Joseph Sanguedolce

Joseph Sanguedolce
Fonctions
Maire de Saint-Étienne

(5 ans, 11 mois et 22 jours)
Élection 20 mars 1977
Prédécesseur Michel Durafour
Successeur François Dubanchet
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Sommatino (Sicile)
Date de décès (à 90 ans)
Lieu de décès Firminy (Loire)
Nationalité française
Parti politique PCF

Joseph Sanguedolce
Maires de Saint-Étienne

Joseph Sanguedolce, né le à Sommatino en Sicile (Italie) et mort le à Firminy dans la Loire, est un résistant, homme politique et syndicaliste français, maire PCF de Saint-Étienne de 1977 à 1983.

Biographie[modifier | modifier le code]

Issu d'une famille émigrée de Sicile et installée à Saint-Genest-Lerpt, Joseph Sanguedolce travaille à la mine dès l'âge de 12 ans[1] à Roche-la-Molière[2]. En 1936, il adhère aux jeunesses communistes et à la CGT[2].

La résistance et la déportation[modifier | modifier le code]

Il est mobilisé en 1940 et fait prisonnier. Interné en Allemagne au Stalag VII-A jusqu'en 1941, il est rapatrié à la demande des Houillères de la Loire.

En 1942, il crée un groupe de mineurs résistants avec l'appui des clandestins de la Jeunesse communiste de France et sous l'égide des Francs-tireurs et partisans (FTP) dont il devient le responsable départemental.

Il est arrêté par la police de Vichy le , emprisonné à la prison de Bellevue à Saint-Étienne puis transféré à la prison Saint-Paul de Lyon par les autorités collaborationnistes. Il est alors placé à la prison centrale d’Eysses à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne) où sont rassemblés 1200 détenus politiques provenant des prisons de Lyon, Saint-Etienne, Montpellier et Narbonne.

Après l'échec d'une tentative de soulèvement du camp, le , il est livré aux Allemands et transféré avec ses codétenus au camp de Royallieu à Compiègne, d'où il est déporté au camp de concentration de Dachau. Dans le wagon de son convoi de déportation — convoi du 18 juin 1944 —[3], il organise une solidarité entre déportés (faire en sorte que chacun puisse boire et respirer à travers les fentes du wagon). Arrivés à destination, tous les membres de son convoi sont encore en vie. Au camp de Dachau, usant de « ruse », il se présente comme « ingénieur en mécanique ». Il peut ainsi participer à des opérations clandestines destinées à saboter la production locale au sein des ateliers dans lesquels il a été réquisitionné, production destinée à la société Kaufberen, filiale de BMW, qui contribue à l'époque à la mise au point des fusées V1 et V2.

Après la libération du camp de Dachau par la VIIe armée américaine, Joseph Sanguedolce retourne dans sa famille, à Roche-la-Molière au lieu-dit « la Côte Durieux », en . Il est accueilli par ses camarades et amis par ces acclamations : « le pitch est de retour ! ». Cet accueil restera à jamais gravé dans la mémoire de Joseph Sanguedolce.

Son frère Vincent a été abattu par les SS en 1944 au camp de concentration d'Oranienbourg-Sachsenhausen en Allemagne[4].

Joseph Sanguedolce a longtemps témoigné de ce qu'il a vécu, en rencontrant des jeunes collégiens (au Collège Honoré-d'Urfé de Saint-Étienne notamment), mais aussi dans le cadre du Concours National de la Résistance et de la Déportation (CNRD) dont il s'occupait au niveau local. Sa disponibilité et sa proximité avec les élèves en ont fait un témoin privilégié pour que les jeunes générations n'oublient pas. Il réussit en 1998 à fédérer les différents mouvements de Résistants pour créer Le Mémorial de la Résistance et de la Déportation de la Loire.

Un engagement syndical et politique[modifier | modifier le code]

Après la Libération, Joseph Sanguedolce s'implique beaucoup dans la vie politique locale militante et l'activité syndicale. Il assure pendant une vingtaine d'années la responsabilité de l'union départementale de la CGT.

Élu d'abord sur une liste municipale à Roche-la-Molière, il devient maire de Saint-Étienne lors des élections municipales de 1977 dans le cadre d'une liste d'Union de la gauche. Raillé par ses adversaires politiques pour son origine sociale modeste[réf. nécessaire], Joseph Sanguedolce est néanmoins très populaire à Saint-Étienne durant l'exercice de son mandat municipal, en dépit des graves difficultés économiques du moment (fermeture de Manufrance) et des obstacles divers rencontrés sur son chemin, comme le scandale de la caisse noire du président de l'ASSE[5].

Bilan de son action municipale[modifier | modifier le code]

Du fait qu’Étienne Mimard, fondateur de l'entreprise, a légué à la ville de Saint-Étienne une partie des actions de Manufrance, Joseph Sanguedolce, en sa double qualité de maire et d’actionnaire, hérite des difficultés de l'entreprise. Il tente de s'opposer à la reprise de Manufrance par Bernard Tapie, dont il se méfie. Malgré ses efforts, il ne peut éviter la liquidation de Manufrance après sa transformation en coopérative.

Les sondages le donnent gagnant à quelques mois des élections municipales de 1983, mais il est battu par son adversaire François Dubanchet.

Il essaye de reconquérir son poste de maire de Saint-Etienne à deux reprises lors des élections municipales de 1989 et de 1995 mais n'y parvient pas.

Mort et hommages[modifier | modifier le code]

Il meurt le à Firminy[6] à l'âge de 90 ans.

Il est enterré au cimetière de Roche-la-Molière, où les anciens combattants lui rendent hommage chaque année.

La ville de Roche-la-Molière donne son nom à une rue, dans le quartier de la Côte Durieux, proche de l'Amicale laïque, où il a passé toute son enfance.

En son hommage, le conseil municipal de Saint-Étienne décide, lors de sa réunion du , de donner son nom au parc Couriot, alors en cours de réaménagement autour du musée de la mine de Saint-Étienne (quartier de Tarentaize Beaubrun Severine)[7].

Les décorations[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

  • Résistance de Saint-Étienne à Dachau, préface de Benoît Frachon, introduction de Maurice Moissonnier, Éditions Sociales, 1973
  • Le Chant de l'alouette, Presse Publicité Loire, 1987
  • Parti pris pour la vie : l’aventure des hommes, préface de Louis Viannet, VO Éditions, 1993
  • La résistance à Dachau-Allach : contre la mort programmée, Médiris, 1998

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Maurice Ulrich, « Joseph Sanguedolce, une belle figure d'humanité », sur l'Humanité, .
  2. a et b Jean-Michel Steiner, « SANGUEDOLCE Joseph, Marcel », sur maitron.fr.
  3. SANGUEDOLCE Joseph, site de la Fondation pour la mémoire de la déportation, bddm.org
  4. Arrêté du 24 février 1998, legifrance.gouv.fr
  5. Joseph Sanguedolce ne manque aucun match au stage Geoffroy-Guichard, notent Didier Buffin et Dominique Gerbaud dans leur ouvrage Les Communistes (Albin Michel, 1981)
  6. « Fichier des décès source INSEE », sur deces.matchid.io.
  7. Extrait du registre des délibérations du conseil municipal (pdf)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]