Pierre-Joseph Cambon

Pierre-Joseph Cambon
Illustration.
Pierre-Joseph Cambon, député du département de l'Hérault à l'Assemblée nationale.
Estampe, eau-forte au pointillé de François Bonneville, fin du XVIIIe siècle.
Fonctions
Membre du Comité de salut public

(11 mois et 26 jours)
Groupe politique Montagne
Président de la Convention nationale

(14 jours)
Groupe politique Montagne
Député de l'Hérault

(7 jours)
Groupe politique Montagne
Biographie
Nom de naissance Pierre Joseph Cambon
Surnom « Cambon »
Date de naissance
Lieu de naissance Montpellier
Date de décès (à 63 ans)
Lieu de décès Saint-Josse-ten-Noode (Belgique)
Nationalité Français
Profession Négociant en toiles

Pierre-Joseph Cambon né le à Montpellier et mort le à Saint-Josse-ten-Noode est un négociant en toiles, député de l'Hérault à la Convention nationale[1],[2] et auteur du Grand Livre de la Dette Publique.

Biographie[modifier | modifier le code]

Révolution[modifier | modifier le code]

Élection à la Convention[modifier | modifier le code]

D’origine prospère (son père est a la tête de la compagnie Cambon, composée de manufactures de toile à Montpellier et à Cholet ainsi que d’un comptoir a Bordeaux, elle comprenait plus de 4000 ouvriers)[3], ce négociant en toiles de Montpellier envoyé comme suppléant de son père aux États-généraux de 1789 signera le serment du jeu de paume puis reviendra à Montpellier où il deviendra capitaine de la Garde Nationale. Il est élu député de l’Hérault à l’Assemblée législative en 1791. Sa connaissance des problèmes financiers et sa fougue républicaine y retiennent l’attention. Il vote la mort de Louis XVI, et fait partie dès du Comité de salut public. Il préside plusieurs fois la Convention, fait voter par celle-ci le Décret sur l'administration révolutionnaire française des pays conquis.

Gestion financière[modifier | modifier le code]

Précédé par sa réputation de financier, il devient en 1793 président du comité des finances. On lui doit la loi sur la confiscation des biens du clergé ; il rédige sur l'administration des finances un rapport remarquable qui contribue puissamment à rétablir l'ordre. Surtout, il s’illustre par la création du Grand-Livre de la Dette publique () : la Convention y reconnaît les dettes de l’Ancien Régime – mesure habile, qui veut rallier les rentiers à la Révolution. Après avoir déjà essayé de l'obtenir en 1792, mais arrêté par l'opposition de Robespierre, il obtient par le décret du 2e jour complémentaire an II (18 septembre 1794) la suppression du budget des cultes, qui met fin à la Constitution civile du clergé et acte la première séparation de l'Église et de l'État.

Il dénonce en particulier le coût de la dette publique française induit par l'engouement pour les rentes viagères, jugées « ruineuses, impolitiques, immorales »[4].

Ses adversaires créèrent le terme "camboniser" voulant dire "désorganiser les finances" ou "voler"[5],[6],[7],[8].

Réaction thermidorienne[modifier | modifier le code]

Il joue un rôle de premier plan à la chute de Robespierre. Directement mis en cause dans le discours de Robespierre le 8 thermidor an II à la Convention[Note 1], il est le premier à oser lui faire front[Note 2] et entraîne le revirement de l'assemblée. Bien que compromis dans l'affaire de la Compagnie des Indes, il se tira d'affaire grâce à des complicités depuis qu'il avait fait voter le décret de la confiscation des biens des émigrés.

Son action déterminante dans la mise en accusation de Robespierre ne l'empêcha pas d'être inquiété dans la période de réaction thermidorienne qui suivit le 9 thermidor, et compromis[2] dans l’insurrection du , il dut se cacher à Montpellier où il vécut retiré jusqu’en 1815.

Restauration[modifier | modifier le code]

Brièvement élu durant les Cent-Jours à la Chambre des représentants en 1815, il ne prend de part active qu'aux discussions sur le budget. Il est proscrit comme régicide sous la Seconde Restauration et arrêté le 24 juillet 1815 par le Marquis de Montcalm. Il est enfermé au Fort de Brescou avant d’être libéré un mois plus tard sur l’intervention de son ami Fouché, alors chef de la police de Louis XVIII[9], il part alors pour la Belgique et meurt en exil près de Bruxelles le 15 février 1820, sans enfants malgré son mariage avec Mlle Hotteringe[9]. On a de lui un grand nombre de discours et de rapports sur des matières politiques.

Hommages[modifier | modifier le code]

Citation[modifier | modifier le code]

« Quand on aura ruiné la Belgique, quand on les aura mis au même point de détresse que les Français, ils (les Belges) s'associeront nécessairement à leur sort (celui des Français). Alors on les admettra comme membres de la République avec l'espoir de conquérir toujours devant soi avec le même genre de politique ». (, au général Charles François Dumouriez[10],[11],[12].)

