Le Soleil (quotidien français)

Le Soleil
Image illustrative de l’article Le Soleil (quotidien français)
Numéro du 1er mai 1886.

Pays France
Langue français
Périodicité quotidien
Genre actualité internationale
Prix au numéro 5 centimes
Fondateur Édouard Hervé et Jean-Jacques Weiss
Date de fondation 1873
Date du dernier numéro 1922
Ville d’édition Paris

Rédacteur en chef Édouard Hervé et Jean-Jacques Weiss

Le Soleil est un quotidien monarchiste français fondé en 1873 et dirigé par les journalistes Édouard Hervé et Jean-Jacques Weiss. Tourné vers l'international, il se vend cinq centimes à la fin du XIXe siècle et au début du siècle suivant. Installé rue du Croissant[1] en pleine République du Croissant, avec pour chroniqueur quotidien, Charles Canivet alias « Jean de Nivelle », c'est, avec Le Temps, l'un des deux quotidiens français les plus tournés vers l'actualité internationale[2].

Histoire[modifier | modifier le code]

Le Soleil est un satellite au Journal de Paris, organe orléaniste et libéral fondé, le , par deux amis journalistes, Jean-Jacques Weiss et Édouard Hervé[3]. Édouard Hervé, membre de l'Académie française à partir de 1886, ancien conseiller et ami du comte de Paris, propriétaire directeur du Soleil jusqu'à sa mort en [4], déclarait :

« Je suis catholique, je vais même à la messe, mais je ne veux pas qu’on la serve dans mon journal[5]. »

Normalien d'opinion libérale sous le Second Empire, converti à l'idée monarchique par la guerre de 1870 et la Commune[6], il se fait vite remarquer par le ton des articles de son équipe. À sa mort, son frère cadet, Jacques Hervé de Kerohant lui a succédé.

Le quotidien espère assister à la fusion des légitimistes et des orléanistes[6]:182. Il gagne rapidement un lectorat intéressé par l’actualité internationale, après avoir refusé de s'engager dans le soutien au général Georges Boulanger[7]. Il fait partie des quotidiens qui envoient un reporter à Berlin pour les élections allemandes de 1887, alors que l’Agence Continentale allemande ne diffuse que peu d’informations sur le sujet[2].

Réputé pour la qualité de ses articles, plus modéré que le reste de la presse royaliste française, Le Soleil a compté parmi ses rédacteurs le grand reporter Félix Dubois, Fernand Rousselot, Hugues Rebell et Paul Bézine, l’un des fondateurs de l'association Jeunesse royaliste, en 1890, et fondateur de l'association anti-franc-maçonne Le Grand Occident de France[8] qui, en 1912, a rompu avec le parti royaliste[9]. Collaborateur du quotidien dans les années 1870, Louis Peyramont y rédige des articles de politique étrangère[10].

Entre 1898 et 1899, le tirage du Soleil est passé de 40 000 à 25 000 exemplaires vendus en seulement un an, pour avoir déconcerté son lectorat en prenant la défense du capitaine Dreyfus, alors que dans leur ensemble les royalistes se situent parmi les antidreyfusards, ce qui causa le départ du frère et successeur du fondateur[11],[12].

Repris en main par le conseiller municipal de Paris Ambroise Rendu, il rachète en 1901 Le Moniteur universel[13]. Devenu un journal quotidien à prétentions populaires, il coûte 5 centimes le numéro seulement mais déplaît à beaucoup de royalistes français par le ton de ses articles.

Sa dernière publication a lieu en 1922[14].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Le Café du Croissant (D'après Les cafés artistiques et littéraires de Paris, paru en 1882)
  2. a et b Michaël Palmer, Des petits journaux aux grandes agences : naissance du journalisme moderne, 1863-1914, Paris, Aubier, , 350 p., 22 cm (ISBN 978-2-7007-0346-7, OCLC 10953876, lire en ligne), p. 124.
  3. Odette Carasso, Arthur Meyer, Directeur du Gaulois : un patron de presse juif, royaliste et antidreyfusard, Paris, Imago, , 256 p. (ISBN 978-2-84952-524-1, lire en ligne), p. 198.
  4. Yves-Jean Saint-Martin, Félix Dubois : 1862-1945 : grand reporter et explorateur, de Panama à Tamanrasset, Paris (lire en ligne), p. 23.
  5. Fabien Nicolas et Philippe Lacombrade, Vin et République, Paris, Pepper, , 310 p. (ISBN 978-2-296-24516-7, lire en ligne), p. 30.
  6. a et b René Rémond, La Droite en France : de la première Restauration à la Ve République, Paris, Aubier-Montaigne, , 414 p. (OCLC 1006815126, lire en ligne), p. 321.
  7. Fresnette Pisani-Ferry, Le Général Boulager, Paris, Flammarion, , 295 p., 22 cm (OCLC 868660889, lire en ligne), p. 246.
  8. Association connue jusqu’en 1898, sous le nom de Ligue Antisémitique de France.
  9. Académie nationale de Metz, Mémoires de l'Académie nationale de Metz, Editions le Lorrain, (lire en ligne), p. 8.
  10. Georges d'Heylli, Dictionnaire des pseudonymes, Paris, Édouard Dentu, , iii-559, 1 vol. ; 19 cm (OCLC 763876669, lire en ligne), p. 346.
  11. Bertrand Joly, Nationalistes et conservateurs en France : 1885-1902, Paris, Les Indes savantes, , 390 p. (ISBN 978-2-84654-130-5, lire en ligne), p. 205.
  12. À la même époque, Le Petit Journal perd aussi des lecteurs pour avoir adopté la posture inverse et choqué un lectorat de gauche modérée en attaquant le capitaine Dreyfus.
  13. Ernest Renauld, « L’Action française » contre l’Église catholique et contre la monarchie, Paris, Tolra, , in-8° (OCLC 251942412, lire en ligne), p. 80.
  14. « Le Soleil », sur www.retronews.fr (consulté le )