La Rambla

La Rambla
Image illustrative de l’article La Rambla
Vue aérienne de la Rambla.
Situation
Coordonnées 41° 22′ 53″ nord, 2° 10′ 29″ est
Pays Drapeau de l'Espagne Espagne
Région Drapeau de la Catalogne Catalogne
Ville Barcelone
Quartier(s) Quartier gothique
El Raval
Port Vell
Début Place de Catalogne
Fin Port Vell
Morphologie
Type Avenue
Fonction(s) urbaine(s) Circulation, promenade
Longueur 1 200 m
Largeur 35 m
Géolocalisation sur la carte : Barcelone
(Voir situation sur carte : Barcelone)
La Rambla
Géolocalisation sur la carte : Espagne
(Voir situation sur carte : Espagne)
La Rambla

La Rambla, les Ramblas ou les Rambles (prononcé en catalan : [lə(s) ˈram.bɫə(s)]) est une avenue emblématique de Barcelone qui relie la place de Catalogne, centre névralgique de la ville, au Port Vell où se dresse la colonne Christophe Colomb.

Histoire[modifier | modifier le code]

La Rambla est située sur les remblais alluvionnaires formés par l'avancée de la côte sur les pentes du mont Taber romain. Son histoire commence avec la construction de la seconde muraille de la ville par Jaume I et son urbanisation lors de la création de la troisième muraille par Pierre le Cérémonieux[1].

À cette époque, la Rambla n'était que l'espace devant la muraille, où coulait le ruisseau, Riera d'en Malla qui coule depuis les hauteurs de la ville (Collserola) agrège divers ruisseaux et débouche sur la mer au niveau de l'actuelle Place du Duc de Medinaceli et de l'Église de la Mercè[1]. Le lit de ce fleuve s'étalait au niveau de la Tour des Canaletes, et, avec les aménagements successifs, il reçut non seulement une bonne part des eaux fluviales de la ville, mais aussi les eaux usées. Avec la construction de la troisième muraille de la ville, toute la zone sèche fut bâtie, laissant une zone humide et sale prise dans l'intervalle. Les autorités voulurent assainir la situation, et dévièrent le cours de la rivière pour qu'elle contourne la ville, passant devant le collège des Caspe, qui donne le nom à la rue homonyme[1].

Le terrain assaini mit à jour le lit sablonneux du fleuve. La zone fut alors nommée « rambla », terme qui prend son origine dans l'arabe « ramla » sable. La zone commença à être urbanisée.

Cependant, une partie des affluents de la Riera d'en Malla continuait à déboucher dans cette zone. L'ancien cours d'eau fut alors pourvu d'un égout de grande taille. L'urbanisation reprit, et au XVe siècle la muraille qui bordait la Rambla du côté de l'actuel quartier gothique fut détruite au profit d'une muraille enserrant l'ensemble de la ville[1].

Toponymie[modifier | modifier le code]

Le mot catalan rambla est dérivé du mot arabe رمل, ramla, signifiant « sable »[2]. C'est un terme générique et habituel dans les pays catalans, et particulièrement au Pays valencien pour désigner un petit cours d'eau habituellement sec, qui ne se remplit qu'à certains moments de l'année, typique des régimes de pluies irrégulières de la péninsule ibérique. Par extension, une « rambla », est le lit d'une rivière. La première trace écrite du terme en catalan date de 1249.

À Barcelone, la Rambla était occupée par le lit d'un ancien ruisseau, la Riera d'en Malla » qui fut totalement couvert en 1850. La Rambla de Barcelone reçoit plusieurs noms selon le tronçon considéré. Du nord au sud, les noms sont les suivants :

  • la Rambla de Canaletes, avec la fontaine de Canaletes, est installée là depuis très longtemps. Selon la tradition, le visiteur qui boit son eau reviendra voir Barcelone.
  • la Rambla des Études, nommée ainsi à cause de la présence de l'université (édifice XVe siècle). Les bâtiments sont convertis en caserne par Philippe V, avant d'être détruits en 1843 ;
  • la Rambla de Saint-Joseph, à cause de l'ancien couvent de Saint-Joseph (ou Rambla des Fleurs), l'unique lieu de la ville de vente de fleurs au XIXe siècle. L'activité est maintenue avec la vente d'oiseaux ;
  • la Rambla des Capucins (ou Rambla du Centre), nommée ainsi à cause de l'ancien couvent des Capucins ;
  • la Rambla de Sainte-Monique, donnant sur le port et où se trouve la paroisse qui lui donne son nom.

Ce sont ces différents tronçons qui donnent le nom au pluriel : les Rambles.

