Loïk Le Floch-Prigent

Loïk Le Floch-Prigent, né le à Brest, est un ingénieur et dirigeant d'entreprises français.

Son ascension à la tête d'entreprises publiques a été favorisée, dans un premier temps, par les fonctions qu'il a occupées au cabinet du ministre de l'Industrie et son entregent dans le monde politique. Il fut notamment PDG de l'entreprise pétrolière Elf entre et 1993, puis président de la SNCF de à . Il est par la suite condamné par la justice à des peines de prison ferme pour détournements de fonds dans le cadre de l'affaire Elf.

Loïk Le Floch-Prigent nie ouvertement les conclusions du travail du GIEC, ainsi que les conséquences attendues du changement climatique[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Parcours professionnel[modifier | modifier le code]

En 1967, il est diplômé de l’École nationale supérieure d’hydraulique et de mécanique de Grenoble (Grenoble INP - Ense3). En 1968, il termine ses études à l'école de journalisme de l'université du Missouri-Columbia[2].

De 1969 à 1981, il travaille à la Délégation générale à la recherche scientifique et technique (DGRST)[2]. Il est notamment chargé de mission contractuel urbanisme transports, conseiller chargé de la recherche industrielle, chef du service du fonds de recherche, puis conseiller du directeur général de l'Anvar. Durant ces années, il est un militant actif du Parti socialiste « dont il choisit l'aile gauche »[2]. Il côtoie néanmoins régulièrement Raymond Barre et rencontre Pierre Dreyfus, ex-patron de Renault de conviction socialiste[2].

En 1981-1982, il est directeur de cabinet du ministre de l'Industrie, Pierre Dreyfus[2]. C'est « un zélé artisan des nationalisations » qui ont lieu alors[2]. Il gère notamment le dossier Creusot-Loire. Il se lie avec Maurice Bidermann, PDG du groupe textile du même nom[2].

En 1982, il se trouve bien placé pour être nommé par le Premier ministre Pierre Mauroy, et le ministre Jean-Pierre Chevènement, avec l'aval de l'Élysée, au poste de président-directeur général de Rhône-Poulenc dont il assume la présidence jusqu'en 1986. Il participe au redressement de l'entreprise qui accumulait les pertes avant son arrivée et qui redevient profitable[2]. Par l'intermédiaire d'Alain Boublil, il se rapproche de François Mitterrand[2]. Lorsque Jacques Chirac est nommé Premier ministre en 1986, Le Floch-Prigent se dit favorable à la privatisation de Rhône-Poulenc, mais ne conserve pas son poste[2].

D' à , il est chargé d'une mission d'étude sur l'avenir de l'industrie chimique, pharmaceutique et pétrolière française, auprès de Roger Fauroux, ministre de l'Industrie et de l'Aménagement du territoire.

En , Michel Rocard le nomme président-directeur général d'Elf Aquitaine, alors premier groupe industriel français[2]. Il reste à ce poste quatre années pendant lesquelles la société double sa production de pétrole[2].

En , Édouard Balladur le nomme président de Gaz de France poste qu'il occupe jusqu'en . Enfin, il est nommé par Jacques Chirac fin décembre 1995 président de la Société nationale des chemins de fer français, en remplacement de Jean Bergougnoux. Il ne demeure à la SNCF que jusqu'au , date à laquelle il est mis en examen et écroué dans le cadre de l'affaire nommée alors Elf-Bidermann[3] qui porte notamment sur le financement de l'entreprise textile Bidermann par Elf entre 1989 et 1993.

De 1997 à 2003, il est consultant international (Energy and Transport Consulting). De 2003 à 2005, il est emprisonné à Fresnes. De 2005 à 2010, pour le compte de Pilatus, et dans le cadre de ses expertises minières, il se rend en Afrique, au Congo-Brazzaville, en République démocratique du Congo, au Mali, au Bénin, en Tanzanie, en Égypte, mais aussi en Irak (Kurdistan irakien), en Oman, aux Émirats arabes unis, au Qatar, en Syrie, en Turquie, au Canada, aux États-Unis.

À partir de 2008, il est accusé d'être le responsable de l'organisation d'une escroquerie à la nigériane impliquant Pilatus Energy AG[4]. De 2010 à 2011, il est à nouveau emprisonné à Fresnes pour non-paiement d'amendes antérieures.

