Maître du Missel de Troyes

Maître du Missel de Troyes
Naissance
Date et lieu inconnusVoir et modifier les données sur Wikidata
Période d'activité
Autres noms
Maître de Charles de Neufchâtel
Activité
Lieux de travail

Le Maître du Missel de Troyes est un enlumineur actif entre Troyes et la Bourgogne entre 1440 et 1470. Son nom de convention provient du manuscrit d'un missel copié par un chanoine du nom de Jean Coquet et à l'usage du diocèse de Troyes. Une trentaine de manuscrits lui sont attribués et plusieurs artistes ont collaboré avec lui ou ont repris son style.

Éléments biographiques[modifier | modifier le code]

Dieu le père entouré des symboles des quatre évangiles, Missel à l'usage de Troyes, BNF, page 419.

Les sources d'inspiration du maître du Missel de Troyes se trouvent dans les miniatures et décors de marge du Maître de Bedford ou des Frères de Limbourg. Il est actif une vingtaine d'années plus tard mais continue à utiliser les modèles des maîtres parisiens[1]. Il reprend également des modèles de l'enlumineur parisien plus proche de son époque, le Maître de Jean Rolin. Il s'inspire également des artistes à l'œuvre à Dijon à la cour du duc de Bourgogne ainsi que dans les Pays-Bas bourguignons à cette époque[2].

Les historiens de l'art ont souligné la diversité des usages des livres d'heures qu'il a décorés, qui pourrait faire penser qu'il s'est déplacé d'une ville à l'autre. D'après les commanditaires identifiés dans ces différents livres, il pourrait avoir commencé sa carrière entre Besançon et Dijon, vers 1440-1450, puis s'être déplacé à Troyes vers 1460, où il réalise notamment le missel qui lui a donné son nom. Il se déplace ensuite à Langres où il travaille pour l'évêque de la ville Guy Bernard, puis de retour à Besançon afin d'y travailler pour l'archevêque Charles de Neufchâtel[3]. Il pourrait être également passé par Châlon-sur-Saône où il a réalisé plusieurs manuscrits pour des grandes familles de la ville[4].

Son style se caractérise par des personnages au visage de forme triangulaire hypertrophiée, ainsi que par des coloris puissants[5].

Manuscrits attribués[modifier | modifier le code]

Une trentaine de manuscrits lui sont attribués selon Hiba Mojabber, autrice d'une thèse sur le maître, dont une vingtaine de livres d'heures[6]. Le corpus peut fluctuer au gré des attributions de manuscrits qui apparaissent continuellement sur le marché de l'art.

Manuscrits attribués
Titre Date Lieu de conservation Description Exemple d'enluminure
Heures à l'usage de Paris 1440 (vers) Madrid, Musée Lázaro Galdiano, R00007
Heures à l’usage de Besançon 1440-1450 (vers) Collection particulière, passé en vente chez Sotheby's le 7 juillet 2015 (lot 83)
Heures à l’usage de Besançon 1440-1450 (vers) Besançon, Bibliothèque municipale de Besançon, Ms.147
Heures de Jean IV de Saint-Mauris à l'usage de Besançon 1450 (vers) Besançon, Bibliothèque de Besançon, Ms.125
Heures à l’usage de Troyes 1450-1560 (vers) Marseille, Bibliothèque municipale de l'Alcazar, Ms.112
Heures à l’usage de Troyes 1455-1460 (vers) Troyes, Médiathèque Jacques-Chirac, Ms.3897
Heures à l’usage de Troyes 1455-1460 (vers) Philadelphie, Free Library of Philadelphia, Lewis E 133
Heures à l’usage de Besançon 1457 (après) Orléans, Bibliothèque municipale, Ms.138 Le Maître est l'auteur des 4 évangélistes en collaboration avec un artiste anonyme appelé Maître de l'Arbre des batailles, auteur des autres miniatures.
Heures et psautier à l’usage de Langres 1463 Collection part., passé en vente chez Christie's le 7 juillet 2010 En collaboration avec le Maître de Michel Jouvenel auteur des miniatures du ms.
Missel à l’usage de Troyes 1460 (vers) Paris, Bibliothèque nationale de France, Latin 865A
Heures dites de Louis XVIII 1460 (vers) Paris, Bibliothèque nationale de France, Latin 10539
Heures à l’usage de Langres 1460 (vers) Lawrence, Université du Kansas, Kenneth Spencer Research Library (en), Ms. Pryce C1
Heures à l’usage de Troyes 1460 (vers) Paris, Bibliothèque Mazarine, Ms.497
Heures à l’usage de Rome 1460 (vers) Coll. part., passé en vente chez Christie's, le 23 avril 2021 (lot 7)
Les Postilles de Nicolas de Lyre 1460-1472 (vers) Paris, Bibliothèque nationale de France, Latin 11972-11978 Réalisé en collaboration avec Guillaume Hugueniot.
Pontifical de Charles de Neufchâtel 1463 (après) Besançon, Bibliothèque municipale de Besançon, Ms.115-117 Réalisé avec le Maître des Pontificaux de Neufchâtel, son collaborateur.
Livre d'heures 1460-1470 (vers) Londres, British Library, Harley 2974
Heures à l’usage de Troyes 1460-1470 (vers) Coll. part., passé en vente chez Ivoire, Troyes, le 27 octobre 2014 (lot 325)
Heures à l’usage de Langres 1470 (vers) Cambridge (Massachusetts), Université Harvard, Houghton Library, Ms. typ.21
Heures Habert du Berry d'Artois-Hoe à l’usage de Troyes 1470 (vers) Cambridge (Massachusetts), Université Harvard, Houghton Library, Ms. Richardson 7
Feuillets isolés attribués
Titre Date Lieu de conservation Description Exemple d'enluminure
2 Feuillets d'un livre d'heures (Crucifixion, Saint Jean à Patmos) 1460 (vers) Coll. part., passé en vente chez Drouot le 4 juin 2021 (lot 1 & 2)
Feuillet d'un livre d'heures (Fuite en Égypte) 1460-1470 (vers) Coll. part., passé en vente chez Sotheby's, 7 juillet 2015 (lot 47)
Feuillet d'un livre d'heures (Annonce aux bergers) 1460-1470 (vers) Cleveland, Cleveland Museum of Art, 2011.61

