L'Idée de la phénoménologie

L'Idée de la phénoménologie
Auteur Edmund Husserl
Pays Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Genre philosophie
Titre Idee der phänomenologie
Traducteur Alexandre Lowit
Éditeur PUF
Collection Épiméthée
Date de parution 2010
Nombre de pages 136
ISBN 978-2-13-044860-0

L'Idée de la phénoménologie est un texte du philosophe allemand Edmund Husserl, Die Idee der Phänomenologie. Fünf Vorlesungen, composé en 1907, dans lequel il présente les intuitions fondamentales qui sont à l’origine de sa phénoménologie[1]. « L'idée d'une phénoménologie transcendantale, d'un idéalisme transcendantal passant par le chemin de la réduction phénoménologique trouve sa première expression publique dans les Cinq conférences qui portent le titre de L'idée de la phénoménologie » écrit Paul Ricœur [2]. Ces écrits sont dans l'édition française précédés d'un très long « Avertissement » que l'on doit au traducteur Alexandre Lowit suivis, d'un Résumé des cinq leçons et en fin d'ouvrage de trois annexes. Les Cinq leçons vont être pour Husserl l'occasion de présenter pour la première fois sa méthode qui va passer par l'époché et la Réduction phénoménologique, note Mario Charland[3]. .

Objectif de l'œuvre[modifier | modifier le code]

Pour Alexandre Lowit[4], les Cinq leçons de Husserl éclairent le tournant idéaliste du philosophe après la période du réalisme des Recherches logiques . Husserl justifie cet itinéraire par l'accent qu'il met sur « l'analyse phénoménologique de la connaissance par où nous est donné le monde des réalités »[5],[N 1].

La conversion idéaliste à un « Moi » phénoménologique demande de lever « l'obstacle qui empêche de reconnaître la présence perceptive du monde comme présence immédiate du monde existant en chair et en os »[6]. À cet effet, les Cinq leçons vont être pour Husserl, l'occasion de présenter pour la première fois sa méthode qui va passer par l'époché et la Réduction phénoménologique, souligne Mario Charland[3]. Emmanuel Housset [7], dit de L'idée de la phénoménologie de 1907 qu'elle est dans l'intention même de Husserl, un texte de commencement qui doit ouvrir à une authentique compréhension de la Réduction phénoménologique.

Mouvement général de l'œuvre[modifier | modifier le code]

Arnaud Dewalque[1], professeur à l'Université de Liège, en fait un résumé lapidaire (voir en note)[N 2].

Avec cette œuvre, Husserl découvre la nécessité de mettre en scène un sujet, non empirique, pas un “moi”, mais un ego qui possède un regard pur et désintéressé, l'ego transcendantal. « Husserl introduit pour la première fois de manière systématique les notions d'épochè et de réduction, deux temps méthodiques qu'il met en œuvre dans son entreprise de fondation d'une nouvelle science philosophique : la phénoménologie transcendantale »[8].

Première leçon[modifier | modifier le code]

La première leçon interroge les conditions de « possibilité de la connaissance ou plus exactement la possibilité pour la connaissance d'atteindre un objet qui pourtant est en soi-même ce qu'il est »[9]. Ce qui est en jeu dans cette première leçon c'est selon François Rousseau[10], auteur d'un mémoire universitaire sur ce texte, la possibilité « de convaincre le lecteur qu'une nouvelle science philosophique s'avère essentielle pour être en mesure de surmonter les apories auxquelles est confinée, dans ce cas-ci, la théorie de la connaissance ». En opérant une coupure radicale entre un monde de corps et un monde de l'esprit, duquel relève la connaissance par le biais du vécu psychique, Husserl fait le constat que la pensée naturelle se prive de tout moyen de concevoir une corrélation harmonieuse entre les deux mondes[11].

