Meinrad d'Einsiedeln

Meinrad d'Einsiedeln
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Saint Meinrad d'Einsiedeln, o.s.b., né vers 797 à Rottenburg (Wurtemberg) et mort le à Einsiedeln, est un ermite à qui l'on attribue la fondation du monastère d'Einsiedeln, dans une région de la Francie orientale devenue ultérieurement le territoire du canton de Schwytz, en Suisse centrale. Il est connu comme le « martyr de l'hospitalité »[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Meinrad (parfois orthographié Meinard en français, cette paronymie pouvant alors porter à confusion avec le nom propre Ménard), qui selon la tradition, aurait été l'un des fils d'un certain comte Berthold de Hohenzollern[2],[3],[N 1], est instruit à l'école de l'abbaye bénédictine de Reichenau, sur le lac de Constance par l'abbé Heito ainsi que par son oncle Erlebald. Il entre dans l'Ordre et devient moine. Après quelques années passées à Reichenau et au prieuré Babinchova de Benken, au sud-est du lac de Zurich, il décide de vivre en ermite et se retire en 828 au col de l'Etzel. Il garde sur lui une statuette de la Vierge réputée accomplir des miracles, que l'abbesse Hildegarde de Zurich lui avait remise. C'est probablement en l'an 835 qu'il construit un ermitage et une chapelle, sur le site qui deviendra plus tard celui de l'église du monastère de l'abbaye d'Einsiedeln.

Illustration historique de l'histoire de Meinrad et des deux brigands.
Blason de l'abbaye d'Einsideln où figure les deux corbeaux qui permirent de venger le meurtre de l'ermite Meinrad.

Selon la légende, Meinrad est attaqué et tué le par deux vagabonds convoitant les trésors déposés à proximité par les pèlerins. Après quoi deux corbeaux qu'il avait auparavant apprivoisés auraient suivi les assassins, permettant de les retrouver et de les conduire devant un tribunal présidé par le comte Adalbert II de Thurgovie qui les condamna au bûcher[4]. C'est la raison pour laquelle les armoiries du monastère et du village d'Einsiedeln sont ornées de deux corbeaux.

Au cours des quatre-vingts années suivantes, l'ermitage de la « sombre forêt » (comme on appelle cette région à l'époque) continue à être occupé par un ou plusieurs ermites désireux de suivre l'exemple de Meinrad. Un autre bénédictin, Bennon, ancien chanoine de la cathédrale de Strasbourg[5], s'y installe en 906. Rejoint par des disciples, il fait rebâtir la chapelle par un ermite nommé Eberhard[6] et défricher les terres environnantes[7]. Il y passera plusieurs années avant d'être nommé évêque de Metz en 925 par Henri Ier de Germanie. En 934, Eberhard entreprend la construction du monastère dont il sera le premier abbé et qui contribuera significativement à la diffusion de la foi catholique dans la région. Après avoir été supplicié puis expulsé de Metz, Bennon se retire de nouveau à Einsiedeln où, selon François-Xavier de Feller, il meurt le [5].

Meinrad est canonisé en 1039 par Benoît IX et le 6 octobre de cette année, l'abbé Bernon de Reichenau ordonne la translation de ses reliques de l'île de Reichenau à Einsiedeln[8].

En 1854 une autre abbaye de Saint Meinrad est fondée en Indiana par des bénédictins de la Congrégation helvéto-américaine .

Sources documentaires[modifier | modifier le code]

Statue de saint Meinrad surplombant la fontaine située devant le bâtiment principal de la gare d'Einsiedeln.

La plus ancienne biographie de Meinrad est rédigée à Reichenau, probablement peu après son décès, à la fin du IXe siècle. Il est introduit dans la tradition liturgique dès sa canonisation, au XIe siècle. Le plus ancien manuscrit connu le concernant se trouve dans la bibliothèque de l'abbaye d'Einsiedeln (codex 249[9]).

C'est grâce à deux incunables imprimés à Bâle indépendamment l'un de l'autre que la légende de saint Meinrad est rendue populaire. Le premier paraît en 1481/1482 chez Bernhard Richel (GW-Ms K 248; ISTC il-00121500) : ces exemplaires sont conservés à Fribourg-en-Brisgau, Munich et Nuremberg. En 1491 et 1495, Michael Furter publie une édition en allemand et de 1496 à 1505 deux éditions latines et quatre tirages illustrés.

Au total, les documents anciens consacrés à Meinrad vont d'une tradition manuscrite séculaire (manuscrits de la bibliothèque de l'abbaye de Saint-Gall, cod. 598, dat. 1432 ; bibliothèque centrale de Zurich Ms. A 116), au blockbuch richement illustré de 1450-1460 que l'on pense avoir été également imprimé à Bâle. Ces publications permettent aux moines bénédictins d'Einsideln ainsi qu'aux pèlerins de la chapelle mariale commémorative de nouer un lien avec le fondateur de leur monastère[10].

Édifices dédiés à Meinrad[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Cette généalogie ne peut être attestée historiquement : il est en effet impossible de faire remonter l'origine de la Maison de Hohenzollern à une date antérieure à l'an 1061. C'est ainsi que Charles Giraud dans la Revue des Deux Mondes de 1872 qualifie de « généalogie de fantaisie » les sources selon lesquelles aurait existé un légendaire comte de Hohenzollern nommé Tassilon vers l'an 800. (cf. Charles Giraud. Les Hohenzollern et le nouvel Empire d'Allemagne. Revue des Deux Mondes 1872 ; tome 97 sur Wikisource).

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « Life of St. Meinrad », sur saintmeinrad.org
  2. Anonyme 1838, p. 84.
  3. Brandes 1861, p. 1.
  4. (de) Adalbert der Erlauchte, bei Genealogie Mittelalter
  5. a et b François-Xavier Feller, Dictionnaire historique, (lire en ligne), p. 155
  6. Alban Butler (trad. Abbé Godescard), Vies des pères des martyrs et des autres principaux saints, (lire en ligne), p. 450
  7. Philippe-André Grandidier, Histoire de l'Église et des évêques princes de Strasbourg (lire en ligne), p. 279
  8. (de) Walter Berschin : Eremus und Insula. St. Gallen und die Reichenau im Mittelalter - Modell einer lateinischen Literaturlandschaft. 2., erw. Aufl. Reichert, Wiesbaden 2005, (ISBN 3-89500-433-2), S. 42.
  9. (de) Edition der Vita Sancti Meginrati in: Sankt Meginrat, Festschrift zur zwölften Zentenarfeier seiner Geburt, hrsg. von Odo Lang; Bayerische Benediktinerakademie, München 2000; (= Studien und Mitteilungen zur Geschichte des Benediktinerordens und seiner Zweige Bd. 111 (2000)), S. 10–23.
  10. (de) Romy Günthart : Deutschsprachige Literatur im frühen Basler Buchdruck (ca. 1470-1510); Waxmann, Münster 2007; (Studien und Texte zum Mittelalter und zur frühen Neuzeit ; 11), bes. S. 160–186 Mikrostudie: Ein Einsiedler wird populär gemacht, die Basler Meinradsleben (mit Abbildungen), sowie Verzeichnis S. 347–348.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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