En 2011, est créé Pilatus Group à Brazzaville, société au nom similaire à celui de Pilatus Energy AG, avec tentative de reprise d'un permis appartenant à Pilatus Energy Congo Sarl[5].

De 2012 à 2013, il est en détention préventive au Togo[4] puis relâché pour raison médicale dans l'attente d'un jugement dans le cadre d'une affaire d'escroquerie permettant de réduire la liquidité de l'actionnaire de Pilatus Energy AG et donc sa capacité à forer dans le cadre du permis. En 2013, il est de retour en France.

En 2021, plusieurs médias révèlent la possibilité qu'il soit le conseiller économique d'Éric Zemmour pour sa potentielle candidature à l'élection présidentielle de 2022[6].

En 2023, il rejoint un « comité stratégique » du média d'extrême-droite Livre noir[7].

Affaires judiciaires[modifier | modifier le code]

Condamnations pour détournement de fonds[modifier | modifier le code]

Dans le cadre du procès Roland Dumas/Christine Deviers-Joncour (Affaire Dumas), Loïk Le Floch-Prigent est condamné en appel le à 30 mois de prison ferme et deux millions de francs d'amende. Il est incarcéré à la prison de Fresnes (Val-de-Marne) le .

Dans le cadre de l'affaire Elf[8], l'ancien président du groupe est condamné par trois fois notamment pour abus de biens sociaux. Il est écroué le et se trouve soumis à six mois de prison préventive jusqu'au , date de sa libération sous caution de 500 000 F, soit environ 76 225 euros. Le , il est condamné à cinq ans de prison ferme et 375 000 euros d'amende. Il n'a pas fait appel de cette condamnation. Il est remis en liberté le pour raisons de santé. Lors de son procès, Loïk Le Floch-Prigent niera avoir aidé Bidermann pour des raisons d'« amitié », mais « à la demande des pouvoirs publics ». Il désigne plus particulièrement Pierre Bérégovoy et Jean-Yves Haberer, l'ancien président du Crédit lyonnais, enfin des courriers de Dominique Strauss-Kahn, alors ministre de l'Industrie et du Commerce extérieur, en faveur « de l'emploi »[9],[10].

En , il est condamné à 15 mois avec sursis dans le dernier volet judiciaire de l'affaire Elf : un système d’emplois fictifs mis en place en Suisse au début des années 1990[11]. Parmi les bénéficiaires de ces emplois de complaisance présumés se trouvaient des proches de François Mitterrand, de Charles Pasqua ou de l'homme d'affaires corse et ami d'Alfred Sirven, Mathieu Valentini[12].

Roger Quignot, juge d'application des peines (JAP) de Paris, ordonne le son retour en détention. Libéré en 2005, il n'aurait pas respecté les obligations de son contrôle judiciaire. En particulier, le JAP lui a reproché en effet de s’être rendu à l’étranger sans autorisation. Il appartient alors au parquet de Paris de faire exécuter la décision[13],[14]. Le , la cour d'appel de Versailles révoque partiellement sa libération conditionnelle pour avoir « manqué à l'obligation d'indemniser la partie civile en proportion de ses facultés contributives »[15]. Le , la Cour de cassation ordonne son incarcération pour six mois. Il est placé en détention à la prison de Fresnes le .

Procédure judiciaire en cours[modifier | modifier le code]

En , le Togo a émis un mandat d'arrêt international à son encontre, à la suite d'une plainte d'Abbas Yousef, un homme d'affaires de Dubaï. Ce mandat a été réactivé le et mis en application en Côte-d'Ivoire le , avec remise immédiate à la police du Togo.

Détenu au Togo, Loïk Le Floch-Prigent a déposé le à Paris, par l'intermédiaire de son avocat Me Patrick Klugman, une plainte contre X pour « corruption » et « atteinte arbitraire à la liberté par une personne exerçant une fonction publique ».

Un comité de soutien fondé par sa famille en a contacté les autorités françaises et la presse pour favoriser la prise en compte des importants problèmes de santé que Loïk Le Floch-Prigent rencontre dans le cadre de sa détention au Togo, où il ne peut recevoir les soins dont il a besoin, et obtenir son rapatriement en France.

Ce comité a également organisé un rassemblement devant l'ambassade du Togo à Paris le . Il publie un site internet pour rassembler l'ensemble de la documentation, des témoignages et des articles de presse relatifs au différend qui oppose Abbas El Youssef à Loïk Le Floch-Prigent. Dans un billet publié dans Le Point du , Patrick Besson appelle à la libération de Loïk Le Floch-Prigent[16]. Le , pour des raisons de santé, il a été libéré de sa prison togolaise et transmis aux autorités françaises.

