Jussuf Abbo

Jussuf Abbo
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Jussuf Abbo, né Jussuff Abbu le [1] à Safed (Empire ottoman) et mort le à Londres (Royaume-Uni), est un artiste juif palestinien qui a émigré en Allemagne en 1911[2], où il a travaillé de longues années, avant de trouver refuge au Royaume-Uni en 1935.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jussuf Abbo naît en Palestine ottomane dans une grande famille juive de travailleurs agricoles. Son père est un juif égyptien[3]. Il gagne une bourse de l'Alliance israélite universelle pour suivre des cours à Jérusalem. L'architecte allemand Hoffmann l'emploie dans son bureau d'architecte à Jérusalem puis l'inscrit à l'Académie des beaux-arts de Charlottenburg, où il étudie à partir de 1913 la peinture et la sculpture. En 1919, il a un atelier de maître à l'Académie des arts en tant que sculpteur et est membre de l'Union des artistes allemands (Deutscher Künstlerbund). À la 25e exposition annuelle de cette Union (en 1929 à la "Staatenhaus" à Cologne), il expose un torse féminin en bronze et une tête en plomb[4]. Abbo participe en 1923 à une importante exposition collective au salon d'art Ferdinand Möller à Berlin et à une autre exposition internationale importante en 1926 à la Galerie Neue Kunst Fides à Dresde[5]. Abbo fait partie dans les années 1920 du cercle d'amis d'Else Lasker-Schüler, qui écrit un poème dont il est le sujet[6]. Il travaille comme sculpteur et graveur et cuit ses œuvres céramiques dans les ateliers des artistes berlinois Otto Douglas Douglas-Hill[7] et Jan Bontjes van Beek[8].

Durant les 24 années passées en Allemagne, Abbo n'obtient jamais la nationalité allemande[9]. En 1935, grâce à l'obtention de la nationalité égyptienne[3], il émigre, avec sa femme Ruth Schulz, de l'Allemagne nazie vers le Royaume-Uni. Dans la précipitation, il doit abandonner ses œuvres et par conséquent, ne peut les présenter dans des expositions à Londres et prendre pied dans son nouveau pays.

En 1937, alors que certaines de ses sculptures, dont il avait lui-même organisé l'envoi, arrivent finalement en Angleterre[10], en Allemagne son travail est considéré comme art dégénéré et ses œuvres retirées des collections des musées. Une grande partie des œuvres retirées a ensuite été détruite par le régime nazi. La même année, Abbo reçoit une commande pour un buste de l'homme politique britannique, George Lansbury. Pendant la guerre, il ne peut utiliser son studio londonien et vit de petits boulots. À la fin de la guerre, en 1945, il ne parvient pas à conserver son atelier et détruit la plupart des œuvres créées en Angleterre par manque d'espace de stockage, frustration et déception[10]. Les difficultés financières, l'émigration forcée, la guerre et les conditions de travail difficiles ont fini par nuire à la santé physique et mentale d'Abbo. Il meurt dans un hôpital de Londres le à la suite d'une longue maladie.

Vie privée[modifier | modifier le code]

Le , Jussuf Abbo s'est marié avec Ruth Schulz.

Son fils, Jerome Abbo, a également été artiste (céramiste).

L'œuvre de Jussuf Abbo[modifier | modifier le code]