Localisation[modifier | modifier le code]

Les Rambles.

La Rambla permet de traverser la vieille ville de Barcelone. Elle sépare El Raval (à l'ouest) du quartier gothique (à l'est). Les deux quartiers sont parmi les plus animés de la ville.

La Rambla se prolonge vers la mer dans le vieux port par la Ramble de Mer (Rambla de Mar), une promenade sur une passerelle de bois servant à relier le quai d'Espagne. La rambla se prolonge également vers la terre, au-delà de la place de Catalogne par la Rambla de Catalogne.

La Rambla s'ouvre sur la porte de la Paix, elle-même ouverte sur le Port Vell où est construit le monument à Christophe Colomb emblématique de la ville. Le musée maritime est construit dans les anciens chantiers navals royaux où étaient construits les navires permettant de relier Barcelone aux possessions de la couronne sur la mer Méditerranée. Le Port Vell est en lui-même un quartier qui offre nombre de boutiques, de restaurants, de cinémas et un important aquarium sous-marin.

Description[modifier | modifier le code]

Voie piétonne centrale de la Rambla.
La Rambla.

L'avenue se compose d'une voie piétonne centrale bordée par deux voies carrossables de sens inverses. L'ensemble mesure en moyenne 35 m de large sur 1,2 km de long.

La promenade est particulièrement fréquentée, aussi bien le jour que la nuit. Elle est jalonnée de petits kiosques de presse, de marchands de fleurs, d'oiseaux et d'animaux, de bars et restaurants, de mimes, de commerces et de vendeurs ambulants, le plus souvent d'origine indo-pakistanaise. On y trouve plusieurs immeubles d'intérêt comme le palais de la vice-reine, le marché couvert de la Boqueria, l'ancienne maison Figueres et célèbre théâtre du Liceu qui sert d'opéra à la ville. Au bout de la Rambla, le grand magasin El Corte Inglés. Les rues avoisinantes sont représentatives du quartier telles que la rue Ferran et la plaça Reial. Un peu plus loin se trouve la place Sant Jaume, cœur politique de la ville. La Rambla compte un grand nombre de cafés et de restaurants. C'est le lieu de réunion le dimanche de collectionneurs de timbres et de monnaies et un des principaux lieux touristiques de la ville. Autrefois promenade populaire et bourgeoise, le tourisme de masse (notamment depuis les Jeux olympiques d'été de 1992) lui a fait perdre son caractère authentique, et elle n'est presque plus fréquentée par les habitants[3].

Histoire[modifier | modifier le code]

Barcelone vers 1700, montrant la Rambla descendant le centre et flanqué par le vieux mur de la vieille ville côté droite (en descendant).

La Rambla est construite sur le lit de l'ancien ruisseau, connu en 1850 sous le terme de riera d'en Malla[4],[5]. Des murailles et plusieurs couvents furent construits le long de ce ruisseau[6], qui fut dévié en plusieurs étapes[7] (d'où le nom « rambla », qui renvoie au « sable » de cette rivière)[3]. Le ruisseau ne coule plus depuis la fermeture de la Rambla par les murailles[4].

Le terme de Rambla est présent par exemple sur un plan du Siège de Barcelone (1713-1714), entre l'ancienne ville et la ville nouvelle, à l'extérieur des murailles de la ville ancienne[8].

En 1704, les murailles furent remplacées par des maisons autour du marché de la Boqueria[6]. Au XVIIIe siècle déjà la place de La Rambla est un lieu de rassemblement les soirées d'été[9].

En 1820, la Rambla fait l'objet d'une peinture de Joseph Flaugier au pla de la Boqueria.
Sur la Rambla de Barcelone (1900), illustration de Mariano Pedrero pour la revue Nuevo Mundo.
La Rambla en 1899, à hauteur de la place de la Boqueria, par le photographe Antoni Esplugas.
La Rambla en 1905.

En 1805, le passeo de la Rambla est mentionné dans un carnet de voyage d'Europe[10]. En 1820, La Rambla fait l'objet d'une peinture au pla de la Boqueria par le peintre français Joseph Flaugier. En 1828, la Rambla reste dans la promenade autour de la ville conseillée par le guide du voyageur[11].

La majeure partie des couvents disparut lors des incendies volontaires de 1835. La ville fut aussi bombardée en 1840/1842[12]. Sur l'espace libéré, des édifices actuels ont été construits, tels que le Liceu.

Dès 1702 des arbres sont mentionnés à la Rambla : tout d'abord 280 peupliers, remplacés plus tard par des ormes, puis à nouveau par des acacias en 1832 et enfin par les platanes actuels en 1859[13].

