Joseph Nicollet

Joseph Nicollet
Portrait de J.N. Nicollet.
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Prononciation

Joseph Nicolas Nicollet (Cluses, - Washington, ), également connu sous le nom de Jean-Nicolas Nicollet, était un mathématicien et géographe français connu pour la cartographie du haut-bassin du fleuve Mississippi au cours des années 1830.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Nicollet est né à Cluses, dans le duché de Savoie. Il était passionné par les mathématiques et l'astronomie. Il devint professeur de mathématiques à l'âge de 19 ans.

En France[modifier | modifier le code]

Bureau des longitudes[modifier | modifier le code]

Nicollet travaille à l'Observatoire de Paris à partir de 1812[1]. Il est élu secrétaire du Bureau des longitudes en 1817[2], puis astronome adjoint en 1823[3].

Il reçoit deux années consécutives la médaille Lalande récompensant « l’observation la plus intéressante ou le mémoire le plus utile à l’astronomie qui aura paru dans l’année ». En 1820 pour l'étude de la libration de la lune[4], en 1821 pour la découverte d'une comète[5] (C/1821 B1 (Nicollet-Pons) ).

Nicollet est exclu du Bureau des longitudes en 1831, après sa fuite du pays[6].

Enseignement[modifier | modifier le code]

Sorti de l’École normale, Nicollet doit dix années d'enseignement, qu'il passe comme professeur de mathématiques au Lycée Louis-le-Grand à partir de 1815[7].

En parallèle, il donne des cours dans des sociétés savantes[8],[9] telles que la Société des belles lettres[10] (vers 1821), et l'Athénée royal[11] (vers 1830).

En 1830, Nicollet est nommé examinateur des écoles de la Marine[12] et rédige par la même occasion un livre de mathématiques à destination des élèves[13].

Actuariat[modifier | modifier le code]

En parallèle de son activité à l'Observatoire de Paris, Nicollet travaille comme actuaire dans des compagnies d'assurance-vie. Le Conseil d’État, par l’arrêt du 28 mai 1818, réhabilite l’assurance-vie et de nouvelles compagnies sont autorisées à vendre ce produit de prévoyance[14]. Nicollet participe à ce renouveau en publiant la Lettre à Outrequin[15] dans laquelle il expose ses vues sur l'assurance-vie et appelle les assureurs à s'adjoindre l'aide de mathématiciens pour construire des modèles actuariels justes.

Nicollet, aux côtés de Myrtil Maas et Olinde Rodrigues fait partie des mathématiciens engagés par la nouvelle Compagnie générale d’assurance sur la vie des hommes[16]. Il y travaille, ainsi que dans les compagnies concurrentes, l’Union Vie (autorisée en 1829) et la Compagnie royale d’assurances sur la vie (autorisée en 1820 mais commençant ses activités en 1830)[17].

Aux Etats-Unis[modifier | modifier le code]

En 1832, à la suite de difficultés financières en France, Nicollet émigra aux États-Unis. Il débarqua à La Nouvelle-Orléans, en Louisiane. Il remonta le fleuve Mississippi jusqu'à Saint-Louis.

Nicollet organisa trois expéditions vers le bassin supérieur du Mississippi, région couvrant aujourd'hui le Minnesota, certaines parties du Dakota du Nord et Sud.

En 1838, Nicollet fut recruté par l'armée des États-Unis comme ingénieur topographique. Il arpenta la région située entre les rivières Mississippi et Missouri. Lors de ses dernières expéditions, il eut l'assistance de l'explorateur américain d'origine franco-québécoise John Charles Frémont[18].

Par la suite, Nicollet s'installa à Washington. Il se consacra à regrouper toutes ses informations topographiques et cartographiques.

Prêt pour d'autres expéditions scientifiques, il mourut à Washington en 1843. L'année de sa mort fut publié le résultat de ses travaux intitulé Map of the Hydrographical Basin of the Upper Mississippi, une carte de cette vaste région beaucoup plus précise que celles établies par ses prédécesseurs.

Honneurs et Postérité[modifier | modifier le code]

Nicollet est élu le à l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie, avec pour titre académique Effectif (titulaire)[19]. En 1822, il est nommé associate à la Royal Astronomical Society de Londres[20], en 1823 il est nommé membre associé étranger de la Société de physique et d’histoire naturelle de Genève[21], et en 1826, il est nommé correspondant de l’académie de Bruxelles.