Husserl introduit son propos en mettant en scène le conflit qui existe entre l'« attitude naturelle » et l'esprit de la « philosophie critique », qui cherche à réparer cette déchirure[N 3]. « Le théâtre de ces obscures et contradictoires théories, ainsi que des interminables disputes qui s'y rattachent, est la théorie de la connaissance, ainsi que la métaphysique, qui est, historiquement comme de par la nature des choses, intimement liée avec elle »[12]. S'il y a bien un consensus de la pensée naturelle c'est que la connaissance ne connaît point de limite et « qu'il ne peut y avoir qu'une méthode de connaissance commune à toutes les sciences y compris la philosophie »[N 4](p. 45). Or Husserl s'attache à montrer par toute une série d'exemples que « la possibilité de la connaissance devient partout une énigme »(p. 43).

Ces contradictions résultent de ce que Husserl nomme « attitude naturelle »[N 5], dans laquelle « nous sommes immergés au quotidien, et par laquelle nous entrons en contact avec le monde, sans même y réfléchir et, sans sentir le besoin de la problématiser pour elle-même », elle concerne le quotidien comme la pensée scientifique et préscientifique.

La philosophie qui a pour tâche de donner un fondement solide à la connaissance « a besoin de points de départ totalement nouveaux et d'une méthode totalement nouvelle qui la distingue par principe de toute science naturelle » (p. 46). De plus précise Husserl si la nouvelle science philosophique doit faire preuve de rigueur scientifique ce n'est pas au sens de l'objectivité. Qui dit scientificité ne dit pas science objective[13]. La nouvelle science aura pour tâche de résoudre « les problèmes que renferme la corrélation entre [...] le sens cognitif et l'objet de la connaissance ainsi que de mettre en lumière le sens essentiel de l'objet connaissable » (p. 43). Pour cela elle « doit faire abstraction de tout le travail accompli dans les sciences naturelles » (p. 46)

Pour éveiller le regard phénoménologique, qui suppose un détachement de l'attitude naturelle[N 6], le phénoménologue est pourtant contraint de partir de la dimension mondaine correspondant à cette même attitude naturelle[N 7], pour ultérieurement s'en détacher[N 8]. « Il doit initier la réflexion philosophique à partir d'un autre motif, mondain c'est-à-dire un motif qui s'inscrit dans une préoccupation propre à l'attitude naturelle et qui est susceptible de préoccuper le lecteur qui n'a pas encore effectué le renversement de l'attitude naturelle  »[14]. Il va s'avérer que la nécessité de porter un nouveau regard n'apparaît que dans et par la « réduction phénoménologique » dont à ce stade, on ne connaît rien[N 9]. François Rouseau parle d'une circularité « herméneutique ».

Deuxième leçon[modifier | modifier le code]

« Une fois le lecteur sensibilisé à la possibilité d'une science philosophique d'un genre totalement nouveau, la seconde leçon de L'idée de la phénoménologie a pour mandat de nous introduire à cette nouvelle science - qui s'avère être la seule manière d'être en accord à la fois avec la scientificité et la philosophie telles qu'elles sont apparues originellement » écrit François Rousseau[15]. À cet effet, relève François Rousseau[16], Husserl cherche, selon ses propres termes, « à établir ce que la connaissance est selon son essence, ce que renferme le sens de la relation à un objet qui lui est attribué, et le sens de la validité objective ou de la propriété d'atteindre l'objet, qui doit être la sienne lorsqu'elle doit être connaissance au sens authentique (p.51) »[N 10](p. 43). « Husserl détermine l'attitude phénoménologique par une époché [...] cette « époché » est engagée à partir de la méthode cartésienne du doute »[17]. « Husserl, fonde sa critique de la connaissance sur une réduction des connaissances naturelles c'est-à-dire que l’on doit faire abstraction de l’ensemble de nos connaissances issues soit de notre expérience quotidienne du monde ou de théories scientifiques »[18].