Une sensibilité subtile à la physionomie et à l'état émotionnel de ses sujets, un accent discret sur l'expression, la posture et l'attitude, sont les traits distinctifs de l'œuvre sculpturale de Jussuf Abbo[11]. Son œuvre comprend aussi plus de mille dessins, gravures à l'eau-forte et lithographies, presque toujours des portraits et des nus. Une grande partie de son œuvre, partiellement abstraite avec l'accent mis sur l'état psychologique et l'émotion, peut être considérée comme « expressionniste »[12].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Fichiers dans : Landesverwaltungsamt Berlin, Abteilung I - Entschädigungsbehörde (Bureau de l'administration de l'État - Berlin, Département I - Autorité d'indemnisation), Berlin Fehrbelliner Platz.
  2. "Jussuf Abbo was born in Palestine, but lived in Berlin from 1911", Jutta Vincent, 2006, p.180, note 4
  3. a et b L'épouse de Jussuf Abbo en témoigne : « le père de mon mari était originaire d'Égypte » ; c'est ce qui a permis à Jussuf Abbo, qui avait un passeport turc, étant né dans l'Empire ottoman avant la chute de cet Empire, d'acquérir la nationalité égyptienne en 1935 : Lire en ligne.
  4. Catalogue Deutscher Künstlerbund Köln 1929. Mai–September 1929 im Staatenhaus, DuMont Schauberg, Cologne 1929. Page 13: Abbo, Jussuff, Berlin. Cat. No. 11: Torse féminin (bronze), 12: Tête (moulage au plomb).
  5. « Abbo, Jussuff », in: Hans Vollmer (historien d'art) : Allgemeines Lexikon der Bildenden Künstler des XX. Jahrhunderts. Erster Band (A-D) [Encyclopédie générale des Beaux-Artistes du XXe siècle. Premier volume (A-D)], E. A. Seemann, Leipzig 1999 (study edition). (ISBN 3-363-00730-2). (page 3)
  6. Else Lasker-Schüler, Jussuff Abbu (poème), dans Berliner Börsen-Courier, 15 juillet, 1923
  7. Gisela Reineking von Bock: Meister der deutschen Keramik, 1900 bis 1950 [Maîtres de la céramique allemande, 1900 à 1950], Kunstgewerbemuseum, 1978, p.29
  8. Dans la biographie de Jan Bontjes van Beek par Heinz-Joachim Theis (en allemand).
  9. Témoignage de son épouse
  10. a et b Burcu Dogramaci: Scheitern und Bestehen in der Fremde. Deutschsprachige Künstler im britischen Exil nach 1933 [Echec et survie à l'étranger. Artistes germanophones en exil britannique après 1933] dans Uwe Fleckner, Maike Steinkamp, Hendrik Ziegler: Der Künstler in der Fremde : Migration - Reise - Exil [L'artiste à l'étranger: Migration - Voyage - Exil], Berlin : De Gruyter, 2015, p.267 et p.280
  11. (en) Wächter, Anja et Mieves, Esther, New /old homeland: R/Emigration of artists after 1945 [Nouvelle / ancienne patrie : R/Emigration des artistes après 1945], Kunsthaus Dahlem, 2017, p. 164.
  12. (en) Davis, Bruce, dans German Expressionist Prints and Drawings, Catalogue of the Collection [Estampes et dessins expressionnistes allemands, Catalogue de la collection], Los Angeles County Museum of Art & Prestel-Verlag, Munich, 1989, p. 2 (ISBN 3791309757).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Andreas Hüneke, « Abbo, Jussuff », in: Allgemeines Künstlerlexikon. Die Bildenden Künstler aller Zeiten und Völker (AKL), Band 1, Leipzig : Seemann, 1983, p.61, (ISBN 3-598-22741-8).
  • Burcu Dogramaci, « Jussufs gedicht für Jussuf Abbo », in Der blaue Reiter ist gefallen, Else-Lasker-Schüler anniversary almanac, Hammer, 2015, pp. 275–277, (ISBN 978-3-7795-0532-7)
  • Anja Wächter ; Esther Mieves, « Jussuf Abbo », in: New /old homeland: R/Emigration of artists after 1945, Kunsthaus Dahlem, 2017, pp. 160-166, (ISBN 978-3-9816615-4-5)
  • Rachel Dickson ; Sarah Macdougall, Forced Journeys: Artists In Exile In Britain c.1933-45, Ben Uri Gallery, 2009, (ISBN 978-0-9001571-3-4)
  • Ruth Abbo (Schulz), « Über den Verlust einer kunstkerischen Existenz. Jussuf Abbo im Exil », in: KUNST IM EXIL in Großbritannien 1933-45, Frölich & Kaufmann, 1986, (ISBN 3-88725-218-7)

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