Ketch

ketch

Un ketch est un voilier à deux mâts et à gréement aurique ou gréement Marconi dont le grand mât est situé à l'avant.

Le plus petit, appelé mât d'artimon, est sur l'arrière mais en avant de la mèche de safran (sans quoi il s'agit d'un yawl et non d'un ketch).

Aquarius, ketch dessiné par Eugène Cornu

Spécificités[modifier | modifier le code]

L'intérêt du ketch est la division de la voilure par rapport à un sloop, ce qui permet une plus grande souplesse d'utilisation. Ainsi, par vent frais un bon équilibre sous voile est trouvé en naviguant sous foc et artimon, la grand-voile étant amenée. De même, l'allure de cape est facilitée sous cette configuration. Par contre, le rendement de l'artimon allié à la grand-voile est relativement médiocre aux allures près du vent.
En Europe du Nord et sur de longues distances, le ketch est souvent préféré au sloop, puisque la voile supplémentaire permet un meilleur équilibre, et une voile plus facile à manipuler plus petit. En cas d'augmentation soudaine de la force du vent, un avantage du ketch est que la grand-voile peut être abandonnée rapidement, ce qui réduit très fortement la voilure tout en laissant les petites voiles pour équilibrer le navire et maintenir la propulsion.

Typologie de ketch[modifier | modifier le code]

Les ketchs modernes ont presque exclusivement un gréement bermudien.

Les ketchs anciens pouvaient disposer de flèches ou de huniers. Les ketchs peuvent n'avoir aucune flèche (voile aurique au-dessus des voiles basses), une flèche sur le grand-mât (ketch à flèche) ou un(e) flèche par mât (ketch à double flèche). Comme pour les goélettes, il est possible de rencontrer des huniers (voile carrée) en sommet de mâts. Cette configuration est rare, elle se rencontre sur les ketchs anciens.

Le Mentor est un dériveur école gréé en ketch marconi (gréement bermudien). Le "Tahiti Ketch" (plan ci-dessous) possède un gréement proche d'un gréement bermudien.

Le Norda, ketch à flèche
Ketch à double flèche
Ketch à hunier du XIXe siècle.
Le Mentor, un dériveur école gréé en ketch marconi.
Plan du tahiti Ketch

Ci-dessous différentes typologie de gréements pour un ketch

Comparaison avec les gréements à deux mâts (grand-mât à l'avant)[modifier | modifier le code]

Le yawl est proche du ketch, la différence est liée à la position de la voile d'artimon par rapport au safran[1]. Dans un ketch, l'artimon est positionné en avant du gouvernail (pour stabiliser et augmenter la surface de voile), dans un yawl, l'artimon est en arrière du gouvernail (pour stabiliser le navire).

Une goélette franche est aussi un voilier à voiles auriques et deux mâts. La différence est la position du grand-mât, situé à l’arrière sur une goélette franche et à l'avant sur un ketch.

Ketch

(ketch à corne s.s.)

Ketch bermudien Ketch à hunier Yawl

(yawl à corne s.s.)

Yawl bermudien Yawl Yawl Goélette franche
Schéma du gréement
Ketch à hunier du XIXe siècle.
Goélette ou Goélette franche ("schooner
Goélette ou Goélette franche ("schooner
Exemples de navires
Le SV Ariel, Ketch à flèche en 2006
Ketch en 1913
Petit ketch à gréement bermudien (Type DZ)
Le ketch bermudien Rona II au Tall Ships' races de Belfast en 2009 
Ketch à hunier à Oakland (baie de San Francisco)
Le yawl Stebbins
Le Salcombe, un yawl à gréement bermudien en 1967
La Goélette Atalanta en 2007

Historique[modifier | modifier le code]

Le ketch de pêche Guide Me dans le « Bassin des Chalutiers » à La Rochelle en avril 2015.

L'utilisation des premiers ketchs remonterait en 1775, où ils étaient utilisés comme navires de guerre par le Sultanat de Mysore pendant le règne d'Haidar Ali. Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, les ketchs aurait été couramment utilisés comme petits navires de guerre, jusqu'à leur remplacement dans ce rôle par les bricks au cours de la dernière partie du XVIIIe siècle. Le ketch a continué à être utilisé comme un bateau spécialisé pour le transport des mortiers lors des guerres napoléoniennes. Dans cet usage, il a été appelé « galiote à bombe ».

Comme pour les autres petits navires à gréement aurique, l'usage historique principal reste la pêche entre le XVIIe et le début du XXe siècle. Puis comme voiliers de plaisance, ce gréement est aujourd'hui très répandu dans les yachts modernes.

Étymologie[modifier | modifier le code]

Le mot « ketch » est emprunté à l'anglais, déformation de catch, lui-même venant du moyen anglais cache, qui vient à son tour du français[2]. Cette configuration de gréement étant très utile pour la manœuvre du navire lors des opérations sur filets.

