Maurice Delafosse

Sépulture de Maurice Delafosse au cimetière nouveau de Boulogne-Billancourt.

Maurice Delafosse, né le à Sancergues (Cher) et mort le à Paris, est un administrateur colonial français, africaniste, ethnologue, linguiste, enseignant et essayiste prolifique.

Biographie[modifier | modifier le code]

Détail de la carte linguistique de Delafosse (1904) montrant la région où l'on parle le nafaanra (Nafana) à la frontière de la Côte d'Ivoire et du Ghana.

Ernest François Maurice Delafosse naît le à Sancergues dans le Cher[1], dans une famille catholique. Après une scolarité secondaire brillante, il entreprend d'abord des études de médecine à Paris. Très vite intéressé par les questions coloniales, il s'inscrit en 1890 à l'École spéciale des Langues orientales et suit des cours d'arabe.

Un an plus tard, il interrompt ses études pour rejoindre en Algérie l'Institut des Frères armés du Sahara, organisme fondé par le cardinal Charles Lavigerie pour notamment combattre la traite des Noirs dans le Sahara. Il n'y reste que quelques mois, revient à Paris pour terminer son diplôme aux Langues Orientales.

En 1894, il entame sa carrière dans l'administration coloniale comme commis des Affaires indigènes de 3e classe en Côte d'Ivoire, il y restera jusqu'en 1897, date à laquelle il part pour le Liberia voisin comme consul de France. En 1899, il revient en Côte d'Ivoire, où il est chargé de la délimitation de la frontière entre ce pays et le Ghana, alors colonie britannique. Pendant cette époque, il rencontre une jeune Ivoirienne avec laquelle il a deux garçons, qu'il reconnut.

En 1907, il se marie à Boulogne-Billancourt avec Alice Houdas et réside à Paris de 1909 à 1915, où il enseigne à l'École spéciale des Langues orientales et à l'École coloniale. En 1915, en pleine Première Guerre mondiale, il est nommé responsable des Affaires civiles du gouvernement de l'Afrique Occidentale Française (AOF), à Dakar, où il réside avec sa femme et leurs deux enfants. Toute la famille quitte Dakar le . Il ne reviendra plus jamais en Afrique.

Il meurt à Paris le à l'âge de 55 ans. Il est inhumé au cimetière Pierre-Grenier (div. 8) à Boulogne-Billancourt[2].

Écrits (sélection)[modifier | modifier le code]

  • Manuel dahoméen : grammaire, chrestomathie, dictionnaire français-dahoméen et dahoméen-français, Paris, E. Leroux, 1894, 435 p.
  • Essai sur le peuple et la langue sara (bassin du Tchad), précédé d'une lettre-préface de François Joseph Clozel, Paris, André, 1897, 47 p.
  • Essai de manuel de la langue agni, parlée dans la moitié orientale de la Côte d’Ivoire. Ouvrage accompagné d’un recueil de légendes, contes et chansons en langue agni, d’une étude des origines et des migrations des tribus agni-achanti, de vocabulaires comparatifs des différentes langues agni-achanti, d'une bibliographie et d'une carte, Paris, 1900, 226 p.
Les frontières de la Côte d'Ivoire, de la Côte d'Or et du Soudan (1908).
  • Manuel de langue haoussa ou Chrestomathie haoussa ; précédé d'un abrégé de grammaire et suivi d'un vocabulaire, Paris, J. Maisonneuve, 1901, 134 p.
  • Essai de manuel pratique de la langue mandé ou mandingue. Étude grammaticale du dialecte dyoula. Vocabulaire français-dyoula. Histoire de Samori en mandé. Étude comparée des principaux dialectes mandé, Paris, Publications de l’École des Langues Orientales Vivantes, 1901, série 3. vol. 14., 304 p. réédité en 1973, Paris, INALCO
  • Vocabulaires comparatifs de plus de 60 langues ou dialectes parlés à la Côte d'Ivoire et dans les régions limitrophes : avec des notes linguistiques et ethnologiques, une bibliographie et une carte, Paris, E. Leroux, 1904, 284 p. (texte intégral sur Gallica [1])
  • Les frontières de la Côte d'Ivoire, de la Côte d'Or, et du Soudan, ... avec 94 figures dans le texte d'après des photographies de l'auteur et une carte, Paris, Masson, 1908, 256 p. (texte intégral sur Gallica [2])
  • Le peuple Siéna ou Sénoufo, Paris, P. Geuthner, 1908-1909, 107 p.
  • Haut Sénégal-Niger, 1912, 3 tomes (t. 1 : Le pays, les peuples, les langues ; t. 2 : L'histoire ; t. 3 : Les civilisations), réédité chez Maisonneuve & Larose en 1972, prix Marcelin Guérin de l’Académie française en 1913
  • Esquisse générale des langues de l’Afrique, et plus particulièrement de l’Afrique française, Paris, Masson, 1914, 42 p., publié dans Enquête coloniale dans l’Afrique française occidentale et équatoriale, etc., Société Antiesclavagiste de France, 1930, p. 1-42.
  • Traditions historiques et légendaires du Soudan occidental traduites d’un manuscrit arabe inédit, Paris, Comité de l’Afrique française, 1913, 104 p.
  • L'âme nègre, Paris, Payot, 1922 (texte intégral sur Gallica [3])
  • Les Noirs de l'Afrique, Paris, Payot, 1922, 160 p.
  • Dictionnaire français-peul ... précédé d’une notice sur la vie et les travaux du Dr Jean Cremer ... dans Société Française d’Ethnographie, Matériaux d’ethnographie et de linguistique soudanaises, etc. tome 1. 1923
  • Terminologie religieuse au Soudan, Paris, Masson, 1923
  • Broussard ou les états d'âme d'un colonial, suivi de ses propos et opinions, Paris, Emile Larose, 1923, 256 p.
  • Les civilisations disparues : les civilisations négro-africaines, Paris, Stock, 1925, 142 p.
  • Les Nègres, Paris, Rieder, 1927, 80 p., réédité en 2005 (avec une préface de Bernard Mouralis), Paris, L’Harmattan, 2005, 82 p.
  • La langue mandingue et ses dialectes (malinké, bambara, dioula), Paris, P. Geuthner, 1929
  • Tarikh el-Fettach ou Chronique du chercheur documents arabes relatifs à l'histoire du Soudan par Mahmoud Kâti ben El-Hadj El-Motaouakkel Kâti et l'un de ses petits-fils ; traduction française accompagnée de notes, d'un index et d'une carte par O. Houdas et Maurice Delafosse, Paris, 1913.

