John Reed (journaliste)

John Reed
John Reed en 1914.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nationalité
Formation
Université Harvard
Morristown-Beard School (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Conjoint
Autres informations
Partis politiques
Œuvres principales
Dix jours qui ébranlèrent le monde, Le Mexique insurgé (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
signature de John Reed (journaliste)
Signature

John « Jack » Silas Reed, né le à Portland (Oregon) et mort le à Moscou, est un journaliste et militant communiste américain, connu surtout pour son ouvrage sur la révolution bolchévique, Dix jours qui ébranlèrent le monde. Il était le mari de l'écrivaine et féministe Louise Bryant.

Naissance et éducation[modifier | modifier le code]

Issu de la bourgeoisie de Portland, dans l'Oregon, John Reed naît dans la demeure de ses grands-parents, qui avaient des serviteurs asiatiques[1]. En 2001, un banc commémoratif est érigé en son honneur, à Washington Park, où il est né (la demeure n'existe plus).

Il reçoit l'éducation des familles américaines aisées de son temps. Sans être un élève brillant, il parvient à intégrer en 1906 l'université Harvard, où il se frotte aux descendants des familles patriciennes de la côte Est. Ravi d'échapper à l'atmosphère de Portland (il témoigne avoir payé un gang pour échapper à une bagarre dans les quartiers populaires), il publie ses premiers textes dans le Harvard Lampoon, un périodique humoristique et sarcastique fondé par les étudiants, et participe activement à la vie sociale de l'université, sans encore s'engager politiquement. Stimulé par l'enseignement de son professeur de littérature, Charles Copeland, auquel il dédia plus tard son livre, Le Mexique insurgé, il est diplômé en 1910. Il effectue un premier voyage en Europe, avant de s'établir à New York l'année suivante.

Journalisme[modifier | modifier le code]

Fréquentant les milieux intellectuels et artistiques new-yorkais, ce qui l'amène à entretenir une brève et tumultueuse liaison avec Mabel Dodge, riche bienfaitrice des arts, John Reed publie quelques articles et des poèmes avant d'écrire, à partir de 1913, pour la revue socialiste The Masses, éditée par Max Eastman. Cette année-là, il découvre la dureté des rapports sociaux aux États-Unis en couvrant la grève des ouvriers de Paterson, dans le New-Jersey. Pour avoir pris parti en faveur des grévistes et des militants syndicaux des Industrial Workers of the World (IWW), dont Bill Haywood et Elizabeth Gurley Flynn, il est emprisonné pendant quatre jours, expérience qui contribue notablement à son évolution politique[2].

The Masses, . Le massacre de Ludlow et l'article sur la révolution mexicaine.

Quelques mois plus tard, il se rend au Mexique pour couvrir les évènements révolutionnaires. Pendant plusieurs mois, il suit l'armée de Pancho Villa, sympathisant profondément avec les péons insurgés et acquérant une certaine notoriété comme correspondant de guerre aux États-Unis. Il s'oppose vigoureusement à l'intervention militaire américaine de 1914 dans les affaires mexicaines[2]. Sur le chemin du retour, il enquête sur le massacre de Ludlow qui vient de se produire dans le Colorado.

Après le déclenchement de la Première Guerre mondiale, John Reed se rend plusieurs fois en Europe. Jusqu'en 1917, il peut profiter de la non-belligérance des États-Unis pour voyager d'un front à l'autre, dans les deux camps. En 1915, il passe plusieurs mois dans les Balkans, accumulant les éléments de son ouvrage, La Guerre dans les Balkans[2]. C'est à ce moment-là qu'il entre en Russie pour la première fois, non sans déboires, puisqu'il est arrêté et soupçonné d'espionnage. Cette première expérience suscite chez lui haine du tsarisme et intérêt pour le peuple russe. Entre deux voyages en Europe, en 1916, il épouse Louise Bryant et sympathise avec le dramaturge Eugene O'Neill.

Horrifié par la guerre, ses horreurs et son absurdité, John Reed s'oppose de toutes ses forces au courant chauvin qui va pousser les États-Unis dans le conflit au printemps 1917. Pour lui, cette guerre ne sert les intérêts d'aucun peuple et les grandes phrases sur la démocratie ne peuvent justifier une alliance avec le tsar Nicolas II[2]. Mais, comme en Europe, le courant pacifiste est balayé en Amérique.