Il échoue à entrer à l'Académie des sciences en 1825, faisant face à une forte opposition de François Arago qui le considère comme "un homme sans talent[22]", et ce malgré le soutien de Pierre-Simon de Laplace.

Le 19 mai 1825, il reçoit la distinction de « Chevalier de la légion d’honneur » (source Ministère de la Culture Française, site web Leonore).

Un cratère lunaire porte son nom. Dénommé ainsi, en 1876, par Edmund Neuville Nevill (dans son livre « The Moon »), c’est en 1935 qu’il sera officialisé par l’Union Astronomique Internationale.

En 1991, un monument a été érigé en son honneur, la Nicollet Tower, à Sisseton dans le Dakota du Sud.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Melva Lind, « L’Ame Indienne , Chippewa et Sioux du Haut Mississippi, d’après J-N NICOLLET »
  • J.N Nicollet, «On the plaine and prairies, the expeditions of 1835-1839 with journal letters and notes on the Dakota Indians » Coleman-Bray editor
  • J.N Nicollet - United States War Dept «Essay on Meteorological Observations»
  • J.N Nicollet «Lettre a M. Outrequin,Banquier,Sur les assurances qui ont pour bases les probabilités de la durée de la vie humaine... » (Editeur Antoine-Augustin Benouard, 1818)
  • Numa Broc, Dictionnaire des Explorateurs français du XIXe siècle, T.3, , CTHS, 1999, p. 234-235

Liens externes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Séance du 26 août 1812 », sur Les procès-verbaux du Bureau des longitudes
  2. « Séance du 9 juillet », sur Les procès-verbaux du Bureau des longitudes
  3. « Séance du mercredi 8 janvier 1823 », sur Les procès-verbaux du Bureau des longitudes
  4. Procès-verbaux des séances de l'Académie, t. VII (lire en ligne), Séance du 27 mars 1820, p. 35
  5. Procès-verbaux des séances de l'Académie, t. VII (lire en ligne), Séance du 2 avril 1821, p. 165
  6. « Séance du mercredi 7 décembre 1831 », sur Les procès-verbaux du Bureau des longitudes
  7. André Chervel, « Les agrégés de l'enseignement secondaire. Répertoire 1809-1950 », sur Ressources numériques en histoire de l'éducation
  8. « La formation des élites : les « conférences » sous la Restauration et la Monarchie de Juillet », Revue d’histoire moderne et contemporaine,‎ (DOI https://doi.org/10.3406/rhmc.1989.1491)
  9. Hervé Guénot, « Musées et lycées parisiens (1780-1830) », Dix-huitième Siècle,‎ (DOI https://doi.org/10.3406/dhs.1986.1600)
  10. Annales de la littérature et des arts, (lire en ligne), p. 32, 71, 136
  11. Revue encyclopédique, t. XLIV, (lire en ligne), p. 529
  12. M. Bajot, Annales maritimes et coloniales, (lire en ligne), p. 935
  13. Joseph-Nicolas Nicollet, Cours de mathématiques à l'usage de la marine, t. II : Géométrie, trigonométrie, (lire en ligne)
  14. Marine Vigneron, La réglementation des assurances sur la vie en France (1681-1938) : éléments de comparaison avec l’Angleterre, (lire en ligne), p. 108
  15. Joseph-Nicolas Nicollet, Lettre à M. Outrequin, banquier, (lire en ligne)
  16. Nicolas Stoskopf, Banquiers et financiers parisiens, (lire en ligne), p. 282
  17. Guy Thuillier, « Tables de mortalité et compagnies d’assurances au XIXe siècle », Arithmétique politique dans la France du XVIIIe siècle,‎
  18. Jules Rouch, Époque contemporaine, tome IV de Histoire Universelle des Explorations publiée sous la direction de L.-H. Parias, Paris, Nouvelle Librairie de France, 1957, p. 139
  19. « Etat des Membres de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Savoie depuis sa fondation (1820) jusqu'à 1909 », sur le site de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie et « Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie », sur le site du Comité des travaux historiques et scientifiques - cths.fr.
  20. Memoirs of the Royal Astronomical Society, (lire en ligne), p. 578
  21. René Sigrist, Correspondance de Marc-Auguste Pictet, t. II : Les correspondants français, p. 61
  22. François Arago, Histoire de ma jeunesse, (lire en ligne), p. 99