Le Curé et le Mort

Le Curé et le Mort
Image illustrative de l’article Le Curé et le Mort
Dessin de Grandville

Auteur Jean de La Fontaine
Pays Drapeau de la France France
Genre Fable
Éditeur Claude Barbin
Lieu de parution Paris
Date de parution 1678
Chronologie

Le Curé et le Mort est la dixième fable du livre VII de Jean de La Fontaine situé dans le second recueil des Fables de La Fontaine, édité pour la première fois en 1678.

Texte de la fable[modifier | modifier le code]

Un mort s’en allait tristement
S’emparer de son dernier gîte ;
Un Curé s’en allait gaiement
Enterrer ce mort au plus vite.
Notre défunt était en carrosse porté,
Bien et dûment empaqueté,
Et vêtu d’une robe, hélas ! qu’on nomme bière,
Robe d’hiver, robe d’été,
Que les morts ne dépouillent guère.
Le Pasteur était à côté,
Et récitait à l’ordinaire
Maintes dévotes oraisons,
Et des psaumes et des leçons,
Et des versets et des répons :
Monsieur le Mort laissez-nous faire,
On vous en donnera de toutes les façons ;
Il ne s’agit que du salaire.
Messire Jean Chouart couvait des yeux son mort,
Comme si l’on eût dû lui ravir ce trésor,
Et des regards semblait lui dire :
Monsieur le Mort, j’aurai de vous
Tant en argent et tant en cire[N 1],
Et tant en autres menus coûts.
Il fondait là dessus l’achat d’une feuillette
Du meilleur vin des environs ;
Certaine nièce assez propette,
Et sa chambrière Pâquette
Devaient avoir des cotillons.
Sur cette agréable pensée
Un heurt survient, adieu le char.
Voilà Messire Jean Chouart
Qui du choc de son mort a la tête cassée :
Le Paroissien en plomb[N 2] entraîne son Pasteur ;
Notre Curé suit son Seigneur ;
Tous deux s’en vont de compagnie.
Proprement toute notre vie ;
Est le Curé Chouart qui sur son mort comptait,
Et la fable du Pot au lait.

— Jean de La Fontaine, Fables de La Fontaine, Le Curé et le Mort, texte établi par Jean-Pierre Collinet, Fables, contes et nouvelles, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1991, p. 268

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Pour les cierges
  2. « Le pauvre homme est en plomb : c'est-à-dire est mort et est couché tout de son long dans un cercueil de plomb »(Richelet)

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