Source[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. « La contre-révolution est dans l'administration des finances... Quels sont les administrateurs suprêmes de nos finances ? Des Brissotins, des Feuillants, des aristocrates et des fripons connus : ce sont les Cambon, les Mallarmé, les Ramel »
  2. « Il est temps de dire la vérité tout entière : un seul homme paralyse la Convention ; cet homme c’est Robespierre. »

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Joseph Cambon (1756-1820) », sur www.victorianweb.org (consulté le )
  2. a et b Biographie universelle, ancienne et moderne, Michaud frères, (lire en ligne), p. 24-35
  3. Michel Chevallier, Les Frères Cambon et la Révolution,
  4. Vive la Banqueroute par François Ruffin et Thomas Morel, page 90, Fakir Éditions [1]
  5. Frank Attar, La Révolution française déclare la guerre à l'Europe : 1792 : l'embrasement de l'Europe à la fin du XVIIIe siècle, Editions Complexe, , 221 p. (ISBN 978-2-87027-448-4, lire en ligne), p. 187
  6. Répertoire du théatre républicain, ou, Recueil de pièces imprimées avant, pendant et après la République Française, Slatkine Reprints, (lire en ligne), p. 17
  7. Le journal des rieurs, (lire en ligne), p. 4
  8. Ferdinand Brunot et Charles Bruneau, Histoire de la langue française : La Révolution et l'Empire. 2 v, A. Colin, (lire en ligne), p. 1093
  9. a et b Michel Chevallier, Les Cambon, une famille d’industriels au début de la Révolution, , Page 1 à 4
  10. )(de) Wilhelm Bringmann, Preussen unter Friedrich Wilhelm II. (1786-1797), P. Lang, , 738 p. (ISBN 978-3-631-37427-6, lire en ligne), p. 473
  11. (de) Joseph Hansen, Quellen zur geschichte des Rheinlandes im zeitalter des französischen revolution, 1780-1801, P. Hanstein, (lire en ligne), p. 73
  12. Amable-Guillaume-Prosper Brugière baron de Barante, Histoire de la convention nationale, Langlois et Leclercq, (lire en ligne), p. 362

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Raoul Arnaud, La Débâcle financière de la Révolution : Cambon, 1756-1820 d'après des documents inédits, Paris, Perrin, , 324 p. (lire en ligne).
  • André Bendjebbar, « Cambon et la Vendée », Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, t. 97, no 3,‎ , p. 227-235 (lire en ligne).
  • Céline Borello, « Pierre Joseph Cambon », dans Patrick Cabanel et André Encrevé (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, tome 1 : A-C, Les Éditions de Paris Max Chaleil, Paris, 2015, p. 556 (ISBN 978-2846211901)
  • Félix Bornarel, Cambon et la Révolution française, Paris, Félix Alcan, , 412 p. (lire en ligne).
  • Bernard Gainot, Dictionnaire des membres du comité de Salut Public : Dictionnaire analytique biographique et comparé des 62 membres du Comité de Salut Public, Paris, Tallandier, , 163 p. (ISBN 9782235018524), p. 90-91.
  • E.-D. Grand et L. de la Pijardière, Lettres de Cambon et autres envoyés de la ville de Montpellier de 1789 à 1792, Montpellier, Imprimerie Serre et Ricome, 1889, 100 p., [présentation en ligne].
  • François Hincker, « L'affrontement Cambon-Robespierre le 8 Thermidor », dans Jean-Pierre Jessenne, Gilles Deregnaucourt, Jean-Pierre Hirsch, Hervé Leuwers (dir.), Robespierre. De la nation artésienne à la République et aux nations : actes du colloque, Arras, 1-2-3 avril 1993 / [organisé par le] Centre d'histoire de la région du Nord et de l'Europe du Nord-Ouest, Villeneuve-d'Ascq, Centre d'histoire de la région du Nord et de l'Europe du Nord-Ouest, coll. « Histoire et littérature régionales » (no 11), , 458 p. (ISBN 2-905637-22-6, lire en ligne), p. 299-307.
  • Pierre-François Pinaud, « Les ministres des Finances : rupture ou continuité ? », Revue historique, Paris, Presses universitaires de France, no 594,‎ , p. 289-320 (lire en ligne).
  • Gratien Saumade, « Le Conventionnel Cambon et sa famille (1785-1830) : Fortune. Biens nationaux. Fédéralisme. Condamnation à mort du Maire Durand. Documents politiques inédits ou peu connus. t. I (seul paru) », Cahiers d'histoire et d'archéologie, Nîmes, Éditions des Cahiers d'Histoire et d'Archéologie. Larguier, imprimeur, t. X, hors-série, 5e année, année 1935,‎ , p. V-299 (lire en ligne).
  • Gratien Saumade, « Cambon et sa famille acquéreurs de biens nationaux (1791 et 1793) », Annales historiques de la Révolution française, no 93,‎ , p. 228-244 (JSTOR 41924990).
  • Gratien Saumade, « Cambon et sa famille acquéreurs de biens nationaux (1791 et 1793) (Suite) », Annales historiques de la Révolution française, no 94,‎ , p. 313-338 (JSTOR 41925002).
  • Clovis Sené, Joseph Cambon (1756-1820), le financier de la Révolution, biographie, préface de Jean Dutourd, J.-C. Lattès, 1987.
  • Mathieu Soula, « Tout était à faire ». Mise en place du système fiscal révolutionnaire dans le département de l'Hérault, L’exemple des contributions foncières et mobilières 1789-an XII, thèse de droit soutenue le , Université des Sciences sociales de Toulouse 1, École doctorale Droit et Science politique, [lire en ligne], [compte rendu en ligne].

Liens externes[modifier | modifier le code]

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