Dans la démarche du doute radical, qui est celle d'Husserl « c'est toute connaissance qui est mise en question, puisque c'est la possibilité même de la connaissance en général que la critique de la connaissance déclare problématique »(p. 56). À la suite de Descartes, Husserl découvre que quelque chose au moins échappe au doute : le « vécu » à titre d'évidence originaire[1],[N 11]. Ainsi dans son principe toute science fait signe vers une sphère d'êtres susceptibles de nous être donnés absolument pourvu que je réfléchisse sur eux, que je les accueille tels que je les vois, ce que l'on résume dans l'idée de « vécu ». Si je peux accomplir une perception je peux en outre me représenter une perception ou m'en souvenir. Pour Husserl, « tout vécu intellectuel et tout vécu en général , au moment où il s'accomplit, peut devenir objet d'une vue et saisie pure, et dans cette vue il est une donnée absolue » (p. 54)[N 12]. « Mon vécu devient un objet de connaissance en soi et est saisi dans une présence absolue, dans une évidence immédiate [...] La conscience vit dans la présence absolue de ses vécus et à partir d'eux, elle pose l'existence de quelque chose qui n'est pas elle »écrit François Rousseau[19]

Quels que soient nos efforts, ce rapport à l'objet reste une énigme, celle de comprendre comment la science transcendantale est possible[N 13]. Husserl conclut : « c'est uniquement si ce rapport était susceptible d'être précisément donné lui-même, comme quelque chose qui peut être vu, que je pourrais la comprendre »[N 14](p. 63).

Troisième leçon[modifier | modifier le code]

La troisième leçon débute par l'étude de la distinction entre phénomène psychologique et phénomène au sens de la phénoménologie. Husserl distingue « le phénomène pur au sens de la phénoménologie du phénomène psychologique, objet de la psychologie comme science de la nature » et à ce titre susceptible d'être mis hors circuit (p. 68). C'est de cette différence de statut entre objets immanents et transcendants que découle la nécessité de la « réduction ». C'est la réduction qui va nous permettre « d'atteindre le phénomène « pur » en le distinguant bien du " phénomène psychologique »[20],[N 15].

La perception naturelle d'un objet est ainsi ressentie comme un « vécu » du moi, en ce sens elle est un fait psychologique. Ce n'est que par une double réduction appliquée successivement au monde, au moi, et au vécu que se dégage, dans son essence, le fait phénoménologique pur de la perception[N 16]. Husserl constate :

  1. Les objets transcendants (les objets du monde), ne nous sont pas donnés directement mais seulement d'une manière médiate et par conséquent restent privés d'une « pure évidence » comme le note Mario Charland[3],[N 17]. D'où l'énigme que représente la connaissance d'un objet transcendant.
  2. À l'inverse « l'être de la cogitatio, plus exactement le phénomène cognitif lui-même, est hors de question et demeure libre de l'énigme de la transcendance »[N 18] (p. 67).
  3. Husserl résume : « À tout vécu psychique correspond, sur la voie de la réduction phénoménologique, un phénomène pur, qui révèle son essence immanente, comme une donnée absolue » (p. 69).
  4. Le rapport à l'objet transcendant, bien que problématique n'est cependant pas sans intérêt il reste quelque chose qui peut être saisi dans le phénomène pur (p. 71). À partir d'un phénomène viser quelque chose qui n'existe peut-être pas, demeure en tant que visée et cela garde un sens (p. 75).

En fin de leçon Husserl étend ce même processus de présence aux objets idéaux. Comme le dit Arnaud Dewalque[1], « le vécu contient des objets généraux » c'est-à-dire que pour Husserl, l'intuition des essences s'étend au-delà des objets singuliers. Il écrit, « ce qui est le plus facile à saisir [...] c'est la connaissance que ce ne sont pas les seuls objets singuliers mais aussi les généralités, les objets généraux et les états-de-choses généraux, qui peuvent parvenir à l'absolue présence-en-personne »(p. 77). Ce que nous percevons a dès la perception, du sens. Il en est ainsi de l'intuition catégoriale[N 19].

