Mary le confesseur

Mary le confesseur
Image illustrative de l’article Mary le confesseur
Statue de saint Mary,
église de Ferrières-Saint-Mary.
saint, ermite, évangélisateur
Naissance IIIe siècle ou VIe siècle
Vénéré à basilique Notre-Dame-des-Miracles de Mauriac
Vénéré par l'Église catholique romaine
Fête 9 juin

Mary (en latin Marius) est un saint catholique de la Haute-Auvergne. L'époque à laquelle il a vécu est mal connue et sujette à controverses.

Étymologie[modifier | modifier le code]

En latin, il est appelé Marius.

Vie du saint[modifier | modifier le code]

L'historien auvergnat Grégoire de Tours ne cite Marius dans aucun de ses récits ce qui laisse penser que l'existence du Mary est postérieure à celle de l'historien. Au sujet d'Austremoine Grégoire de Tours raconte que c’est vers l’an 251 que le prédicateur fuyant Rome et la persécution de l’empereur Dèce est arrivé dans la cité des Arvernes.

Les sources documentaires relatant la vie de Marius sont peu nombreuses et parfois contradictoires. Il s'agit des trois Passions de la vie de saint Austremoine et de la Vie de saint Marius, manuscrit provenant de l'abbaye de Mauriac.

Les trois manuscrits de la Passion d'Austremoine[modifier | modifier le code]

Trois manuscrits conservés à Clermont-Ferrand traitent de la vie de saint Austremoine : Les Première, Deuxième et Troisième Passions.

Marius apparait pour la première fois dans « la troisième passion », un écrit du Xe siècle. Dans une première partie, le texte raconte qu’Austremoine figure parmi les soixante douze premiers disciples du Christ et qu’il a donc connu le Christ de son vivant. Il est envoyé en Gaule avec les mêmes condisciples Nectaire, Ursin et Mamet. Marius n’est pas cité.

Dans une deuxième partie le texte cite Marius comme un disciple d’Austremoine. Quand il apprend que celui-ci se meurt, il se rend à son chevet avec Nectère et Mamet. Sur son chemin il consacre l’église du village de Marojol. Arrivé après la mort de Marius, il lui fait bâtir un mausolée, puis fait élever dessus une basilique. Les nobles qu’il avait convertis dotent l’église de trente manses.

Le manuscrit Vita sancti Marii[modifier | modifier le code]

La vie de Mary est connue par le manuscrit de l'abbaye de Mauriac : la Vita sancti Marii[1]. Ce texte du XIIe siècle ou XIIIe siècle est conservé à la bibliothèque du patrimoine de Clermont Auvergne Métropole[2]. Il s'agit de deux ouvrages consacrés à son parcours et à ses œuvres. Le premier traite de la vie du saint et le second des miracles survenus pendant et après le transfert des reliques. Il a été publié en latin au XVIIe siècle par la Société des Bollandistes dans les Acta Sanctorum, 2e volume concernant les saints de juin, à la date du [3]. Le manuscrit a également été entièrement traduit en français en 2017[3]. Le document précise que Mary n'était ni prêtre ni diacre, mais il dit qu'on le voit convertir des païens. Les prières chantées de l'Office, parlent de sa vie de clerc et disent que Marius est né « d'un noble lignage ». Quant à ses actions, on parle d'une « vie sainte », de miracles, mais les détails sont peu nombreux[3].

Dans cet ouvrage, il est fait référence à un texte beaucoup plus ancien traitant de la vie de Marius qui nous est totalement inconnu[3]. Le récit reprend également les informations contenues dans le 3e Passion mais il remplace Ursin par Marius. Il raconte qu'Austremoine est arrivé dans une caravane d’ouvriers potiers qui avaient coutume de se rendre périodiquement du grand centre de céramique d’Arezzo à ses succursales de Lezoux et de la Graufesenque (près de Millau). Il était accompagné de Mametus (Mamet), Nectarius (Nectaire), Marius (Mary), Anthemius, et Seronatus[4]. Ils empruntèrent sans doute la voie Aurélienne ou la voie Domitienne. Des signatures d’Austremoine et Mamet ont été retrouvées sur les poteries qu’ils réalisaient à Lezoux.

Les jésuites bollandistes ont mis en doute les indications chronologiques données par le manuscrit. D'après eux, Mary ne pouvait pas avoir été envoyé par saint Pierre (Ier siècle) et n'avait pas même aidé Austremoine à évangéliser l'Auvergne (IIIe siècle). Ils pensaient qu'en réalité Mary avait vécu entre le VIe et VIIe siècle pour deux raisons. La première est que Mary donne des noms germaniques aux convertis lorsqu'il les baptise, ce qui ne se faisait qu'après les invasions franques. La deuxième est que l’Auvergnat Grégoire de Tours n'évoque pas Mary alors qu'il cite tous les grands saints d'Auvergne. Mary serait donc peut-être contemporain, ou plus probablement postérieur, à Grégoire de Tours[5].