La fontaine de Canaletes fut inaugurée en 1860, mais en 1862, les deux rues perpendiculaires (rue de la Boqueria, et rue de l’Hôpital) furent inondées[14].

La vente de fleurs traditionnelle a commencé au milieu du XIXe siècle.

Au XIXe siècle, l'écrivain Edmondo De Amicis écrit « Une rue droite et très large, appelée la Rambla, ombragée par deux rangées d'arbres, coupe presque la ville en deux moitiés, du port à l'autre extrémité. »[15].

En 1837, l'écrivain Stendhal écrit dans ses Mémoires d'un touriste : « La Rambla m'a charmé »[3].

En 1976, le Pla de la Boqueria est décorée par Joan Miró d'une mosaïque en céramique réalisée en même temps que Dona i ocell, toutes deux sur commande de la ville.

En 1976, la Mosaic del Pla de l'Os, ou Paviment Miró, une œuvre réalisée par Joan Miró est située sur la Rambla de Barcelone.

Histoire récente[modifier | modifier le code]

Plaque en mémoire de l'actrice Mary Santpere.

Le , la Rambla est le théâtre d'un attentat à la voiture bélier lorsqu'un véhicule, de type fourgonnette, entre dans cette allée piétonne et fauche des passants, tuant 15 personnes et en blessant de nombreuses autres[16],[17].

Musées[modifier | modifier le code]

Le centre d'art et de l'image, le Palais de la Virreina, se situe sur l'avenue[18], tout comme le centre culturel Arts Santa Mónica[19].

Galerie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d « Como naciǒ la Rambla », La Vanguardia,
  2. Riba Arderiu et Colombo i Piñol 2009, p.52, note 29.
  3. a b et c Mathieu de Taillac, « Las Ramblas - Le "paseo" où il faisait bon voir et être vu », Le Figaro, mardi 6 août 2013, page 11.
  4. a et b (es) P. y Sagasti Madoz (Madrid, A.), Diccionario geográfico-estadístico-histórico de España y sus posesiones de ultramar, , 622 p. (lire en ligne).
  5. « Nouveau guide en Espagne, par Arthur de Grandeffe », sur Gallica, (consulté le ).
  6. a et b Histoire de la Rambla, sur le site de la mairie de Barcelone.
  7. Riba Arderiu et Colombo i Piñol 2009, p.52-54.
  8. Plan de Barcelone : et des attaques fait par l'armée du Roy commandée par M. le Maréchal de Berwick le 7 juillet 1714 et rendu à discrétion le 12 septembre de la mesme année / Par le S[ieu]r Dubuisson, Ingén[ieu]r, 1697-1714 (lire en ligne)
  9. Giuseppe (1719-1789) Baretti, Voyage de Londres à Gênes. Tome 4 /. Passant par l'Angleterre, le Portugal, l'Espagne et la France. Par Joseph Baretti,... Traduit de l'anglois sur la 3e édition..., M. M. Rey, (lire en ligne)
  10. Heinrich August Ottokar (1751-1828) Auteur du texte Reichard, Guide des voyageurs en Europe, par Reichard,... 3e édition..., au Bureau de l'Industrie, (lire en ligne)
  11. « Guide classique du voyageur en Europe. T1 », sur Gallica, 1828-1829 (consulté le ).
  12. Étienne (1788-1856) Cabet, Bombardement de Barcelone, ou voilà les Bastilles ! : histoire de l'insurrection et du bombardement, documents historiques, opinion des journaux espagnols, anglais et français, appréciation des faits / par M. Cabet,..., au bureau du "Populaire", (lire en ligne)
  13. Pepi Bauló, « Les fleuristes de la Rambla: une tradition florissante », Barcelonina,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14. « La Presse », sur Gallica, (consulté le ).
  15. Charles de (1829-1899) Varigny, Nouvelle géographie moderne des cinq parties du monde. II. Europe : Europe méridionale, Europe occidentale / par C. de Varigny, E. Girard et A. Boitte, (lire en ligne)
  16. Un véhicule fonce sur la foule à Barcelone, plusieurs blessés, Le Monde, 17 août 2017.
  17. Atentado en La Rambla de Barcelona, El País, 17 août 2017.
  18. « La Virreina. Centre de la Imatge - Visit Barcelona », sur www.barcelonaturisme.com
  19. (ca) « Inici. Santa Mònica », sur artssantamonica.gencat.cat

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (ca) Oriol Riba Arderiu et Ferran Colombo i Piñol, Barcelona : la Ciutat Vella i el Poblenou, Institut d'Estudis Catalans, , 278 p. (ISBN 9788492583393, lire en ligne).

Liens externes[modifier | modifier le code]