Quatrième leçon[modifier | modifier le code]

Husserl se penche dans cette quatrième leçon, sur l'essence de la connaissance en distinguant les multiples phénomènes qui y sont entendus (p. 79)

Arnaud Dewalque[1], note que les objets idéaux ne sont pas moins évidents que les cogitations d'objets singuliers[N 20].

Le travail sur l'essence de la connaissance est un travail sur « les origines et les données absolues à partir desquelles sont mesurés tout sens et par suite tout droit de la pensée confus »(p. 80). Une connaissance a priori est une connaissance logiquement antérieure à l'expérience. Husserl s'interroge sur le mode de présence des « objets généraux » dont il pense qu'ils sont, après réduction, comme les objets singuliers, « donnés-en-personne »[N 21]. (p. 81).

Husserl fait appel à un concept d'immanence remanié pour délimiter le champ de l'évidence[N 22]. D'autre part, il introduit une distinction entre « immanence réelle ou effective » et « immanence intentionnelle » qui donnera naissance au noème[21].

La contrepartie de la présence absolue et le sentiment d'évidence qu'elle procure trouve chez Husserl son expression dans le concept de « présence-en-personne »[N 23], qu'il défend dans les (p. 86-87).

Cinquième leçon[modifier | modifier le code]

Au bout de ces cinq leçons Husserl pense être capable de définir la tâche de la phénoménologie, résume Emmanuel Housset[22].« Il s'agira de mettre en lumière les divers modes de donnée ou de présence authentique, c'est-à-dire de mettre en lumière la constitution des divers modes d'objet, ainsi que leurs relations mutuelles » écrit Husserl (p. 100)[N 24].

La cinquième leçon contient toute une série de remarques :

  • Toute perception dépasse le pur « maintenant », en ce qu'elle retient intentionnellement dans chaque nouveau maintenant, ce qui maintenant n'est plus. Ce phénomène est appréhendé sous l'expression de souvenir primaire ou rétention(p. 91). Avec la rétention se constitue l'« objet temporel » (p. 96)
  • Le « général » (comme le contenu temporel en général, la durée en général, le changement en général) ne se constitue pas sur la base d'une perception, mais dans et par le regard généralisant (p. 92)[N 25]
  • L'évidence d'une essence est indifférente à l'existence, elle ne relève donc pas d'une perception singulière mais d'une intuition singulière sur la base d'une représentation imaginaire (p. 92).
  • Existence ou essence doivent être considérés comme « deux manière d'être, se manifestant dans deux modes de présence-en-personne »(p. 95)

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e Arnaud Dewalque 2002-2003 lire en ligne
  2. Paul Ricœur, p. XXXIV
  3. a b et c Mario Charland 1999, p. 39 lire en ligne
  4. Alexandre Lowit, p. 5-6
  5. Alexandre Lowit, p. 6
  6. Alexandre Lowit, p. 17
  7. Emmanuel Housset 2000, p. 26
  8. François Rousseau 2011, p. III lire en ligne
  9. Husserl, p. 5-6
  10. François Rousseau 2011, p. 11 lire en ligne
  11. Emmanuel Housset 2000, p. 27
  12. François Rousseau 2011, p. 23 note lire en ligne
  13. François Rousseau 2011, p. 22 lire en ligne
  14. François Rousseau 2011, p. 10 lire en ligne
  15. François Rousseau 2011, p. 32 lire en ligne
  16. François Rousseau 2011, p. 51 lire en ligne
  17. Emmanuel Housset 2000, p. 31
  18. Emmanuel Chaput 2013, p. 4
  19. François Rousseau 2011, p. 42 lire en ligne
  20. Mario Charland 1999, p. 40 lire en ligne
  21. Paul Ricœur, p. XXXV
  22. Emmanuel Housset 2000, p. 40