Famille[modifier | modifier le code]

Loïk Le Floch-Prigent est le neveu du poète breton Maodez Glanndour. Il a été marié à Fatima Belaïd[17].

Publications[modifier | modifier le code]

  • Pour des fonds de pension européens, Éditions Petrelle, 1998
  • Affaire Elf, affaire d'État, entretiens avec Éric Decouty, Le Cherche midi, 2001 (ISBN 2-8627-4926-5)
  • La Crevette et le Champignon, Le Cherche-Midi, 2005 (ISBN 978-2-7491-0368-6)
    Relation de son expérience de la pêche à pied.
  • Une incarcération ordinaire, Le Cherche midi, 2006 (ISBN 2-7491-0501-3)
    Essai sur l'organisation des prisons à partir de son expérience.
  • Granit rosse, Coop Breizh, 2012 — Roman policier situé à Trébeurden, son lieu de séjour familial.
  • Le Mouton noir : 40 ans dans les coulisses de la République, Pygmalion, 2014 — Ses mémoires
  • La Bataille de l’industrie - La France va-t-elle la perdre ? Peut-elle la gagner ?, Jacques Marie Laffont Éditeur, paru le
  • Carnets de route d'un Africain, éd. Elytel, 2017.
  • Il ne faut pas se tromper : pour en finir avec les idées reçues sur l'énergie et l'industrie, Elytel Éditions, 2018.
  • Le Silence des dolmens, De Borée, 2019 (ISBN 978-2-8129-2557-3)
  • Pour une France industrielle, Elytel Éditions, 2020.
  • Repenser la prison, Paris, Michalon, 192 p., 2020 (ISBN 978-2-8418-6944-2)
  • Capitaines d'industrie : ces Français qui font les succès industriels de la France, Elytel Éditions, 192 p., 2022 (ISBN 978-2-917182-19-2)

Dans la culture[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (fr-fr) Comment la France va-t-elle s’en sortir ? Loïk Le Floch-Prigent [EN DIRECT] Consulté le .
  2. a b c d e f g h i j k et l Dominique Begles, « Des réseaux au service d'une ambition », humanite.fr, 6 Juillet, 1996.
  3. Karl Laske, « Le Floch-Prigent sort de prison. L'ex-patron de la SNCF, libéré hier soir, était détenu depuis le 4 juillet », liberation.fr, 24 décembre 1996.
  4. a et b Jacques Follorou, « Loïk Le Floch-Prigent et la fable du trésor ivoirien », lemonde.fr, 27 septembre 2012.
  5. Voir sur africaintelligence.fr.
  6. Jean-Loup Adenor, « Loïk Le Floch-Prigent, l'ami de gauche d'Éric Zemmour », sur www.marianne.net, 2021-07-09utc17:13:16+0100 (consulté le )
  7. Tristan Berteloot et Nicolas Massol, « Les coulisses sombres de Livre noir, le petit média droitier qui monte », sur Libération (consulté le )
  8. Gilles Gaetner, « L'irrésistible instruction du juge Joly », sur LExpress.fr, (consulté le )
  9. Actualité> Les Faits Divers Quand Le Floch-Prigent aidait son « ami Maurice », leparisien.fr, 2 avril 2003
  10. Après confrontation, Bidermann sort de prison, Le Floch y reste Le juge en sait davantage sur le renflouement du groupe textile., liberation.fr, 23 juillet 1996
  11. « Emplois fictifs chez ELF, Loïk Le Floch-Prigent condamné. », sur news yahoo, 25/3/2007.
  12. Les emplois fictifs d'Elf devant la justice, nouvelobs.com, 8 mars 2007
  13. « Loïk Le Floch-Prigent renvoyé en prison », sur tempsreel.nouvelobs.com, 13/6/2007.
  14. « Le cas Le Floch-Prigent divise les juges », sur tempsreel.nouvelobs.com, 18/06/2007.
  15. « Le Floch-Prigent pourrait être de nouveau arrêté. », sur Le Monde, 16/6/2009.
  16. « Sauver Loïk »
  17. Interview de Fatima Belaïd, par Thierry Ardisson, émission Tout le monde en parle, .

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]