Honteux à Boncelles: «Il vide notre boîte à livres et revend tout chez Cash Express!» », sur sudinfo.be, (consulté le )
  12. La bibliothèque participative : un nouveau moyen d’échange, charlenews.infocom-nancy.fr, consulté le 8 août 2019
  13. Der Bonner Bücherschrank auf der PoppelsdorferAllee – Ein merkwürdiges Versorgungssystem . Kurzfassung der Ergebnisse des Projekts „Das Nutzungsverhalten am Poppelsdorfer Bücherschrank“ (pdf) Autoren: Prof. Dr. Michael-Burkhard Piorkowsky, Sandra Bichler, Kerstin Hilt, Olga Reger
  14. Bonner "Gemeinschaftsmöbel" Studienobjekt: Offener Bücherschrank als soziales System (pdf) Autorin: Ulrike Klopp. In: forsch / Bonner Universitäts-Nachrichten 2/2009. (S.27)
  15. Poppelsdorfer Bücherschrank: Die Frauen geben, die Männer nehmen; Bonner General-Anzeiger, 3. February 2009 « Copie archivée » (version du sur Internet Archive)
  16. Ein Schrank für ausgesetzte Bücher/Bürgerstiftung Bonn eröffnet in den kommenden Tagen zwei weitere Freiluft-Bibliotheken, Bonner General-Anzeiger, 20. November 2008 « Copie archivée » (version du sur Internet Archive)
  17. « Livres en liberté », sur Mairie Aubenas-les-Alpes, (consulté le )
  18. Gare aux livres, ter.sncf.com. Consulté le 9 novembre 2019.
  19. « Un appel à projets pour créer des microbibliothèques », sur Livres Hebdo (consulté le )
  20. a b et c « Les Croque-livres : monstrueusement contagieux! », sur fondationchagnon.org (consulté le ).
  21. « Fiche descriptive (« one pager ») », sur croqueslivres.ca, (consulté le )
  22. « Mission », sur croquelivres.ca (consulté le )
  23. Sophie Cazenave, « Des boîtes de partage de livres pour les jeunes font leur apparition », sur Radio-Canada.ca, (consulté le )
  24. « Croque-livres », sur croquelivres.ca (consulté le ).
  25. « OpenstreetMap tag Amenity:public_bookcase », OpenStreetMap (consulté le )
  26. « Le citoyen, la boîte à livres et les bibliothèques », sur livreshebdo.fr, (consulté le )
  27. « Présentation des Boîtes à Lire », sur Fonds Decitre (consulté le )
  28. « Vival crée du lien avec ses bibliothèques gratuites », sur lesechos.fr (consulté le )
  29. « Bibliothèque participative Orange », sur centre-lecoudoulet.com (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]