Ludovic Chaker

Ludovic Chaker, né le à Saint-Jean-du-Bruel (Aveyron), est un homme politique français. Il exerce la fonction de directeur, adjoint « anticipation stratégique » au délégué général pour l'armement au ministère des Armées, depuis le mois d'octobre 2022.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et formation[modifier | modifier le code]

Ludovic Chaker grandit à Saint-Jean-du-Bruel, un village de l'Aveyron entre Causses et Cévennes, région rocheuse dans la vallée de la Dourbie[1].

Après une année de terminale à Nice et une formation dans un temple shaolin[2], il obtient en 2002 un diplôme de chinois et de relations internationales[1] à l'Institut national des langues et civilisations orientales et contribue à plusieurs ouvrages sur la Chine moderne, comme un chapitre sur les arts martiaux dans Shanghai - Histoire, promenades, anthologie et dictionnaire, dirigé par Nicolas Idier[3].

Il est reçu au CELSA[4], où il suit le programme management interculturel tout en poursuivant des études de science politique à l'université Paris-Nanterre (2003-2004), puis à l'Institut d'études politiques de Paris en gestion des ressources humaines et en affaires publiques[5] (2004-2007)[6].

Afin de financer ses études, il est tour à tour hôte d’accueil, mannequin, agent de sécurité et testeur de jeux vidéo[2].

Carrière[modifier | modifier le code]

Il mène une carrière au carrefour du renseignement militaire, des affaires publiques et académiques, et de la politique.

Carrière en affaires publiques et académiques[modifier | modifier le code]

Recruté par le ministère des Affaires étrangères pour le consulat général de France à Shanghai, il est responsable (de 2007 à 2009) du développement de la coopération universitaire entre la Chine et la France.

À son retour en France, il travaille comme directeur de cabinet du maire de Joué-lès-Tours[7], ville dont il est également élu[8], avant d'être nommé par Richard Descoings responsable des relations extérieures de Sciences Po Paris pour l'Asie, le Pacifique, l'Afrique et le Levant[1].

Il est candidat divers gauche en 2012 aux élections législatives dans la onzième circonscription des Français établis hors de France, couvrant 49 pays en Europe orientale, Asie orientale, Océanie[9]. Menant campagne en « candidat 2.0 »[10] indépendant[1], il obtient 1,99 % des suffrages au premier tour[11].

Il crée ensuite une société de conseil, Ooda consulting[12]. Le sigle fait référence à quatre phases (Observer, s'orienter, décider, agir) de la boucle OODA, utilisée notamment par les forces spéciales[1].

Carrière politique[modifier | modifier le code]

En 2015[13], il s'engage auprès d'Emmanuel Macron et devient premier secrétaire général d'En marche![14], puis secrétaire général adjoint et coordinateur des opérations de campagne en vue de l'élection présidentielle de 2017[15]. Il est souvent considéré comme l'un des membres de la garde rapprochée du candidat et surnommé le « ninja »[16], notamment expert dans la gestion des risques et la protection des grands rassemblements du mouvement[17]. Il est à ce titre considéré comme une pièce maîtresse du mouvement présidentiel[2].

Après l'élection d'Emmanuel Macron, il est nommé chargé de mission auprès du chef d’état-major particulier du président de la République, chargé notamment de la coordination de l'état-major avec les différents pôles de l'Élysée et des études et analyses stratégiques[18],[12]. La presse évoque sa proximité professionnelle avec Alexandre Benalla[12], qu'il a lui même embauché juste avant la campagne présidentielle de 2017, faisant le parallèle avec « Malotru », personnage de la série Le Bureau des légendes[5], trait renforcé par le fait qu'il parle également couramment arabe, à la suite notamment d'un séjour au Caire[1]. En mai 2020, les deux hommes rencontrent de manière informelle l'homme d'État Umaro Sissoco Embaló[19], président de la République de Guinée-Bissau, qui les qualifie de « jeunes frères »[20].

À la suite de la nomination d'un nouveau chef d'état-major particulier du président de la République, le 7 juillet 2020[21], il devient conseiller du président de la République sur les questions stratégiques de défense et de sécurité[22], jusqu'en octobre 2022[23].

Carrière militaire et distinctions[modifier | modifier le code]

Adjoint au délégué général pour l'armement[modifier | modifier le code]

Il est nommé directeur, adjoint « anticipation stratégique » au délégué général pour l’armement, sur proposition du ministre des armées, en Conseil des ministres, le 5 octobre 2022[23],[24].

Il est décrit[Par qui ?] comme « trop civil pour les militaires, trop militaire pour les civils »[2].

Officier[modifier | modifier le code]

Officier dans la réserve opérationnelle du corps des officiers des armes depuis 2004, il y est promu régulièrement et devient ainsi :

Il suit en 2013 le stage de l’École supérieure des officiers de réserve spécialistes d'état-major (ESORSEM)[28], rattachée à l'École de guerre[29].

Il est par la suite affecté comme officier réserviste auprès du Commandement des opérations spéciales (COS), au bureau « J9 » chargé des actions civilo-militaires[30], avant d'entrer au 44e régiment d'infanterie[31], une unité traditionnellement rattachée à la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE)[32].

En 2020, parmi plusieurs officiers de gendarmerie, il devient auditeur à l’Institut des hautes études de Défense nationale (IHEDN)[33].