Notes[modifier | modifier le code]

  1. « En faisant voir comment les choses se constituent pour nous dans l'intuition et en particulier dans la perception, la phénoménologie fait eo ipso comprendre comment les choses peuvent être atteintes par la connaissance, telles qu'elles sont en elles-mêmes et comment elles sont et en quel sens elles sont »-Alexandre Lowit, p. 6
  2. « (1) tout est douteux, mais (2) le vécu, à titre d’évidence, échappe au doute ; or (3) le vécu contient des objets généraux (4) auxquels on a également un accès évident, et (5) cette évidence du général est indépendante de toute perception factuelle (elle peut aussi bien s’accomplir dans l’imagination ou le souvenir). Donc, dans la mesure où toute science est science du général (Aristote) et où il est possible d’avoir une évidence du général à travers les vécus, il est possible – idéalement – d’établir une science rigoureuse en tant que science des vécus. Cette science idéale nouvelle n’est autre que la phénoménologie »-Arnaud Dewalque 2002-2003 lire en ligne
  3. « La possibilité de la connaissance devient partout une énigme. Lorsque nous entrons dans les sciences naturelles, nous trouvons tout, dans la mesure où elles ont atteint le stade de l'exactitude , clair et compréhensible. Nous avons la certitude d'être en possession d'une vérité objective, démontrée par des méthodes sûres, méthodes qui atteignent réellement l'objectivité. Mais aussitôt que nous passons à la réflexion, nous nous trouvons déroutés et confondus. Nous nous embrouillons dans de manifestes incompatibilités et même dans des contradictions. Nous sommes perpétuellement en danger de tomber dans le scepticisme ou mieux dans une des diverses formes du scepticisme dont la marque commune, est : l'absurdité »-Husserl, p. 43
  4. « La connaissance naturelle, en progressant constamment avec succès dans les diverses sciences, est tout à fait sûre de sa validité et n'a aucun motif de trouver un problème dans la possibilité de la connaissance et dans le sens de l'objet connu »Husserl, p. 67q
  5. Selon Eugen Fink « l'attitude naturelle est l'attitude essentielle, appartenant à la nature de l'homme, l'attitude constitutive de l'être-homme même, de l'être-homme orienté dans le tout du monde [...] »Eugen Fink 1974, p. 25
  6. « Si une théorie critique de la connaissance veut redresser les errances conflictuelles issues de la réflexion naturelle, elle y parviendra par le biais d'une étude de l'essence de la connaissance et de l'objet connaissable. Une telle étude de l'essence, nous le verrons, exige une nouvelle perspective sur notre manière de comprendre le monde, puisque l'appréhension naturaliste d'un monde scindé est à l'origine de l'obscurité entourant la connaissance, et, corrélativement, elle réclame aussi une nouvelle méthodologie, la méthode propre aux sciences objectives ayant engendré notre vision d'un monde dualiste »François Rousseau 2011, p. 25 lire en ligne
  7. « La phénoménologie peut se rattacher aux problèmes mondains de multiples façons : que ce soit comme théorie de la connaissance, doctrine de la science, ontologie, comme prise de conscience de soi universelle, etc. pour finalement transformer fondamentalement tous ces problèmes mondains en les faisant déboucher sur la réduction phénoménologique »-François Rousseau 2011, p. 10n3 lire en ligne
  8. « Sans cette libération nous passons à côté de ce qui fait la spécificité de la phénoménologie husserlienne, nous en manquons l'intention, l'objet et la prétention »François Rousseau 2011, p. 29 lire en ligne
  9. « La réduction phénoénologique est alors ce qui apprend à voir en élargissant notre regard »-Emmanuel Housset 2000, p. 18