Faits probables de sa vie[modifier | modifier le code]

À cette époque, la partie sud de l'Auvergne n'était que partiellement christianisée et certaines campagnes échappaient à l’évangélisation. Saint Martin de Tours témoigne que même en 360 elle était encore largement païenne et le concile de Tours en 567 confirme encore sa faible évangélisation.

La légende permet de croire que Mary vécut en ermite à proximité du Mont-Journal, peut-être dans une sorte de grotte. Son exemple et son action entraînèrent de nombreuses conversions.

L’Église a toujours célébré la fête de saint Mary un , on peut donc supposer qu'il est mort à cette date. La légende dit aussi qu'on construisit deux églises en son honneur, l'une à Saint-Mary-le-Cros à proximité de la grotte, l'autre à Saint-Mary-le-Plain, d'où l'évêque (Austremoine, selon la légende) aurait eu la vision de l'âme de Mary emportée aux cieux.

La chapelle de Saint-Mary-le-Cros fut ensuite transformée en église et devint l’un des plus anciens sanctuaires d’Auvergne. Sous les Mérovingiens les reliques du saint furent mises dans une chasse creusée dans le tronc d’un chêne et suspendue par quatre chaînes à la voûte au-dessus de l'autel. Elle portait l’inscription « Hic jacet corpus Marii Confessoris ».

La translation des reliques[modifier | modifier le code]

Église de Saint-Mary-le-Cros.

La deuxième partie de la Vita sancti Marii évoque les miracles survenus après la translation des reliques à Mauriac. Celle-ci fut effectuée par une certaine Ermengarde, au temps de l'évêque Étienne. Mais la datation est délicate car aux XIe et XIIe siècles il y a eu cinq évêques clermontois qui portaient ce nom.

Le plus souvent, on cite Ermengarde d’Apchon (vers 1050), comtesse d’Apchon et femme du seigneur de Massiac Amblard d’Apchon, qui avait son château à Mauriac. Toutefois cette hypothèse a été contestée[6] par l'érudit Marcellin Boudet qui pense plutôt à Ermengarde de Nonette, au milieu du XIe siècle[7].

Quoi qu'il en soit, cette Ermengarde décida, dit le texte du manuscrit, que les reliques seraient mieux honorées ailleurs et décida de les transférer à Mauriac, où les moines du monastère Saint-Pierre sauraient en prendre soin.

Lors du transport, les reliques empruntèrent apparemment l’ancienne voie romaine reliant Clermont à Cahors par Dienne. Le plus fameux sommet des monts du Cantal porte le nom de « puy Mary » en souvenir de ce passage. La légende raconte que de nombreux miracles se produisirent tout au long du trajet.

Les reliques sont maintenant dans la basilique Notre-Dame-des-Miracles de Mauriac, à l’intérieur du « Cercueil de saint Mary » réalisé au XVIe siècle et formant autel. Les autres reliques du saint sont une statue et un bras reliquaire en cuivre argenté du XVe, classé monument historique depuis 1898.

Le culte[modifier | modifier le code]

Plusieurs souvenirs du saint ermite sont encore présents dans le pays de Massiac. Sur la commune de Ferrières-Saint-Mary, près du « Pré de l’ermitage » se dresse le rocher de basalte qui abrita le saint. En contrebas, dans la vallée de l’Alagnon, on trouve la « fontaine du saint » à laquelle on attribuait des vertus miraculeuses. Sur les flancs du mont Journal un bloc de basalte taillé en forme de siège est appelé la « Chaire de saint Mary ». Dans chaque accoudoir il y a l’empreinte des cinq doigts de la main du saint. On s’y assoit pour demander la guérison des maux de reins.

La légende prétend aussi que saint Austremoine voulut venir une dernière fois rendre visite à Mary au seuil de sa mort. Passant par ce qui deviendra plus tard Saint-Mary-le-Plain, il aperçut l’âme du saint s’élevant au ciel dans une auréole de lumière. Pour arriver jusqu’à la dépouille de « Mary le confesseur », il dut franchir les gorges de l’Arcueil. À Fons, le village surplombant cet endroit, se trouve la Fons Stremonii, la « Fontaine de Stremonius », c'est-à-dire d’Austremoine. Sans doute construite sous les Mérovingiens, elle est faite de gros blocs de basalte et comporte une niche dans laquelle se trouvait une statue du saint[8].

Utilisation du patronyme[modifier | modifier le code]

Toponymie[modifier | modifier le code]

Plusieurs villages français portent le nom de saint Mary :

De plus, la commune d'Albaret-Sainte-Marie (Lozère), tire son nom de Mary, et non de la Vierge Marie. Au fil des ans, le nom s'est cependant transformé au profit de cette dernière[réf. nécessaire].