Titulaire de decorations au titre de son engagement dans la réserve[18], il obtient entre autres les médailles suivantes :

Arts martiaux et yoga[modifier | modifier le code]

Ludovic Chaker se forme au kung-fu auprès de maître Liang Chaoqun[35],[36], représentant du « style naturel » (Zi ran men) de la discipline, avant de l'enseigner[37] puis de devenir l'un des dirigeants de l'association Wan Laisheng en France et de publier divers ouvrages sur l'histoire des arts martiaux[38],[39]. Il enseigne également le yoga[31].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f Marc Endeweld, Le grand manipulateur, Stock, , 360 p. (ISBN 978-2-234-08692-0, lire en ligne)
  2. a b c et d Emmanuel Fansten, « Ludovic Chaker, tortueux «ninja» », sur Libération (consulté le ).
  3. Nicolas Idier, Shanghai : Histoire, promenades, anthologie et dictionnaire, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1536 p. (ISBN 978-2-221-11096-6 et 2-221-11096-X, lire en ligne).
  4. « La garde rapprochée d’Emmanuel Macron », sur Les Échos, (consulté le ).
  5. a et b « "L'espion du président", protecteur de Benalla et toujours à l'Elysée », sur Marianne, (consulté le ).
  6. « Sciences Po Alumni », sur sciences-po.asso.fr (consulté le ).
  7. « Un nouveau directeur de cabinet à la mairie », sur La Nouvelle République, .
  8. « https://www.lanouvellerepublique.fr/indre-et-loire/le-ninja-de-l-elysee-ex-jocondien », sur lanouvellerepublique.fr (consulté le ).
  9. Yang Jiaqing, « Ludovic Chaker : une nouvelle dynamique franco-chinoise », sur Pékin information, .
  10. « Il fait campagne grâce au Couchsurfing »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur responsable-communication.net, .
  11. « https://www.lanouvellerepublique.fr/indre-et-loire/commune/joue-les-tours/1-99-8 », sur lanouvellerepublique.fr (consulté le ).
  12. a b et c Ariane Chemin et François Krug, « Ludovic Chaker, l’autre conseiller secret de l’Elysée », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  13. (en) Adam Plowright, The French Exception : Emmanuel Macron – The Extraordinary Rise and Risk, Icon Books Limited, , 204 p. (ISBN 978-1-78578-312-8, lire en ligne)
  14. Olivier Cammas, « L'invité du matin : Ludovic Chaker, secrétaire général du mouvement En Marche d'Emmanuel Macron », sur radiototem.net, .
  15. « Macron fait le plein de soutiens », sur Midi Libre, .
  16. Nathalie Raulin et Guillaume Gendron, « L’équipe Macron affine la mise en scène »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur Libération, .
  17. Christophe Cornevin, « Présidentielle : la sécurité autour de Macron et Le Pen a été renforcée », sur Le Figaro.fr, (consulté le ).
  18. a b et c « Le conseiller de Macron et proche de Benalla Ludovic Chaker est-il décoré de la légion d'honneur ? », .
  19. Fabrice Arfi, Antton Rouget et Marine Turchi, « Benalla a rencontré secrètement un chef d’Etat africain avec un membre de l’Elysée », sur Mediapart (consulté le ).
  20. « Alexandre Benalla a échangé avec un président africain en présence d'un membre de l'Elysée », sur Marianne, (consulté le ).
  21. Décret du 7 juillet 2020 portant nomination d'un officier général (lire en ligne)
  22. Vanessa Ratignier, « Affaire Benalla : Ludovic Chaker, ce curieux conseiller toujours en poste à l’Élysée », sur marianne.net, 2021-10-11utc12:30:00+0200 (consulté le ).
  23. a et b « Compte-rendu-du-conseil-des-ministres-du-mercredi-5-octobre-2022 », sur elysee.fr, (consulté le ).
  24. « Décret du 5 octobre 2022 portant cessation de fonctions et nomination d'un directeur à l'administration centrale du ministère des armées - M. CHAKER (Ludovic) », sur legifrance.gouv.fr, (consulté le ).
  25. « Décret du 19 avril 2007 portant promotion et nomination dans la réserve opérationnelle », .
  26. « Décret du 6 janvier 2012 portant nomination et promotion dans la réserve opérationnelle », .
  27. Jean-Dominique Merchet, « Ludovic Chaker: un ami de Benalla est « chargé de mission » auprès de l’amiral Rogel (actualisé -2) », .
  28. « Union des officiers de réserve de l'Océan Indien - Bulletin n°30 », .
  29. Jean Guisnel, « Armée : les Orsem, une force d'appoint qui a la cote », sur Le Point, (consulté le ).
  30. « Chargé de mission à l’Elysée, Ludovic Chaker ne travaille plus pour la DGSE », sur L'Opinion, (consulté le ).
  31. a et b « Après l’affaire Benalla, les hommes de l’ombre de l’Elysée en pleine lumière », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  32. Jean Guisnel, « Les unités clandestines de la DGSE reçoivent la croix de la Valeur militaire », sur Le Point, (consulté le ).
  33. Webmaster 2, « Plusieurs officiers de Gendarmerie parmi les futurs auditeurs de l'IHEDN », sur La voix du gendarme, (consulté le ).
  34. « Bulletin officiel des armées n°47 »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), 20 octobre 2016).
  35. « Association d'arts martiaux traditionnels chinois Wuxia », sur Wuxia, .
  36. « Palmarès », sur wan-laisheng-france.fr.
  37. Jérémy MAROT et Pauline Théveniaud, Les apprentis de l'Élysée : Grandeur et décadence de la maison Macron, Place des éditeurs, , 269 p. (ISBN 978-2-259-27743-3, lire en ligne)
  38. « Portrait de Liang Chaoqun, maître d’arts martiaux traditionnels », sur wan-laisheng-france.fr, .
  39. « L'Épée de Wudang », Ceinture noire,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Crédit d'auteurs[modifier | modifier le code]