La Discorde chez l'ennemi

La Discorde chez l'ennemi
Image illustrative de l’article La Discorde chez l'ennemi
Couverture de l'édition originale de 1924.

Auteur Charles de Gaulle
Pays Drapeau de la France France
Genre Essai
Éditeur Berger-Levrault
Date de parution 1924
Nombre de pages 244

La Discorde chez l'ennemi est un livre publié par Charles de Gaulle en 1924 chez l'éditeur Berger-Levrault.

Contexte historique[modifier | modifier le code]

Lors de la bataille de Verdun, en , le capitaine de Gaulle est sérieusement blessé et fait prisonnier à Douaumont. Hospitalisé puis convalescent, germanophone, il a abondamment accès à la presse allemande. Rétabli et après cinq tentatives d'évasion, il est finalement interné à la forteresse d'Ingolsdadt jusqu'à la fin 1918[1], période qu'il mettra à profit pour se plonger dans la presse allemande ainsi que dans des biographies et ainsi acquérir informations et connaissances[2].

Au début des années 1920, le capitaine de Gaulle, alors au cabinet du maréchal Pétain, fait plusieurs conférences à l'École supérieure de guerre à Paris sur le déroulement du Premier Conflit mondial. Ces conférences sont réunies en un livre intitulé La Discorde chez l'ennemi. Cet essai, paru en 1924, est le premier livre de Charles de Gaulle[3].

Contenu[modifier | modifier le code]

L'objet de cet ouvrage est d'analyser les différents centres de décision qui opéraient en Allemagne pendant la guerre, notamment le conflit au sujet de la guerre sous-marine à outrance, entre les civils, dirigés par le chancelier Bethmann Hollweg et les militaires dirigés par le « tandem » Hindenburg-Ludendorff et l'amiral von Tirpitz. Le chancelier insiste sur le risque que représente cette guerre pouvant provoquer l'entrée en guerre des États-Unis tandis que les militaires ne s'intéressent qu'aux statistiques de hausse des destructions des navires de ravitaillement de la Grande-Bretagne. Un autre exemple d'intervention militaire dans la vie politique civile est Ludendorff manipulant Matthias Erzberger pour déposer Bethmann-Hollweg.

Un autre point portant sur la subordination des officiers à leurs supérieurs est Alexandre von Kluck désobéissant à ses supérieurs lors de la Bataille de la Marne, faisant ainsi perdre une chance d'une victoire décisive; de Gaulle analyse l'exemple de Moltke donnant de grandes libertés à ses subordonnés et comment ce mode de fonctionnement a des inconvénients.

La coopération entre empire centraux, ou plutôt ses carences, est aussi abordée.

Finalement, la déroute et la panique parmi la population civile allemande suite à l’échec de la bataille de la Marne de 1918 est décrite dans le dernier chapitre.

L'expérience prouvera l'erreur des militaires et en conclusion, de Gaulle insiste sur la suprématie du pouvoir civil sur les militaires parce que le premier doit avoir une vision des choses beaucoup plus large que les seconds[4].

Rééditions, traductions[modifier | modifier le code]

La première parution date de 1924, la seconde de 1944 puis il y a eu plusieurs autres rééditions dans les années 1960, 70 et 80[5] avec notamment une réédition chez le Livre de poche en 1973.

Le livre est également traduit en anglais (traduction de Robert Eden) sous le titre The Enemy's House Divided[6] en 2002.

En 2018, l'ouvrage est réédité chez un nouvel éditeur, les Éditions Perrin, et adjoint d'une présentation de l’ancien ministre Hervé Gaymard[7],[8].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Les grandes dates de la vie du général de Gaulle, sur lemonde.fr (archives), 23 décembre 1958
  2. Benedikt Schoenborn, La mésentente apprivoisée : De Gaulle et les Allemands, 1963-1969 (2007), XII. Présence du passé, p. 361-384., Graduate Institute Publications, , 434 p. (ISBN 978-2-940549-10-8, lire en ligne sur books.openedition.org)
  3. Pierre-Henri Simon, De Gaulle, son verbe et son style, sur lemonde.fr (archives), 13 novembre 1970
  4. Jean Montenot, Quel écrivain fut de Gaulle? sur lexpress.fr, 18 juin 2010
  5. Toutes les éditions pour La Discorde chez l'ennemi sur worldcat.org (consulté 15 février 2019)
  6. (en) Annika Mombauer (Department of History, The Open University, United Kingdom), Charles de Gaulle. The Enemy's House Divided. Chapel Hill and London: University of North Carolina Press, 2002, sur H-German, H-Net Reviews, avril 2004
  7. Gérard Courtois, 1918, les engrenages de la défaite allemande sur lemonde.fr, 7 novembre 2018
  8. Jean-René Van der Plaetsen, Hervé Gaymard, le gaullisme romantique, sur lefigaro.fr, 28 septembre 2018

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean-Paul Bled, « La Discorde chez l'ennemi, un premier regard sur l’histoire », dans Charles de Gaulle : du militaire au politique, 1920-1940 : colloque international, École militaire, Paris, 28 et , Paris, Plon / Fondation Charles de Gaulle, coll. « Espoir », , 479 p. (ISBN 2-259-20042-7), p. 217-222.
  • (en) Robert A. Doughty, « The Enemy's House Divided (review) », The Journal of Military History, vol. 67, no 2,‎ , p. 587-588 (ISSN 1543-7795, DOI 10.1353/jmh.2003.0113).
  • Pierre Messmer et Alain Larcan, Les écrits militaires de Charles de Gaulle : essai d'analyse thématique, Paris, Presses universitaires de France, , 592 p. (ISBN 2-13-039169-9).
  • Philippe Ratte, « De Gaulle historien », dans Charles de Gaulle : du militaire au politique, 1920-1940 : colloque international, École militaire, Paris, 28 et , Paris, Plon / Fondation Charles de Gaulle, coll. « Espoir », , 479 p. (ISBN 2-259-20042-7), p. 223-237.
  • Tigrane Yégavian, « La pensée stratégique du général de Gaulle : entretien avec Hervé Gaymard », Cahiers de Conflits, no 4,‎ , p. 51-57 (ISSN 2274-4444, lire en ligne).

Liens externes[modifier | modifier le code]