  10. Il écrit « La théorie de la connaissance a la tâche positive d'apporter la solution, par l'étude de l'essence de la connaissance, aux problèmes que renferme la corrélation entre la connaissance, le sens cognitif et l'objet de connaissance. Parmi ces problèmes se trouve aussi celui de mettre en lumière le sens essentiel de l'objet connaissable, ou ce qui revient au même, de l'objet en générai : le sens qui lui est prescrit a priori (c'est-à-dire conformément à l'essence) en vertu de la corrélation entre la connaissance et l'objet de connaissance »
  11. « La connaissance repose sur des vécus d’objets. Or, en droit, je peux toujours me détourner des objets pour considérer les vécus eux-mêmes. Cette réflexion, idéalement possible, me présente mon vécu comme indubitable, non parce qu’il est déduit, mais parce qu’il est donné dans l’immanence. Tout ce qui est problématique est renvoyé du côté de la transcendance ; la cogitatio, par contre, en tant qu’évidence première, doit constituer le point de départ de la théorie de la connaissance »-Arnaud Dewalque 2002-2003 lire en ligne
  12. « L'immanence de cette connaissance la rend propre à servir comme point de départ de la théorie de la connaissance »-Husserl, p. 57
  13. « Ce rapport à l'objet transcendant, même si je mets l'être de ce dernier (quant à sa validité) en question, est pourtant quelque chose qui peut être saisi dans le phénomène pur »-Husserl, p. 71
  14. François Rousseau résume ainsi les ambitions de la nouvelle science philosophique pour faire pièce au scepticisme : « la nouvelle science philosophique doit faire preuve de rigueur scientifique et, dans ce but, elle doit être en mesure de valider la possibilité de la connaissance issue de la pensée naturelle »François Rousseau 2011, p. 21-22 lire en ligne
  15. « Ce phénomène pur, le phénoménologue l'atteint au terme d'un processus qui peut abstraitement être décomposé en trois opérations pour fin de compréhension. La première est bien entendu la réduction phénoménologique, qui ramène au premier plan le vécu de conscience, toute transcendance étant marquée d'un indice de nullité. La seconde opération consiste à porter sur le vécu en question une vue reflexive faisant de lui l'objet exclusif de l'intérêt de la conscience. Cette seconde opération est celle qui, paradoxalement, permet un retour de la transcendance dans le champ phénoménologique. Toutefois, cette transcendance n'est pas là pour elle-même, comme entité en-soi, mais en tant que phénomène, c'est-à-dire comme objet vers lequel est tourné une conscience. Une fois obtenu le phénomène, il faut lui porter un « pure vue », c'est-à-dire porter un regard tel que nous saisissons le phénomène tel qu'il se présente en lui-même, dans son apparaître et non plus comme objet apparaissant - ou pour le dire autrement non plus comme un objet déjà constitué - afin d'obtenir un phénomène pur au sens de la phénoménologie »François Rousseau 2011, p. 58 lire en ligne
  16. « Ce n'est que par une réduction [...] que j'obtiens une donnée absolue, qui n'offre plus rien d'une transcendance. Si je mets en question le moi, et le monde, et le vécu en tant que vécu du moi, alors, de la vue réflexive dirigée simplement sur ce qui est donné dans l'aperception du vécu en question, sur mon moi, résulte le phénomène de cette aperception : par exemple le phénomène perception appréhendé comme ma perception [...]. Naturellement, ce phénomène, je peux le rapporter, le considérant de manière naturelle, de nouveau à mon moi, en posant ce moi au sens empirique, pendant que je dis de nouveau  : j'ai ce phénomène , il est mien. dans ce cas, pour obtenir le phénomène pur, il me faudrait une nouvelle fois mettre en question le moi, de même que le temps, le monde, et faire ainsi ressortir un phénomène pur, la cogitation pure. Mais je peux pendant que je perçois porter sur la perception le regard d'une pure vue [...]laisser le rapport au moi de côté ou en faire abstraction : alors la perception saisie et délimitée dans une telle vue est une perception absolue, dépourvue de toute transcendance, donnée comme phénomène pur au sens de la phénoménologie »Husserl, p. 68-69
