Leonardo Donato

Leonardo Donato
Illustration.
Leonardo Donato
Fonctions
90e doge de Venise

6 ans, 6 mois et 6 jours
Prédécesseur Marino Grimani
Successeur Marcantonio Memmo
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Venise
Date de décès (à 76 ans)
Lieu de décès Venise
Nationalité Italien

Leonardo Donato

Leonardo Donato ou Leonardo Donà (né le à Venise, alors capitale de la république de Venise et mort dans la même ville le ) est le 90e doge de Venise élu en 1606, son dogat dure jusqu'en 1612.

Anti-papiste intransigeant, Leonardo Donato affronte la menace de l'interdit du pape Paul V et après l'avoir subie, il réussit à en faire annuler les effets après une dure bataille théologique.

Biographie[modifier | modifier le code]

Fils de Giovanni Battista et Giovanna Corner, Leonardo Donato étudie la philosophie, l'histoire et les langues anciennes dans les universités de Padoue (où il fait connaissance de Galilée, professeur à l'université de Padoue entre 1592 et 1610) et Bologne. Issu d'une famille de commerçants, Donato dispose d'une richesse somme toute moyenne qui sera accrue par un important legs. On dit que pour bénéficier de ce dernier, il a consulté d'anciens parchemins et étudié les lois successorales. Grâce à cette nouvelle situation, sa carrière progresse rapidement, qui le voit ambassadeur à Constantinople, puis, à Madrid, auprès de l'empereur allemand, podestat, gouverneur et procurateur de Saint-Marc en 1591 et provéditeur de la terre ferme.

Alors qu'il est ambassadeur à Rome, les historiens rapportent la légende selon laquelle le cardinal Borghese, futur pape Paul V, parlant de l'arrogance des Vénitiens envers le pape, aurait dit : « Si j'étais pape, j'excommunierais tous les Vénitiens », auquel Donato aurait répondu : « Si j'étais doge, je rirais de l'excommunication ». Ce récit est évidemment une fiction, mais il illustre l'intransigeance de Donato face à la tentative romaine de soumettre le pouvoir temporel laïc au spirituel. Selon certains, Donato était plus protestant que catholique, mais cette comparaison est considérée comme calomnieuse par beaucoup d'historiens, dont Rendina.

Le dogat[modifier | modifier le code]

À la mort du doge Marino Grimani, Donato présente sa candidature. L'élection se prolonge en raison de la présence de deux autres concurrents, dont son successeur Marcantonio Memmo. Finalement, ses adversaires cèdent et il est élu le , presque à l'unanimité.

Homme sévère et sérieux, il n'organise aucune fête pour son élection, et ses relations avec le peuple sont froides et difficiles. Sans perdre de temps, il examine la réclamation pontificale concernant les deux ecclésiastiques arrêtés par son prédécesseur et réagit comme tous s'y attendaient, en la rejetant[1]. Paul V répond en jetant l'interdit sur la République.

Au lieu de se plier à l'ultimatum, le doge, aidé du savoir en doctrine théologique du frère Paolo Sarpi, répond à son tour par une protestation et tient pour nul l'acte pontifical, ordonnant au clergé de la République de ne pas en faire cas et de continuer à remplir ses fonctions, sous peine d'expulsion immédiate. Les Jésuites, qui ne veulent pas se soumettre à cette injonction, sont chassés et ne pourront revenir avant 1655. Malgré les excommunications « ad personam » de Sarpi et du doge, la situation évolue et le , grâce à la médiation française du cardinal François de Joyeuse, un accord est conclu : les deux ecclésiastiques sont confiés à la France en échange de la révocation de l'interdit. La victoire vénitienne est totale, et la tentative de meurtre de Sarpi, par des sbires pontificaux, échoue ().

Cependant, les rapports déjà froids entre le doge et la population s'enveniment, au point que Donato limite ses sorties publiques pour éviter les insultes de la part de la foule. De nombreuses calomnies, toutes infondées, circulent sur son compte. Le doge meurt le , sans être trop regretté par le peuple, malgré son habileté politique et sa rigueur morale, qui auraient, peut-être, mérité un plus grand respect.

Son tombeau se trouve au-dessus de l'entrée de la basilique San Giorgio Maggiore de Venise.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Voir la biographie de Marino Grimani : Fin 1605, le Saint-Siège accuse la République d’avoir violé la liberté de l’Église en déférant deux ecclésiastiques accusés de crimes de droit commun devant des tribunaux laïcs : le pape Paul V, envoie une protestation formelle le 10 décembre avec une menace d'excommunication pour les membres du gouvernement et de l'interdit pour la république. Le différend entre Venise et le Vatican prend une tournure internationale alors que Grimani, malade, décède le 25 décembre 1605.

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sources[modifier | modifier le code]