Institutions[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (la) Manuscrit n° 732, Bibliothèque du patrimoine de Clermont Auvergne Métropole, xiie siècle ou xiiie siècle (lire en ligne), p. 99-153
  2. ms. n° 732
  3. a b c et d Marc-Yvon Duval - Pierre Moulier, Saint-Mary, aux sources du christianisme en Haute-Auvergne, Patrimoine en Haute-Auvergne n°34, , 207 p. (ISSN 1774-055X)
  4. (la) Anonyme, Vita sancti Marii, xiie ou xiiie siècle, page 102 du manuscrit, Traduction du § 3 (extrait) : "Il [=Saint Pierre] avait consacré évêque le premier d’entre eux, nommé Austremoine  ; il lui avait attribué pour compagnons Nectère le prêtre et le diacre Mammet , ainsi que Marius, efficace et fidèle ministre de la parole de Dieu. C’est pourquoi, quoiqu’il ne fût pas encore mu par l’élévation de quelque office sacerdotal, le ministre de la prédication divine se montra cependant déjà digne du choix apostolique par l’Esprit Saint."
  5. (la) Daniel van Papenbroeck, introduction à la Vita sancti Marii - tome 2 des Acta Sanctorum de juin, Anvers, Bollandistes, (lire en ligne), Traduction d'un extrait du § 7de cette introduction : "Saint Marius, qui a été envoyé par quelque évêque d’Auvergne au VIe ou au VIIe siècle pour extirper les restes du paganisme dans les montagnes de Haute-Auvergne, est dit avoir été envoyé par saint Austremoine parce qu’on ne pouvait trouver personne de plus illustre au nom de qui cette mission ait pu être confiée." En résumé, qui dit évêque de Clermont dit successeur de saint Austremoine, d'où ce transfert de nom...
  6. Géraud Vigier = P. Dominique de Jésus, Histoire Parénétique des trois saints protecteurs du Haut Auvergne, , Jusqu'à M. Boudet, tous les auteurs postérieurs avaient suivi son hypothèse hasardeuse : "Cela me confirme en l’opinion que cette Ermingarde est celle de Roche-d’Agoux, d’autant que, de son temps, vivait Étienne, 5e évêque de Clermont, auquel elle donna de grands biens pour son église. Voyez le docte Savaron en ses Origines. C’est pourquoi cette église a été bâtie et dédiée environ l’an 1050."
  7. (la) Marcellin Boudet (éditeur savant), Cartulaire du Prieuré de Saint-Flour, Monaco, (lire en ligne), Il précise en note, à propos d'Ermengarde de Nonette, épouse d'Amblard (vers 990/1000) : « Géraud Vigier, carme d’Aurillac, en religion Dominique de Jésus, fait d’Ermengarde une “comtesse d’Apchon”. Il n’y eut jamais de comtesse d’Apchon au moyen âge, mais il y eut des comtoresses (Hist. parénétique des trois saints de Haute-Auvergne, Paris, 1636, chap. XI). — L’auteur de la notice Apchon (Dictionnaire du Cantal, t. I, p. 177) lui donne pour mari “Bertrand Ier, comptour d’Apchon”, vivant au milieu du XIe siècle. — Le dernier agiographe de la province, l’abbé Mosnier, reproduit G. Vigier (Les Saints d’Auvergne, t. I, p. 600). Ém. Delalo (Notice sur Mauriac, dans le Dictionnaire du Cantal, t. IV, p. 224), propose Ermengarde d’Arles, femme de Robert Ier, comte d’Auvergne ; mais il n’a pas d’autres motifs que les présomptions tirées du nobilissima et de l’ingens multitudo militum, lesquels s’appliquent aussi bien à Amblard de Nonette que l’auteur a ignoré comme comtour. »
  8. Jean Rieuf, Massiac et son canton, Editions Gerbert (Aurillac),1971

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Autres saints catholiques portant un nom comparable[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Manuscrit 732 de la bibliothèque du patrimoine de Clermont Auvergne Métropole.
  • Publication de ce manuscrit au XVIIe siècle dans les Acta Sanctorum des Bollandistes, à la date du . L'édition est précédée d'une introduction rédigée par le jésuite Daniel van Papenbroeck et réfutant la chronologie proposée par la légende. [(la) Lire page 111 et suivantes (page consultée le 20220310)]
  • Géraud Vigier (en religion Père Dominique de Jésus, carme déchaux), L'Histoire parénétique de trois Saints protecteurs de la Haute-Auvergne : saint Flour, saint Marius (saint Mary), saint Géraud, 1635.
  • Dom Jacques Branche, prieur de Pébrac, Vie des Saints et Saintes d'Auvergne, 1652.
  • Pierre Moulier, Croyances, légendes et traditions populaires dans le Cantal, éditions de la Flandonnière, 2015, (ISBN 978-2-918098-29-4) : un chapitre est consacré à saint Mary.
  • Marc-Yvon Duval, Pierre Moulier, Saint Mary, aux sources du christianisme en Haute-Auvergne, numéro 34 de la revue Patrimoine en Haute-Auvergne, . Voir http://www.cantalpatrimoine.fr