Suiveurs[modifier | modifier le code]

Plusieurs artistes semblent avoir travaillé avec le Maître du Missel de Troyes, certains reprenant son style et réemployant ses modèles dans d'autres manuscrits. Un seul est identifié sous le nom de Guillaume Hugueniot, documenté à Langres jusqu'en 1472 et qui reprend la suite du maître dans l'achèvement des Postilles de Nicolas de Lyre pour le compte de l'évêque Guy Bernard. Les autres restes anonymes, tels que le Maître de l'Arbre des batailles, dont une dizaine d'autres manuscrits ont été identifiés, notamment les Heures de Philippe Montholon (Archives Jésuites, Montréal, Ms.9)[7]. On retrouve également son style dans un Missel daté de 1474 à l'usage d'une chapelle de l’église Saint-Jean-du-Marché de Troyes (médiathèque de Troyes, Ms.117), œuvre d'un suiveur postérieur[8].

Le suiveur le plus prolifique est actif à Besançon et a longtemps été confondu avec le maître : il est désigné sous le nom de convention de Maître des Pontificaux de Neufchâtel pour les manuscrits qu'il a décorés pour Antoine et Charles de Neufchâtel. Six manuscrits lui sont attribués[9] :

Manuscrits attribués à son suiveur, le Maître des Pontificaux de Neufchâtel
Titre Date Lieu de conservation Description Exemple d'enluminure
Pontifical d’Antoine de Neufchâtel à l'usage de Toul 1461 (après) Besançon, Bibliothèque municipale de Besançon, Ms.157
Heures de Pierre Fijean à l’usage de Besançon 1460 (vers) Coll. part., passé en vente chez Drouot, le 20 février 2020 (lot 209)
Pontifical de Charles de Neufchâtel 1463-1470 (vers) Porrentruy, Bibliothèque cantonale jurassienne, Ms.10 Réalisé par un suiveur du maître
Heures à l’usage de Rome 1460-1470 (vers) Besançon, Bibliothèque municipale de Besançon, Ms.Z705
Missel de Charles de Neufchâtel 1470 (vers) Auckland, Bibliothèques d'Auckland, Ms. Med G138, G139
Heures à l’usage de Besançon 1460-1470 (vers) New York, Morgan Library and Museum, M.28


Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) John Plummer et Gregory Clark, The last flowering: French Painting in Manuscripts 1420-1530 from American collections, New York, Pierpont Morgan Library / Oxford University Press, , 123 p. (ISBN 0195032624), p. 60
  • (en) Roger Wieck, Late Medieval and Renaissance Illuminated Manuscripts (1350-1525) in the Houghton Library, Cambridge, , p. 28-29.
  • François Avril et Nicole Reynaud, Les manuscrits à peintures en France, 1440-1520, BNF/Flammarion, , 439 p. (ISBN 978-2-08-012176-9), p. 181-184
  • Eberhard König, Leuchtendes Mittelalter V, Psalter und Stundenbuch in Frankreich vom 13. bis zum 16. Jahrhundert, Rotthalmünster, Antiquariat Heribert Tenschert (no 30), , p. 326-328.
  • Helena Kogen, « Les complexités hagiographiques, liturgiques et iconographiques d'un livre d'Heures régional (McGill, MS 156) », Renaissance and Reformation / Renaissance et Réforme, vol. 39, no 4 (Special issue / Numéro spécial: Enquêtes sur les livres d'Heures conservés au Québec),‎ fall / automne 2016, p. 107-167 (JSTOR 26398545)
  • Hiba Mojabber, L’enluminure en Bourgogne méridionale entre 1435 et 1477 : Thèse de doctorat en histoire de l’art médiéval sous la direction de Frédéric Elsig, (DOI 10.13097/archive-ouverte/unige:164509), p. 54-88

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Avril et Reynaud 1993, p. 182.
  2. Mojabber 2022, p. 60-64.
  3. Mojabber 2022, p. 64-74.
  4. Mojabber 2022, p. 74-78.
  5. Avril et Reynaud 1993, p. 184.
  6. Mojabber 2022, p. 58-59.
  7. Patrice Hamel et Guillaume Simard, « Les Heures de Philippe de Montholon, livre d’heures picard du xve siècle », Memini [En ligne], no 17,‎ (DOI 10.4000/memini.589)
  8. Mojabber 2022, p. 87-88.
  9. Mojabber 2022, p. 78-87.