Luis de Góngora

Luis de Góngora
Fonction
Chapelain
Biographie
Naissance
Décès
(à 65 ans)
Cordoue
Sépulture
Nom de naissance
Luis de Góngora y Argote
Pseudonyme
Luis de GóngoraVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
espagnole
Formation
Activité
Autres informations
Mouvement
Genre artistique
signature de Luis de Góngora
Signature de Góngora.
Vue de la sépulture.

Luis de Góngora y Argote, né le à Cordoue où il est mort le , est un poète baroque espagnol, emblématique du cultisme.

Biographie[modifier | modifier le code]

Formation et vocation[modifier | modifier le code]

À l'âge de quinze ans, son père, don Francisco de Argote, un grand humaniste, prend grand soin de l'éducation de son fils en l'envoyant étudier le droit à l'université de Salamanque[1]. Sans négliger la jurisprudence, il commence à écrire et compose des letrillas[2], et se rend vite compte que sa véritable vocation est la littérature[3].

Carrière littéraire[modifier | modifier le code]

Il se fait très vite connaître, et n'a que vingt-trois ans lorsque Miguel de Cervantes parle de lui avec éloge dans La Galatea[1] parue en 1585, disant que ses vers « réjouissent et enchantent le monde entier » et le qualifiant de « génie sans pareil ».

En 1613, il compose les Solitudes[1], à l'origine divisée en quatre longs poèmes, mais dont il n'en écrivit que deux[2], et qui constituent le sommet de son œuvre[4].

Style[modifier | modifier le code]

On appelle gongorisme[5] son style, particulièrement foisonnant[2], comme celui de ses imitateurs. Il est particulièrement développé dans sa poésie des Solitudes[6].

Federico García Lorca porte sur lui la fameuse affirmation : « C’est un problème de compréhension : Góngora, il ne faut pas le lire, mais l’étudier[7] ».

Éloge du peintre contemporain Le Greco[modifier | modifier le code]

Il rencontre Le Greco par l'intermédiaire d'Eugenio de Narbona, frère de l’avocat Alonso de Narbona. C'est grâce à son poème Tombeau de Domenico Greco, excellent peintre, que l'on peut imaginer la tombe du Greco, disparue lors de la destruction de l'église de San Torcuato de Tolède en 1868 :

De forme élégante, ô Passant,
Cette lumineuse pierre de porphyre dur
Prive le monde du pinceau le plus doux,
Qui ait donné l’esprit au bois et vie au tableau.
Son nom est digne d’un souffle plus puissant
Que celui des trompettes de la Renommée
Ce champ de marbre l’amplifie.
Vénère-le et passe ton chemin.
Ci-gît le Grec.
Il hérita de la Nature L'Art.
Il étudia L’Art.
D'Iris les couleurs.
De Phoebus les lumières et de Morphée les ombres.
Que cette urne, malgré sa dureté,
Boive les larmes, et en exsude les parfums.
Funèbre Écorce de l’arbre de Saba.

Postérité[modifier | modifier le code]

Reprise au XXe siècle[modifier | modifier le code]

Zdzisław Milner, poète français, traducteur d'ouvrages classiques de langue espagnole fait connaître Góngora[8] dans la France du XXe siècle[9]; il compare Góngora et Mallarmé dans un article de L'Esprit nouveau[10]. Sa traduction des Vingt poèmes de Gongora est illustrée par Pablo Picasso[11].

Philippe Sollers lui consacre un roman intitulé L'Éclaircie[12], qui sera adapté au cinéma dans le film homonyme[13].

Jean Cocteau traduit le sonnet Tombeau de Domenico Greco, excellent peintre dans la section "Hommages et poèmes espagnols" de son recueil Clair-obscur. Il écrit, juste avant, un poème intitulé "Hommage à Gongora"[14].

Musée[modifier | modifier le code]

La maison-musée Luis de Góngora y Argote, située à Cordoue, est une maison du XVIIe siècle qui a été transformée en musée mais aussi en centre d'études consacré à l'œuvre du poète ; elle a ouvert en 2006[15].