Politique[modifier | modifier le code]

Funérailles de John Reed à Moscou en 1920.

John Reed et Louise Bryant arrivent à Pétrograd en , six mois après le début de la Révolution russe et quelques jours après la tentative de putsch du général Kornilov. Ils sont les témoins enthousiastes de la révolution d'Octobre. Reed rassemble ses observations sur la révolution bolchévique dans son ouvrage le plus fameux, Dix jours qui ébranlèrent le monde, commenté positivement par Lénine[2].

Rentré aux États-Unis au printemps 1918, John Reed y défend avec vigueur le nouveau régime soviétique et s'oppose à toute intervention de son pays contre la Russie bolchévique. Cela lui vaut plusieurs arrestations et des condamnations pour propos séditieux, notamment pour un article[Où ?] intitulé « Tricotez une camisole de force pour votre petit soldat »[2]. En mars, il participe au lancement du magazine The Liberator[3]. Lors du procès des Wobblies (surnom des syndicalistes des IWW), il écrit : « Je doute qu'on ait jamais rien vu de tel dans toute l'histoire. La réunion de cent un bûcherons, ouvriers agricoles, mineurs, journalistes […], qui pensent que les richesses de la terre appartiennent à celui qui les crée […], autrement dit aux carriers, aux abatteurs d'arbres, aux dockers, à tous ces gars qui font le dur boulot[4]. » Après avoir contribué à la naissance du Communist Labor Party, il retourne en Russie fin 1919, dans l'espoir de convaincre l'Internationale communiste nouvellement créée de reconnaître son organisation comme sa section américaine, au détriment de l'autre groupement communiste des États-Unis, le Parti communiste d'Amérique. L'Internationale tranche en demandant aux deux mouvements de fusionner pour former le Parti communiste des États-Unis d'Amérique.

En mars 1920, alors qu'il tente de retourner clandestinement en Amérique, il est arrêté et emprisonné en Finlande, dont le régime est alors violemment anticommuniste. Finalement libéré en juin, il retourne à Pétrograd et peut participer au IIe congrès de l'Internationale communiste. Le Komintern lui demande de se rendre à Bakou, où se tient en le Premier congrès des peuples d'Orient qui doit rallier les peuples colonisés d'Asie à la révolution mondiale. Il y prend la parole. Peu après son retour à Moscou, John Reed attrape le typhus, qui l'emporte à l'âge de 33 ans. Les autorités soviétiques organisent des funérailles officielles et il est enterré sur la place Rouge, dans la nécropole du mur du Kremlin, comme les révolutionnaires de 1917 dont il avait décrit le combat[2].

Cinéma[modifier | modifier le code]

Anecdotes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Le Mexique insurgé (Insurgent Mexico), 1914. Rééd. Petite Bibliothèque Maspero, 1975, Seuil, 1996. Texte de l'édition Maspero (trad. Louis Constant. Édition numérique par Claude Ovtcharenko, journaliste) téléchargeable en ligne (UQAC)
  • La Guerre dans les Balkans (The War in Eastern Europe), 1916. Rééd. Seuil, 1996
  • Ten Days that Shook the World, 1919 — en français, Dix jours qui ébranlèrent le monde, Éditions sociales, 1986 (ISBN 2-2090-5494-X) (ISBN 978-2-2090-5494-7). Rééd. Seuil, 1996
  • Esquisses révolutionnaires, récits et nouvelles, Nada-éditions, 2016
  • Pancho Villa (trad. de l'anglais), Paris, Allia, , 80 p. (ISBN 9782844852977)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Granville Hicks ; John Stuart, John Reed : The Making of a Revolutionary, New York, Macmillan, , p.1
  2. a b c d e f et g Bernard Frederick. John Reed : une plume trempée dans l'encre rouge. L'Humanité Magazine, n°855, 11 mai 2023, pp. 76-81
  3. (en) « The Liberator », ensemble des éditions numérisé en 2006 par Martin H. Goodman (éd.), sur marxists.org.
  4. Howard Zinn, Une Histoire populaire des États-Unis, Éditions Agone, p. 423 (ISBN 2-9108-4679-2).
  5. Armand Schwartz, « All you need is communism, atheism, and free love (slide 10) », Reed Magazine,‎ (lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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