  17. « Pourquoi les objets transcendants ne peuvent-ils être considérés comme étant donnés dans une pure évidence comme le sont ceux donnés dans l'immanence? Justement parce qu'ils sont transcendants , extérieurs , donc perceptibles médiatement et non pas dans l'immédiateté d'une perception interne et absolue [...] Husserl fonde sa réflexion sur la méthode du doute hyperbolique de Descartes, méthode qui consiste à ne considérer comme "véritable", comme donné dans la plus pure évidence, que les pures cogitationes issues de ce doute méthodique appliqué sur la donation des objets du monde extérieur »-Mario Charland 1999, p. 42 lire en ligne
  18. « La présence de la cogitatio pure, est une présence absolue; la présence de la chose extérieure dans la perception externe, quoique celle-ci élève la prétention de donner l'être de la chose même, ne l'est pas »-Husserl, p. 75
  19. Par l'expression d'« intuition catégoriale » on doit comprendre la simple saisie de ce qui est là en chair et en os tel que cela se montre nous dit Jean Greisch. Cette définition autorise le dépassement de la simple intuition sensible, soit par les actes de synthèse (ainsi de l'exemple donné par Jean Greisch de la perception du chat sur le paillasson , qui est autre chose que la perception d'un paillasson plus la perception d'un chat ou les exemples du troupeau de moutons ou de la foule qui manifeste, enfin encore plus simple et plus évident la forêt qui est manifestement autre chose qu'une série d'arbres), soit par des actes d' idéation. Avec l'idéation (l'espèce et le genre), l' « Intuition catégoriale » constitue de nouvelles « objectités » conclut Jean Greisch-Jean Greisch 1994, p. 58
  20. « Nous n'avons pas moins une évidence du général ; les objets et les états-de-choses généraux viennent pour nous à la présence-en-personne, et ils sont par conséquent dans le même sens donnés comme libres de tout problème »-Husserl, p. 86
  21. Pour Husserl, l'a priori est ancré dans ce qu'il appelle une intuition éidétique spécifique qui nous met en présence d'essences universelles (par exemple le coq , le nombre deux, l'objet en général), de la même façon que l'intuition sensible nous met en présence d'objets individuels (comme une chose jaune particulière, une paire d'objets particuliers)
  22. « Une première signification saisit l'immanence comme ce qui est contenu dans la conscience et ainsi pose qu'est transcendant ce qui n'est pas constitutif du vécu de conscience. Mais une seconde signification est envisageable qui entend l'immanence comme ce qui est une absolue présence-en-personne, c'est-à-dire ce qui s'offre à ma conscience sans médiation et, par conséquent, dans une absolue clarté, et donnent lieu, par le fait même, à une évidence absolue »
  23. « Ce qui est une absolue présence-en-personne, c'est-à-dire ce qui s'offre à ma conscience sans médiation et, par conséquent, dans une absolue clarté, et donnent lieu, par le fait même, à une évidence absolue »François Rousseau 2011, p. 43 lire en ligne
  24. « donation de la cogitation, donation de la cogitatio survenant dans le souvenir frais (phénomène rétentionnel), donation d'une unité phénoménale qui dure dans le flux phénoménal, donation de la chose dans la perception externe, celles que forment les multiplicités de perceptions et d'autres représentations en s'unifiant synthétiquement dans des enchaînements qui leur sont propres [...] »-Husserl, p. 100
  25. « La pure vision des choses n'est pas comme une simple boîte dans laquelle des données sont,tout simplement, mais la conscience qui voit ce sont des actes de pensée de telle ou telle forme; et les choses qui ne sont pas ces actes de pensée, sont pourtant constituées en eux, viennent en eux à la présence; et de par l'essence, c'est uniquement en étant constituées ainsi,qu'elles se montrent comme ce qu'elles sont »-Husserl, p. 97

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]