Il est inhumé dans la mosquée-cathédrale de Cordoba.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c « Luis de Góngora y Argote. Littérature .Biographie et œuvres sur Spain is Culture. », sur www.spainisculture.com (consulté le )
  2. a b et c « Gongora y Argote »
  3. Encyclopædia Universalis, « LUIS DE GÓNGORA Y ARGOTE », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
  4. Jacques Issorel, « Comprendre Góngora », Bulletin hispanique. Université Michel de Montaigne Bordeaux,‎ , p. 849–852 (ISSN 0007-4640, lire en ligne, consulté le )
  5. « Luis de Gongora y Argote. », sur www.cosmovisions.com (consulté le )
  6. « Gongora »
  7. Jacques Issorel, « Comprendre Góngora », Bulletin hispanique. Université Michel de Montaigne Bordeaux,‎ , p. 849–852 (ISSN 0007-4640, lire en ligne, consulté le )
  8. Robert Jammes, « Traduire Góngora », Bulletin Hispanique, vol. 93,‎ , p. 207–219 (DOI 10.3406/hispa.1991.4739, lire en ligne, consulté le )
  9. Stéphane Michaud et Max Milner, Du visible à l'invisible : pour Max Milner, José Corti, , 346 p. (ISBN 978-2-7143-0266-3, lire en ligne), p. 10

    « Il n'est pas excessif de présenter Zdislas Milner, ami du poète et essayiste mexicain Alfonso Reyes, comme l'introducteur de Gongora dans la France du Xxe siècle. »

  10. Zdislas Milner, « Gongora et Mallarmé », L'Esprit nouveau, no 3,‎ , p. 285-296 :

    « ...Ainsi, chez Gongora, comme chez Mallarmé, le mot concret par excellence, le substantif, se détache et prend relief... C'est cet effort continuel tendant à dégager de toute chose la réalité, matérielle quoique instable, et cette phrase rythmée en arabesque qui constituent le fond commun de Gongora et de Mallarmé. À côté de cela, les différences entre les deux poètes sont considérables. Le tempérament, la sensibilité, l'éducation, ne sont pas les mêmes. Qu'importe si ces différences s'arrêtent là où commence le travail poétique.Cette tendance consciente de leur effort créateur vers un but commun les isole tous les deux dans leurs époques respectives. Et s'il faut donner le nom de Gongora à une école dont il serait le précurseur et le chef, ce n'est que cette matérialisation, cette arabesque, qui constitueraient tout le gongorisme. Les recherches variées de vocabulaire et de syntaxe, les particularités des figures n'en sont que des éléments constitutifs ou des moyens menant à une fin idéale et unique. »

  11. « Past Exhibitions - Meadows Museum », sur www.meadowsmuseumdallas.org (consulté le )
  12. « L'Hymne à l'invraisemblable poète andalou Góngora - Philippe Sollers/Pileface », sur www.pileface.com (consulté le )
  13. « Le Nouveau Monde de Góngora - Philippe Sollers/Pileface », sur www.pileface.com (consulté le )
  14. Cocteau, Jean (1889-1963)., Oeuvres poétiques complètes, Gallimard, (ISBN 2-07-011392-2 et 978-2-07-011392-7, OCLC 803452796, lire en ligne)
  15. Page de la maison-musée Luis de Góngora y Argote sur le site "1,5% cultural" (administré par le gouvernement espagnol et le ministère du développement). Page consultée le 1er août 2016.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Zdzisław Milner, La Formation des figures poétiques dans l'œuvre cultiste de Góngora, Cracovie, Gebethner et Wolff, 1929-1933 (BNF 32452779).
  • Pablo Picasso, Gongora – poèmes de Luis de Gongora y Argote, Éditions Anthèse, Paris, vers 1985 (édition originale : Les Grands Peintres Modernes et le Livre, Paris, 1948). Textes en espagnol suivis de la traduction française par Zdzislaw Milner.
  • Juan López de Vicuña, Todas Las Obras de D. Luis de Gongora en Varios Poemas. Recogidos por Don Gonzalo de Hozes… Corregido y enmendado en esta vltima impressior, Madrid, en la Imprenta del Reino, Año 1634.
  • Treize sonnets et un fragment, traduction de Philippe Jaccottet, bilingue, La Dogana, 1985.
  • Robert Jammes (trad. de l'espagnol), Comprendre Góngora : anthologie bilingue, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, , 357 p. (ISBN 978-2-8107-0028-8, BNF 42105637, lire en ligne), p. 29

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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