Hommages[modifier | modifier le code]

Son nom a été donné à l’un des grands établissements scolaires publics de Dakar, le lycée technique industriel Maurice Delafosse (LTID), tandis qu'une rue porte son nom à Sancergues, sa ville natale, ainsi qu'à Boulogne-Billancourt (il a habité à Boulogne avant 1900) [3]. Il existe aussi une avenue Delafosse à Abidjan ainsi qu'un lycée français portant son nom. Il a été enterré à Boulogne-Billancourt, au Cimetière Pierre Grenier, dans le caveau familial de son beau-père Octave Houdas, avec, entre autres, sa femme Alice et leurs deux enfants Charles et Louise.

Une table ronde internationale intitulée « Orientalisme et ethnographie chez Maurice Delafosse » s’est tenue les et à la Maison des Sciences de l'Homme de Paris, organisée par Jean-Loup Amselle et Emmanuelle Sibeud, du Centre d'Études africaines de l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS) [4].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Henri Labouret, « Maurice Delafosse », Africa: Journal of the International African Institute (en), vol. 1, no 1,‎ , p. 112-115 (DOI 10.1017/S0001972000003247, JSTOR 1155867).
  • Jean-Loup Amselle (dir.) et Emmanuelle Sibeud (dir.), Maurice Delafosse. Entre orientalisme et ethnographie : L'itinéraire d'un africaniste, 1870-1926, Maisonneuve et Larose et CEDA, coll. « Raisons ethnologiques », , 319 p. (ISBN 2-7068-1356-3).
  • Louise Delafosse, Maurice Delafosse, le Berrichon conquis par l'Afrique, Paris, Société française d'histoire d'outre-mer, 1976 [lire en ligne].
  • Benoît Hazard, « Des Langues voltaïques (1911) de Maurice Delafosse à l'aire culturelle voltaïque : histoire et critique d'une authenticité » dans Y. G. Madiéga et O. Nao, Burkina Faso, cent ans d'histoire, Ouagadougou-Paris, Karthala, 1997
  • Benoît Hazard, « Orientalisme et ethnographie chez Maurice Delafosse", dans L'Homme, no 146, 1998, p. 265-268
  • Jean-Louis Monod, Histoire de l'Afrique Occidentale Française d'après les travaux et les indications de Maurice Delafosse, Paris, Delagrave, 1926, 341 p.
  • André You, Maurice Delafosse, 1870-1926, Paris, Société d'éditions géographiques, maritimes et coloniales, 1928, 22 p.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]