Nom des voiles et mâts[modifier | modifier le code]

Gréement traditionnel[modifier | modifier le code]

Figure A : Schéma d'un ketch

Le nom des voiles et mâts rencontrés sur un ketch à gréement traditionnel (exemple d'un « ketch à cornes ») sont[3] :

No  sur

la figure A

Mât arrière Mât principal Voiles d'avant

(focs sensu largo)

Mâts 7 Mât d'artimon
9 Grand-mât
8 Mât de beaupré
Voiles 2 Voile d'artimon

ou artimon ou Brigantine

1 Flèche d'artimon

ou "Flèche en cul"

3 Grand-voile
4 Flèche
Voiles (focs) 5 Trinquette
6 Foc
Au-dessus du no 6

porté par l'étai no 11

Clin foc ou Clinfoc

ou Foc en l'air

Des voiles d'étai entre les mâts sont parfois observés.

Figure B : Nom des voiles et du reste du gréement sur un ketch (en anglais)

En anglais le mot Mizzen est un faux-ami. Mizzen désigne l'artimon[4], tandis que mât de misaine se traduit en anglais par Foremast. Les noms des voiles et mâts en anglais sont[4] :

No  sur

la figure A

No  sur

la figure B

Mât arrière Mât principal Voiles d'avant

(focs sensu largo)

Mâts 7 Mizzen mast
9 Main mast
8 6 Bowsprit
Voiles 2 19 Mizzen ou Spanker
1 18 Mizzen gaff topsail
3 9 Maisail
4 8 Main gaff topsail
Voiles (focs) 5 3 Stay foresail

ou Staysail

6 2 Jib
Au-dessus du no 6

porté par l'étai no 11

1 Jib topsail

ou Flying jib

Gréement moderne (bermudien)[modifier | modifier le code]

Sur les gréements modernes ou gréement bermudien, le nombre de voiles est réduit et la structure du gréement dormant (mâts, vergues, ...) est simplifiée. Ainsi, on n'observe plus de voiles hautes (flèche), ni de mât de beaupré, la forme des voiles est triangulaire, le nombre de focs réduit généralement à un ou deux. Les noms des voiles et mâts rencontrés sur un ketch à gréement bermudien sont[5] :

Mât arrière Mât principal Voiles d'avant

(focs sensu largo)

Mâts Mât d'artimon
Grand-mât
Voiles Voile d'artimon

ou artimon

Grand-voile
Voiles (focs) (Trinquette) si présent
Foc

Exemples de navires[modifier | modifier le code]

L'Étoile Polaire (Skeaf VII) à Brest
Le Novynik navigant sur le lac Champlain
  • Le Novynik est un ketch canadien construit en 1979 par l'ingénieur Yvon Durocher
  • L'Aquiarus est un ketch dessiné par Eugène Cornu
  • L'Anna-Kristina - Dyrafjeld est un voilier norvégien construit en 1889.
    Le Pen Duick II sous voiles
  • Pen Duick II est à l'origine un ketch, configuration dans laquelle il fut utilisé par Éric Tabarly lors de sa victoire dans la course transatlantique en solitaire en 1964.
  • Pen Duick VI est un ketch français célèbre conçu pour la course autour du monde en escale et en équipage, la Whitbread de 1973, sur lequel Éric Tabarly a remporté la Transat anglaise en solitaire en 1976, après avoir essuyé trois tempêtes.
  • Le Vieux Crabe est un ketch français construit à Camaret en 1951, labellisé bateau d'intérêt patrimonial en 2016.
  • Wyvern (1897) : ketch aurique norvégien de 18 m construit en 1897. Il a fait naufrage en 2013, renfloué et restauré, il navigue à nouveau.
  • Wyvern av Aalesund : ketch aurique norvégien de 24 m construit en 1995, réplique du Wyvern de 1897.
  • L'Excelsior : ketch aurique britannique en bois de 31 m de long, construit en 1921 (Lowestoft smack). Il est classé bateau historique depuis 1999 par le National Historic Ships UK.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Comment différencier un ketch, un yawl ou une goélette ? » (consulté le )
  2. Informations lexicographiques et étymologiques de « ketch » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  3. Guides des Gréements (Le Chasse Marée, 2000), Page 8
  4. a et b (en) Joseph William Collins, Beam-Trawl Fishery of Great Britain, with Notes on Beam-Trawling in Other European Countries, ..., Bulletin of the United States Fish Commission. v.7 1887, Washington DC, Government Printing Office,
  5. Guides des Gréements (Le Chasse Marée, 2000), Page 9
  6. (en) « Great Britain II to race again », sur yachtingworld.com, (consulté le )
  7. (en) Musée Kilmainham Gaol

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

En français[modifier | modifier le code]

  • Parïs Bonnefoux et De Bonnefoux, Dictionaire de marine à voiles, Editions du Layeur, 1999 (réédition d'un ouvrage du 19e siècle), 720 p.
  • Collectif, Guides des voiliers : Reconnaître les gréements anciens, Douarnenez, Le Chasse Marée, , 72 p. (ISBN 2-903708-13-4)
  • Collectif, Guide des termes de marine : Petit dictionnaire thématique de marine, Le Chasse Marée - Armen, , 136 p. (ISBN 2-903708-72-X)
  • Collectif, Guide des gréements : Petite encyclopédie des voiliers anciens, Douarnenez, Le Chasse Marée, , 127 p. (ISBN 2-903708-64-9)
  • Collectif, Guide de la manœuvre des petits voiliers traditionnels, Douarnenez, Le Chasse Marée, , 135 p. (ISBN 2-914208-05-7)

En anglais[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]